Montrichard et ses environs :

un symbole du passage de la Ligne de Démarcation.

La défaite : les derniers jours

Le 14 juin 1940, les troupes allemandes défilent sur les Champs-Elysées.

Dès le 10 juin, le gouvernement s’était replié à Tours, bientôt rejoint par DALADIER encore chef du gouvernement, présent au château de Chissay depuis les 12 et 13 juin et par les quelques services de l’Etat brièvement installés à Montrichard.

Le 14 juin, Montrichard et Faverolles sont bombardés : il y a des dizaines de victimes.

Le 17 juin, un train est bombardé en gare de Bourré ; la plupart des ponts sur la Loire sont endommagés ou détruits.

L’armée allemande déferle : elle occupe Orléans le 16 juin, Blois le 18, Tours le 21.

Malgré la résistance, avec beaucoup de courage, des quelques troupes coloniales laissées sur la rive gauche du Cher pour retarder l’avancée ennemie, Montrichard et les communes environnantes sont occupées le 20 juin.

Et le soir du 20 juin 1940, toute résistance armée a cessé dans la Vallée du Cher.

 L’Armistice : une France avec des frontières intérieures

  Le 17 juin, Pétain investi chef du gouvernement la veille, demande l’Armistice.

Le général de Gaulle lance le 18 à Londres son Appel à la poursuite de la lutte et au refus de l’Occupation.

Le 22 Juin, l’Armistice est signé : parmi ses dispositions, il instaure une Ligne de Démarcation et plusieurs zones.

Il entre en vigueur le 25 juin 1940 à 0 heure 35, avec l’effectivité de la Ligne de Démarcation.

Outre celle-ci qui va couper la France en deux avec une « zone occupée » et une « zone dite libre », l’Armistice définit : une « zone annexée » au Reich avec les trois départements alsaciens-lorrains, une « zone interdite » au nord des départements de la Somme et de l’Aisne, une « zone réservée » au sud de ces départements jusqu’à Belfort, et une « zone italienne » sur la frontière des Alpes ( en 1941, s’y ajoutera une nouvelle « zone interdite » le long des côtes atlantiques ).

La Ligne de Démarcation constitue donc une vraie frontière intérieure.

Elle ne peut être franchie qu’à des endroits obligatoires. Comme à Montrichard.

Le Cher, pour sa grande partie, sert de délimitation et constitue donc la frontière.

La Ligne doit être matérialisée y compris dans les forêts, champs, chemins.

Aux carrefours routiers et sur les ponts, barrières et guérîtes sont installées pour les contrôles.

Le courrier entre les zones est interdit jusqu’à l’automne 1940, puis sera mis en place un système de cartes inter-zones au contenu épistolaire très règlementé.

Il faut une autorisation pour passer la Ligne : c’est « l’Ausweis » qui peut être permanent ou temporaire pour des professions ; ou attribué pour un événement ponctuel notamment familial ou de santé.

Les transports ont dû être réorganisés sur l’axe Nord-Sud pour s’arrêter à la Ligne comme d’ailleurs toute la vie administrative et économique dans un pays très centralisé où Paris assumait une fonction dominante, entre autres, pour le système bancaire et financier.

Officiellement, le gouvernement de Vichy administre la zone occupée.

La réalité est rapidement toute autre : les Préfets ne peuvent rien décider sans l’accord de l’occupant et ils doivent exécuter les décisions et la règlementation des autorités allemandes.  

Treize départements ont été amputés ou divisés.

C’est le cas du Loir et Cher.

Montrichard : des caractéristiques propices au passage de la Ligne

  Montrichard située sur le bord du Cher devient donc une frontière.

Bien que la commune de Faverolles commence au bout du pont, les Allemands vont « sanctuariser » une bande de terre de quelques centaines de mètres, en l’incluant, de fait, en zone occupée.

Ainsi, le Pont et la Plage demeurent sous contrôle allemand, pour leur permettre une meilleure surveillance de la Ligne, avec vue plongeante du haut du donjon.

Montrichard va très vite devenir un endroit recherché pour le passage de la Ligne, car elle rassemble des atouts précieux.

Elle se situe, au sens propre, sur la Ligne.

Elle est proche de Paris et sur des axes de communication par trains, cars et trolleybus bien desservis.

Le Cher y est étroit, avec des petites îles, des gués, des écluses, des restes de ruines immergées de vieux moulins…autant d’éléments facilitant sa traversée.

La zone libre est toute proche avec des routes vers Loches mais surtout Châteauroux, passage quasi obligé sur les trajets vers Lyon puis Marseille, où se trouvent les consulats des pays alliés ou neutres pour l’obtention de visas et/ou des filières d’évasion vers l’Espagne et le Portugal pour rejoindre la France Libre.

La majeure partie de la population de Montrichard, comme la plupart des Français, s’est résignée à l’Armistice et croit que la politique du Maréchal, « le sauveur de Verdun », peut être un rempart face aux occupants. Elle déchantera peu à peu.

Mais l’idéologie de la Révolution Nationale et du fascisme, fut-il à la française, a une emprise réduite sur une population marquée par le souvenir enraciné de la guerre de 1870 et la présence prussienne dans le département, par les atrocités vécues par les Poilus de 14-18, par l’influence du catholicisme social et par un républicanisme vivace, notamment chez les vignerons et la notabilité des élus ou administrative.

De même, à Montrichard, parmi les gens influencés par l’Action Française, ce sera le courant anti-capitulation qui dominera, et de loin, et   les motivera pour entrer tout de suite en résistance.

Des passeurs « occasionnels »….

En ces lendemains de défaite, les candidats au passage de la Ligne sont très nombreux et diversifiés.

Il faut imaginer nos communes débordantes de réfugiés qui ont fui les zones de guerre et les grandes villes. Il y en a partout : maisons, granges, caves, loges de vignes, etc. Beaucoup souhaitent rejoindre familles ou amis en zone libre.

Les militaires des débris de l’armée française ont ordre de rejoindre la zone libre pour y être soit démobilisés soit maintenus dans la petite armée d’armistice qu’ont concédée les vainqueurs au gouvernement de Vichy.

Les prisonniers de guerre qui ont pu s’échapper essayent aussi de rejoindre la zone libre. Les Juifs sont peu nombreux à tenter de passer la ligne en ces premières semaines : ils ne peuvent pas croire que le pays des Droits de l’Homme puisse se comporter comme le régime nazi en Allemagne. Seule une poignée, qui a les yeux grands ouverts sur ce qui attend ses coreligionnaires, passera alors la Ligne.

Enfin, une catégorie de personnes déjà engagée dans la vie publique ( partis, syndicats, etc.) passera très tôt la ligne pour contribuer à l’organisation de la résistance en zone Sud. Cette catégorie la passera souvent dans les deux sens.

Tous les témoignages se recoupent : une bonne partie de la population contribua à faire passer la ligne au courrier et aux personnes.

Ceux qui arrivaient par train, car, bicyclette ou à pied avaient eu le « tuyau » d’aller à Montrichard souvent de bouche à oreille. Les habitants entraient en contact avec ces arrivants repérables à leurs vêtements ou leurs valises.

Des enfants récupéraient ces bagages dangereux.

Les parents les conduisaient à un abri sûr, leur donnaient des habits plus couleur locale et leur fournissaient un nom de passeur ou les faisaient passer eux-mêmes la nuit par le Cher.

Les jardins potagers le long du Cher abritèrent bien des candidats au passage !

Les professions qui détenaient un ausweis utilisaient leur véhicule ( voiture, camion, charrette, etc.) pour le passage du pont et amener les passés en zone libre.

Le docteur PHELEBON était censé transporter des malades ou des mourants.

George FERME, grossiste en alimentation chargé par le Préfet de ravitailler la partie du département située en zone libre, cachait les postulants au fond de son camion sous caisses et cageots ou, mieux, leur faisait conduire le camion comme à un employé.

Mr. HIPPEAU, percepteur, insérait du courrier au milieu des documents fiscaux.

Maxime SAMSON, négociant en vins à Thenay, avait trafiqué son gazogène pour y cacher une personne.

On pourrait citer bien d’autres exemples.

    ….aux passeurs « professionnels »

 A coté des passeurs occasionnels qui continueront leurs actions, le passage de la Ligne va littéralement se « professionnaliser » avec des passeurs qui comme tous les autres avaient dès l’Armistice fait passer des gens pour rendre service ou par empathie.

Au fil des mois, la situation a, en effet, évolué. Les candidats au passage aussi.

A partir de la promulgation du premier Statut des Juifs en octobre 1940, suivi d’un arsenal de mesures discriminatoires, puis des premières rafles en 1941, ceux-ci commencent à prendre conscience des dangers qui les guettent. Leur nombre à vouloir passer la Ligne va aller croissant.



Les prisonniers de guerre français échappés des stalags allemands ou des camps français, et gravement en danger si les allemands les reprennent, les soldats anglais restés sur le continent après le désastre de Dunkerque, ceux belges eux aussi évadés, les premiers aviateurs anglais dont les avions ont été abattus, les membres parachutés du SOE ( service secret britannique ), les résistants, les politiques pourchassés, tous ceux qui veulent rejoindre Londres ou l’Afrique du Nord, etc… constituent pour l’essentiel les nouvelles catégories de candidats au passage de la Ligne.

Une organisation beaucoup plus structurée était devenue indispensable, en premier lieu pour les longues distances avant d’arriver à la Ligne.

Ce sont donc de véritables filières d’évasion puis de passage qui vont se mettre en place, notamment à partir de la Belgique ou de la Région Parisienne.

Les différents réseaux vont les cheviller sur des passeurs connus, qui sont de toute confiance, qui ont les qualités requises de discrétion, de sang froid, de probité et qui ne prennent pas de risques inconsidérés.


Ces passeurs connaissent et suivent les changements dans l’organisation allemande de surveillance de la Ligne et de la voie ferrée.

Rien n’est laissé au hasard : le jour, l’heure, l’endroit de l’hébergement, la méthode de passage : traversée à pied du Cher ou par barque, traversée du pont puis à travers champs. Ces paramètres varient en fonction de l’importance du groupe à passer, de sa composition, des lunes, etc.

Ces passeurs n’opèrent pas en solitaires. Ils bénéficient, si l’ont peut dire, d’une logistique d’appui.
Ceux qui sont éclusiers s’entraident en régulant le niveau du Cher à la baisse ( les éclusiers seront nombreux parmi les passeurs comme ceux de Chissay, St. Georges, Monthou, Thésée ).

Les gendarmes informent les passeurs sur les mouvements des troupes allemandes.

La population les aide à sa façon : diversion de jeunes qui se mettent à se bagarrer dans le Cher au moment où se profile la patrouille allemande, observation des faits et gestes des allemands et des patrouilles avec rapport immédiat aux passeurs.

Ils sont aidés par des passeurs demeurant sur l’autre rive ( Faverolles, St. Julien de Chédon, Angé ) qui réceptionnent les passés et s’en occupent.

Ils ont appris à « amignonner » les gardes allemands en les gratifiant périodiquement de quelques denrées alimentaires, fort prisées en ces temps de restrictions !

Un point doit être fortement souligné : ces passeurs travaillent avec tous les réseaux ou personnes qui les sollicitent. Ils ne se font pas rémunérer. Une infime minorité de « brebis galeuses », comme dans toute catégorie humaine, se fera payer, parfois grassement, en premier lieu par les juifs qui ne pouvaient être que riches !

Parmi tous ces passeurs, pour beaucoup hélas inconnus ou peu connus, deux noms émergent.

Celui de Jean SENTOUT, à Montrichard dont on estime qu’il a fait passer environ 5000 personnes et celui d’Emile MANDAR, à Monthou-Bourré qui lui a assuré plus de 1000 passages.

 Quelques exemples de l’organisation des passages

Jean SENTOUT, employé d’un marchand de bestiaux, travaille avec les réseaux d’évasion belges SABOT, TEGAL, ZERO.

Des groupes composés parfois de dizaines de personnes rassemblés à partir souvent de la ville de Mons, convoyés par Louisette CARLIER-LAMBERT (elle sera déportée à la sinistre prison allemande de Aichach puis viendra habiter Montrichard après la Libération) sont cachés et hébergés dans la Maison Forestière, et/ou dans le clocher de l’Eglise de Nanteuil par l’abbé TARDIVEAU. Jean SENTOUT avec l’aide de son ami Maurice PINON les fait passer près de l’Ecluse ou à l’Etourneau en se tenant à une corde. Une nuit, il en passera 84 à la queue leu leu.

Il opère aussi avec le groupe du Mans du Réseau Kléber ( qui rassemble des services secrets de l’armée ). Il est dirigé par Jean-Marie LELIEVRE, président des Assurances du Mans et fondateur des « 24 heures du Mans ». Le convoyeur est René BRANCHU, collaborateur de Jean-Marie LELIEVRE.

Il fait passer à la barque, pour de petits     groupes, près de l’écluse de Bourré si les conditions de sécurité ne sont pas assurées à Montrichard.

Il travaille pour la réception sur l’autre rive avec Fernand DUBOIS, Roger MICHELET de St. Julien de Chédon et sûrement d’autres.

Emile MANDAR, éclusier, travaille avec les mêmes réseaux belges mais aussi par, exemple, avec le groupe du réseau OCM ( Organisation Civile et Militaire ) de Marcel DUVAL, en région parisienne qui, originaire de Bourré, a organisé une filière de passage autour de Pierre GARNIER à Angé, de sa soeur et beau-frère employés des PTT et du couple BURON ( qui recevra la reconnaissance de « Justes » ).

Il est en binôme avec Pierre PINON, le meunier d’Angé. Emile MANDAR cache les gens dans son jardin potager aménagé spécialement ou dans sa cave.

Louis SERIN, marchand de bestiaux à Montrichard, fait passer, par barque, individus et petits groupes à Bourré, en se rendant avec eux en carriole, pour ses activités à la gare de Bourré. Il travaille avec Robert FIRMIN, jeune boucher, de Faverolles.

Une mention doit être faite, parce que c’est une caractéristique de la période dans notre zone, au rôle des curés de nos communes. Comme en 1789, où ils s’étaient majoritairement placés du coté du Tiers-Etat, ils seront à leur tour passeurs et résistants. Citons le cas du curé de Thésée qui parlait allemand, invitait le soir la patrouille de service et la soûlait pendant que les autres passeurs opéraient !

Le passage de la Ligne : une répression grandissante

Après le 20 juin 1940, les soldats de la Wehrmacht ne restèrent que peu de temps sur place.

Ils furent remplacés par les bataillons territoriaux de défense, aux effectifs plus âgés, souvent des anciens soldats de 14-18, parfois d’origine alsacienne-lorraine.

Ils seront à leur tour complétés et/ou remplacés au printemps 1941 par ceux qu’on va appeler les « douaniers », sorte de police des frontières, équipée de chiens.

Cette arrivée traduit un durcissement de la surveillance.

Montrichard devient un enjeu stratégique encore plus important : trois voies de communication parallèles sur quelques centaines de mètres : la RN 76, le Cher et la Ligne, la voie ferrée vers l’Atlantique et vers l’Est. Un important dépôt de munitions est installé dans les caves sous Bourré-Montrichard.

La justice de Vichy est restée compétente pour les délits de droit commun et « classiques ».

La justice militaire allemande est compétente pour tous les délits liés au statut   d’occupation : passages de la Ligne, détentions d’armes, attitudes et propos anti-allemands, actes « terroristes » des résistants, vols dans les services allemands, manque de zèle de ceux qui doivent travailler pour l’occupant, etc.

Ces délits relèvent du tribunal FK 589 à Blois, qui sera ensuite fusionné, fin 1942, avec celui d’Orléans.

Dans les premiers mois, le passage de la Ligne pour ceux qui se font prendre et pour les passeurs, est sanctionné de une à deux semaines de prison et/ou une amende.

Puis, les peines vont peu à peu augmenter de 4/5 semaines à 6 mois.

A partir de la mi-1941 et surtout avec la tragique année 1942 ( déportation massive des juifs, chasse aux résistants et aviateurs alliés ), la sanction sera la plupart du temps la déportation, ou de lourdes peines de prison.

Cette répression grandissante traduit aussi les résistances auxquelles se heurtent les Allemands dans leur invasion de l’Union Soviétique.



Les cas suivants témoignent du lourd tribut des passeurs.

Roger MICHELET de St. Julien de Chédon, condamné le 3 mai 1941 pour « passage illégal » de la Ligne, à 4 semaines de prison. Il reprendra les passages et sera à nouveau arrêté en 1943 et détenu à Bourges de longs mois.

Fernand DUBOIS, travaille aux établissements « Langou » à Montrichard » et habite St. Julien, arrêté et détenu 13 jours à Romorantin pour aide au passage. En cours de transfert, il s’échappe du train le 11 mai 1941 et doit se cacher.

Georges GUILLET, hôtelier de l’Auberge du « Courrier » à Montrichard, arrêté le 1er août 1942, accusé « d’avoir hébergé et facilité le passage de juifs », va échapper à la déportation mais est détenu un certain temps à Orléans.

Michel DUBOIS, fils de Fernand, est arrêté au Pont de Montrichard, le 1er novembre 1942. Il a 17 ans. Il est déporté d’abord à Oranienburg et décède lors des « marches de la mort ». Le lieu et la date de son décès n’ont pu être établis.

Louis SERIN, de Montrichard et Robert FIRMIN de Faverolles sont arrêtés le     10 septembre 1942 lors de la « rafle de Bourré ». Ils sont déportés. Louis SERIN meurt en déportation ; Robert FIRMIN en revient avec beaucoup de séquelles.

Jean SENTOUT et Roger THEVENART, le garde champêtre de Montrichard, sont arrêtés le 2 novembre 1942, dénoncés pour leurs activités de passeurs.

Grace à l’aide de OTTO, un vieux douanier allemand, qui est devenu son ami et qui lui laisse son couteau, Jean SENTOUT vient à bout de la serrure, s’enfuit et rejoint le maquis de Montrésor.

Roger THEVENART sera, lui, déporté le 24 janvier 1944 et décède au camp de Sachsenhausen, moins de 4 mois après.

Emile MANDAR, malgré de multiples contrôles et tracasseries des allemands, passera au travers des mailles du filet répressif.

Notons encore, le boucher Henri DORIS de Chissay qui sera détenu à Romorantin, l’éclusier Serge MARTEAU de Thésée qui sera déporté.

« L’opération Torch » : la fin officielle de la Ligne

Le 8 novembre 1942, les Alliés débarquent en Afrique du Nord.

La riposte allemande est immédiate : ils occupent toute la France.

C’est l’opération Torch.

La Ligne n’existe plus officiellement même si elle reste en l’état jusqu’en mars 1943.

Certes, elle intéresse moins les occupants. Pourtant, ils maintiendront des contrôles des personnes aux points de passage. Ils surveilleront les 

véhicules et leur contenu. Ils délivreront au compte-goutte les autorisations nécessaires pour se rendre à tel ou tel endroit du territoire.

Car subsistent les enjeux liés à la voie de chemin de fer devenue décisive maintenant pour l’approvisionnement des côtes de l’Atlantique, dans l’éventualité d’un débarquement allié.

Et, la prudence va conduire ceux qui, d’une manière ou d’autre sont engagés en résistance, à continuer à pratiquer le passage de la ligne, pour éviter ces contrôles ou ne pas attirer l’attention. Ce sera particulièrement le cas des réfractaires du STO.

Les passeurs : des résistants à part entière

Après la guerre, les passeurs eurent de grandes difficultés à se voir reconnaitre comme d’authentiques résistants ! Il fallut attendre les années 1950, pour qu’après des campagnes de protestations et de revendications, ils soient enfin bénéficiaires de la Carte de Combattant Volontaire de la Résistance ( CVR ).

Toutefois, certains ne l’obtinrent pas, malgré des dossiers fondés. D’autres, par modestie, ne la demandèrent pas.

Il est paradoxal de constater que la Belgique fut moins rigide en octroyant à plusieurs des passeurs cités dans cet article certificats et médailles de la Résistance belge.

Comme le dit l’adage : « Nul n’est prophète en son pays » !

Ces hommes ont pendant des mois, voire des années, risqué leur vie et celles des leurs, pour l’amour de la France et pour la liberté.

Une stèle a été érigée à l’écluse de Monthou, en souvenir d’Emile MANDAR, en 2017.

Une autre, dont l’inauguration a été retardée à cause de la pandémie, le sera dès que possible, pour Jean SENTOUT, sur les bords du Cher à Montrichard.

Thérèse GALLO-VILLA

                                                                    Novembre 2020
Cet article a été publié dans le Bulletin année 2021 

des Amis du Vieux Montrichard.
La stèle  en mémoire de Jean Sentout a 

été inaugurée en septembre 2021.


« D’une rive à l’autre », un film de Philippe Gauthier.

Philippe Gauthier, en coréalisation avec Gilles Fouassier et le concours des voix de Michel Dubois et Hélène Guedez, a réalisé un film-documentaire sur la Ligne de Démarcation et la Resistance dans la Vallée du Cher pour les départements de l’Indre et Loire, du Loir et Cher, de l’Indre et du Cher.

Un résultat remarquable ayant nécessité plus de quatre ans de travail.

La force de ce film est d’associer des données historiques, des documents d’archives, des contributions de chercheurs et surtout, surtout, des témoignages d’acteurs directs des événements et pour certains, survivants des camps de la mort.

Il est un hommage d’autant plus fort à tous ces « héros ordinaires » qu’il narre avec sobriété et pudeur leur action quotidienne au mépris de la répression qui les guettait, qu’il donne à voir ce que fut la résistance dans ses multiples aspects et qu’il illustre ce beau nom donné à la vallée du Cher : « la vallée de la Résistance ».

Ce film est une inestimable contribution au devoir de mémoire pour les générations futures.

Il a encore plus de résonance dans une terrible actualité qui connait à nouveau la guerre en Europe.

Les auteurs ont réalisé un DVD, version longue du film en 3 heures.

Le contact est : asso.grand.angle@gmail.com



Sources :


Les recherches de l’auteure sur la Seconde Guerre Mondiale publiées sur le site www.tharva.fr et tout particulièrement : la Ligne de Démarcation, la Rafle de Bourré, les Martyrs des Monuments aux Morts.

Diverses séries des ADLC :

1375 W : 63 à 66 ( arrestations et condamnations par les Allemands ) ; 84 ( fusillés et déportés ).

1585 W ( les écrous des prisons) ;

  602 W ( Cour de Justice et Chambre Civique )

1693 W ( Combattants Volontaires de la Résistance )

1652 W ( Renseignements Généraux )

Des témoignages de descendants de passeurs et d’Anciens de nos communes.

Des articles du Bulletin des Amis du Vieux Montrichard et de la Nouvelle République.

Les travaux, en 2017, de Pierrick CHILLOUX, en collaboration avec la mairie de Faverolles, pour la pose de panneaux commémoratifs à l’emplacement des postes allemand et français délimitant « la frontière » administrative de la Ligne.


La bibliographie sur la Ligne est très fournie. Citons seulement ici deux ouvrages incontournables sur le sujet pour le Loir et Cher : L. JARDEL et R. CASAS, La résistance en Loir et Cher, 1994, PUF Vendôme et Jack VIVIER, Montrichard-ville occupée, ville libérée-CLD Chambray les Tours,1984.


Je collecterai avec gratitude toute information, témoignage ou document de descendants ou d’Anciens pour compléter la connaissance des personnes ayant fait passer la Ligne dans les communes de l’ancien canton de Montrichard.

Car je souhaiterai constituer un inventaire-fichier, pouvant être publié, de ces passeurs du Cher.

Téléphone : 02 54 71 51 58 ou courriel : therese.gallo-villa@orange.f