Le moulin Bernet

Il a donné son nom à un lieu-dit répertorié sur les anciens recensements de la population de Monthou.

Cette « usine » (1) fut connue sous trois autres dénominations au moins : le moulin Brunet, Bernay et Brenetz.

C’est sous son appellation définitive, le moulin Bernet, qu’il figure sur le carte de Cassini.


Le censier de Jean Fumée de 1511, évoque « la terre de Brenetz » située le long du ruisseau Bavet. Mais, il n’est fait aucune allusion à un moulin.

Nous disposons de très peu d’éléments pour retracer les différentes étapes de la vie de ce moulin dont il semble qu’il fut la propriété de particuliers qualifiés sociologiquement de « bourgeois ».

La date la plus ancienne connue est 1679.

1679 :

Le 10 Juillet : une sentence rendue par le bailly du Gué-Péan « condamne Jacques Guiesteau à payer les deux septiers, lequel Guiesteau prétendait ne payer qu’un septier attendu qu’il n’était que propriétaire de la moitié du dit moulin et que Pierre Blet propriétaire de l’autre moitié devait payer l’autre septier »

Nous avons donc la trace de deux propriétaires : Jacques Guiesteau ou Gierteau et Pierre Blet.

C’ est la confirmation que le moulin était  en activité antérieurement à l’année 1679.

1694 :

Le 18 mars, le sieur Antoine Yvert, avocat en Parlement au Duché Pairie de Châteauroux est mentionné comme étant le propriétaire du moulin Brunet « sur le ruisseau qui descend du Bourg à la rivière du Cher ». (2)

Le 21 mars, le bail du moulin Bernet est rectifié, Nicolas Anger cède le bail à François Germain. (3)

1697 :

Le 4 août, François Germain déclare devant Houssay notaire, qu’il reconnait le droit de Chasse du Gué-Péan, soit 2 setiers de mouture valant bled et 2 chapons.

1744 :

Un état de recensement des moulins (4) indique que le propriétaire de ce moulin réside dans la ville de Tours. Il s’agit du Sieur Soudée. Louis Germain en est le meunier.

1753 :

Le propriétaire est un certain Bléré, selon un bail passé par le meunier Etienne Angier.

1758 :

Le 25 avril, l’acte constitutif d’une rente au profit du curé de Monthou Charles Dubois, désigne Etienne Angier comme étant le meunier du moulin Bernet.

1762 :

Etienne Angier décède le 27 décembre 1762 au moulin Bernet.  

Son épouse Catherine Thion fait procéder à l’inventaire des biens, meubles et effets mobiliers, titres, papiers, dettes actives et dettes passives du défunt.

Cet inventaire nous fait pénétrer dans l’intimité de la vie du meunier et de sa femme.

A côté du moulin se trouve la chambre avec cheminée. Il s’agit du principal lieu de vie du couple. Ils y mangent et dorment.

La cheminée est équipée de tous les ustensiles pour entretenir le feu et cuisiner.

Se trouvent également deux coffres renfermant, l’un les vêtements du meunier et l’autre ceux de sa femme.

La grande armoire renferme la lingerie de table, de toilette et des draps de toile.

La petite armoire renferme verres, carafes, assiettes et les liasses de papiers.

Un lit « quenouillé » ( lit à baldaquin ) trône dans cette pièce avec sa paillasse, fourrures, oreillers, couvertures de laine et rideaux.

Le « cabinet » situé à côté de la chambre, rassemble un lit, un coffre contenant de vieux vêtements, des outils, une balance, un saloir.

Un autre bâtiment est utilisé pour entreposer divers matériaux et un tamis pour la farine.

La boulangerie, avec son grenier, vide, jouxte une petite écurie utilisée comme une laverie.

A côté du moulin est construite l’écurie avec son grenier. S’y trouvent, un lit, l’équipement pour un cheval, trois mulets et les bas pour les mulets.

Dans le grenier sont entreposés les « bleds », de la mouture et de la « farine blanche ».

Une étable pour les 4 vaches avec son grenier, vide.

Une petite cour avec un poulailler de 10 poules et enfin, la remise abrite trois charrettes dont une sans les roues, du bois de chauffage et du fumier.

1763 :

Le 24 avril, l’adjudication des baux à ferme des moulins Bernet et de la Coudre à la suite au décès d’Etienne Angier confirme que le meunier Angier tenait un bail à ferme du sieur Louis Bléré, pour une somme de 220 livres, 6 poulets et 6 canards, pour un durée de 9 ans commencée le jour de la décollation de St-Jean-Baptiste 1760.

Le bail du moulin Bernet est mis en vente aux enchères publiques devant la porte de l’Eglise de Monthou-sur-Cher.

Avec une mise à prix de 228 livres, 6 poulets et 6 canards par an, pour 9 ans.

Louis Bléré, le propriétaire, était de la famille des fermiers-meuniers des moulins banaux de Selles sur-cher en Berry (1806) :

1787 :

Le propriétaire du moulin est Charles Minier.

1843-1848 :

Dennevert Louis est le meunier propriétaire du moulin. Il est en activité. Sa fille, Mathilde Dennevert, lui succédera.

1886-1894

Le propriétaire meunier est Raymond Templier-Henault

1906 :

le meunier du moulin est Augé ou Angé François.

1916 :

le meunier est Bodin Louis.

Droit de Chasse

Le moulin Brunet est mentionné pour avoir versé au Gué-Péan, 24 setiers de mouture valant seigle de 1773 à 1781.



Notes : 

 1 - Jusqu’au 18es. le mot est employé comme terme générique pour désigner un bâtiment dans lequel on pratiquait une activité utilisant des machines, des rouages mus par la force hydraulique.(CNRTL

2 - Sources : ADLC, série, 3 E 68/280

3 - Sources : ADLC, série,3 E 68/280 Gustave Henault, ‹Monthou sur Cher, petite histoire locale›, Collection personnelle

4 - Sources : ADLC, série, 3E 46/60