Le Moulin Blanc


Le « Chemin du Moulin Blanc » sur la commune de Bourré, évoque l’existence d’un « Moulin Blanc » disparu depuis fort longtemps. Sa représentation aujourd’hui encore est habitée par les légendes et mystères, qui accompagnent l’histoire des Chevaliers de l’Ordre du Temple.

Ce sont les moines d’un couvent templier, vêtus de blanc, qui auraient donné le nom à ce moulin.

L’abbé Labreuille, évoque les Templiers dans son étude historique sur Montrichard à propos de la maison du Prêche. (1)

il écrit prudemment que : « La vieille maison du XIIe siècle qui existe encore près la porte Chanvre avait été, dit-on, une dépendance du couvent des templiers situé aux Roches de Bourrè. ».

Pour d’autres, le couvent serait une commanderie des Templiers.

Les études historiques sur les Templiers, ont montré que dans le comté de Blois - la quasi totalité de l’actuel département de Loir et cher - seule la commanderie d’Arville est inventoriée comme telle.

Selon Carré de Busserolles (2), une maison des templiers et son moulin auraient été édifiés en 1229 sur la paroisse de Bonroy-Farineau.

Cette affirmation est reprise par des auteurs. Cette « petite maison » aurait dépendu de la commanderie d’Amboise dont la datation fait encore problème.

Les Templiers, c’est un fait établi, possédaient un grand nombres de fiefs. Donc il est tout à fait plausible qu’ils aient été les propriétaires de cette maison et de son moulin.

Certains écrits n’hésitent pas à les transformer en un luxueux et riche couvent.

Dom Chazal, l’abbé Porcher, dans leur écrits et notes sur l’histoire de l’Abbaye de Pontlevoy, ne font pas référence à l’existence proche de l’Abbaye d’un couvent des Templiers.

Donc, beaucoup d’incertitudes sur l’origine du moulin Blanc subsistent. Jusqu’à la date de sa disparition qui reste inconnue.

Par contre, ce que nous savons avec certitude, car des actes notariés en attestent, c’est qu’une carrière de pierres dites de Bourré (ou de Pontlevoy), était associée au Moulin Blanc.

On peut penser que c’est peut-être la couleur blanche des pierres locales qui a donné son nom au moulin.

1228 :

Un acte nous apprend qu’un chevalier, Hubert de la Vernelle, confirme la donation faite antérieurement aux religieux de Pontlevoy par le chevalier Mathieu de Vineuil du droit de prendre des pierres dans sa « perrière sisse près du Moulin Blanc ».

Cette partie de Bourré qui allait des Vaublins au chemin du Ménais était alors située sur la paroisse de Monthou.

1250 :

Guillaume Le Dru chevalier de Vineuil, s’oblige envers les religieux de Pontlevoy à ne faire au Moulin Blanc aucune excavation ni extraction de pierres.

1343 :

En août, Ingelger, Seigneur d’Amboise et de Montrichard, fait donation aux moines de l’Abbaye, d’un chemin leur permettant d’accéder au moulin positionné sur le Cher.

1496 :  

6 décembre : l’abbé de Pontlevoy donne par bail à rente à Me Jean Proust, procureur du Roi en la ville de Montrichard, deux « locatures », celle du Moulin Blanc « assise sur la rivière Cher » sur la paroisse de Monthou-sur-Cher et celle du Menais, sur la paroisse de Bourré.  

Ce bail à ferme du Moulin Blanc précise :

  • il est passé au profit « de la crosse et table abbatiale »,
  • Il comprend, « maison, tournant, cours, jardins, iles, terres et autres choses appartenant au moulin »,
  • le prix consiste en « nombre et quantité de deux muids, six setiers de mouture bonne, raisonnable et bien recevable, mesure de St-Aignan en Berry », par moitié « aux termes et fêtes de Noël et Saint Jean Baptiste, rendu et conduit dans les greniers de la dite abbaye ».

Les fermiers précédents, Antoine Bergier fils de feu Simon Bergier, « jouiront" de la moitié du moulin jusqu’au remboursement du « prisage » (3) par le nouveau fermier.

Le prisage était une somme en argent ou/et en nature, qui permettait de couvrir les frais d’entretien et d’assurer la continuité du fonctionnement du moulin entre deux fermiers.

En « sortant », les fermiers laissaient le même « prisage » que celui qu’ils avaient reçu en entrant.

1497 :

La donation du chemin faite en 1343 est renouvelée.

1511 : 

Procédure en paiement de fermage poursuivie contre les détenteurs du Moulin-Blanc par Christophe de Brilhac, évêque d’Orléans et abbé de Pontlevoy,

1649 -1652 :

Plusieurs actes portant sur le renouvellement du bail par Pierre de Bérulle, abbé de Pontlevoy à Jean Chandon, meunier du moulin. Il succède à son père Guillaume, présenté comme étant le meunier en 1632.

1684 :

Passation de baux à ferme des lieux du Moulin Blanc et du Menais par l’abbé de Pontlevoy à Girard.

1718-1782 :

Les baux sont renouvelés par les évêques de Blois.    

1783 :

1er Janvier : le bail de la locature du Moulin Blanc et de ses dépendances situées en la paroisse de Monthou dépendant de l’Evêché de Blois, affermée par Venam Denis.

Le bail commencé le 1er Janvier 1783 aurait dû finir le 1er Janvier 1792. 

1791 : 

Le 8 avril 1791 : la locature du Moulin Blanc est vendue comme bien national.

Sa mise à prix est fixée à 7000 livres. Elle donnera lieu à 18 enchères.

Pierre Quentin Girard, - domicilié sur la paroisse de Bonroy, (4) fut le fermier général de la seigneurie de Bourré puis du Gué-Péan, emportera les enchères pour 10 600 livres.

Le moulin existait-il encore ?

Nous ne trouvons plus la trace du Moulin Blanc dans les recensements de 1806 et 1809.


Droit de Chasse

Dans le registre des rentes seigneuriales du Gué-Péan, il est indiqué pour les moulins à la date de 1780 ( il ne va pas au-delà ), que le Moulin Blanc est redevable de « 24 setiers de mouture valant bled ». Il est précisé en outre que « le Moulin Blanc ne tourne pas ».



Notes

1 - Source : Abbé C. Labreuille, « Etudes historiques sur Montrichard et Nanteuil » Ed. Régionales de l’Ouest 1997.

2 - Source : Carré de Busserolles, « Dictionnaire Géographique Historique et Biographique d’Indre et Loire et de l’Ancienne Province de Touraine » gallica.fr

3 - Voir ci-dessus : « La « prisée » et le « prisage ». 

4 - T. Gallo-Villa, La Ferme Générale de la Seigneurie de Bourré ( 1772-1792 ), www.tharva.fr.