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LES POILUS DE MA FAMILLE
Paul Cosimo, matelot timonier sur le cuirassé « Bouvet ».
En Corse, dès le début de la guerre, 44 000 jeunes hommes, sont appelés ou rappelés sous les drapeaux.
« Les populations de l’Ile ont répondu à l’ordre de mobilisation avec entrain » écrit le Préfet du département de la Corse au Ministre de l’Intérieur.
Paul Cosimo est de ceux là.
Lorsque mon père évoquait la guerre de 14 et les hommes de la famille qui l’ont faite, il disait de Paul, le cousin germain de Mémé Pauline, « il est mort aux Dardanelles ».
Aucune et aucun d’entre nous l’avons connu.
J’ai souhaité le sortir de l’anonymat, pour que parmi les membre de notre grande famille, Paul Cosimo, ne soit pas "qu'un mot d'or" gravé sur le monument aux morts de Saint-Florent.
Pour ne pas oublier !
Un "rouquin" aux yeux noirs.
Paul est né le 11 août 1895 à Saint-Florent.
Il est le cinquième garçon d’une fratrie qui en compte six.
Les 4 premiers, Jean né en 1883, Joseph en 1888, Raphaël en 1889, Pierre en 1891, sont issus du premier mariage de son père Augustin avec Anna Guidicelli.
Les deux derniers, Paul né en 1895 et François en 1896, sont les fruits de l’union en seconde noce d’ Augustin avec Dellapina Brigitte.
A la naissance de Paul, son père Augustin âgé de 45 ans, est un pêcheur de St-Florent.
Ses oncles - dont mon arrière grand-père Joseph Cosimo - sont aussi des pécheurs mais à Bastia.
La grand-mère de Paul, "Rosalie" vendait sur le marché aux poissons de Bastia le produit de la pêche du son mari François Cosimo.
Paul, dans la tradition familiale, sera donc pêcheur.
Il n'a que 19 ans quand la guerre est déclarée en Août 1914.
Inscrit maritime, de la classe 15, il sera appelé le 19 décembre 1914, pour rejoindre le Dépôt d'Equipage de la Flotte à Toulon.
C'est un « rouquin » aux yeux noirs mais à l'apparence physique banale. C'est ce qui ressort de la description qui en est donnée sur le registre de matricule militaire : visage ovale, nez rectiligne, bouche moyenne, menton rond.
Il n'est pas grand,1m 57.
Paul est "allé à l’école". Son degré d'instruction supérieur au niveau primaire de l’époque, lui permettra d'être nommé matelot de première classe, et breveté timonier à bord du cuirassé "Bouvet", sur lequel il est embarqué.
Le cuirassé "Bouvet"
Sa construction, par les chantiers navals de Lorient, a débuté le 16 janvier 1883.
Il a été mis à flot le 27 avril 1895.
Doté de 3 hélices, il développe 14 000 cv pour 12 200 t. Il peut atteindre 19 noeuds.
Il est puissamment armé, notamment avec 2 canons de 305, 2 de 274 et 8 de 138.
il a été bâti dans le cadre d’un programme de 5 cuirassés, « davantage réputés pour leurs défauts, notamment un manque de stabilité, que par leurs qualités.» selon une étude de la Marine Nationale.
Leurs faiblesses, notamment du blindage, se situaient sous la ligne de flottaison. Un observateur, médecin de bord sur Gaulois parlera « de vieux navires, démodés, de plus de 17 ans d’existence, dépourvus de compartimentages sérieux… » (Revue de Paris. 22e Année. Novembre - décembre 1915. BNF-GALLICA)
Après divers déboires et campagnes, il est affecté le 8 août 1898, à l’escadre de la Méditerranée.
En mars 1915, l'escadre est sous le commandement du Contre-Amiral Guepratte.
Elle est composée des cuirassés, Suffren, Charlemagne, Bouvet, Gaulois ; des torpilleurs d’escadre, Poignard, Fanfare, Sabretache, Cognée, Coutelas ; des dragueurs de mines, Pioche, Herse, Rateau, Charrue, Marius,Chambon, Provence II, Camargue, Jules Couette, Marseillais 28, Rove, Ischkeul et Henriette.
Cette division sera engagée dans la bataille des Dardanelles.
« Bouvet » est commandé par le Capitaine de Vaisseau Rageot de la Touche.
Les enjeux des Dardanelles.
En Novembre 1914, la Turquie entre en guerre aux côtés des empires Prussien et Austro-Hongrois.
L'armée turque est encadrée par 6000 officiers Allemands qui l'ont réorganisée à l'image de la leur.
Elle est forte de 1 200 000 hommes.
Cette partie de la Méditerranée est un enjeu stratégique de première importance dans la grande réorganisation du monde qui s'ouvre avec le déclenchement de la guerre.
La Turquie ambitionne la conquête de territoires de son voisin Russe.
Le Tsar, dans la continuité de ses prédécesseurs, se considère comme le protecteur des orthodoxes de tous les pays. A ce titre, il envisage d’arracher la vieille Constantinople, siège de la Chrétienté Orthodoxe, à l'Islam de l'empire Ottoman.
Cette prise lui permettrait, certes de renforcer son influence morale et religieuse sur les populations orthodoxes des Balkans, mais aussi, de regarder vers la Grèce.
Et surtout, de sécuriser le détroit du Bosphore, par conséquence de controler les routes maritimes, commerciales et militaires, entre Sébastopol et la Méditerranée.
Les Français et les Anglais ne voient pas d'un bon œil les possibilités d'extension de la puissance de leur allié russe.
Les Anglais veulent maintenir leur suprématie maritime en Méditerranée et veillent sur le Moyen-Orient.
Ils ont fait leur depuis longtemps l’affirmation de Sir Walter Raleigh : « Celui qui commande la mer commande le commerce ; celui qui commande le commerce, commande la richesse du monde, et par conséquent le monde lui-même. »
Sur le plan militaire chaque belligérant espère tirer avantage de l'ouverture du front d'Orient.
Les allemands pensent priver leurs ennemis, des troupes qu’ils positionneront sur le front Oriental et donc réduire la pression des Alliés sur le front occidental.
Les Alliés, qui considèrent le front oriental comme le point faible du dispositif de guerre des allemands, pensent que l'intervention de troupes alliées permettra de débloquer à leur avantage le front occidental
La première proposition de l'envoi d'un contingent franco-anglais en Orient est présentée par Aristide Briand en Novembre 1914.
Elle est reprise par Poincaré, Viviani et Aristide Briand en Janvier 1915.
Joffre s'y opposera farouchement à deux reprises.
Cette idée est reprise par les Anglais, notamment Wiston Churchill, Lord de l’Amirauté Britannique.
L'envoi d'un corps expéditionnaire sur le front oriental et son débarquement, passent par la neutralisation des défenses du Détroit des Dardanelles contrôlées par les Turcs.
Le Détroit des Dardanelles.
Le Détroit des Dardanelles sépare l'Asie de l'Europe.
Long de 76 Km, large de 1,4 km au plus étroit, il permet le passage de la Mer Egée au sud à la mer intérieure de Marmara au Nord, qui communique avec la Mer Noire par le détroit du Bosphore dont lentrée est gardée par Istanbul .
C'est une route maritime importante pour le commerce.
Le Détroit des Dardanelles est défendu par de vieux forts.
Ils datent du Moyen âge. Mais leur artillerie a été modernisée. Ils sont équipés de batteries mobiles d'artillerie et d'artillerie lourde, environ 176 canons de calibres divers..
L'entrée du détroit est flanquée de deux forts, Koum Kale sur la côte Europe et Seed - ul - Bahr sur la côte Asie.
L'entrée du détroit est flanquée de deux forts, Koum Kale sur la côte Europe et Seed - ul - Bahr sur la côte Asie.
Le Goulet, c'est la partie la plus étroite. Il est protégée par l'artillerie lourde de deux forts construits sur les saillants des deux rives, Tchanak sur la côte Asie et Kilid - Bahr sur la côte Europe.
De plus, les turcs ont déposé dans le détroit des mines maritimes, notamment des dérivantes et des flottantes.
Le Détroit des Dardanelles sépare l'Asie de l'Europe.
Long de 76 Km, large de 1,4 km au plus étroit, il permet le passage de la Mer Egée au sud à la mer intérieure de Marmara au Nord, qui communique avec la Mer Noire par le détroit du Bosphore dont lentrée est gardée par Istanbul .
C'est une route maritime importante pour le commerce.
Le Détroit des Dardanelles est défendu par de vieux forts.
Ils datent du Moyen âge. Mais leur artillerie a été modernisée. Ils sont équipés de batteries mobiles d'artillerie et d'artillerie lourde, environ 176 canons de calibres divers..
L'entrée du détroit est flanquée de deux forts, Koum Kale sur la côte Europe et Seed - ul - Bahr sur la côte Asie.
L'entrée du détroit est flanquée de deux forts, Koum Kale sur la côte Europe et Seed - ul - Bahr sur la côte Asie.
Le Goulet, c'est la partie la plus étroite. Il est protégée par l'artillerie lourde de deux forts construits sur les saillants des deux rives, Tchanak sur la côte Asie et Kilid - Bahr sur la côte Europe.
De plus, les turcs ont déposé dans le détroit des mines maritimes, notamment des dérivantes et des flottantes.
Les opérations navales préliminaires ont débuté le 19 février. Interrompues par le mauvais temps, elles reprirent le 25 février.
C'étaient des opérations de bombardement à longue et moyenne portée. Leurs objectifs étaient de réduire les forts ainsi que les batteries d'artilleriequi gardent l'entrée du détroit des Dardanelles.
Les dégâts étaient importants mais insuffisants.
Pour forcer le détroit, il était nécessaire de réduire aussi les forts et batteries de l'intérieur, notamment ceux de Tchanak et de Kilid-Bahr qui contrôlaient le goulet.
Les Alliés sous l'impulsion de Churchill décidèrent une opération de grande ampleur.
La bataille navale du 18 mars 1915.
Elle est décidée pour le 18 mars 1915.
L'attaque devait se dérouler en trois phases
les cuirassés britannique font leur passe jusqu'à midi. Les cuirassés français remplacent les britanniques de 12 h jusqu'à 14 h.Les cuirassés britanniques remplacent les cuirassés français a 14 h.Les dragueurs de mines ont ouvert un chenal étroit devant Tchanak.
Ce matin là ...
Les premiers destroyers aperçoivent un petit remorqueur turc qui s'enfuit à toute vapeur.
Il a, tout au long de la nuit, déposé des mines flottantes et dérivantes.
9 h, l'escadre française lève l'ancre et met le cap sur le Détroit.
Le temps est au beau. Le travail des pointeurs sera facilité, la précision des tirs plus grande.
Le cuirassé Suffren, ouvre le convoi suivi par Bouvet, Gaulois, Charlemagne.
1 km sépare chaque bateau.
Les cuirassés anglais, Queen Elisabeth, Inflexible, Agamemnon, Lord Nelson, ont déjà commencé leur bombardement à longue distance. C’est à dire que les obus passent par dessus les bateaux qui en longeant les côtes, tirent à moyenne portée.
Les cuirassés britanniques, Triumph, Prince-Georges, eux, attaquent les batteries entre Dardanus et la pointe Keplez.
Les batteries turques ripostent avec violence et précision.
Plusieurs bâtiments sont touchés plus ou moins gravement.
12 h, les cuirassés français, Suffren, Bouvet en ligne de file sur la côte Asie, Gaulois et Charlemagne sur la côte Europe se portent en avant, remplacent les Britanniques et ouvrent un feu roulant.
Les turcs ripostent.
L'objectif est de réduire les forts turcs de Tchanak, côté Asie et de Kilid-Bahr, côté Europe.
La tourelle 1 de 305 de Bouvet est neutralisée après 6 tirs seulement. Les servants ont été asphyxiés par les gaz délétères des tirs qui ne peuvent être expulses hors du fût et de la tourelle, suite à un incident technique.
13 h 25, les forts turcs sont réduits au silence. Mais les batteries mobiles ripostent toujours.
Suffren est touché, une voie d'eau est ouverte.
13 h 58, Bouvet manœuvre pour le remplacer,
Il vit une mine flottante à sa droite, une à sa gauche.
Il voulu passer au milieu.
Une troisième le heurte au centre par tribord, sous la tourelle de 274.
Il s'ensuit une violente explosion.
Une voie d'eau est ouverte.
Le bateau chavire à partie droite et coule en moins de trois minutes par plus de 60 m de fond
Gaulois qui se porte au secours de Bouvet est touché. Son commandant arrivera à l'échouer sur l'Ile des Lapins.
Les cuirassés Britanniques, Vengeance, Irrésistible, Albion, Océan, Swiftsure, Majestic, arrivent pour remplacer les français.
16 h 09 Irrésistible est touché. Il "donne de la bande », 17 h 54, il coule.
17 h 05 Océan est touché, il coule.
Les dragueurs font machine arrière.
Les turcs poursuivent leur tir.
La journée tourne au drame.
Les Alliés ont détrui 7 canons turcs sur les 176 existants.
Ils ont perdus 7 destroyers.
…. Et Churchill son portefeuille de Lord de l'Amirauté Anglaise !
Alors que le médecin du Gaulois transborde les blessés de son bateau sur des navires anglais, il recueille aussi ceux du Bouvet.
Sur les 674 hommes d'équipages, 64 seulement seront sauvés.
Le Bouvet repose par 65 m de fonds. Par 40° 01´15´´ de longitude Nord et par 26° 16´ 30´´ de latitude Est.
Un monument est érigé, en Turquie, à la mémoire de l'équipage du cuirassé Bouvet.
Le monument se situe sur une petite plage dans la commune de GÜZELYALI, à quelques 200m de l'hôtel IRIS (sur la droite, face au détroit des Dardanelles.)
La commune de GÜZELYALI se situe quant à elle à 15km du centre de Canakkale.
Une rue de Brest porte le nom "Bouvet".