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LE MONUMENT AUX MORTS DE MONTHOU

A chaque commune, son monument :

La loi du 25-10-1919 avait prévu pour la commémoration des victimes de la guerre la rédaction dans chaque commune d'un "Livre d'Or" avec le nom des victimes civiles et militaires. Elle prévoyait des subventions aux communes pour ces commémorations mais était muette sur l'érection de monuments aux morts.

Cette pratique de construction de monuments aux morts dans les communes avait été initiée après la guerre de 1870-71.

Elle va très vite être reprise et quasiment se généraliser dans les communes.

Pour être inscrit sur le monument, il fallait être né dans la commune ou y avoir eu sa dernière résidence indiquée sur le livret militaire et surtout avoir la mention " Mort pour la France", résultant de l'acte de décès ou d'un jugement des tribunaux et accordée par le ministère de la guerre.

C'est le maire qui décide ou non de l'inscription, à l'initiative des familles ou à la sienne. Une famille pouvait refuser.

Les inscriptions : une variété de situations.

Dans beaucoup de communes, il y des différences entre les noms portés sur les listes de la mairie lues pour l'Appel aux Morts du 11 Novembre, ceux portés sur les monuments et aussi ceux des plaques commémoratives dans les Églises.

Les causes sont nombreuses.

Il y a eu la pratique des maires à considérer que certains étaient morts des suites de leurs blessures de guerre ( en effet, assez vite après la fin de la guerre, le gouvernement n'attribuera plus la mention Mort pour la France).

Puis, ce sera la notion de " mort au service" qui sera souvent retenue par les maires.

Il y a eu le fait aussi que certains morts étaient considérés comme des enfants de la commune même s'ils ne remplissaient pas les critères officiels.

Il y avait aussi la notoriété des familles.

Et sûrement bien d'autres raisons, liées aux données de la vie de chaque commune.

C'est ainsi qu'un Mort pour la France peut avoir été inscrit sur deux, voire trois monuments.

Le tableau ci-dessous, résume ces différences à MONTHOU, sur lesquelles nous n'avons pas d'informations fiables.

Relevons toutefois que le différentiel, liste de la mairie/monument, est notoirement élevé dans notre commune.

A Monthou, une véritable "affaire" du Monument :

L'érection d'un monument commémoratif aux soldats morts pour la France va être une véritable " affaire du monument aux morts" à MONTHOU.

Dans les communes, partout en France, le choix de l'emplacement de ces monuments a pris une signification symbolique.

Soit, on décidait de les placer dans le cimetière communal, parce qu'on voulait privilégier leur caractère funéraire, perpétuer le souvenirs de morts parmi les morts, favoriser le silence et le recueillement.

Soit, on décidait de les placer à l'extérieur, à un endroit bien visible de tous, parce qu'on voulait exalter les souffrances des soldats morts et leur sacrifice pour la patrie, en faire des exemples pour l'avenir, les garder "vivants" pour la mémoire collective.

Tout signe religieux était interdit sur les monuments aux morts situés hors des cimetières.

Peu de monuments dans notre région ont été placés dans l'église paroissiale.

A MONTHOU, ce choix va devenir polémique.

.... Place publique ou cimetière :

Comme pour toutes les communes, un décret présidentiel avait autorisé la commune de MONTHOU à ériger un monument commémoratif dont le projet est confié à l'entreprise PIOU, maître-maçon à THENAY.

 Le 5-12-1920, le Conseil Municipal par 6 voix sur 8 présents ( CM constitué de 12 membres), décide que " le monument aux morts sera placé sur la place publique devant la maison de HENAULT-POULIGNY ". Il s'agit de la place du Carroir.

Choix sans surprise d'une municipalité à forte majorité républicaine.

Le baron de CASSIN et M. LUCAS se sont abstenus " étant d'avis avant de se prononcer de demander avis aux familles des décédés"

Dés le 12-12-1920, HENAULT-POULIGNY proteste car ce choix "empêche l'accès à sa cave".

....Une pétition pour le cimetière :

Dans le même temps, le baron de CASSIN prend l'initiative d'une pétition pour que le monument soit placé dans le cimetière. 

Le 28-12-1920, le maire soumet au CM les plans du monument et le devis qui se chiffre à 7200 francs. Avec la subvention de l’Etat, il reste 3800 francs à payer par la commune.

Il y aura un vote à bulletin secret : 8 voix pour et 3 contre.

La situation prend mauvaise tournure car le maire demande au Préfet le 4-1-1921 " si des familles de soldats morts pour la France peuvent s'opposer à l'inscription de leur nom sur le monument". Le préfet lui conseille de consulter un juriste " sur ce point délicat" ! 

De plus, la Commission des Monuments Historiques avait présenté des observations qui conduisent le CM du 17-2-1921 à accepter que le monument " soit placé parallèlement aux constructions environnantes" mais qu'il " désirerait conserver au monument sa forme primitive telle qu'elle figure au plan". 

La commune avait prévu de faire un emprunt pour le financer. 

La souscription publique est un franc succès et rapporte 3400 francs. 

La commune a les ressources pour le complément. Donc, elle annule l'emprunt. 

....1m50 ou 2m60 : le compte n'y est pas !

Mais le 7-2-1922, HENAULT-POULIGNY saisit le Préfet, proteste et menace. 

L'agent voyer se propose, dit-il, "de placer la grille entourant le monument à 1m 50 de sa cave au lieu des 2 m 60 promis par la municipalité". 

Si cette dernière persiste, il demandera une indemnité.

Le monument est disponible depuis le début mars. 

Le CM se résigne à un compromis en décidant le 13-4-1922, " pour éviter toute difficulté", d'ériger le monument aux Morts pour la France " sur la place publiquedevant les écoles ».

….Plus de soixante-dix après : un nouvel emplacement.

Il demeurera à son emplacement face à l'école et la mairie jusqu'à la fin des années 90.

Le CM décide alors de le déplacer là où il se trouve aujourd'hui. 

On lui fait traverser la place.

Il y eu quelques protestations.


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