LA GUERRE DE 1939-1945 : LES MARTYRS DE THÉSÉE 

par Thérèse GALLO-VILLA

(Cet article a été publié dans 

le n° 33 du Bulletin de février 2017 édité par 

"Les Amis du Musée et du Site de Tasciaca

(page 27 - 36))


Au bas du monument aux morts de Thésée, une plaque commémore le martyr de cinq de ses enfants victimes de la barbarie nazie. Ils sont nés, ont vécu ou ont travaillé dans cette commune. Qui sont donc Camille Impérial, Désiré Marteau, Serge Marteau, Céleste Serreau et Jean Pinault.


Serge MARTEAU, arrêté le 22 juin 1941

Serge Marteau,  fils d’Édouard Marteau et de Marie Chipault, naît à Monthou le 2 janvier 1913. Marié à Hélène Davaux, il s'installe à Thésée comme cultivateur mais aussi éclusier.

Comme la majorité des éclusiers sur le Cher, qui sert de ligne de démarcation entre la zone occupée et la zone libre, il fait passer prisonniers en fuite, ex-militaires de l'armée française en déroute, militants pourchassés, résistants, juifs mais aussi civils réfugiés qui veulent rejoindre leur famille en zone libre. A l’instar de la plupart de ces passeurs, il faut le dire et le redire, Serge Marteau le fait sans contrepartie financière, au péril de sa vie et au nom de ses convictions.

Le 22 juin 1941, le jour même du déclenchement de l'opération "Barbarossa", c'est-à-dire l'invasion par Hitler de l'URSS, des centaines d'hommes et de femmes communistes ou considérés comme tels sont arrêtés dans toute la France. C'est « l’Aktion Theoderich ». Il y en aura des dizaines en Loir-et-Cher, dont Serge Marteau à Thésée, Pierre et Francis Gauthier à Thenay.

En ce début d’été 1941, les réseaux et mouvements  de la Résistance Intérieure commencent à développer des initiatives et des interventions mais ils sont encore faibles, peu structurés. Beaucoup d'actions de résistance sont individuelles ou à l’initiative d'une poignée d'amis, de personnes d'une même famille voire d’une entreprise professionnelle.

Certes, ces premiers résistants subissent déjà la répression allemande mais, pour l'heure, ce sont les communistes et ceux censés l'être, qui font l'objet d'une chasse d'autant plus dure qu'ils sont aussi soumis à la répression du gouvernement de Vichy, après l'avoir été par les derniers gouvernements de la Troisième République. 

Un petit retour en arrière s'impose. Le 22 août 1939, Hitler et Staline signent le fameux pacte germano-soviétique. Dès le 25, la presse communiste est interdite. Le 26, le Parti Communiste est dissous. Ceux de ses membres qui veulent rester fidèles à leur parti entrent en clandestinité. Tous ceux qui ne désavouent pas le pacte sont exclus des organisations auxquelles ils appartiennent : syndicats, associations, mandats électifs …

Le 18 novembre, dans le cadre de mesures pour assurer la Défense Nationale, l'internement administratif des communistes est autorisé. Le 9 avril 1940, le décret Sérol prévoit la peine demort pour ceux qui feront de la propagande communiste en la mettant au même rang que la propagande pour les Nazis. Une statistique nationale officielle établit, qu'au 1er mars 1940, il y a eu parmi les communistes  10 550 perquisitions, 3400  arrestations, 489 internements administratifs, 100 condamnations dont 14 peines de mort.

Les analyses et positions du PCF au début de la guerre ont donné lieu à de nombreuses interprétations, comme d'ailleurs le pacte germano-soviétique.  La plus répandue est que le  PC n'est entré en résistance qu'après l'invasion de l'URSS. Au sommet de la direction du PC, il y eut, certes, au départ, des divergences d'analyse sur la nature de la guerre (Est-ce une guerre entre des puissances impérialistes, donc on met l'Angleterre et l'Allemagne dans le même panier, ou est-ce une guerre pour la domination fasciste de l'Europe, destructrice de toutes les conquêtes démocratiques et sociales, et alors combattre l'occupant et rechercher l'union la plus large possible s’imposent). Mes recherches, sur ce que fut la Résistance sur le terrain dans notre zone, apportent une réponse sans ambiguïté : à la base, les militants ou sympathisants communistes agissent contre l'occupant, bien avant l'invasion de l'URSS. C’est d'ailleurs le cas pour bien d'autres, ayant ou n'ayant pas d'engagements politiques ou philosophiques, et qui souvent ne tiendront pas compte des positions de leurs dirigeants, responsables nationaux ou départementaux. Ce sera particulièrement vrai dans notre zone pour les catholiques. Les communistes, eux, vont développer  des formes de résistance qui seront de plus en plus organisées. Mais c'est un sujet au-delà de notre article.

Serge Marteau va d'abord être détenu à Orléans puis il va être transféré au camp de Royallieu à Compiègne, administré et gardé par la Wehrmacht.

Camille IMPÉRIAL, arrêté le 2 mai 1942 

Camille Impérial est né le 14 janvier 1896 à Paris. Il est le fils de Philomène Impérial, jeune  mère célibataire. L'enfant, placé à l'Assistance Publique, sera élevé dans une famille d'accueil à Thésée.

Notre département, proche de Paris et facile d'accès, a traditionnellement accueilli beaucoup d'enfants de l'Assistance Publique qui, pour la plupart, y feront souche. Ces placements constituaient un revenu d'appoint des femmes.

Camille sera mobilisé en 1916 et fera la « Grande Guerre ». Il sera décoré de la Croix de Guerre.

Le 22 février 1922, il se marie à Pouillé avec Lucie Lévy, elle aussi de l'Assistance Publique. Ils auront une fille Lucette. Camille est maçon et charpentier. Il construira lui-même sa maison près de la place de l'église. Il se met à son compte quelques années avant la guerre.

Il est rappelé comme réserviste en septembre 1939. Il ne sera pas fait prisonnier et rentrera à Thésée. Le 2 mai 1942, il est arrêté, détenu à Orléans puis transféré lui aussi au camp de Compiègne.

 Céleste SERREAU, arrêté le 2 mai 1942 

Céleste Serreau est né à Monthou-sur-Cher le 9 mars 1912. C’est le fils de Maurice Serreau et de Joséphine, née Barrault, son épouse. Il a trois frères et une sœur.

Il épouse Andrée Vitel, mais ils n’auront pas d’enfant.  Céleste s’installe à Thésée où il exerce la profession de bourrelier.

Il est arrêté le 2 mai 1942. Lui aussi est d’abord détenu à Orléans, puis transféré au camp de Compiègne

Ces arrestations (on en compte près de 70) sont une opération de représailles par prise d'otages, dans le cadre de l'affaire de " l'attentat " de Romorantin.


"L'attentat" de Romorantin 

Le 30 avril 1942, dans la nuit, un feldgendarme, en tournée de surveillance avec un collègue, est tué par un coup de feu à Romorantin. 

Dans un avis, signé à Orléans le 1er mai, le feldkommandant  Brisken indique que les "auteurs, provenant certainement de cercles communistes, se sont enfuis". Il ordonne du 1er  au 15 mai, une série de mesures disciplinaires : renforcement du couvre-feu, interdiction de tous les divertissements, suspension des laissez-passer…

Les autorités d'occupation ont en effet donné, jusqu'au 15 mai, aux autorités françaises pour retrouver les auteurs, sinon de nouvelles représailles seront décidées.

Le même jour, le préfet de Loir-et-Cher, J.F. Bussière, publie de son côté un appel à la population. Il précise qu'il s'agit d'une "agression de la part d'individus surpris en flagrant délit de diffusion de tracts communistes" et poursuit : " la population de Loir-et-Cher, qui a toujours observé l'attitude la plus courtoise à l'égard des membres de l'Armée Allemande réprouve de toutes ses forces, je le sais, et dans l'unanimité, de pareils actes de violence, qui ne sauraient avoir pour auteurs de véritables patriotes". Il demande donc "instamment à toute la population de s'associer sans réserve aux recherches en cours" et avertit "qu'aucune défaillance ne sera permise en face d'agissements criminels si essentiellement contraires aux traditions de notre pays".

Dans la nuit du 1er  au 2 mai à Thésée, Camille Impérial et Céleste Serreau sont ainsi arrêtés.

Dans une lettre du 2 mai au préfet Bussière, l'épouse de Camille Impérial, écrit que "sur l'instance de la  Maréchaussée (il) a été l'objet d'une invitation à la suivre pour être remis et emmené par des délégués de l'autorité allemande, sans autre explication ". En clair, c'est la police française qui les a arrêtés.

Madame Impérial réfute toute activité politique de son mari y compris avant-guerre. Elle fait état "d'une perquisition effectuée chez eux dans le courant de l'an dernier" (vraisemblablement dans le cadre de l'opération Theoderich) qui "s'est avérée nulle". Après avoir rappelé les états de services militaires de Camille, elle sollicite l'intervention du préfet auprès des Allemands pour obtenir sa libération.

Toujours le 2 mai, le préfet s'adresse à ses supérieurs pour leur signaler "que les services de police placés sous mes ordres ont été l'objet de manœuvres d'intimidation extrêmement violentes  de la part des Allemands".

Il insiste sur le cas du commissaire Leboutet "qui a réussi malgré la brutalité avec laquelle il lui était intimé de livrer des noms à gagner du temps et à n'établir qu'une liste de personnes déjà arrêtées par les autorités allemandes". Le préfet constate que ces méthodes sont une"violation flagrante" de l'accord entre autorités françaises et allemandes sur les compétences et le rôle respectif des deux polices. Il ajoute : "il s'agit de rien moins en effet que d'obtenir, sous couvert de coopération des deux polices, des listes d'otages, d'une façon déguisée ".

Cette lettre du préfet Bussière est significative de la situation réelle de l'administration française en zone occupée, c'est-à-dire qu'elle doit se soumettre aux ordres de l'Occupant, quelles que soient les éventuelles désapprobations de certains fonctionnaires et leurs tentatives de limiter la mise en œuvre de la répression nazie. Les Allemands dirigent le pays.

Le 5 mai, le préfet s'adresse à la délégation de Paris du ministère de l'intérieur qui siège, lui, à Vichy. Il rappelle qu'il a déjà fait plusieurs rapports depuis le 1er mai et envoyé des télégrammes.

Mais surtout, il informe ses supérieurs qu'il a été "averti téléphoniquement aujourd'hui que six personnes de mon département avaient été fusillées ce matin ".

Ce sont six jeunes hommes nés entre 1919 et 1922. Ils avaient été condamnés par la Cour Spéciale d'Orléans, pour "infraction au décret portant dissolution des organisations communistes et distributions de tracts et journaux, dans sa séance du 20 Septembre 1941". Le préfet souligne par ailleurs que "l'enquête se poursuit très activement" mais qu'il a "peu d'espoir d'obtenir des résultats positifs étant donné la proximité de la ligne de démarcation par rapport au lieu de l'attentat ".

Le 6 mai, F. de Brinon, le délégué général de Vichy dans les Territoires Occupés, l'informe qu'il est activement intervenu auprès des Allemands pour les mettre en garde sur  "l'émotion que provoquerait dans l'opinion les représailles envisagées" et donc "de bien vouloir  surseoir à toute nouvelle exécution".

Le 7 mai, le préfet envoie une lettre aux maires des communes concernées par ces arrestations :

" Je tiens à vous faire savoir que les personnes arrêtées dans votre commune à la suite du meurtre d'un sous-officier allemand à Romorantin, l'ont été sur l'initiative seule des autorités d'occupation". Il précise que lui et le gouvernement "avec lequel (il) se tient téléphoniquement en communication […] multiplient les démarches auprès des autorités militaires allemandes  en vue d'aboutir à un résultat ".

Il faut dire que dans la population l'émotion est forte face aux arrestations, aux exécutions déjà intervenues et aux menaces d'autres représailles.

Il faut aussi avoir à l'esprit que nous sommes à la moitié de l’année 1942. L'opinion publique a beaucoup évolué depuis quelques mois. La poignée de main de Montoire entre Hitler et Pétain, la politique de collaboration ouvertement revendiquée par le régime, le caractère anti-démocratique du régime de Vichy et des institutions qu'il a mises en place, les exactions des occupants contre les personnes  et le pillage économique de la France, les pénuries en particulier alimentaires et le travail obligatoire en Allemagne qui s'intensifie... ont considérablement dégradé  le symbole de "Pétain, sauveur de la Patrie" et réduit   le nombre des partisans et sympathisants de Vichy. 

La Résistance, sous des formes multiples, s'enracine peu à peu.

On ne redira jamais assez cette réalité minorée : la Vallée du Cher a été un haut lieu de la résistance nationale.

De plus, un prochain débarquement des Alliés en Afrique du Nord est devenu une perpective crédible et les Soviétiques mettent en échec les armées allemandes sur le front de l'est.

Le 12 mai, le préfet intervient auprès du lieutenant-colonel, commandant la Feldkommandatur 589 à Orléans, car le délai donné aux autorités françaises va expirer, avec la menace de 20 autres exécutions et 50 personnes supplémentaires emprisonnées. Il souligne que "tous les moyens humainement possibles ont été mis en œuvre pour établir les culpabilités réelles, pour satisfaire à un esprit de justice commun aux Allemands et aux Français, pour éviter qu'un châtiment sans recours vienne frapper des personnes ne paraissant n'avoir aucun rapport avec le tragique incident ". Il insiste sur le fait que "le meurtre qui endeuille (son) département à un caractère accidentel". 

En effet, les enquêtes menées par les services de gendarmerie et de police qui ont interrogé des dizaines de personnes, ont vite conclu, comme le préfet en informe le cabinet du chef de gouvernement : "qu'il ne s'agissait pas d'un attentat mais de jeunes gens qui, surpris en flagrant délit de diffusion de tracts communistes avaient riposté par des coups de feu aux coups de feu tirés par les Feldgendarmes allemands".


On a trouvé sur les lieux de "l'attentat" 4 pinceaux, un béret, un veston et des douilles de calibre 6,25. Ces jeunes, au nombre de 5 ou 6, n’ont pas été identifiés. Du moins, ce sera la position des autorités françaises.

Cette lettre nous apprend par ailleurs qu'il y avait eu en fait "dix personnes (qui) ont déjà été fusillées sans préavis" (dont les 6 pour le Loir-et-Cher). "En exécuter vingt autres, serait frapper d'un bien lourd tribut une population dont la parfaite correction vis-à-vis de l'armée d'occupation, dont la mesure et la courtoisie traditionnelles, dont l'incessante et courageuse énergie dans le pénible labeur quotidien, méritent, même à l'époque que nous vivons, une considération particulière".

Le 26 mai, Madame Impérial écrit au préfet. Elle a appris que son mari venait d'être transféré à Compiègne au "stalag 122". Elle lui demande de la recevoir pour lui expliquer à nouveau "l'inculpabilité" de son mari.

Le 23 juin, le préfet s'adresse une nouvelle fois à la Feldkommandatur d'Orléans pour que soit  réexaminée la situation de Camille Impérial, "un honnête ouvrier maçon charpentier, père d'un enfant de onze ans. Il n'a jamais manqué de respect aux autorités allemandes et ne s'est jamais livré à aucune activité politique". 

Ainsi, comme en témoigne une lettre de Madame Impérial du 16 août, le préfet tient régulièrement informées les familles sur l'état de ces démarches, qui bien évidemment demeurent infructueuses.

Une lettre du préfet aux maires, le 20 décembre 1943,  transmet la réponse "aux pressantes démarches auprès des autorités d'occupation". Celles-ci informent le préfet "que les otages de Romorantin ont été conduits dans un camp allemand où la correspondance entre détenus et leurs parents est interdite".

Serge Marteau, Camille Impérial et Céleste Serreau sont morts depuis des mois !

Le convoi du 6 juillet 1942, dit "convoi des 45000" 

Face à la montée en puissance de la Résistance et aux actes de sabotages et d'attaques de soldats allemands, Hitler décide la déportation des otages pris en représailles partout en France. Les autorités allemandes vont choisir leurs victimes sur les listes établies par les autorités de Vichy. 

Parmi elles, figurent Serge Marteau, détenu depuis un an, et les deux otages des événements du 1er  mai à Romorantin.

Le 6 juillet 1942, un convoi part de Compiègne en direction d'Auschwitz-Birkenau. C'est le premier convoi de déportation de résistants français. Il comprend 1175 hommes dont près de 90% de communistes ou réputés tels, le reste étant composé  de juifs eux aussi résistants et de résistants gaullistes. Ce sont les matricules tatoués à l'arrivée au camp qui leur conférera ce nom de convoi des "45000", car presque tous sont dans cette fourchette numérique.

Après 7 mois, plus de 1000 seront morts avec un taux de mortalité de 80% à Auschwitz et de    96 % à Birkenau. 119 reviendront vivants en France en 1945.


Camille Impérial : n°45678

meurt du typhus selon les registres du camp. Mais des éléments tendent à conclure qu'il a été purement et simplement exterminé.

Il meurt le 19 août 1942

Mention " Mort en déportation ",  JO du 25 juillet 1992.


Serge Marteau : n° 45839

Après un bref séjour à Birkenau, il est ramené au camp principal d'Auschwitz. Considéré comme "inapte au travail", il est exterminé par gazage ou piqûre de phénol dans le cœur (méthode très usitée par les Nazis). 

Il meurt le 18 septembre 1943.

Mention " Mort en déportation ",  JO du 11 janvier 1995.


Céleste Serreau : n°46101

registre du camp indique qu'il s'est pendu. Volontairement ? Mise en scène des kapos (ce qui était fréquent) ? Motif camouflant une extermination ? Nous l'ignorons. 

Il meurt le 17 octobre 1942.

Mention "Mort en déportation",  JO du 19 octobre 2002.


Désiré Marteau : n° 44 354

date de son arrestation n’est pas connue, mais il déporté dans le convoi du 27 janvier 1944.

Désiré Marteau est né à Thésée le 27 décembre 1897, de Silvain et Sophie Doreau. Il est mobilisé en 1916 au 113e RI, démobilisé en 1919 et revient habiter Thésée. Il est alors vigneron puis il deviendra maçon. Nous savons qu'il va habiter Amboise où on le trouve domicilié en 1931. En 1936, il est chef cantonnier.

Il va appartenir au groupe de Résistance de René Mulo, viticulteur à Artigny, sur la commune de Chargé dans l'Indre-et-Loire. Ce groupe, par l'entremise de Gaston Papin, un des premiers résistants en Indre-et-Loire,  est proche des réseaux de résistance dirigés par Jean Meunier, maire de Tours à la Libération et fondateur de la Nouvelle République du Centre, c'est-à-dire des réseaux CND-Castille du colonel Rémy et de Libération-Nord.

Désiré était membre de Libération-Nord, mouvement proche des milieux issus du syndicalisme de la CGT de Léon Jouhaux (qui donnera naissance à FO) et du syndicalisme chrétien de la CFTC. Le groupe Mulo est aussi en relation avec des réseaux d'Indre-et-Loire appartenant au SOE britannique. 

Je n'ai pu établir dans quelles circonstances a été arrêté Désiré Marteau. Mais les déportés du convoi du 27 janvier 1944, parti de Compiègne vers Buchenwald, avaient généralement été arrêtés trois ou quatre mois avant. Désiré Marteau sera transféré au camp de Dora et au commando Ellrich, « l'horreur de l'horreur ». Les déportés y étaient affectés au creusement de tunnels qui abritaient la construction des fusées de type V2. Les conditions de travail et de vie y étaient abominables, le taux de mortalité, un des plus élevés des camps...

Désiré Marteau meurt le 28 janvier 1945.

Mention "Mort en déportation",  JO du 11 janvier 1995.



Jean Pinault, 14 ans, fusillé le 14 août 1944

cette mi-août 1944, les événements s'accélèrent. Le débarquement allié a eu lieu le 6 juin. Les combats font rage pour la libération, village par village, ville par ville, du territoire national. 

Les Allemands résistent et contre-attaquent. Les maquis de notre zone ont reçu l'ordre du gouvernement provisoire et des représentants des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) d'intensifier les actions de sabotages et d'attaques des convois allemands, en particulier sur la ligne de chemin de fer de la Vallée du Cher et sur la RN 76, pour retarder, voire empêcher, l'approvisionnement allemand en armes, munitions et renforts vers les côtes de l'Atlantique. Hitler vient d'ordonner le repli d'une partie de ses troupes vers l'Allemagne pour y défendre le territoire du Reich. Dans notre zone, les maquis de Saint-Aignan et de Saint-Lhomer sont à la manœuvre. Les Allemands sont de plus en plus sur le qui-vive, prompts à tirer au moindre bruit ou fait supposé être annonciateur d'une attaque des résistants.

Le 14 août, la 4ème compagnie du bataillon dirigé par Robert Boiziau du maquis de Saint-Aignan, relevant du grand maquis Nord-Indre, tend une embuscade près de la voie ferrée à la sortie de Thésée. Il y a 7 victimes allemandes. Les Allemands deviennent fous de rage. Ils se dirigent vers la ferme de Chaumillon, de la famille Pinault et ils l'incendient. Le jeune Jean Pinault ne pense qu'à une chose : rassembler ses chèvres pour les sauver. Les Allemands le traînent devant la ferme et le fusillent froidement.

Jean Pinault avait 14 ans.

Ces exactions vont s'amplifier durant tout le mois d'août à Bourré, Thenay, Mont-près-Chambord,  Romorantin… Début septembre 1944, toute la Vallée du Cher sera libérée. Une autre période commence, celle du redémarrage institutionnel de la France, de la libération et de l'épuration.


Notes de l’auteure 

1/ les principales sources de cet article sont :

 a) Les recherches de l'auteure pour la conférence-exposition sur "Monthou-sur-Cher et sa périphérie : un territoire de la ligne de démarcation", le 6 février 2016 (voir le site www.tharva.fr). La poursuite de ses recherches sur la résistance dans le Sud du Loir-et-Cher qui donneront lieu à d'autres initiatives et publications. Parmi les nombreux sites Internet sur la Résistance et les camps, citons pour notre article  « Mémoire Vive » pour le camp d'Auschwitz et les « Amitiés de la Résistance » pour les articles de J. Vivier sur la résistance en Touraine.

b) Le dossier 1375 W 59 aux Archives Départementales du Loir-et-Cher sur l'affaire de l'attentat de   Romorantin.

2/ Fernand de Brinon sera exécuté le 15 avril 1947 au Fort de Montrouge, pour haute trahison et faits de collaboration.

3/ Jacques-Felix Bussière, entrera dans la Résistance en 1943, en prenant contact avec le groupe dit de "Blois-Huisseau-sur-Cosson" du réseau Adolphe, rattaché au SOE britannique. Il participera au réseau blésois du NAP (Noyautage des Administrations Publiques, réseau de résistance de fonctionnaires). Il sera arrêté en 1944 à Marseille où il était alors préfet régional. Il est déporté en Allemagne au camp de Neuengamme. Il décèdera le 3 mai 1945, avec 10000 autres déportés, sur des bateaux en mer Baltique, lors des évacuations des camps par les Nazis, face aux avancées des troupes alliées et soviétiques. D'autres évacuations donnèrent lieu aux "marches de la mort" qui se soldèrent par des dizaines de milliers de morts.

4/ Laurent Leboutet est responsable des renseignements généraux à Blois au début de la guerre. Il était avant-guerre membre de la Ligue Internationale contre l'Antisémitisme. Il crée une filière d'évasion à Selles-sur-Cher et aide de nombreux juifs. Le 2 mai 1943, il rejoint la Résistance dans le réseau Turma-Vengeance. Recherché par la police de Vichy, il rejoint les maquis. À la Libération, il deviendra commissaire du port de Sète où il sera l'acteur du départ de l'Exodus vers Israël, le 11 juillet 1947. Il sera nommé " Juste parmi les Nations" et citoyen d'honneur d'Israël.

5/ Les 6 jeunes fusillés du 5 mai 1942 à Orléans étaient : Bernard Amiot de Mont-près-Chambord, Pierre Mandart et Marc Auger de Saint-Romain, Guy Cacault de Blois, Roger Morand de Romorantin et André Murzeau de Saint-Dyé-sur-Loire.

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