Accueil > histoire > sommaire  > François de la Motte - Villebret

Un rival de Vauban, 

François de la Mothe-Villebret

Ingénieur du Roi...

...mais militaire avant tout !



 I ) La naissance et  la jeunesse de François de la Mothe - Villebret  :

 On ne connaît ni la date ni le lieu de sa naissance.

Les registres paroissiaux des différents endroits où il aurait " logiquement " pu naître ne nous sont pas parvenus.

Mais on peut toutefois établir la période probable de sa naissance, balisée par le contrat de mariage de ses parents, signé le 22 juin 1627, et la mort de son père, le 27 juin 1628, à 27ans, lors de l'attaque de la citadelle de Bricherasio, tenue par les Français, par les armées du duc de Savoie durant la guerre du Piémont.(2)

D'ailleurs, dans un acte notarié du 28 juin 1631, sa mère est dite "veuve".

François de la Mothe-Villebret (3) est donc né en 1628 ou tout début 1629 ; peut-être est-il un enfant posthume.

 On ne connaît ni la date ni le lieu de sa naissance.

Les registres paroissiaux des différents endroits où il aurait " logiquement " pu naître ne nous sont pas parvenus.

Mais on peut toutefois établir la période probable de sa naissance, balisée par le contrat de mariage de ses parents, signé le 22 juin 1627, et la mort de son père, le 27 juin 1628, à 27ans, lors de l'attaque de la citadelle de Bricherasio, tenue par les Français, par les armées du duc de Savoie durant la guerre du Piémont.(2)

D'ailleurs, dans un acte notarié du 28 juin 1631, sa mère est dite "veuve".

François de la Mothe-Villebret (3) est donc né en 1628 ou tout début 1629 ; peut-être est-il un enfant posthume.

Son père est François de la Mothe-Villebret, capitaine au régiment de Longjumeau. Celui-ci est qualifié de " gouverneur de Briqueras " dans une des rarissimes biographies consacrées à la famille la Mothe-Villebret  . Il semble qu'il aie, plus vraisemblablement, participé au gouvernement de la citadelle sans en être le gouverneur. Mais les nobles enjolivaient souvent leur généalogie !

Sa mère est Radegonde de Grisson. 

1 ) Ses ascendances paternelles :

A. Une famille de la noblesse "immémoriale " :


Les la Mothe-Villebret appartiennent à une famille de la noblesse dite chevaleresque ou immémoriale du Bourbonnais, plus précisément des Combrailles. (4)

On peut établir leur filiation des le XIIIe siècle avec Imbaut de la Mothe.

Le Château de la Motte ou La Mothe avait été édifié près d'une ancienne voie romaine, sur une éminence entourée de fossés en bordure d'un ravin transformé en étang. 

Ce devait donc être un ancien poste de surveillance et de défense.

La seigneurie de la Motte était à cheval sur les paroisses de Villebret et d'Arfeuilles, d'où l'appellation de la Mothe-Arfeuilles ou la Mothe-Villebret qui prédominera.

À partir de la donation en 1266, de tous ses biens à son neveu le sire de Bourbon, par le prieur Guy de Bourbon, les seigneurs de la Mothe seront des vassaux des ducs de Bourbon. 

Or, les Bourbons accéderont au trône de France avec Henri IV.

Au XVe siècle, un de la Mothe, suivant un Bourbon, s'établira en Picardie. Il sera à l'origine des branches de la Mothe-Houdancourt  et de la Mothe-Saint-Pierre


(Voir en annexe la généalogie de la famille la Mothe-Villebret)

B.  Une famille fidèle au Roi :

Les la Mothe appartiendront tous au courant de la noblesse "loyaliste", fidèle au Roi. 

Elle le sera toujours, y compris dans les périodes de troubles et de révoltes nobiliaires.

Ainsi, en avril 1465, Jean de la Mothe introduit des gens armés dans Montluçon, tenue par la Ligue du Bien Public, et joue un rôle décisif dans la reprise de la ville par les armées royales.

Ainsi, les la Mothe, ne suivront pas le duc de Bourbon dans "sa trahison", lors de ses démêlés avec Louise de Savoie et François 1er.

Ainsi, ils combattront dans les troupes royales lors des guerres de Religion.

Surtout, le jeune François combattra la Fronde des Princes avec l'armée royale dans le Sud-Ouest.

Mais ce ne sera pas le cas pour certaines de leurs alliances, sensibles aux positions des courants "ultra" de l'Eglise.

C.  Une famille de " gouverneurs de citadelles " :

Les la Mothe sont tous des militaires de père en fils. 

Mais ils ont tous une caractéristique : ils sont gouverneurs de citadelles ou participent au gouvernement de ces citadelles.

Pierre, l'arrière-grand-père, fut gouverneur de Montaigut en Combrailles.

Jean-Baptiste, le grand-père, capitaine au régiment de Normandie, fut l'adjoint du gouverneur du Château de Vincennes.

François, le père, on l'a vu, participa au gouvernent de la citadelle de Bricherasio.

C'est dire que leur spécialité, c'est l'attaque et la défense des citadelles et que ce qui touche aux fortifications est leur affaire.

D.  Une famille désargentée :

Certes tout est relatif. Les la Mothe ne sont pas dans la pauvreté !

Mais ces nobles qui assurent le fameux " service du sang" dans les armées royales, ont des revenus limités à leur solde et aux droits féodaux perçus sur leurs terres.

La Mothe est une seigneurie relativement modeste.

Or, le service du Roi coûte cher ( chevaux, équipements, hommes armés, etc.). 

Un gouverneur de ces petites citadelles atteint au mieux le grade de capitaine. Et les soldes sont versées souvent avec retard.

Cette petite noblesse de province, certes de vieille et glorieuse origine, qui assure l'essentiel de l'encadrement militaire royal, n'a donc pas  beaucoup de revenus.

Qui plus est, elle a souvent du s'endetter pour tenir, ce qu'elle nomme "son rang", acheter une charge pour un fils, constituer une dot pour une fille.

Plus que les guerres, c'est la pauvreté qui décimera une grande partie de cette noblesse d'origine et la précipitera dans la " dérogeance " roturière !

Pendant plusieurs siècles, les la Mothe ont épousé des filles appartenant comme eux à la noblesse locale du Bourbonnais, des Combrailles ou de la Marche voisine.

Le mariage de Pierre de la Mothe avec Anne Aymer, le 5 octobre 1563, constitue un tournant dans l'histoire de la famille.

Pierre, gouverneur de Montaigut, est par ailleurs lieutenant de 100 gentilshommes de la maison du Roi.


E.  Avec l'arrière grand-père Pierre : l'installation en Touraine :

Anne Aymer est la fille d' Antoine Aymer. 

En 1531, il possède  la seigneurie d'Aspremont à Souvigny de Touraine où il a aussi d'autres biens, ainsi qu'à Limeray.

Sa mère est Louise de Marconnay, appartenant à une famille du Poitou, aussi implantée dans le Bourbonnais. (5)

En 1529, son grand-oncle Charles de Marconnay est confirmé par Louise de Savoie dans la charge de gouverneur de Souvigny en Bourbonnais et de Lieutenant du Roi en Bourbonnais, après le décès de son père. Il est seigneur de Montaret. Il sera aussi gouverneur de Chatellerault.

Les Marconnay bénéficieront de nombreuses largesses de Louise de Savoie.

Mais, leur descendant, Jean de Marconnay, sieur de Montaret, gouverneur du Bourbonnais, " âme vigoureusement trempée et esprit fort peu tolérant ", prendra le Parti des Guise durant les guerres de religion.

Anne Aymer amène donc la terre d'Aspremont en dot. (6)

Le couple aura quatre enfants dont un seul fils, Jean-Baptiste, le grand-père de François de la Mothe-Villebret.

La famille s'installe en Touraine et accolera le nom d'Aspremont, sa nouvelle terre à celui de la Mothe, sa terre d'origine.

Ils seront d'ailleurs communément appelés " d'Aspremont ".

Pierre semble être mort vers 1610.

En 1615, Anne Aymer est veuve et constitue une rente avec son fils.

Voir en annexe : la terre d'Aspremont et ses propriétaires

F.  Avec le grand-père Jean-Baptiste : poursuite de l'ascension sociale des la Mothe.

Le 15 février 1599, le contrat de mariage est signé entre Jean-Baptiste de la Mothe et Marie de Salart.

La famille Salart est originaire du Brabant. (7)

L'ancêtre Olivier de Salart était, en 1468, Grand Fauconnier de France, seigneur de Bonnelle en Picardie. 

Il obtiendra ses lettres de " naturalité " en 1489.

Les Salart vont s'allier à de grandes familles de la bourgeoisie d'affaires et/ou des offices financiers ou de judicature : les Le Picard, les Luillier, les Clausse ( d'origine italienne ), les Grisson, etc.

Les Salart deviendront seigneurs de Bourron et de Montargis.

Marie est la fille de François de Salart et de Diane Clausse, fille du richissime Cosme Clausse, responsable des Finances de Henri II.

Ce François de Salart participera activement à la Ligue aux côtés du Duc de Guise qui sera le parrain de sa fille Anne, en 1577.

C'est avec l'argent de la succession de son beau-père intervenue en 1618, que Jean-Baptiste achètera en 1619, la terre du Feuillet à Souvigny, qui est contiguë à celle d'Aspremont. 

L'argent de sa femme lui permet aussi d'acheter une charge de capitaine au Régiment de Normandie. 

Il devient l'adjoint du Gouverneur du Château de Vincennes. 

Mais il meurt durant le siège de Montpellier en 1622.

Le couple a plusieurs enfants dont François et Diane-Angelique qui sera prieuré du Prieuré des Filles-Dieu de Chartres.

À travers des actes notariés, le couple semble habiter en alternance en Touraine et en Bourbonnais.

À la mort de Jean-Baptiste, son fils François 1, prête, comme il se doit Foi et Hommage pour ses terres d'Aspremont et du Feuillet. 

L'acte précise que cette terre du Feuillet est " tenue de sa mère ". L'avenir va confirmer que ce rappel de l'origine de la propriété - l'argent des Salart - ne fut pas mineure !

(Voir en annexe : la terre du Feuillet et ses propriétaires )                                         



2) Ses ascendances maternelles :

 A ) Une noblesse récente "achetée" :

Radegonde Grisson est la fille de Jean Grisson, maître d'hôtel du Roi, contrôleur de son Argenterie, et de Henriette de Gaumont, d'une famille du Parlement de Paris.

Les Grisson appartiennent à une famille de la bourgeoisie marchande d'Ile de France.(8)

Ils avaient pourvu notamment l'Argenterie royale, c'est à dire les produits et équipements de luxe pour la Cour.

Les Grisson sont représentatifs des processus mis en œuvre par la bourgeoisie pour assurer sa promotion sociale, c'est à dire accéder à la noblesse et contracter des alliances avec des membres de la vieille 

noblesse pour valoriser la jeunesse de la leur. Tout en continuant à tisser un réseau de sociabilité dans le monde des affaires et celui des offices de robe.

C'est le grand-père Robert que l'on trouve Lieutenant Général de la Grande Prévôté de France en 1566 qui fait entrer la famille en noblesse en s'achetant un office de " conseiller, notaire et secrétaire du Roi ". 

Il avait épousé Radegonde Picot, petite-fille du Premier Président de la Cour des Aides.

L'office de conseiller, notaire et secrétaire du Roi, relevant de la Chancellerie royale, ne correspondait à aucun travail réel. 

Il était  très convoité et fort cher, car il avait pour effet l'anoblissement immédiat de son titulaire et l'hérédité de cette noblesse pour ses descendants.

C'est chez l'arrière grand-oncle de Radegonde, Jean Grisson, procureur du Roi en 1516, que le jeune Clément Marot fit ses débuts de clerc.

Vers 1543, Robert Grisson acquiert la seigneurie de Villebouzin et du Mesnil à Longpont (91) et des  fiefs dans le Loiret. (9)

Le domaine et le Château de Villebouzin resteront dans la famille jusqu'en 1718. 

B. Une osmose entre milieu des affaires et fonctions publiques :

Les alliances des Grisson se nouent dans le milieu des bourgeois enrichis dans le négoce, qui à partir du XVIe vont se " ruer " littéralement sur les offices royaux que les rois multiplient pour s'assurer des rentrées d'argent. Comme les Luillier, les Picot, les Engrand, etc.

Cet achat d'offices anoblissants à cadence plus ou moins rapide et l'acquisition de seigneuries nobles, leurs ouvraient les voies de l'accès à cette noblesse qui symbolisait alors la quintessence de la promotion sociale. 

Comme on l'a vu et reverra, des mariages de leurs enfants avec des nobles de la noblesse immémoriale et militaire parachevaient ce processus d'appartenance aux élites d'alors et nourrissait l'espoir de vite faire oublier leurs origines, méprisées par la vieille noblesse d'épée.

C. Une influence du Parti dévot :

Ces grandes familles des offices se partagent entre celles qui sont et seront fidèles au Roi et celles qui flirteront ou soutiendront les courants critiques des politiques royales.

Pour ou contre l'affirmation des pouvoirs monarchiques aux détriment des pouvoirs des nobles et des cours souveraines.

Pour ou contre la suprématie de l'autorité du Roi sur l'Eglise de France au lieu de celle de la Papauté.

Pour ou contre les alliances contre les Habsbourg, fut-ce avec des monarques protestants, pour la defense territoriale du royaume.

Pour ou contre la paix religieuse et la reconnaissance du protestantisme.

La famille de Gaumont sera un des piliers du Parti dévot, (10) hostile à la politique royale.

Elle aura une influence notable sur Radegonde et, la suite le laisse à penser, sur le jeune François.

Voir en annexe : le Château de Villebouzin.

3 ) Une succession paternelle mouvementée  :

A.  L'assaut des créanciers :

Après les décès rapprochés de Jean-Baptiste et de François 1, les deux veuves Radegonde de Grisson et Marie de Salart sont assaillies par les créanciers.

Leur liste est impressionnante. (11)

Mais la famille Salart, elle aussi en proie à des problèmes financiers, considère qu'elle a des droits sur la seigneurie du Feuillet.

Marie de Salart demeure au Château de la Mothe avec ses trois enfants : Claude, Balthazar et Louise. Son douaire est d'ailleurs assis sur la seigneurie de la Mothe.

Elle soutient les demandes de sa famille sur le Feuillet, au nom de ce que les femmes appelaient alors " leurs droits matrimoniaux ".

B.  Dix ans de chicanes familiales :

Il s'ensuit une période de contentieux et de procès caractéristiques de ces successions d'Ancien Régime d'une part et d'autre part, d'un système de prêts assuré exclusivement par des personnes privées qui poussaient aux saisies des biens pour se rembourser... souvent en achetant ces biens !

Le 25 août 1631, la saisie réelle d'Aspremont et du Feuillet est prononcée. (12)

La succession va durer plus de 10 ans.

Enfin, un accord interviendra entre les familles : Marie de Salart et ses enfants renoncent à leurs droits sur la partie tourangelle des biens de François 1 et obtiennent la possession de la partie bourbonnaise.

Notre jeune François renonce à la succession vacante de son père.

La date ci-dessous confirme qu'il est né au plus tard en février-mars 1629. Car, ce qu'on appelait " la garde noble ", une tutelle spécifique à la noblesse, s'achevait à 14 ans.

Et, le 14 juillet 1643, le Parlement de Paris autorise Radegonde de Grisson à acheter les seigneuries d'Aspremont et du Feuillet pour 50 000 livres. (13)

Radegonde " rend les comptes " de sa garde noble le 12 décembre 1644.

La seigneurie de la Mothe restera dans la famille des descendants de son oncle Claude, jusqu'en 1784 et sera alors vendue. 

Le domaine était en mauvais état. 

De nos jours, il ne subsiste du Château que quelques pierres enfouies dans les ronces et un bâtiment de ferme très délabré. (14)

C.  Radegonde, dame d'Aspremont et du Feuillet :

La famille Grisson a mis la main au porte-monnaie pour faire une avance à Radegonde et compléter le différentiel entre les droits de Radegonde ( sa dot de 36 000 livres, son douaire de 1000 livres, etc.).

Les deux seigneuries sont réunies et deviennent un bien propre de Radegonde. (15)

Elle a ainsi sauvé une partie de l'héritage de son mari qu'elle pourra transmettre à son fils à sa mort, sans contestation possible.

Radegonde ne se remariera pas et François 2 demeurera fils unique.

Elle séjourne fréquemment en Touraine en son Château du Feuillet. 

Elle s'occupe activement de la gestion de ses terres et s'appuie sur un homme de confiance Pierre Garnier, sieur de Barat, qui sera aussi  le représentant et fondé de pouvoir de toutes les affaires de François de la Mothe-Villebret.(16)

Radegonde, dans un codicille à son testament le 27 juin 1659, lui léguera une somme importante " désirant reconnaître plus libéralement ses services " et elle souligne que Garnier avait été " grièvement blessé ". 

On peut penser qu'il devait accompagner le jeune François sur ses chantiers militaires. Garnier a le profil d'une sorte de mentor de François.

4 )  Formé ou autodidacte ?

 Nous ne savons rien non plus de la jeunesse et de l'adolescence de François.

Par sa mère, François appartient à une famille cultivée, en raison même de la nature des offices et charges qu'elle exerce.

Le testament olographe de Radegonde révèle une belle écriture et le style d'une personne lettrée

Cette dimension est à souligner à une période où une partie de la noblesse est encore peu instruite, tout particulièrement les filles.

François a-t-il fréquenté un de ces collèges parisiens dont les Jésuites feront leur spécialité ? A-t-il été formé à domicile par un précepteur et des professeurs ? Est-il un de ces autodidactes qui seront formés en grande partie sur le tas à la guerre et fourniront les premières générations d'ingénieurs militaires ?

Nous n'avons pas trouvé d'informations précises sur ce sujet, mais la future carrière de François, laisse à penser qu'il avait acquis des connaissances. 

Car pour devenir un spécialiste des fortifications au milieu du XVIIe siècle , il lui fallait des bases sérieuses en mathématiques, géométrie, construction, géologie, dessin, etc.

Or, nul doute que le jeune François voulait poursuivre la tradition familiale des " gouverneurs de citadelle ". 

Les quelques éléments que nous possédons sur Radegonde esquissent l'image d'une jeune veuve qui va consacrer sa vie à l'avenir de son fils.

Et l'écriture adulte de François, comme on le verra ci-dessous, est significative de sa pratique du dessin. Le texte de son testament indique, lui, des qualités rédactionnelles, vraisemblablement acquises dans sa jeunesse.

 II )  Des débuts prometteurs :

1 ) Un " volontaire " dans les armées du Roi :

On situe les débuts de la carrière de François de la Mothe-Villebret vers 1651. (18)

Les moyens financiers de sa mère ne lui permettaient pas de s'offrir une compagnie , encore moins un régiment. 

Aussi, appartenant à cette noblesse militaire pauvre, il entre au service du Roi comme " volontaire ", dans l'infanterie.

Nous sommes alors en pleine Fronde des Princes, alliés avec les Espagnols.

Nous sommes aussi en pleine guerre franco-espagnole, qui fit entrer la France dans la Guerre de Trente ans en 1635.

La guerre de Trente ans initiée en 1618 et qui s'achèvera par le Traité de Westphalie en 1648 conduira à une redistribution des puissances en Europe : l'émergence de la Suede, le déclin de l'Espagne, les germes de la future force de la Prusse, une multitude de petits États, etc.

Mais la guerre franco-espagnole va durer elle jusqu'en 1659.

Elle se termine par le Traité des Pyrénées et la France sera considérée comme une des principales gagnantes de cette guerre de Tente ans.

Le jeune François a donc environ 23 ans.

Il sert sous les ordres du Maréchal d'Aumont sur les frontières des Flandres. 

Il se fait déjà remarquer en faisant prisonnier l'officier commandant la cavalerie espagnole de St. Omer. 

2 ) "Sapeur " et combattant :

Les évolutions technologiques intervenues dans les armes à feu et en premier lieu l'artillerie avaient conduit à des théories et des pratiques nouvelles pour les fortifications des villes et citadelles. 

Les Italiens avaient amorcé  ces changements dès la fin de la Renaissance. (19)

En France, plusieurs précurseurs de Vauban, vont renouveler l'approche de l'attaque et la défense.

Et ce d'autant que les sièges vont prendre une place de plus en plus affirmée dans la stratégie militaire. (20)

Dans ces années là, les fonctions combattantes et techniques ne sont pas séparées. 

Ce sont des soldats, de l'infanterie, qui alternent entraînements, participation aux combats, travail de préparation ( calculs, dessin, suivi des sapes, coordination avec l'artillerie, etc.).

Vauban dénoncera " le martyr " de ces volontaires.

Les témoignages attestent en effet des conditions éprouvantes de ces spécialistes, de la dangerosité de leur situation car ils cumulent les risques, notamment pour les " sapes ",  ces opérations de creusement pour se rapprocher des murailles et les miner.

Ce sont souvent de jeunes nobles ayant plus ou moins de connaissances appropriées et qui sont  formés sur le tas par des anciens, car la pratique à beaucoup d'importance en ce domaine.

François est très représentatif de ces volontaires des fortifications.

3 ) Présent dans les batailles et les sièges :

De son arrivée aux armées jusqu'en 1659 , année des pourparlers de la Paix des Pyrénées et de la fin de la " vieille guerre ", il n'arrêtera pas d'être aux avant postes des attaques dans les sièges pour la prise des villes décisives.

Qu'on en juge !

Le 5 juillet 1653, il participe à la prise de Bourg en Gironde.

Le 17 juillet , à la prise de Livourne.

Le 20 juillet, il est blessé à la prise de Bordeaux, ville aux mains des Frondeurs, dont la chute sera décisive dans la fin de la révolte nobiliaire et son alliance avec les Habsbourg.

Du 28 juin au 6 août 1654, on le trouve au siège de Stenay.

Du 25 au 28 août, il participe à ce qu'on a appelé "le secours" d'Arras où il est gravement blessé, sous les ordres de Condé.

Le 14 juillet 1655, il est de la prise de Landrécies, après deux mois de siège.

Le 14 août, il est blessé d'un coup de pique, à la prise de Condé.

Le 18 août, il est présent à la prise de St.Guillain.

En 1656, au siège de Valenciennes ( qui fut un échec ), il fut blessé plusieurs fois dont trois coups de bousquet au travers du corps.

En 1657, qui est une année n'ayant connu que peu d'engagements militaires, il participe au siège de Montmédy, du 11 juin au 6 août. Il y fut blessé sérieusement par un coup de bousquet qui lui transperce l'épaule.

En 1658, le 14 juin, il se fait remarquer à la bataille des Dunes.

Du 23 mai au 24 juin, il est  au siège de Dunkerque aux côtés de Turenne.

Le 27 août, il s'illustre à la prise de Gravelines où il est à nouveau blessé avec la mâchoire fracassée par une grenade.


4 )  Récompensé et honoré par Le Roi :

Sa bravoure, son allant, notamment lors de la prise de Bordeaux, le font remarquer.

Louis XIV érige sa terre du Feuillet en Vicomté en 1653. 

On mesure ce que cela représente, pour cette vieille noblesse, de voir une de ses terres "titrée".

François sera souvent appelé le Vicomte d'Aspremont.

Après la mort de sa mère et sa Foi et Hommage en 1663, pour ses seigneuries,  il portera le titre de comte d'Aspremont.

On remarquera que ce n'est pas le nom de sa terra titrée qu'il portera mais le nom des terres les plus anciennes de sa famille. Le rajout de Villebret vient vraisemblablement du besoin de se distinguer d'autres grandes familles de la Mothe, tout en actant son ancrage dans le Bourbonnais, dont est issu Louis XIV lui-même.

Début 1654, il est nommé Enseigne aux Gardes et après  son rôle au siège d'Arras, il promu Lieutenant aux Gardes en la même année.


C'est un corps prestigieux qui assure la garde du Roi et aussi celle des résidences royales. C'est le Roi qui nomme à sa discrétion aux grades dans les Gardes par attribution d'une " commission". Ces grades ne sont pas en effet des charges vénales qui s'achètent et se vendent.

François n'aurait pas pu se payer une charge militaire qui n'aurait pas eu, qui plus est, le prestige de l'appartenance aux Gardes.

Et, en 1656, sa mère est nommée à la charge ( honorifique car sans gages ) de dame d'honneur de la Reine.

La sollicitude royale se poursuit : le 4 mai 1659, presque jour pour jour la date anniversaire de son mariage le 5 mai 1658, il reçoit une Commission de capitaine aux Gardes

Mais surtout, 1659, est l'année donnée pour l'obtention de son brevet d'ingénieur du Roi. 

François a fait ses preuves.

Après la Paix des Pyrénées, la politique royale de défense et de développement des fortifications des places militaires et des villes considérées comme stratégiques va entrer dans une nouvelle phase.

La vie et la carrière de François aussi.

III )  Un premier mariage au service de sa carrière.

1 )  Une alliance dans le monde des offices de Finances :Catherine Hebert est née le 21 janvier 1639. Elle a donc 19 ans. (21)

Il a près de 20 ans de plus qu'elle.

Il est couvert de cicatrices et défiguré.

Mais c'est un beau parti : noblesse immémoriale, protection du Roi et avenir militaire.

Elle est la fille de Michel Hébert, seigneur de la Mayrie en Picardie et contrôleur général de la maison du Duc d'Orléans, frère de Louis XIII et oncle du Roi.

Sa mère est Anne Poignant dont le père est un des plus gros " marchand mercier " de Paris et dont la famille a ( et aura ) des attaches avec le monde de la robe parlementaire.

Les Hébert sont originaires de Picardie.

Le premier " retenu " pour leur généalogie est Pierre Hébert qui fut bailli de Corbie en 1529.

Les membres de cette famille se sont spécialisés dans les offices très lucratifs des finances ( cour des Aides, Trésoriers et Contrôleurs en divers domaines, etc.)

En ce siècle, ils assurent leur consolidation sociale en faisant entrer leurs fils dans les carrières militaires et en mariant à des nobles leurs filles richement dotées.

Une sœur de Catherine épousera Jean Duret, ami de François, appartenant à la noblesse bourbonnaise, seigneur de Montchenin ( Allier ), puis de Villejuif ( 94 ) et capitaine au régiment de Conti. (22)

 2 ) Une alliance dans le monde des fortifications :

Catherine est aussi ( et surtout ? ), la nièce de Christophe Hébert, Trésorier Général des Fortifications de Picardie,  île de France et pays reconquis, Surintendant Général des Vivres des armées du Roi. (23)

Par sa femme, il est allié à la famille du Cardinal de Richelieu.

Cette parenté va renforcer l'appartenance de François à la sphère des fortifications et notamment à la partie de l'Administration des fortifications dont le rôle est inséparable au service des activités techniques des Ingénieurs.

3 ) Une alliance dans la clientèle de la famille d'Orléans :

On sait le poids des clientèles et coteries sous l'Ancien Régime dans une société d'ordres où subsistent très fort les liens " d'homme à homme", hérités de la période féodale.

Par les Hébert, François entre dans la plus importante clientèle après celle du Roi lui-même, les d'Orleans, oncle et frère du Roi.

On en trouve une marque en 1668 avec l'appartenance de son fils, voué à l'Eglise, à la Chapelle de la Duchesse d'Orléans.

4 ) Veuf et père de deux enfants : 

Catherine Hébert meurt en 1666, à 27 ans, le laissant veuf avec deux enfants.

Il obtient, selon, l'usage dans la noblesse, la " garde noble " de ses jeunes enfants.

La " garde noble " consistait pour le conjoint noble survivant à pouvoir administrer et user des biens de l'époux décédé, sous réserve de pourvoir aux besoins des enfants et de rendre les comptes à la fin de cette garde.

 A .  Louis de la Mothe-Villebret :

On ignore la date et le lieu de sa naissance.

Le 2 décembre 1667, il est baptisé : Louis XIV est son parrain, la duchesse de Montausier est sa marraine. (24)

Et, à environ 9 ans, il est pourvu par son parrain, de la commende de l'Abbaye de Daoulas ( 29 ).

Ce sont certes des marques de l'estime du Roi pour François et la reconnaissance des services rendus  dans les récents sièges et batailles.

La nomination d'enfants comme abbés commendataires fut pratiquée assez souvent par Louis XIV.

Mais elle interroge dans le cas présent s'agissant du fils unique d'un homme pour qui assurer la descendance de son lignage, dans le service militaire du Roi, devait être une idée force.

L'enfant a-t-il des handicaps ? Où l'influence du Parti dévot sur la famille à t'elle été plus puissante ? Où, et peut-être aussi, le scandale causé par l'affaire de la tante Diane-Angélique a conduit à offrir l'enfant à l'Eglise en réparation ?

Le 22 septembre 1668, François signe une procuration en blanc pour désigner un procureur chargé de la gestion de l'Abbaye de Doualas. (25)

Puis, le Roi reprendra cette abbaye et Louis recevra en échange un prieuré du diocèse de Rouen et surtout la belle Abbaye de Breteuil dans l'Oise, le 25 juillet 1710.

On a peu de traces de Louis de la Mothe-Villebret, en dehors de quelques actes notariés pour la gestion de ses terres et des procès dans ses abbayes pour les rentrées de sommes dues à ses commendes.

Il vendra le 21 février 1707 ses possessions tourangelles, héritées comme on le verra de son père. (26)

Il vendra aussi en 1718 la seigneurie de Villebouzin qu'il avait achetée en 1700 à son cousin par alliance Nicolas de Montgomery.

L'abbé d'Aspremont recevra la simple tonsure. Il ne prononça pas les vœux de prêtrise.

On peut penser qu'il a appartenu au cercle de ces abbés de cour, fréquentant les salons mondains et peu présents dans leurs abbayes.

Il aura une exceptionnelle longévité pour l'époque en décédant à plus de 90 ans en 1753.

Par testament, il lègue ses biens à Louis, fils puîné de sa sœur, avec une clause si besoin était, de substitution au fils aîné.

B.  Francoise-Catherine de la Mothe-Villebret :

D'elle non plus, on ne connaît pas la date ni le lieu de naissance.

Elle est la cadette.

A la mort de son père, sur la demande pressante du conseil de famille, elle recevra une somme d'argent non négligeable pour la constitution d'une dot lui ouvrant les portes d'un mariage " de son rang ".

Cela donnera lieu à un contentieux avec son frère qui aboutira à une transaction en ... 1708 ! Peut-être d'ailleurs la vente du Feuillet en 1707 était rendue nécessaire pour payer son dû et les arrérages à sa sœur ! (27)

Elle avait épousé le 12 octobre 1687, Antide-Marie de Pra de Balay-Saulx, comte de Peseux.

Il est en 1696 gouverneur de Langres.

La terre de Pra dans le Jura relevait de l'Abbaye de St. Claude et celles de Peseux et Balay-Saulx de la seigneurie de Longwy.

Les Pra vont constituer une dynastie de baillis et gouverneurs de Langres du XVIIe siècle jusqu'à la Révolution. 

Francoise-Catherine a poursuivi, à sa manière, la tradition familiale des gouverneurs de villes et citadelles.

Elle se séparera de biens d'avec son époux et lui " achètera " une partie de ses biens fonciers dont Peseux.

Cette pratique de la séparation de biens par l'épouse va devenir fréquente chez les nobles : elle permettait de sauvegarder, au moins pour partie, les patrimoines, lorsque les dettes de l'époux devenaient trop importantes.

Elle décède à Langres où elle fut inhumée, le 14 mars 1736. (28)

IV L' ascension : 1660- 1673

1) Les années de répit :1660-1666 :

A. Une période de Paix :

La France connaît la paix depuis le Traité des Pyrénées.

C'est l'année du mariage du Roi avec Marie-Thérèse, fille du Roi d'Espagne.

Et une année de nouveaux honneurs royaux pour François. 

Il est nommé Gentilhomme de la Chambre du Roi. 

Cette charge le fait entrer dans l'intimité du Roi.

Le Roi le décore aussi de l'ordre du Saint-Esprit, fondé par Henri III, qui est l'ordre de chevalerie le  plus important de la monarchie.

B. Une présence plus fréquente en Touraine :

Il séjourne fréquemment dans ses terres et s'occupe de la gestion.

L'estimation du revenu de ses seigneuries est de 4000 livres/an. Ce qui est modeste.

Mais il a plus de moyens grâce à ses gages et soldes ainsi que la dot de Catherine Hébert.

Il agrandit ses possessions en achetant de petits fiefs et seigneuries, proches du Feuillet et d'Aspremont.

Il s'achète la charge de la maîtrise des Eaux et Forêts d'Amboise et de Montrichard.

Il y ajoute la charge de la capitainerie des Chasses des mêmes lieux. (29)

Il change de domicile à Paris et exerce ses fonctions aux Gardes et à la Chambre du Roi.

C.  La mort de sa mère :

Elle décède à Paris. 

Son testament olographe est déposé chez le notaire le 24 novembre 1661. Son décès a donc dû intervenir un ou deux jours avant.

Elle avait émis le souhait d'être inhumée à Souvigny si elle mourrait en Touraine et dans la Chapelle de ses cousins Gaumont en l'Eglise de St. Jacques de la Boucherie, si elle décédait à Paris et si les Gaumont acceptaient.

Ce qui fut fait. (30)

La succession de Radegonde ne soulève pas de problème.

Et en 1666, ce sera son propre veuvage.

2 )  La Guerre de Dévolution ( 1667-1668 ) :


À la mort du Roi d' Espagne, la dot de Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV, n'est toujours pas payée. Louis XIV réclame alors en contrepartie des villes de la frontière Nord-Est. 

Il entre en guerre, secondé par Turenne.

A.  François est au combat ....

Il participe au siège de Tournai qui tombe le 25 juin 1667 et où le maréchal d'Aumont avait rejoint les troupes royales.

Il mène le siège de Douai du 2 au 6 juin. La ville capitule le 7. C'est François qui, à la tête de sa compagnie avait pénétré le premier dans la ville.

Le lendemain, le Roi qui vient d'entrer dans la ville le nomme au commandement de Douai ....par cette nomination, il poursuit la tradition familiale. 

Mais ce n'est qu'un début.....

C'est vraisemblablement la période où on peut penser qu'il rivalise encore avec Vauban.

La France sort victorieuse de la guerre.

Le Traité d'Aix La Chapelle ( 2 mai 1668 ) accorde à la France une douzaine de villes dans le Nord-Est mais Louis XIV doit rendre la Franche-Comté presque entièrement conquise.

Autant de villes à fortifier pour assurer la défense de cette nouvelle frontière.

Vauban théorisera bientôt le concept du « pré-carré".31)

Pour l'heure, ces grands travaux sont l'objet de fortes rivalités entre les différentes coteries de ministres et d'ingénieurs.

Ces rivalités se concentrent sur les travaux d'Ath et d'Arras. (32)

François participera aux travaux d'Ath en 1668.

Mais surtout il dirigera, à la demande de Louis XIV, ceux d'Arras en 1667 et 1668. 

Il coopérera avec l'ingénieur de Clerville, un de ces Ingénieurs précurseurs.

Vauban n'approuve pas ces choix, ne ménage pas ses critiques sur les projets de tracés de ses collègues. Ce qui chez lui est coutumier !

Vauban a l'oreille de Louvois ; mais ce dernier sait que François est bien en cour et dans une lettre, il conseille à Vauban de " ne donner ni chagrin ni jalousie à d'Aspremont". (33)

B.   .... et ses fonctions d'ingénieur montent en charge :

Pour l'heure, ces grands travaux sont l'objet de fortes rivalités entre les différentes coteries de ministres et d'ingénieurs. (34)

Ces rivalités se concentrent sur les travaux d'Ath et d'Arras

François participera aux travaux d'Ath en 1668.

Mais surtout il dirigera, à la demande de Louis XIV, ceux d'Arras en 1667 et 1668. 

Il coopérera avec l'ingénieur de Clerville, un de ces Ingénieurs précurseurs.

Vauban n'approuve pas ces choix, ne ménage pas ses critiques sur les projets de tracés de ses collègues. Ce qui chez lui est coutumier !

Vauban a l'oreille de Louvois ; mais ce dernier sait que François est bien en cour et dans une lettre, il conseille à Vauban de " ne donner ni chagrin ni jalousie à d'Aspremont"

3 ) La guerre de Hollande ( 1672-1678) :

( ici jusqu'aux prémisses de la guerre de Franche-Comté )

Louis XIV avec l'appui de Colbert est convaincu qu'il lui faut venir à bout des Provinces-Unies pour continuer à revendiquer les territoires espagnols de l'héritage de son beau-père et endiguer leur concurrence commerciale. 

La guerre sera donc d'abord avec les Hollandais, puis avec une coalition européenne.

La France victorieuse signera la Paix de Nimegue avec les Pays-Bas, le 10 aout 1678 puis avec les autres belligérants.

Elle " lisse " sa frontière Nord, par la suppression d'enclaves et par des gains de villes. 

Elle obtient la Franche-Comté qu'elle vient de conquérir.

François est attaché à l'armée de Condé.

Il va cumuler des missions d'ingénieur avec des missions combattantes.

 A.  Enfin gouverneur de citadelle :

En mars 1672, François se démet de sa compagnie aux Gardes, qui devient difficilement compatible avec la reprise de la guerre et les déplacements répétés, liés à ses fonctions d'ingénieur. 

Et avec sa toute proche promotion....

Le 28 avril, il est nommé gouverneur d'Arras.

C'est à dire d'une citadelle importante dans la défense des frontières Nord.

B.  Au premier rang des sièges :

Du 25 mai au 2 juin, il mène le siège d'Ormoy.

Puis du 3 juin au 7 juin, celui de Rimberg.

Le 9 juin, François passe sous les ordres de Turenne.

Le 16 juin, c'est la prise ,après un siège, de Nimegue où il se fait remarquer par sa prise du fort de Nimegue.

Le 26 juin, c'est la prise de l'Ile de Bomel où, là encore, il a pris le fort St.André

Il viendra, en décembre souffler un peu de temps en Touraine entre la fin de la campagne de 1672 et la reprise de celle de 1673.

Et du 13 au 26 juin 1673, il participe au fameux siège victorieux de Maestrich.

C.  En mission aux frontières de la Bourgogne :

Mais il multiplie aussi ses activités d'ingénieur.

En 1672, on le trouve à Langres pour étudier les fortifications de la ville. (35)

Puis, il mène une mission d'inspection en Bourgogne et il plaide pour la fortification de Dijon.

Cette région est stratégique avec la perspective d'une nouvelle conquête de la Franche-Comté.

Au début de 1673, Colbert avait envisagé de lui confier le projet d'aménagement du port de  Toulon. (36)

Mais la guerre de Hollande crée d'autres urgences.

Il travaille donc sur des projets concernant Chalons-sur-Saône. (37)

On le retrouve à Langres en avril-mai, avec des travaux en retard, pointés par Colbert !

Et surtout, il est chargé de fortifier Auxonne, ville charnière entre Bourgogne et Franche-Comté.

Le 3 novembre, il reçoit son brevet de brigadier d'infanterie.

Il est placé sous les ordres du maréchal de Navailles et il participe aux premières escarmouches de la guerre de Franche-Comté, ce qu'on appelait les " courses ".


V La conquête de la Franche-Comté : février-juillet 1674.

Le 28 novembre, François arrive à Louhans. (38)

Le 10 décembre, il fait une tentative devant Lons le Saunier, la riposte est violente et il est mis en échec.

Le 23 décembre, il fait une course par Couliege, Vernantois, puis Rosay et Beaufort. Il revient en Bourgogne.

Navailles, en raison de pluies abondantes, ne peut entrer en Franche-Comté que le 14 février.

Il avait rassemblé 6000 hommes à Auxonne. François le suit avec plusieurs centaines de fantassins et des canons.

François est au premier rang : il prend St.Amour, fait les sièges de Pesmes et Gray en février, après avoir pris Marnay, Champtonnay, Sy, St.Loup, etc.

Gray capitule le 28 février.

Puis ce sera Lons le Saunier le 10 mars, Poligny le 25 après deux jours de siège.

Il met le siège devant Arbois le 27. La ville résiste.

François excédé par la résistance d'Arbois menace de faire violer femmes, filles et religieuses par ses soldats et de faire fouetter les hommes. Artois se rend le 31.

Vers la mi-avril, Louis XIV décide de venir achever lui-même la conquête et arrive le 26 avril.

François, avec de Luxembourg, prépare le siège de Besançon qui capitule le 15 ( officialisé le 22 ).

Puis ce sera le tour de Dole le 7 juin.

Le 8 juin, le Roi et la cour dînent et dorment dans la banlieue d'Auxonne car la peste est dans la ville. Seul Louvois passe outre et est hébergé par la future belle-mère de François !

Enfin, François prend une part décisive au siège et à la chute de Salins le 21 juin qui a résisté plusieurs jours.

Dès le 22, Louis XIV le nomme gouverneur de Salins.

FRANCOIS parachéve la conquête : Joux le 2 juillet, St.Anne le 10.

Le Roi doit lui faire des remontrances pour ses exigences pour son train de vie, ses attitudes violentes et ses menaces contre les édiles de Salins. 

Le Roi le nomme dans l'ordre de Notre-Dame du Carmel et de St. Lazare de Jérusalem. C'est un ordre prestigieux religieux et militaire, où les membres de la noblesse chevaleresque y dominent encore.

Le 10 octobre, Louis XIV ordonne la destruction des places fortes de la Franche-Comté, sauf Besançon, Salins, Joux.

VI  Un second mariage "d'inclinaison " :

François rencontre donc Louise-Gabrielle de Malot du Bousquet, en 1673, lorsque lui sont confiés les travaux d'Auxonne.

Née le 25 décembre 1646, elle a presque 28 ans, lui environ 45, avec un physique qu'on peut imaginer mais c'est un très très beau parti, sur la base des critères de l'époque.

Nous savons qu'elle était très belle (39) et appartient à une famille aisée et connue d'Auxonne.

Pourtant, elle est toujours célibataire.

1 ) Fille d'un militaire huguenot converti ....

Son père Louis-Pierre de Malot, seigneur du Bousquet, capitaine au régiment de Picardie, avait été nommé Lieutenant au gouvernement de la ville d'Auxonne par Louis XIII, le 28 septembre 1636. (40)

Il avait été auparavant gouverneur de Calvinet dans le Cantal, petite place forte mais importante dans la lutte contre les Protestants dans cette Auvergne, haut lieu des idées religieuses nouvelles. (41)

Louis-Pierre de Malot appartenait à une famille de militaires protestants dont on sait peu de choses  et qui avaient pris leur part dans les guerres de religion.

Il se convertit après le siège de La Rochelle et comme beaucoup de ces très petits nobles protestants, il se met alors au service du Roi qui les intègre et assure leur carrière.

Il deviendra d'une religiosité extrême, avec une dévotion particulière pour le culte marial.

Il décèdera vers 1659.

2 )....et d'une mère acquise aux idées du parti Dévot.

Sa mère Humberte Jannon appartient elle à une des principales familles de la bourgeoisie marchande d'Auxonne qui fournira plusieurs édiles municipaux. (42)

La famille, subdivisée en plusieurs branches, va concentrer les carrières de ses membres notamment  sur les fermes des Gabelles et les offices du Parlement de Dijon.

Elle fournit plusieurs membres à l'Eglise.

Les Jannon sont alliés à la famille de Bossuet. 

Ils font partie du noyau dur du Parti Dévot. 

Humberte Jannon est très représentative de ce courant de pensée.

On relève qu'en 1795, un descendant Nicolas Jannon, ancien Président du Parlement de Dijon, émigré en Suisse publiera un ouvrage fortement anti-Révolutionnaire.

Le couple aura une douzaine d'enfants .... toutes des filles ! (43)

3 ) Une des " possédées d'Auxonne " (44)

Elle fut une des principales protagonistes de cette affaire de " possession "dans un couvent.

En l'occurrence celui des Ursulines d'Auxonne à la fois, école des filles de notables et couvent avec beaucoup de jeunes nonnettes.

Plusieurs de ces jeunes religieuses accusaient la mère supérieure d'être de connivence avec les diables qui les envoûtaient et leurs faisaient subir des sévices.

Les enquêtes menées par des commissions du Parlement de Dijon, à l'époque, font apparaître la fausseté des accusations et les fantasmes sexuels d'adolescentes. A l'inverse, celles diligentées par l'Eglise, affirment des possessions.

L'affaire durera plusieurs années, de 1656 à 1662. Elle sera à l'origine "d'émotions populaires",  de violences physiques à Auxonne et en Bourgogne, sur fond d'exorcismes et de pratiques fanatiques.

Le Parlement de Paris, après celui de Dijon, calmera la situation, attisée par le Parti Dévot jusqu'au plus haut niveau de la Cour. Il laissera s'éteindre l'affaire.

Louise-Gabrielle avait 14 ans au plus chaud de l'affaire. Deux autres de ses sœurs étaient aussi nonnettes aux Ursulines d'Auxonne.

Les nonnettes seront dispersées dans d'autres institutions et le couvent des Ursulines demeurera fermé un certain temps

Louise-Gabrielle revient à Auxonne quelques années après. (45)

Ce passé peut expliquer ce célibat obligé !

4 ) Une " victime " pour les dévots :

Il faut avoir à l'esprit que pour les dévots ces filles étaient des victimes du diable, qu'il s'agissait d'éprouver leur foi et celle de leur famille, que leurs souffrances appelaient un renforcement des pratiques religieuses authentiques, etc.

Comme devait le croire la famille la Mothe-Villebret pour le cas de la tante Diane-Angelique, à la même époque. (46)

Son passé n'était vraisemblablement pas un repoussoir pour François.

Il appartenait lui aussi au Parti Dévot.

De plus comme lui, elle avait été éduquée dans les traditions militaires des gouverneurs de citadelles.

Et redisons-le, elle était très belle.

5 ) Un mariage avec une dot " fléchée ":

À peine terminée la conquête de la Franche-Comté, le mariage est célébré, le 14 juillet 1674.

François, on l'a vu, vient d'être nommé gouverneur de Salins le 22 juin.

Une disposition de leur contrat de mariage mérite attention.

Outre bijoux et habits, Humberte Jannon accorde une dot de 40 000 livres à sa fille.

C'est une belle somme.

Mais Humberte Jannon fait préciser dans le contrat que cette somme est destinée à l'achat d'une seigneurie.

Il s'agit donc d'une dot " fléchée " comme on dirait aujourd'hui pour des crédits !

Madame Jannon sait qu'il y a des enfants d'un premier lit, que ces nobles dépensent beaucoup pour tenir leur rang et pour le service du Roi, et que François peut mourir à la guerre n'importe quand.

Elle entend assurer l'avenir de sa fille.

Cette disposition va jouer un rôle central dans la vie de Louise-Gabrielle.

Le 20 août 1674, François est de retour à Salins avec son épouse.

Le 8 décembre, il se rend à Paris avec Louise-Gabrielle, "appelé par le Roi ".

6 ) La naissance des jumelles :

Au printemps 1675, Louise-Gabrielle donne naissance à deux jumelles.

Sa mère avait aussi eu deux fois des jumelles.

Humberte-Augustine, qui entrera en religion.

Jeanne-Thérése, qui mourra trois mois après son père à Souvigny de Touraine, le 11 septembre 1678.

VII Les dernières années : 1674-1678 .

1 ) Une période consacrée aux fortifications : 1675- 1676 :

François va se consacrer à son governorat de Salins et aux missions que lui confie Colbert.

Louis -Gabrielle demeure, la plupart de ce temps, dans sa famille à Auxonne.

A.  La poursuite des fortifications d'Auxonne. (47)

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Curabitur pharetra dapibus pharetra. Donec interdum eros eu turpis pharetra et hendrerit est ornare. Etiam eu nulla sapien. Nullam ultricies posuere nunc, eget mollis nulla malesuada quis.

Le 16 juin 1674, Colbert invite François à prendre ses ordres pour les travaux de fortifications d'Auxonne et de la Région auprès du Roi puisque celui-ci est présent.

Le 20 juillet 1675, Colbert lui enjoint de " presser les travaux avec la plus grande urgence ", car ce dernier craint des " inconvénients du côté de l'Allemagne ".

Le 19 août, Colbert se plaint auprès de François du manque de nouvelles sur les travaux d'Auxonne, alors que précise t'il, " le Roi veut être informé en détails tous les 15 jours où trois semaines ".

Le 19 septembre, Colbert lui fait des observations sur la fondation du bastion Notre-Dame et l'informe que l'entrepreneur Anglart se plaint de ses ordres.

Il a aussi des relations compliquées avec les intendants relativement au coût des travaux !

La " paperasserie " n'est, de toute évidence, pas sa préoccupation.

C'est dans cette période, ou un peu après, que François demande à être relevé de ses fonctions d'ingénieur. On ne connaît pas sa lettre mais la réponse de Colbert. Celui-ci lui répond sèchement que c'est au Roi qu'il appartient d'en décider.

B. Les travaux dans le Dauphiné : (48)

En 1675 et 1676, Colbert l'envoie plusieurs fois dans le Dauphiné sur le dossier des fortifications de Grenoble.

Il s'agit notamment de mener d'importants travaux d'endiguement de la rivière Drac.

François établit d'ailleurs une note à destination de Colbert sur les réparations les plus pressées à faire à la place " si on veut la mettre en défense et hors d'insulte ".

L'ingénieur Mollart est son assistant. (49)

François qui fait la navette, entre Auxonne et Salins, est prié en avril de retourner à Grenoble et à nouveau en juin.

2 ) L'achat de la seigneurie du Gué-Péan :

Après 150 ans d'appartenance à la famille Alamant, la seigneurie du Gué-Péan est saisie sur la dernière héritière Charlotte Alamant, assaillie par ses créanciers, et fait l'objet d'une vente par " décret volontaire ", le 18 octobre 1676. (50) 

Mais, suite à des péripéties juridiques, cette vente ne sera effective qu'à la fin de 1677.

Son coût est d'environ 100 000 livres.

Chaque époux est propriétaire pour moitié puisque la dot de Louise-Gabrielle lui assure sa part.

On les trouve donc au Feuillet jusqu'au début de 1677.

Le 24 octobre, François avait signé une " procuration générale et spéciale " au bénéfice de sa femme, acte de confiance et de reconnaissance de son statut dans le couple. (51)

3 ) Les dernières missions : 1677-1678

De février 1677 à sa mort en juin 1678, François a un activité intense, alternant séjours à Toulon et combats en Catalogne.

Contrairement à d'autres ingénieurs, il demeura jusqu'au bout et ingénieur et militaire, à la demande du Roi.

A.  L arrivée à Toulon, accompagnée d'une promotion :

Le 15 février 1677, il arrive à Toulon

Il est chargé par Colbert de préparer un projet d'aménagement du port et de l'Arsenal.

Le 25 février, le Roi le nomme au grade de maréchal de camp. 

François accède ainsi à la sphère des grades les plus élevés de l'armée ( Vauban l'avait été quelques mois avant ).

En mars, il envoie trois projets à Colbert. (52)

Celui-ci estime que les explications sont insuffisantes, lui demande de venir en discuter avec le Roi et d'en profiter pour inspecter au passage les ouvrages de Provence et du Dauphiné, et de se  rendre à Auxonne où il recevra des instructions.

C'est de là que le 25 mai, il recevra l'ordre de se rendre en Catalogne où les armées royales affrontent les Espagnols. (53)

B. ... La participation à la guerre en Catalogne : (54)

Le 16 juin, il arrive à Perpignan, et il est placé sous les ordres du maréchal de Navailles.

Louise-Gabrielle s'installe au Feuillet pendant son absence.

Le 4 juillet, il s'illustre à la batailles d'Espolla ( ou d'Espouilles ).

Ce sera son dernier exploit militaire mais lequel !

Il taille en pièces le fameux Régiment d'Aragon de dragons espagnols et fait prisonnier le marquis de Fuentes.

Il est encore présent au quartier général de l'armée française à Ille au Roussillon, le 16 juillet 1677. (55)

C. .... et de retour à Toulon :

C'est là qu'il y reçoit l'ordre du Roi de repartir pour Toulon pour " voir ce qui pourra être fait cette année ". 

Le Roi lui fait transmettre par Colbert un plan pour lui faire comprendre ses propositions.

François va travailler d'arrache-pied dans un contexte de rivalités et de critiques. 

Vauban qui souhaitait avoir ce projet et était mécontent de la nomination de François, est un de ses principaux détracteurs.

Le 12 août, François a terminé un plan pour la nouvelle enceinte et pour le nouvel Arsenal.

François, en aout et septembre, refait de nouveaux tracés avec Arnoul.

Il les envoie à Colbert le 24 septembre et il tombe gravement malade le même jour.

C'est cette maladie qui a accrédité l'idée selon laquelle il était mort à Toulon.

Malgré son indisposition, il poursuit son travail et le 20 novembre, il envoie à Colbert le mémoire relatif à la nouvelle enceinte et une estimation du coût des travaux.

À la fin de l'année, il séjourne à Paris et au Feuillet.

On peut penser qu'il s'installe au Gué-Péan qui lui est enfin adjugé le 18 décembre.

4 ) Les derniers mois :

C'est la difficulté à établir à quelles dates et en quels lieux, François était mort et inhumé, qui m'a conduit à tenter de reconstituer le plus précisément possible les évènements des derniers mois de sa vie.

A.  Un ultime séjour au Feuillet ...

Il est présent au Feuillet le 22 mars car il signe une série d'actes relatifs à la gestion du domaine. (56)

Le 22 avril, il rédige son testament olographe. Cacheté et paraphé par son notaire, son médecin Pierre Legrand de St.Aignan sur Cher et son fidèle Mollard.

Le 24, il le dépose chez son notaire à Mosnes mais il n'est pas enregistré par celui-ci. (57)

François doit se rendre à nouveau en Catalogne.

B.  À t'il pu honorer son nouvel envoi en Catalogne ?

Nous savons que son " attelage ", parti avant lui, arrive en Catalogne le 26 avril. (58)

On y prépare l'attaque et le siège de Puigcerda. Ce siège difficile durera du 29 avril au 29 mai. Il nécessitera 4 attaques. 

Le 2 mai, il est au Feuillet et on l'y retrouve le 8 juin. (59)

Notons que le 29 mai, c'est son représentant Guettrote qui signe des actes.

S'est -il rendu en Catalogne ? 

Impossible jusqu'à présent de le prouver. Mais, cela aurait été possible dans le calendrier connu.


VIII  La mort de François de la Mothe-Villebret : dans la nuit du 27/28 juin 1678.

A ) A Paris, pour se faire soigner et mourir : (60) 

Il se rend en juin à Paris, nous ignorons à quelle date, " en raison de son indisposition "

Il vient donc se faire soigner dans la capitale.

Il décède dans la nuit du 27 au 28 juin à Paris, après avoir reçu  les derniers sacrements par un prêtre de la paroisse St. Sulpice. 

Il était descendu dans un de ces hôtels parisiens spécialisés dans l'hébergement des nobles et notables lors de leurs séjours.

Il avait son testament sur lui donc repris chez le notaire : pour aller en Catalogne ? Pour se rendre à Paris ?

Louise-Gabrielle s'est réfugiée, quai Malaquais, chez son amie d'enfance Hélène de Besançon, fille de Duplessis-Besançon qui avait été gouverneur d'Auxonne. 

Le 28 juin, le Lieutenant Civil du Châtelet de Paris ordonne le dépôt du testament chez un notaire parisien et son ouverture.

B )  Le testament de François : (61)

Ce texte olographe écrit de l'élégante écriture de François et dans un beau style, contient quatre types de dispositions :

1 ) Ses souhaits pour son inhumation :

À la lecture de ces souhaits, on peut mesurer que ce fut bien de sa part un mariage d'amour.

" Je prie très humblement madame d'Aspremont ma femme que j'élis mon exécutrice testamentaire de vouloir en considération de la forte estime et tendresse que j'ai pour elle de faire porter et inhumer mon corps où il lui plaira et en cas que je mourusse trop loin de faire tirer mon coeur pour être mis un jour auprès du sien, priant le seigneur qui a uni nos cœurs en ce monde pour le servir de les joindre encore dans le ciel pour le louer à jamais et admirer ses grandeurs dans l'éternité des siècles ".

2 ) Les dispositions religieuses :

Il prie Louise-Gabrielle de "  fonder une messe et un biterra à perpétuité par mois qui sera dit sur ma sépulture ou au lieu où elle aura déposé mon cœur afin que Dieu soit prié pour le repos de mon âme "

3 ) Les gratifications à ses domestiques :

Il lègue au valet de chambre qui sera près de lui à sa mort trois cents livres, en plus de ses gages, et ses habits.

Il donne aux autres domestiques 100 lives à chacun.

Il précise que ces sommes doivent être prélevées sur ses biens " avant toute autre disposition ".

4 ) Le partage de sa succession :

a ) pour "  mes enfants du premier lit " :

Il les prie " de se vouloir servir " pour la succession qui leur revient de leur mère et pour l'administration de ces biens durant la garde noble, sur sa charge de maître des Eaux et Forêts d'Amboise et sur les terres et seigneuries du Feuillet et d'Aspremont.

Il leur laisse les meubles et bestiaux achetés jusqu'à son remariage et la moitié de deux achetés depuis.

Il précise que ces biens seront partagés entre eux "suivant la coutume de sorte que mon fils aîné y prenne les avantages qui lui appartiennent ".

b ) pour " mes deux filles du second lit " :

" Je donne et lègue à mes filles du second lit, les rentes que j'ai sur l'Hotel de Ville de Paris, ce qui m'est dû par messire Claude de la Mothe, la moitié  qui m'appartient sur la terre et seigneurie du Gué-Pean avec les meubles, bestiaux et autres effets...et généralement tout ce que je leur peut donner et ce que me permettent les lois et coutumes ".

Il demande que si ses enfants du premier lit ( ou l'un d'eux ) renonçaient à ses legs, alors leur part entrerait dans le " leg universel que je fais à mes deux filles ".

c) pour le paiement de ses dettes :

S'il en laisse à sa mort car souligne t'il : " je me trouve engagé à des dépenses extraordinaires pour soutenir honorablement l'emploi que le Roi m'a donné de maréchal de camp ", il demande que tous ses enfants les payent " en proportion de ce qui leur arrivera en ma succession ".

Les dispositions testamentaires de François sont sans ambiguïté : il entend donner le maximum de ce que les lois et coutumes autorisent à ses filles du second lit, les filles de Louise-Gabrielle.

C / Où est inhumé François de la Mothe-Villebret ? 

On ne peut l'affirmer avec certitude.

Mais les hypothèses suivantes me semblent pouvoir être formulées.

a ) en partie dans l'église de Monthou-sur-Cher :

Dans le caveau seigneurial, sous La Chapelle de la Vierge, à côté d'ossements appartenant à la famille Alamant et d'un brancard funéraire, il y a deux cœurs en métal, un gros et un plus petit.

J'ai établi quasi exhaustivement la liste des seigneurs du Gué-Péan, de leurs épouses et des enfants ayant été inhumés dans ce caveau.

Parmi ceux qui sont morts loin de Monthou, ces cœurs pourraient en théorie être ceux de :

-Hubert-Henry d'Estampes, mort à Paris en 1734.

-Dominique d'Etampes, son fils, mort à la guerre en Bohême, en 1742.

-Michel Amelot, mort à Paris après son retour d'émigration, en 1813.

-Émilie de Luker, sa femme décédée à Beaugency en 1822.

Mais le cumul des éléments connus plaident pour l'hypothèse la Mothe-Villebret : 


 -le testament de François.

-la présence de restes de ses lîtres funéraires.

-un monument funéraire inachevé et certes anonyme mais qui porte la croix de l'ordre de Notre-Dame du Carmel et de St.Lazare de Jérusalem, la tête stylisée de l'aigle de ses armoiries, une décoration symbolisant la Vierge, etc.

Les registres paroissiaux de Monthou pour ces années là n'existent plus.

b ) en partie dans l'église de Souvigny de Touraine  

Dans l'église de Souvigny, l'actuelle sacristie semble bien avoir été la chapelle seigneuriale.

Sur le pavé, il y a une grande croix de Notre Dame du Carmel et de St. Lazare de Jérusalem. Une dalle porte encore la marque de l'anneau pour la soulever et accéder au caveau seigneurial.

Une trace de lîtres funéraires apparaît en haut d'une colonne.

La petite Jeanne avait été inhumée dans " les douves de la rue de l'Eglise ". Est-ce son petit cœur qui est avec celui de son père dans le caveau de Monthou ?

Le registre paroissial qui nous est parvenu ne contient aucune mention d'une inhumation de François mais celle de Jeanne y est porteé. 

Louise-Gabrielle a-t-elle fait ramener François à Souvigny ? Ou l'a-t-elle fait inhumer à Paris ?

Son corps à Souvigny et son cœur à Monthou ?

L'inhumation dans une chapelle seigneuriale était alors une sorte " d'ex-territorialité " qui ne relevait plus du curé de paroisse mais d'un chapelain rattaché directement au seigneur, ce qui expliciterait l'absence d'inscription sur le registre de la paroisse ?

Peut-être trouverons-nous un jour les chaînons manquants.

 VIII  Ses successions :

1 ) Sa succession professionnelle : (62) 

Dans une lettre du 6 juillet 1678, Seignelay informe Vauban du décès de François, qui " remonte à 5 ou 6 jours" précise t'il.

C'est du Cairon, ingénieur des fortifications à Marseille qui le remplace à Toulon, assisté par Mollard, le fidèle adjoint de François. (63)

On l'a dit, ses travaux et ses projets avaient été fortement critiqués par Vauban et aussi par Arnoul, l'intendant de Toulon.

Mais Vauban était connu pour avoir la dent dure avec ses collègues !! Ce qui ne l'empêchera pas de s'inspirer des plans et projets de François pour la poursuite de l'aménagement de la rade et de l'Arsenal de Toulon.

2 )  Sa succession familiale :

Comme beaucoup de ces successions d'Ancien Régime, elle va être compliquée et longue. (64)

Ni la garde noble des enfants du premier lit, ni la succession de Catherine Hébert, n'avaient été liquidées.

Le conseil de famille exige qu'une dot substantielle soit accordée à sa fille Françoise pour pouvoir prétendre à un mariage digne de son rang.

C'est l'incontournable Garnier qui est chargé de La Défense les intérêts des deux enfants.

Il y a aussi les dettes laissées par François pour le service militaire du Roi.

Le décès de la petite Jeanne accroît la complexité de la succession car ses demi-frère et sœur sont ses héritiers avec sa jumelle Humberte. (65)

L'obsession de Louise-Gabrielle est de conserver la propriété de la seigneurie du Gué-Péan dont elle possède la moitié par l'apport de sa dot.

Elle va devoir s'endetter lourdement pour s'acquitter de ce qui est dû aux enfants du premier lit et éviter qu'ils ne conservent des droits sur le Gué-Péan.

Enfin, en 1683, la succession de Francois est achevée. (66)

Pour Louise-Gabrielle, encore jeune, sûrement toujours belle, libre et châtelaine, commence une autre histoire.... sa passion ravageuse pour le jeune Jean Hippolyte d'Estampes, marquis de Valencay et de Bellebrune.

La propriété et l'administration du Gué-Pean joueront un rôle central dans ce véritable thriller d'Ancien Régime que sera la vie de ce couple.

Humberte, religieuse au couvent Notre-Dame des Anges à St.Aignan sur Cher, en deviendra la mère supérieure.

En 1700, elle renonce à ses droits sur le Gué-Pean au bénéfice de sa mère.

Elle était toujours vivante en 1726. (67)

En guise de conclusion .... 

.........si on fait abstraction de leur commun destin de militaire et d'ingénieur des fortifications, tout sépare François de la Mothe-Villebret et Vauban.

L'un appartient à la noblesse d'épée immémoriale, l'autre à une noblesse récente et issue de la robe.

L'un est militaire avant d'être ingénieur, l'autre est ingénieur d'abord même s'il est militaire.

L'un est un baroudeur et bagarreur à l'aise dans l'action , l'autre est un théoricien qui croit à la professionnalisation.

L'un est attaché aux privilèges et honneurs dûs à sa caste, l'autre défend l'idée d'indispensables réformes de l'ordre ancien.

Ainsi les deux sont représentatifs du mouvement de la société française sur la longue durée : François de la Mothe-Villebret incarne cette monarchie absolue à son apogée et Vauban, le précurseur, annonce déjà le siècle des Lumières en gestation. (68)

                                                                                                             Thérèse GALLO-VILLA




Bibliographie complémentaire : 

Il y a des centaines de livres et d'articles sur les guerres de Louis XIV, les fortifications et Vauban.

Aussi je me limite à ces classiques :

Les ouvrages de Anne BLANCHARD : 

Les Ingénieurs du " roy " de Louis XIV à Louis XVI , 1979.

Dictionnaire des ingénieurs militaires de 1691 à 1791, 1981

Vauban, 1996.

Celui de Jean PETER, Le Journal de Vauban.

Des sites Internet :

www.sites-vauban.org

www.auxonne.fr

www.toulon.fr >fortifications

www.gallica.bnf.fr : on y trouve de nombreux plans de villes fortifiées sous Louis XIV.

fortificationetmemoire.fr




NOTES :1  Pour la partie concernant Louise Gabrielle et sa famille, il convient de se référer à l'article qui leur est consacré sur notre site www. TharVa.fr. Avec les sources consultées.Cet article sera prochainement actualisé en raison de nouvelles données.

2  A. PITTAVINO, Storia di Pinerolo, p. 315-316.

3  L'HERMITE-SOULIERS, Histoire Générale de la Noblesse de Touraine, 1665.

4  Sur la famille la Mothe-Villebret, on peut notamment se référer : aux dossiers du Cabinet d'Hozier à la Bibliothèque Nationale ; aux dossiers dits " de Gozis " aux AD 03 ; à l'ouvrage de l'Abbé Peynot sur les Combrailles.

5  Sur les Marconnay : dossiers " de Gozis "AD 03 ; dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou.

6  Sur les Aymer : Carré de Busseroles, Dictionnaire Géographique, Historique et Biographique d'Indre et Loire.

7  Sur les Salart : se référer aux Dossiers Bleus 595-596 et aux Preuves Originales 2613, à la Bibliothèque Nationale.

8  Sur les Grisson : se référer aux dossiers Cabinet d'Hozier 175, Bibliothèque Nationale.

9  A. MAUMENE, Le Château de Villebouzin, 1930.

10  Son cousin Jean de Gaumont avait été membre du Parlement de Metz puis de Paris, conseiller d'Etat en 1651. Il se démit de ses charges pour se consacrer à la vie spirituelle. Il combattit les idées jansénistes et quiétistes. Il était un ami intime de l'abbé Fleury.

11  AD 37 E 50

12  AD 37 E 55

13  AD 37 E 56

14  Armand et moi avons mis beaucoup de temps à localiser ce lieu-dit et ces ruines lors d'un séjour en Combrailles sur les traces de la famille la Mothe !!

15  PO 2064 Bibliothèque Nationale.

16  Nombreux actes chez le notaire Hardy à Mosnes près de Souvigny

17  AD 37 E 49 Testament passé chez les notaires Duras et Mousnier à Paris.

18  La seule source faisant état de manière détaillée de la carrière militaire de François 2 se trouve dans le Dictionnaire historique et biographique des généraux français, de Jean Baptiste Pierre Julien de Courcelles, en 1830. 

Il est donc la source essentielle des noms et dates des sièges et batailles cités.

19  C'est la technique dite " tracé à l'italienne " ou " tracé bastionné "  ( de Michel-Ange, Baldassare Perruzi, Scamozzi ).

20  dont le Chevalier de Clerville, Sébastien Pontault de Beaulieu, etc. Dans l'inventaire de ses affaires, que François 2 dresse avant son remariage, on y trouve un exemplaire d'un ouvrage technique de Beaulieu.

21  Sur les Hébert : se référer à PO Bibliothèque Nationale 1499, 1500.

22  Dossiers dits "de Gozis " AD 03  sur les Duret.

23  A.N Minutier Central, étude LXXIII, plusieurs actes dont 383 sur sa succession.

24  La Gazette de France du 10/12/1667

25  AD 37 3E 19/59

26  AD 37 E 49

27  AD 37 E 49

28  AM de Langres R 1461

29  De nombreux actes chez son notaire Hardy à Mosnes.

30  Eglise détruite mais on trouve trace du tombeau de Radegonde dans L'Epitaphier du Vieux Paris.

31 C'est la double ligne de villes fortifiées qui protège les frontières du Nord contre les Pays-Bas espagnols. Expression employée pour la première fois dans une lettre de Vauban à Louvois en janvier 1673.

32 Voir notamment Josy MULLER, Vauban et Ath, construction de la forteresse, 1668-1674. 

33 ROUSSET Camille, Histoire de Louvois, p.267, 1862.

34 Mémoires de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts d'Arras, 1891.

35 AD 37 E 50

36  PETER Jean, Vauban et Toulon, p. 88, 1994.

37 Sur les travaux et projets de d'Aspremont pour les secteurs relevant de Colbert ( Champagne, Bourgogne, Dauphiné, etc ) se référer à la correspondance de Colbert publiée sur Gallica

38 Sur la guerre de conquête de la France-Comté, se référer à : BRUN Xavier, Hstoire de la Conquête de la Franche-Comté 1673-1674, Lons le Saunier, 1933.

VAYSSIERE A. , Huit ans de l'Histoire de Salins et de la Franche-Comté ( 1668-1675 ), Poligny, 

PERNOT François, La Franche-Comté espagnole, Besançon, 2003.

39 Pour la partie concernant Louise Gabrielle et sa famille, il convient de se référer à l'article qui leur est consacré sur notre site www. TharVa.fr. Avec les sources consultées.

Cet article sera prochainement actualisé en raison de nouvelles données.

40 Annales du Monastère de la Visitation de Dijon. Trois de ses sœurs entrèrent en religion.

41 Académie des Sciences, Belles Lettre et Arts de Besançon et de Franche Comté, vol 9-10, p.399, 1900.

42  AD 15 Aurillac, Nouveau Consulat, De Laurens.

43  PIDOUX de La MADUERE Histoire du Vieil Auxonne.

44  AM d'Auxonne Registres Paroissiaux, avec le concours de Martine SPERANZA.

45  Sur cette affaire, se référer notamment à : GARNIER Samuel, Barbe BUVÉE et la prétendue possession d'Auxonne, Paris, 1895.

GARNOT Benoit, Le Diable au couvent, Paris, 1995.

MANDROU Robert, Possession et Sorcellerie au XVIIe siècle, Paris 1997.

46  Elle apparaît dans les registres paroissiaux d'Auxonne comme marraine et témoin de mariage dés 1665.

47  Sur l'affaire de la tante de François qui fait donna lieu à une célèbre jurisprudence du droit canon, se r éférer à l'article qui lui est consacré sur notre site www.TharVa.fr

48  Sur les fortifications d'Auxonne, se référer aux travaux et publications de Martine SPERANZA, alors conservatrice de la Bibliothèque Municipale d'Auxonne.

49  Sur celles du Dauphiné, se référer aussi aux Instructions et mémoires de Colbert Tome 5 sur les fortifications par CLEMENT Pierre, Paris, 1868.

50  Les Mollart ( différentes orthographes ) constituent une familles d'ingénieurs sur plusieurs générations. Ils sont aussi appelés Dieulamant, nom de leur seigneurie.

51  À.N. T 300/6

52  Plusieurs actes chez le notaire Hardy témoignent de son rôle dans la gestion des possessions de son mari.53  J.PETER (o.c.page 88 ) considère que " ingénieur des fortifications de terre et l'un des principaux du département de Louvois, le comte d'Aspremont quelqu'aient été par ailleurs son courage et ses qualités n'avait pas de connaissances ou d'expériences des choses de la mer".

On notera que l'auteur le range au département de Louvois alors qu'il a énormément travaillé pour Colbert.

54  AN Minutier Central. Notaire LANGE acte du 13/7/1678 ( inventaire après décès)

55  Sur la guerre en Catalogne, se référer à : AYATS Alain, Louis XIV et les Pyrénées Catalanes de 1659 à 1681, Trabucaire 1997.

56  AYATS ( o.c. )

57  AD 37 3 E 19/63

58  AN T 300/

 59 AYATS (o.c )

60  AD 37 3 E 19/63

61  L a reconstitution du contexte du décès de François à Paris à été rédigée sur la base de l'arrêt du Lieutenant Civil du Châtelet de Paris en date du 28 juin, annexé à son testament.

62  Il fut déposé chez le notaire Louis Raimond : AN Étude XC/255

63  AN. Papiers Rosambo, AP 260-261.

64  PETER ( o.c )

65  Des inventaires auront lieu à Paris ( 13/7 ), au Gué-Péan ( 16/8 ), au Feuillet ( 25/8 ). Seul celui du Feuillet nous est parvenu.

66  AD 41 E 182

67  La succession de François, les transactions avec les enfants du premier lit, les emprunts de Gabrielle font l'objet de nombreux actes notariés passés à Paris chez les notaires Le Secq de Launay et Mousnier

68  Actes passés pour l'administration du couvent devant le notaire Sellier à St. Aignan.

69  Je remercie Martine Speranza pour les renseignements fournis sur Auxonne ainsi que les mairies de Monthou et de Souvigny pour leur coopération et aide.

Malgré toutes mes recherches depuis des années,  je n'ai pas trouvé de portrait ou buste de François et de Louise-Gabrielle, ni des principaux membres de leurs familles.


 



ANNEXES

La généalogie de la famille de la Mothe - Villebret

La Mothe-Villebret porte pour armes " d'argent à un aigle aux ailes abaissées d'azur, couronné, becqué et membré de gueules ; cimier un aigle issant d'azur ; support deux lions d'or ".

C'est celle établie par François de la Mothe-Villebret, lors des enquêtes de recherches de noblesse ordonnées par Louis XIV pour vérifier l'appartenance prouvée à la noblesse et débusquer les " faux nobles " qui se dispensaient ainsi du paiement des impôts des roturiers et s'arrogeaient les privilèges attachés au " second ordre ".

Cette généalogie fut reproduite par l'Hermite de Soliers dans son ouvrage sur la noblesse de Touraine de 1665.

L'Hermite retient pour le début de cette généalogie

Pierre, vivant en 1350, épouse en 1371 Marguerite Barton de Montbas.

Guillaume épouse en 1416 Anne de la Garde.

Jean épouse en 1450 Hélène des Moulins

Etienne épouse en 1482 Miracle Gouthiere d'Allege.

Jean épouse en 1525 Cécile de la Châtre.

Pierre épouse en 1563 Anne Aymer

Jean-Baptiste épouse en 1599 Marie de Salart.

François épouse en 1627 Radegonde de Grisson'

François épouse en 1658 Catherine Hébert.

Cette généalogie ne mentionne ni le veuvage ni pas le second mariage de François compte tenu de la date de sa rédaction.

C'est celle reprise au Cabinet des Titres des généalogistes royaux, complétée par les noms suivants :

Un Jean de la Mothe vivant en 1235.

Un Imbaud vivant vers 1300.

La terre d'Aspremont et ses propriétaires.

Souvigny de Touraine ( 37 )

Il s'agit d'un ancien fief qui relevait encore en 1479 de la seigneurie de la Roche Chargé.

Puis, elle sera une seigneurie relevant du " Château " d'Amboise.

La liste ci-dessous comprend les  possesseurs successifs que j'ai pu identifier.

1213  Guillaume d'Aspremont, d'une famille originaire du Poitou.

1230  Gaubert et Geoffroy d'Aspremont.

14e siècle : Aspremont fait partie d'un vaste ensemble possédé par la famille d'Harcourt :

           Montrichard, Montlouis, la Roche Corbon, etc.

1471  Jean d'Aspremont ( on trouve aussi en 1491 un Pierre d'Aspremont, doyen de la Collégiale

           St. Florentin d'Amboise et une Catherine d'Aspremont, prieure du prieuré de Moncé à 

           Limeray.

1486  Jean Aymer, d'une famille du Poitou. Il acquiert aussi un moulin sur la terre du Feuillet et

          possède la seigneurie de l'Ile Barbe à Limeray.

1488   Jean Aymer procède à un échange avec Pierre Ruzé concernant le moulin d'Aspremont.

1531   Antoine Aymer qui possède aussi Launay à Limeray, la Noue Bonnefille et le moulin de

           Moulineau à Souvigny.

1560   Procès du seigneur d'Aspremont contre celui du Feuillet.

1563   Mariage de Anne Aymer et Pierre de la Mothe

           La terre d'Aspremont entre dans la famille de la Mothe. 

1613   Jean-Baptiste de la Mothe est qualifié dans un acte de seigneur d'Aspremont ( donc si père 

           est décédé ).

1622   François 1 devient seigneur d'Aspremont ( il a acheté la seigneurie du Feuillet en 1619 )

1643   Radegonde de Grisson rachète les deux seigneuries qui sont réunies ( après la saisie réelle 

           de 1631 )

 La suite est sur l'annexe concernant le Feuillet.


La terre du Feuillet et ses propriétaires

 Souvigny de Touraine ( 37 )

La terre du Feuillet relevait pour partie du "Château d'Amboise " et pour partie de celui de Montrichard.

La liste ci-dessous comprend les propriétaires successifs, jusqu'à la Révolution, que j'ai pu identifier.

1399   M de Challence.

1464   Michel de Chastenet, d'une famille de Touraine, maître d'hôtel du Dauphin. Il possède 

           aussi les fiefs de Candé, la Jaujupierre et la Pinsardière.

1480   Jean Moreau, valet de chambre de Louis XI, originaire du Cambresis, bourgeois de 

           Tours, mari de Jeanne de Chastenet.

1500    Adrien de Chastenet, frère de la veuve de Jean Moreau.

1522    François de Mons, famille des environs de Loches, second mari de Jeanne de Chastenet.

1523   Un accord entre le couple Mons-Moreau et le couple François de Mondravant, seigneur 

           D'Arran/ Jeanne Moreau, fille de Jean Moreau : les deux couples porteront le titre de   

           seigneurs du Feuillet.

1567   Un échange de Jeanne Moreau, dame d'Arran avec son frère Jean qui devient seigneur du 

            Feuillet

  ?       Jacques Moreau est seigneur du Feuillet et nommera sa famille " Moreau du Feuillet ".

1605    Marie Moreau du Feuillet épouse un de Valory.

1619    Jean Baptiste de la Mothe acquiert le Feuillet.

1622     François1 prête foi et hommage pour la seigneurie du Feuillet.

             La famille la Mothe est alors souvent appelée la Mothe d'Aspremont

1643     Radegonde de Grisson rachète des deux seigneuries et les unifient ( après la saisie réelle  

             de 1631 ).

1655    Louis XIV érige la terre du Feuillet en vicomté au bénéfice de François 2 de la Mothe.

            Il préférera accoler son titre de vicomte à sa terre d'Aspremont, première possession de sa  

            famille en Touraine et y adjoindre le nom de Villebret, berceau de sa famille.

            Il sera François de la Mothe-Villebret, comte d'Aspremont.

1663      Foi et Hommage de François de la Mothe-Villebret, après le décès de sa mère en 1661.

1682    Louis de la Mothe-Villebret, abbé, son fils ( année de la liquidation de la succession de son 

            père ).

1707    Jean Bouteroue d'Aubigny qui possède le fief de St. Règle et fut le constructeur de 

              Chanteloup-les-Amboise.

1764     Duc de Choiseul : le domaine est réuni à sa baronnie d'Amboise. 

1789     Duc de Penthievre.


Le Château de Villebouzin

La seigneurie de Villebouzin est située à Longpont dans l'Essonne. Elle relevait du comté de Montlhéry. Elle comprenait plusieurs fiefs. C'est sur son territoire que se déroula la " bataille de Montlhéry ", opposant l'armée de Louis XI et et celle des Bourguignons, le 27 juillet 1465.

Robert Grisson, conseiller, notaire et secrétaire du Roi acquiert Villebouzin vers 1543 auprès de la Collégiale St. Nicolas du Louvre et des Bons-Enfants.

Il transforme le vieux Château féodal en résidence Renaissance.

En 1590, il est inhumé dans la Basilique de Longpont, rejoint quelques années après par son épouse Radegonde Picot.

Son fils Jean Grisson prête foi et Hommage pour Villebouzin en 1595.

C'est son fils aîné Pierre qui lui succède. Il décède en 1652. Il laisse de son mariage avec Marie d'Averdoing une fille Marie-Louise de Grisson.

En 1656, elle épouse François de Montgomery, descendant du fameux Montgomery qui blessa mortellement Henri II.

Ils firent reconstruire le Château qui va passer à la postérité moins par son architecture que par son rôle dans " l'affaire des Poisons ".

Dans l'escalade des moyens qu'elle emploie pour demeurer la favorite, Madame de Montespan va entrer en contact avec un certain abbé Guibourg qui donne dans les " messes noires ".

Son procès révélera qu'il avait égorgé ses propres enfants pour le besoin des messes noires.

Il prétendait être un batard de la famille de Montgomery. 

Il connaissait bien le Château car il avait été aumônier de la famille.

Trois messes noires ( il en fallait trois pour des résultats ) furent célébrées en 1673.

Guibourg disait la messe sur le corps nu de la favorite couchée sur l'autel.

Un enfant avait été sacrifié. Son sang recueilli dans un calice et versé sur le ventre de la favorite.

Des bruits coururent sur l'implication de comte de Montgomery dans ces cérémonies démoniaques.

Il mourut en 1696.

Son fils Nicolas-Francois vendit Villebouzin à son cousin Louis de la Mothe-Villebret, abbé commendataire de Notre-Dame de Breteuil en 1700 qui revendra Château et domaine en 1718 à la richissime famille de financiers, les Labbé.


Accueil > histoire > sommaire  > François de la Motte - Villebret