La Résistance intérieure française.

Titres de la page

    •  La Résistance intérieure française 
    • Le SOE 
    • Les Francs-Tireurs et Partisans Français 
    • Le groupe FERME et le groupe BISAULT 
    • L'organisation de la Résistance Armée et les FFI 
    • Les Maquis 
    • Le maquis de St Lhomer 
    • Le départ des Allemands de Monthou 
    • Les représailles 
    • La Libération 

La Résistance intérieure française.

Elle va se manifester très vite après la demande d'Armistice présentée par Pétain le 17 juin 1940.

Elle aura un cheminement complexe : d'abord des réactions individuelles, de petits groupes sur la base d'affinités diverses ( parents, collègues de travail, localité, appartenance d'idées, etc.).

Elle concerne des gens de tous bords politiques et religieux, même si l'engagement anti-fasciste, anti-pétainiste et patriotique, y domine d'entrée de jeu.

Les souvenirs des guerres de 70-71 et 14-18 sont un puissant moteur de rejet de l'occupation allemande.

Cette résistance va se manifester de multiples manières et se structurer peu à peu.

Il y a eu des milliers de structures de la Résistance.

Les formes : elles seront multiples.

Un Réseau est une organisation créée pour une activité de type militaire précis ( renseignement, sabotage, évasion, etc.)

Un Mouvement est une organisation crée pour une activité de type "politique" ( sensibilisation, organisation de la population, etc ).  

Un Maquis sera le rassemblement de résistants opérant dans des zones non-urbaines permettant mobilité et camouflage.

En effet, la Résistance fut d'abord plus présente dans les villes ou dans les zones stratégiques ( ligne de démarcation, frontières, présence d'industries armements, de moyens de transports, etc.)

C'est avec le STO et le phénomène des " réfractaires" que vont se créer et s'organiser les maquis.

Il y aura aussi des "groupes" à implantation locale qui rejoindront les maquis et les organisations militaires en 1944.

Les principales composantes nationales de la Résistance :

Ceux de la Libération CDLL ( mouvance droite)

Ceux de la Résistance CDLR (mouvance dite apolitique)

Combat ( mouvance démocrate-chrétien)

Franc-Tireur ( mouvance gauche)

France Libre ( mouvance gaulliste, réseaux en France dépendait du BCRA)

Front National ( mouvance PCF)

Libération- Nord ( mouvance SFIO)

Libération-Sud  ( mouvance gauche) 

Organisation civile et militaire OCM ( mouvance conservatrice)

Organisation de Résistance de l'Armée ORA ( mouvance du général GIRAUD)

Ces mouvements ont des branches armées ( comme les FTPF pour le Front National ou l'Armée Secrète AS pour les MUR ) et vont se regrouper.

Les Mouvements Unis de la Résistance regroupent en 43 les principaux mouvements de la Zone Sud : les MUR.

Le Mouvement de Libération Nationale regroupe en 1944 les MUR et les principaux mouvements de la Zone Nord : le MLN

Les FFI résultent du regroupement fin 1943-début 1944 de l'AS, des FTPF, de l'ORA

Ces mouvements seront membres du Conseil National de la Résistance ( CNR).

LES VOIX DE LA FRANCE

Les principales composantes

de la Résistance dans le Loir et Cher :

Au-delà des engagements personnels ou des petits groupes locaux, émergent en Loir et Cher et notamment dans la Vallée du Cher, les organisations suivantes :

Les FTPF ( Francs Tireurs et Partisans de France)

Libération-Nord, notamment dans la zone de Contres.

Les réseaux de Résistance créés par l'Intelligence Service britannique : le réseau ADOLPHE, faisant partie du Réseau PROSPER, lui-même relevant des réseaux BUKMASTER.

L'ORA, regroupant des anciens militaires, influente notamment dans la vallée du Cher/Sologne

Les réseaux mis en place par les services britanniques : le SOE.

En juillet 1940, Churchill décide d'aider à la constitution dans les pays occupés par les Allemands de réseaux pour la collecte de renseignements et l'organisation de sabotages.

Ce sont les services secrets britanniques qui en sont chargés.

Ce service est nommé " Spécial Opérations Exécutive " : le fameux SOE.

Il est dirigé à Londres par le colonel BUKMASTER.

Les recrues britanniques sont rigoureusement sélectionnées. 

Ces agents doivent parler parfaitement la langue du pays de la mission et connaître tout de ce pays.

Pour la France, leur père ou mère est français pour la plupart d'entre eux.

Ces agents anglais vont être parachutés sur le territoire, pour trouver des contacts auprès de groupes ou d'individus qui ont commencé à mener des actions de Résistance, les former aux techniques des atterrissages, des transmissions radio, etc.

L'un des premiers le sera au Mans des 1941, le lieutenant Robert POWER, alias GASPARD.

Il y aura de très nombreux réseaux britanniques d'abord en zone occupée, puis sur tout territoire  national, après l'invasion de la zone libre par les Allemands en novembre 1942.

Un de ces réseaux les plus connus et qui concerne notre région est le réseau " PROSPER " ( qui englobait plusieurs départements ) dirigé par le major Francis SUTTIL, parachuté en France le 1er octobre 1942.

Le réseau " ADOLPHE " :

Francis SUTTIL va confier à un ancien fonctionnaire des Impôts, Pierre CULIOLI, déjà engagé dans des actions, la constitution d'un réseau spécifique pour le Sud Loir et Cher et le Centre Sologne. 

CULIOLI connaît bien la région par sa belle-famille, résidant à Mer.

Il portait une petite moustache, qui en rappelait une autre, d'où le nom symbolique de ADOLPHE !! Pierre CULIOLI constitue rapidement son réseau avec des hommes et des femmes déjà dans l'action mais dont les activités sont freinées par le manque d'armes, munitions, argent que seule l'aide des britanniques au départ, peut leur apporter.

Il va s'appuyer sur les principaux sous-groupes suivants :

Sur le groupe de Blois :

Il fonctionne depuis des mois autour de Marcel BULHER, des comte et comtesse de BERNARD.

Le château de Nanteuil à Huisseau-sur-Cosson, appartenant à la comtesse de BERNARD, d'origine anglaise, est le QG du groupe et abrite un poste émetteur.

Officiellement, ce sont des responsables de services pétainistes à Blois : les de BERNARD dirigent la FAMILLE du PRISONNIERS et le SECOURS NATIONAL ; BULHER, lui, l'Association des ANCIENS COMBATTANTS.

Il convient de souligner un fait peu connu ou sous-estimé : beaucoup de fonctionnaires, ou d'élus pourtant laissés en place, voire nommés par le gouvernement de Vichy aideront, notamment dans notre département, la Résistance. Ils seront eux-mêmes des résistants.

Le groupe est ramifié sur Bracieux et Chambord où ils travaillent avec Albert LE MEUR et Francis CORTEMBERT.

Sur le groupe de Mer

Avec son beau-père Mr DUTEMS, ses deux beaux-frères.

Les DUTEMS possédait un petit domaine « Boisrenard », près de Thoury.

C'est sur ce terrain que furent parachutés les premiers agents du SOE dans le 41.

Puis, d'autres parachutages y seront organisés.

Sur le groupe de St.Aignan :


André GATIGNON, un négociant en vin, a déjà regroupé une quinzaine de résistants.

Une de leur principale activité est le passage de la ligne.

La possession d’un camion et d’un auschweis permanent,compte tenu de la profession, facilite l’activité clandestine du passage.

Sur le groupe de Romorantin :

C'est un groupe étoffé, très actif, autour de Roger COUFFRANT.

Ce groupe couvre, outre Romorantin, plusieurs communes avec des responsables locaux, comme Châtres sur Cher, Selles sur Cher, Villefranche sur Cher, Villenay, Langon, Châtillon sur Cher, etc.

Sur le groupe de Contres :

On se souvient que le député-maire de Contres, Robert MAUGER ( SFIO), n'avait pas voté les pleins pouvoirs à PÉTAIN.

La section socialiste de Contres, sous l'impulsion de Robert MAUGER, Julien NADEAU, Henri CHARTIER, Théo BERTHIN, la famille MORAND, etc. , s'est réorganisée dans la clandestinité et mène des actions de propagande, d'aide aux fugitifs de toutes sortes et de sabotages.

Elle formera le noyau controis de la future organisation Libération Nord.

Sur le groupe de Montrichard :

C'est Georges FERME, un négociant grossiste en épicerie, qui a dès le début de la guerre constitué un groupe ( voir ci-contre).

La chute des réseaux PROSPER et ADOLPHE :

 Ils vont subir le sort de beaucoup de ces réseaux du SOE.

On leur a parfois reproché un manque de rigueur dans les mesures de sécurité.

Une sorte d'amateurisme dû avant tout au manque d’expérience.

Certains ont parlé de conception " romantique " de l'action.

Or, les Allemands eux avaient des services bien rodés de contre-espionnage et une politique active d'infiltration de ces réseaux, soit y faisant recruter des " taupes", soit en corrompant certains membres. Sans parler des moyens en hommes et matériel. Sans parler du concours des forces de l'ordre de Vichy.

Les Allemands prenaient leur temps. Bien qu'au courant, ils laissaient se poursuivre des actions.

Ce qui les intéressait, c'était de remonter aux chefs de ces réseaux pour les détruire entièrement.

Ainsi, le réseau PROSPER fut infiltré.

Plusieurs hypothèses ont été avancées et aujourd'hui encore on ne sait pas avec certitude qui a " donné " le réseau.

Une première alerte pour le réseau

ADOLPHE : la nuit du 13 juin 1943 .

Cette nuit là, le réseau devait recevoir un parachutage d'armes et d'explosifs, près de Neuvy.

Mais un incident survint avec l'explosion de plusieurs containers, provoquant un énorme feu d'artifice. 

Certains se demandèrent si cet accident n'avait pas été une provocation.

Le groupe de résistants chargé de la réception arriva à se disperser rapidement.

Mais la réaction des Allemands fut modeste. 

Aucune descente de la Gestapo à Neuvy (avec les armes récupérées, ils équipèrent ensuite les Miliciens ! ) 

Cette attitude n'a pas alerté les résistants.

Les allemands savent à ce moment là que d'ici peu, ils captureront les chefs sur Paris.



L'arrestation de Pierre CULIOLI et de son adjointe l'anglaise Yvonne RUDELAT : le 21 juin 1943.

Les Allemands recherchaient des résistants, qui avec le groupe COUFFRANT, avait réceptionné  un parachutage là encore compliqué, à Villenay.

C'est à un barrage  à Dhuizon qu'ils arrêtent une voiture avec CULIOLI et RUDELAT qui convoyaient vers Paris deux agents canadiens du SOE, parachutés l'avant-veille.

RUDELAT est gravement blessée.

Ils seront vite identifiés et torturés.

Les Allemands indiquent à CULIOLI que SUTTIL a passé un pacte avec eux : le lieu des dépôts d'armes contre la vie sauve aux membres connus du réseau. 

CULIOLI donnera l'ordre à COUFFRANT d' exécuter ces clauses du pacte. 

En effet, depuis début juin, les têtes du réseau PROSPER tombent une à une.

SUTTIL est arrêté le 24 juin. Déporté en Allemagne, il sera exécuté en 1945.

Tout le réseau tomba : 77 officiers du SOE, 40 femmes et 37 hommes. 

Presque tous moururent en déportation, malgré les promesses des Allemands. ...tragique naïveté du désespoir.

CULIOLI est donc déporté. Il survivra. A la Libération, il sera traduit devant la justice. 

Certains l'accusent d'être un des responsables de la chute et de la répression contre ces réseaux.

Yvonne RUDELAT dite « Jacqueline » mourra à Ravensbruck.

CULIOLI sera acquitté, blanchi et réhabilité.

Bien des zones d'ombres subsistent, inséparables des conditions effroyables de cette période.

Beaucoup de membres du réseau ADOLPHE, avec ceux de PROSPER, vont connaître la déportation : BULHER, le comte et la comtesse de BERNARD, madame FERME de Montrichard, etc. Ces deux femmes subiront les horreurs de Ravensbruck.

D'autres ne reviendront pas, comme le fils BULHER, Guy MERCIER de Montrichard, etc.

Dans toute la France, la répression contre les réseaux du SOE fut féroce.

Un Mémorial en l'honneur de ses martyrs est érigé à Valençay dans l'Indre.

Il a été inauguré le 6 mai 1991, pour le cinquantième anniversaire du premier parachuté en France.

Chaque année, une cérémonie a lieu à cette date.

Le Mémorial est situé à la sortie Nord de la ville sur la RD 956.

Dans toute la France, la répression contre les réseaux du SOE fut féroce.

Un Mémorial en l'honneur de ses martyrs est érigé à Valençay dans l'Indre.

Il a été inauguré le 6 mai 1991, pour le cinquantième anniversaire du premier parachuté en France.

Chaque année, une cérémonie a lieu à cette date.

Le Mémorial est situé à la sortie Nord de la ville sur la RD 956.

Le réseau ADOLPHE est constitué vers la fin 42.

Il va durer 6 mois.

C'est une courte période mais d'une grande intensité d'actions.

Il s'appuyait sur des groupes efficaces, composés de gens convaincus et organisés.

Il va permettre à la Résistance de passer un cap décisif : celui de son armement, celui d'une plus grande expérience et maturité dans la lutte clandestine.

Les activités de ce réseau, malgré la répression, seront un acquis pour les phases ultérieures de la lutte armée dans notre département.

 

Le bilan du réseau est impressionnant pour sa courte durée :

350 personnes environ ont travaillé pour lui.

226 containers parachutés contenant : mitraillettes, fusils, munitions, plastic, de l'argent, des équipements dont des radios, etc. 

réception de 13 agents envoyés par Londres.

sabotage de 11 lignes électriques à haute tension, soit des centaines de pylônes.

six déraillements dont trois trains de troupes allemandes.

wagons détruits.

destruction de ponts.

réservoirs d'essence ou d'alcool incendies.

Etc.


Les Francs-Tireurs et Partisans de France : les FTPF

et
L’organisation Libération-Nord :


Les FTPF.

Le 23 août 1939, c'est la signature du Pacte Germano-Soviétique.

Dès le 26, la presse communiste est interdite.

Le 26 septembre, le Parti Communiste est dissous.

Tous ses membres qui ne désavouent pas le Pacte, sont exclus de toutes les organisations auxquelles ils appartiennent : syndicats, associations, mandats électifs, etc.

Le 18 novembre, dans le cadre de mesures pour la Défense Nationale, l'internement administratif des communistes est autorisé.

Le 9 avril 1940, le décret SEROl prévoit la peine de mort pour ceux qui feront de la propagande communiste, l'assimilant à la propagande nazie.

Après la " drôle de guerre " où ils seront mobilisés, les communistes seront, ou clandestins ou emprisonnés, beaucoup exécutés.

Le 1er mars 1940, une statistique nationale établie par l'administration, indique que concernant les communistes, il y a eu :

10 550 perquisitions.3 400 arrestations.489 internements administratifs.100 condamnations dont 14 peines de mort.

Certains dirigeants comme THOREZ rejoignent Moscou.

Une partie de la direction clandestine (J. DUCLOS ) s'installe en Belgique, l'autre organise la lutte sur le territoire national (B. FRACHON ).

Novembre 1940 : création de l'Organisation Sécrète, l'OS.

La direction clandestine du PCF crée l'OS composée de militants volontaires pour des actions armées et des actes de sabotages.

Ce seront les premiers groupes armés sur le territoire national, concrétisant une différence d'approche de la Résistance au regard d'autres groupes : priorité aux activités armées, harcèlement de l'ennemi.

Mai 1941 :  création des FTPF .

L'OS se transforme et donne naissance aux FTPF.

C'est une organisation qui devient ouverte à tous ceux qui veulent agir contre l'ennemi.

S'il est évident que les communistes y participent, nombre de cadres et de volontaires FTPF viendront d'horizons divers et de toutes opinions.

Les FTPF seront, en nombre, l'organisation la plus importante de la Résistance Intérieure.

Ce sera vrai aussi dans le Loir et Cher où leurs effectifs seront de l'ordre de 3000.


LIBERATION-NORD 

Tout démarre le 15 novembre 1940, avec la publication du Manifeste de 12 syndicalistes ( 9 CGT de la mouvance de Léon JOUHAUX et trois CFTC ) qui fondent donc un mouvement.

LIBERATION-NORD groupera pour l'essentiel des socialistes modérés et des croyants.

Nombre de ses membres soutiennent le Général de GAULLE et auront aussi des responsabilités dans les organisations de la France Libre ,comme l’important Bureau des Opérations Aériennes, le BOA.

En 1942, il donnera naissance en zone occupée à un actif réseau de Résistance " COHORS-ASTURIES".

D’abord, dans les réseaux du SOE :

L'assise de Libé-Nord dans notre zone est essentiellement située dans la région de Contres, avec des ramifications dans plusieurs communes.

Dans notre zone, les militants de ces sensibilités se sont d’abord regroupés dans les réseaux britanniques du SOE.

La destruction des réseaux SOE à l'été 1943 et la " rafle de Contres"  leur portent un coup sévère.  

La " grande rafle de Contres " va désorganiser le mouvement pour toute une période.

Puis, la renaissance au printemps 1944 : 

C'est Théo BERTHIN qui va reconstituer l'organisation en rassemblant des militants de la Vallée du Cher.

Julien NADEAU, est nommé responsable local du BOA pour notre département. 

C est le bureau qui a la responsabilité des parachutages, choix des terrains, réception du matériel, etc.

C'est lors d'un troisième parachutage à CHATEAUVIEUX, à la ferme de la RABERIE, que NADEAU sera arrêté le 2 mai 1944 avec 6 autres membres de l'équipe de parachutages ( les BOURBONNAIS et les CABREUX ). I

Ils mourront en déportation.

Libé-Nord sera l’organisation la plus importante du groupe FFI de Contres.

Comme les autres maquis, il développe les actions de sabotage.

C' est lui qui, lors de la libération de Blois, occupera les locaux de la milice et récupérera les dossiers des collaborateurs français.

Les membres de Libé-Nord seront bien représentés dans les rouages de la nouvelle administration mise en place à la Libération.


Les caractéristiques des FTPF :

Une organisation adaptée à la clandestinité 

Ils sont organisés " en triangles ", de trois hommes, de manière pyramidale.

Un seul connaît le responsable supérieur.

Chaque triangle à sa vie propre, strictement cloisonnée par sécurité.

Ainsi, ce n'est qu'à la Libération que le triangle de telle commune connaîtra celui de la commune voisine.

De plus, les FTPF bénéficient de l'expérience de la clandestinité des cadres communistes.


Un mot d'ordre : « s’unir, s'armer, se battre » :

Ce mot d'ordre résume leur tactique .

Ils se fondent autant que faire ce peut dans le peuple des ouvriers et des paysans ( aussi des instituteurs ), alors que le SOE recherchait plutôt ses recrues parmi des notables locaux.

Ils mènent des actions de type "guérilla" avec des sabotages, des attaques de convois, de soldats allemands.

Ils privilégient les actions par très petits groupes mobiles. Ils disaient : " nous devons toujours avoir un talus d'avance ". 

Ils essayent de trouver des armes. 

Ce sera un désaccord au sein de la Résistance jusqu'en 1944.

Ni les Anglais, ni les Gaullistes ne veulent donner des armes aux FTPF.

Pour eux, les armes parachutées doivent être centralisées et cachées, en attendant l'heure de l'insurrection nationale.

Les FTPF auraient souhaité armer tout de suite les résistants pour intensifier les actions armées et affaiblir plus vite l'occupant.

Les FTPF sont pour unifier les différentes forces de la Résistance mais ils seront toujours soucieux de garder une certaine indépendance.

Beaucoup de jeunes choisiront les FTPF en raison de leur combativité.

Les FTPF concrétisaient leur appartenance en signant un émouvant engagement d'honneur se terminant par : " Vive la France Libre et Indépendante ".

Ils constitueront, pour une large part, l'ossature des maquis

Malgré les arrestations, exécutions et déportations, l'organisation des FTPF dans le Loir et Cher sera préservée grâce à son fonctionnement rigoureux.

Pour notre zone de la vallée du Cher, il existait des triangles pour :

Montrichard-St.Georges ( responsable LEMERLE )

Thenay (responsable POMME )

Romorantin ( responsable ROBLIN )

Sambin (responsable BIGOT )

Liste des inscrits à LIBERATION-NORD pour Pontlevoy, Thenay et Bourré.

Il ne semble pas y en avoir eu à Monthou.

Il faut avoir à l'esprit qu'il y avait en plus des sympathisants, mais non inscrits.

Pontlevoy :

THENOT Marcel         Responsable départemental.

RICOIS   Siméon       

RICOIS   Julie

RICOIS    Sonia

BOUTAULT

BEAUVAIS Gaston.

Thenay :

GIRAULT Pierre

SANSON Maxime

Bourré :

GIGAUD Lucien          Chef de secteur

( cette liste a été établie par Théo BERTHIN à la Libération ).

Le réseau ADOLPHE : le groupe FERME de Montrichard,

et

Entre Civray et Thésée : Le groupe FTPF BISAULT-DELAUNAY


Le groupe FERME

Georges FERME, est grossiste en épicerie à Montrichard.

Il est aussi Président du groupe paroissial.

Les premières activités de Résistance : la période de la ligne de démarcation.

A la déclaration de guerre, il est mobilisé et sert sous les ordres d'un officier Jean-Marie LELIEVRE, directeur de La Mutuelle Générale des Assurances du Mans.

Celui-ci démobilisé en Dordogne, revient par Châteauroux en zone libre où son agent lui suggère  de développer cette agence en zone libre mais proche de la ligne de démarcation.

Jean-Marie LELIEVRE est anti-pétainiste. Il va participer activement au réseau de renseignement  KLEBER qui regroupe des sous-réseaux de renseignements à destination des Anglais et de la France Libre de de Gaulle.

Il va entrer rapidement en contact avec FERME qu'il connaît et qui habite pile une petite ville située sur la ligne de démarcation.

De son côté, par ses activités professionnelles, FERME est en relation avec les services officiels pour l'organisation du ravitaillement, notamment celui de la partie du département située en zone occupée.

A ce titre, il bénéficie d'un auschweiss permanent pour pouvoir livrer les marchandises, via le pont de Montrichard.

Le préfet BUSSIERE, le maire de Blois DRUSSY, eux-aussi opposés au régime de Vichy, vont le solliciter pour faire passer des cartes d'alimentation aux fugitifs, aux réfugiés, etc. 

Mais surtout  pour faire franchir la ligne à ceux qui en ont besoin.

Il y a plusieurs techniques : cachés sous les marchandises, dans un des gazogènes, habillés comme un des employés et assis à côté du chauffeur....

FERME travaille aussi avec les principaux passeurs de Montrichard : SENTOUT, PINON, l'abbé TARDIVEAU.

Parfois, il faut " amignonner " certains douaniers allemands qui ferment les yeux.

Sa coopération avec LELIEVRE est régulière.

Une partie des liaisons avec l'agence de Châteauroux se fait par les moyens officiels : trains et poste.

C'est un inspecteur de la MGA, René BRANCHU, qui est chargé de la partie activités de Résistance. Il est donc en étroite relation avec FERME pour faire passer la ligne à beaucoup de monde, et notamment à ceux porteurs des renseignements collectés à destination de Châteauroux.

Ainsi un jour, BRANCHU sollicitera FERME pour le passage rapide de trois résistants néerlandais ; ce sera SENTOUT qui s'en chargera.

L'occupation de la Zone Sud va sérieusement réduire ces activités de passage, d'autant que LELIEVRE est surveillé de plus en plus par les Allemands mais le groupe FERMÉS continuera à transmettre des renseignements au Mans ; c'est l’abbé TARDIVEAU qui en était chargé.

Le groupe FTPF BISAULT-DELAUNAY

 Un instituteur engagé :

Marcel BISAULT est né le 16 octobre 1901, à Bourré.

Il sera instituteur dans plusieurs communes du département puis nommé directeur de l'école de St.Georges en 1938.

C'est un militant syndical très actif au sein du SNI  et dans les structures interprofessionnelles de la CGT où il s'occupe notamment des ouvriers agricoles.

Son appartenance au Parti Communiste est connue de tous.

Dès sa démobilisation, il va entrer en Résistance. De manière clandestine, car syndicats et partis sont dissous.

Le réseau des instituteurs, dans le Loir et Cher, est particulièrement engagé.

BISAULT fondera " L'école et la Libération ", organe clandestin du Syndicat des Instituteurs du Loir et Cher.

Le premier numéro sera ronéoté à l'école de VIneuil à Monthou, chez l’instituteur DRONEAU.

André DELAUNAY est un jeune agriculteur de Civray, lui aussi communiste.

Des liens d'amitié se sont noués entre eux et avec autre un jeune instituteur, André VIEUGUET, né à Thésée et affecté à St.Georges.

Avec Maurice JOURDAIN et André LEMERLE, aussi de St.Georges, ils vont constituer l'armature de ce groupe FTPF dans la Vallée du Cher


Un organisateur de la Résistance dans la Vallée du Cher :

Avec André DELAUNAY en particulier, M.BISAULT va œuvrer à créer et organiser d'autres groupes FTPF dans la vallée du Cher ou, à défaut, tisser des réseaux avec des sympathisants qui informent, aident, abritent, font les " facteurs" pour tracts et courriers.

C'est eux qui impulsent la création du groupe de Thenay, de Bléré, etc.

Lorsque le réseau ADOLPHE tombe en juin 43, M.BULHER et le Comte de BERNARD remettront à DELAUNAY et BISAULT des armes du parachutage de Neuvy.

Puis, ils vont œuvrer à la mise en place des maquis dans notre zone, à partir du printemps 1944.

Le groupe bénéficiera d'un parachutage d'armes et munitions le 10 avril 1944.

Il eut lieu à Epeigné avec pour mot de passe " les roses blanches rougissent ".

BIZAULT participe au parachutage du 24 juin à St.Lhomer et arme les petits groupes des alentours, voire des individus acquis à la Résistance.

Ainsi son groupe démultiplie les actions armées : lignes électriques, téléphoniques, bâtiments occupés par les Allemands.

Avec l' aide des cheminots résistants ( et ils furent nombreux ), le groupe intensifie en juillet et août les sabotages de la ligne de chemin de fer, notamment sur la section Bourré-Thésée.

La création du groupe fin 1942 : le passage à un stade supérieur de Résistance.

C'est Marcel BULHER,  qui le connaît bien, qui propose à Georges FERME, de constituer un groupe du réseau ADOLPHE pour la zone de Montrichard.

Pour BULHER, c'est le seul moyen d'obtenir des Anglais armes et munitions qui font cruellement défaut.

Mais FERME, d'une grande prudence, refusera toujours de donner le nom des membres de son groupe, aux responsables anglais du SOE.

Son groupe est composé de :

Henriette FERME, Guy MERCIER, Alfred DUPUIS, Marius BIGOT, Maurice PINON, Henri BARDIN, Gabriel LEZAY, RICHARD MEAL, L'abbé TARDIVEAU L'adjudant de gendarmerie MOUCHOUX, Le percepteur HIPPEAU.

Georges FERME associe aussi à des activités de résistance des proches qui ignorent l'appartenance du groupe au SOE, comme son beau-frère ROUSSEAU.

Enfin, armes et munitions :

Les activités se tournent maintenant vers la collecte de renseignements utiles aux alliés (les renseignements sur les transports de troupes, la localisation des troupes, des dépôts d'armes, etc ), les sabotages en particulier la ligne de chemin de fer et surtout la réception des parachutages.

Le groupe à ses spécialistes des parachutages ( PINON, c'est l'homme de confiance de FERME, RICHARD, MEAL, LEZAY ).

Les membres du groupe participent aux réceptions des parachutages destinés au réseau ADOLPHE.

Mais deux parachutages concernent directement le groupe de MONTRICHARD :

Le premier  : fin mars 1943. Il a lieu sur la route d'Amboise, au lieu dit " La Pernotière". 

Le message annonçant le parachutage, est " Le marc se vend au poids".

Un avion Lysander largue 8 containers d'armes.

Le second : le 20 juin 1943. Le rendez-vous est fixé à la Fontaine de l'Aulne.

C'est jour de communion à MONTRICHARD. 

Le message prévu sera donc " Venez quand même, on s'arrangera ".

8 autres containers.

Ces armes réceptionnées et rassemblées, sont acheminées avec le camion de travail de FERME et cachées scellées derrière un mur de sa cave, à son domicile.

Elles vont y demeurer jusqu'à l'insurrection nationale à l'été 1944.

L'exécution de BISAULT et DELAUNAY :

Le 13 août 1944, une réunion de tous les chefs de la Résistance locale est prévue dans leur lieu  habituel à Angé.

Les Allemands, harcelés par la Résistance et menacés par les troupes alliées qui approchent, sont nerveux et agressifs.

Ils ont installé ce jour là un barrage au carrefour à la sortie de Montrichard ( centre commercial Montparnasse aujourd'hui).

Marcel BISAULT, qui se rendait à la réunion à bicyclette, est contrôlé. 

Il a sur lui un révolver. 

Il est arrêté et amené en camion.

Andre DELAUNAY, avait été arrêté au même endroit un peu plus tôt. Les Allemands trouvent sur lui des documents codés. 

Il cherche à s'enfuir. Il est abattu d'une rafale de mitraillette.

Le corps de Marcel BISAULT sera retrouvé 29 janvier 1950, dans les caves champignonnières de Mr. MEYER à Vallagon. 

Celles qui servirent de dépôt de munitions aux Allemands.

Il y avait aussi le corps de Ernest MOUZAY, un négociant en vin de Faverolles qui avait été l'objet de représailles de la part des Allemands.

L'autopsie révélera que BISAULT avait été sauvagement battu à mort et MOUZAY avait été abattu par balle.

C'est Maurice JOURDAIN qui reprend le commandement de ce groupe de FFI- FTPF de la vallée du Cher.

La fin du groupe FERME :

Mais l'étau se resserre.

 CULIOLI est arrêté 21 juin.

Les chefs du réseau principal PROSPER sont arrêtés en juin et juillet à Paris.

Le 13 août, c'est la grande rafle de Contres : Théo BERTIN, NADEAU, MORAND s'échappent de justesse dans la vallée du Cher.

Le 16 août, c'est au tour de BULHER.

Le 20 août, Georges FERME à juste le temps de s'enfuir : sa fille a entendu arriver la voiture des Allemands et a donné l'alerte.

Ils cherchent aussi les armes. Cogneront les murs de la cave .. À quelques centimètres. 

Personne ne parlera.

Aussi, le 9 septembre, ils arrêtent sa femme Henriette FERME comme ils le font aussi pour Madame GATIGNON à St. Aignan, à défaut de leur mari.

Ce même jour, le comte de BERNARD, puis son épouse, sont arrêtés.

Le lendemain 21, ils arrêtent Guy MERCIER qui faisait une livraison à l’Hospice : il mourra en déportation.

Henriette à Ravensbruck :

Henriette FERME sera d'abord emprisonnée à Blois, puis à Compiégne.

Le 31 janvier 1944, avec la comtesse de BERNARD, Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ et tant d'autres, elle fera partie du tristement connu " convoi des 25 000 ", quasi exclusivement composé de femmes résistantes, à destination de Ravensbruck.

Elle sera ensuite transférée dans un camp en Tchécoslovaquie.

Elle sera libérée à la fin de la guerre.

Georges avec le maquis Nord-Indre :

FERME, alias "ANDRE",  avait rejoint le maquis " Nord-Indre:

Il fera ainsi partie du maquis qu'on appelait aussi PAULINE, nom dérivant de Pearl WITHERINGTON, appartenant au SOE.

Il y crée un corps franc.

Le quartier général est au Château des Ouches.

Sa fille Monique l'y rejoindra car sa vie n'était pas en sécurité à MONTRICHARD : son père est toujours recherché par les Allemands.

A la Libération, Georges FERME reprendra ses activités professionnelles.

Comme beaucoup de résistants, il refusera médailles et honneurs.

Il disait alors : " On n'a pas fait tout ça pour des médailles ".


L'Organisation de la Résistance Armée : l'ORA,

et

Les Forces Françaises de l'Intérieur : les FFI.

L'Organisation de la Résistance Armée : l'ORA
C'est une des composantes de la Résistance dont on parle peu.

Elle y assuma pourtant un rôle qui mérite d’être souligné.

En particulier dans le Loir et Cher.

 Le refus de la capitulation :

Un certain nombre d'officiers estiment que tout n'est pas perdu et qu'il est possible de poursuivre le combat : la flotte française est intacte et l'empire colonial est un point d'appui.

Dès la défaite, certains hauts militaires donnent des consignes discrètes pour cacher les armes.

Il en sera ainsi du général Louis COLSON dont le frère Etienne est propriétaire de Beauregard à Vineuil.

D'ailleurs, Il sera créé un service clandestin de camouflage du matériel, le CDM.

Des groupes, des réseaux d'officiers, agissent pour collecter des renseignements militaires.

A l'origine, ces militaires anti-Armistice, sont pour la plupart anti-gaullistes et soutiennent plutôt le général Giraud qui s'est installé en Afrique du Nord.

La création d'une organisation pour la lutte armée : 

L'invasion de la zone Sud leur fait passer un cap.

Ces militaires vont multiplier les contacts au sein de l'Armée d'Armistice dissoute et organiser leurs sympathisants en groupes pour les actions armées 

Ainsi, dans la région Centre, des groupes très engagés se constituent : la brigade Charles Martel dans l'Indre et dans l'Indre et  Loire ; le régiment du colonel Bertrand dans le Cher.

Cette priorité à la lutte armée explique pour partie leur proximité avec les FTPF.

Le Loir et Cher, en premier lieu la Vallée du Cher, sera une terre de recrutement avec la présence des vieilles familles de la noblesse aux vocations militaires.

VALIN de la VAISSIERE, Charles de CASSIN, un des fils de la ROCHE-AYMON, en sont des exemples.

Une des organisations fondatrices des FFI : 

L'ORA va être reconnue par le CFNL ( le Comité  Français  de Libération Nationale ) et les instances gaullistes.

Cela facilitera leur inclusion au sein des FFI.

Les membres de l'ORA formeront au maniement des armes et à la discipline militaire les jeunes recrues des maquis.

Ils constitueront dans le Loir et Cher un nombre important des responsables de ces unités combattantes.

La plupart seront réintégrés dans l'armée de métier à la Libération et poursuivront leur carrière.

 

L'ORA paiera un lourd tribut pour faits de Résistance.

Outre les morts au combat, elle comptera plus de 850 déportés dont ses principaux chefs nationaux.

Les Forces Françaises de l'Intérieur : les FFI.

Elles sont constituées le 29 décembre 1943.

Elles regroupent les différents mouvements armés de la Résistance Intérieure : l'Armée Secrète d'obédience gaulliste (qui par l'action de Jean MOULIN avait réunifié au sein des MUR, Combat, Libération Sud, etc.), l'ORA ( giraudiste), les FTPF ( mouvance communiste ), etc.

Elles relèvent d'une organisation nationale, régionale, départementale de type militaire et hiérarchisé.

Le Conseil National de la Résistance entend les  coordonner au travers du COMAC.

Mais de Gaulle veut faire de même dans le cadre du Gouvernement Français de Libération Nationale qui deviendra le Gouvernement Provisoire de Libération Nationale.

Les FFI prendront une part notable dans la Libération du territoire national et épauleront les troupes alliées.

Le Général EISENHOWER estimait que leur apport avait été l'équivalent de l'action de 15 divisions.

On estime le nombre des FFI à 100 000 en janvier 1944, 200 000 en juin et 400 000 en octobre.

A la Libération, 114 000 FFI seront intégrés à l'armée régulière, la plupart dans la 1re Armée du Maréchal de LATTRE de TASSIGNY.

Le Loir et Cher appartenait à la Région P 2 du Centre.

Comme ailleurs, la situation au sein des FFI fou Loir et Cher fut complexe, non exempte de rivalités entre ses composantes, entre les hommes.

Ainsi, en raison d'un désaccord sur la nomination du chef départemental des FFI, il y en eu deux dans notre département :

L'un pour la zone Nord du département, de LA VAISSIERE ( VALIN ),

L'autre pour la zone Sud, donc la notre, VESINE de la RUE                     ( DUFOUR ).



Le colonel VALIN, appartenant à l'ORA, résidait en Sologne. Il s’était formé à l'action clandestine aux côtés des FTPF et des maquis.

Les FTPF le soutenaient.

VALIN après la libération du département, créera un corps franc, composé pour l'essentiel de FFI du Loir et Cher et s'illustrera dans les batailles du Mur de l’Atlantique, plus particulièrement la « poche de Lorient »

Il sera assassiné à Auray ( 56 ), le 19 décembre 1944.

Pour notre zone, on relève parmi l'encadrement des FFI :

BERTHIN         Lieutenant Chef du groupe de Contres (Libé- Nord )
DEROUIN        Lieutenant Chef du secteur de Montrichard (l'ORA)
DURIEN           LIeutenant chef du secteur de St.Aignan ( l’ORA)
PAUMIER Alias FREDO.   Capitaine chef du maquis du Motheux et de St. Lhomer.     1er Bataillon FTPF dit Bataillon Jérome.        

       

Souvent on trouve les appellations FFI-FTPF, FFI-LibéNord, etc. indiquant l'organisation la plus importante composant tel ou tel groupe de FFI.

LES MAQUIS

Les Maquis : une nouvelle phase de la Résistance.

Leur apparition : fin 1942-début 1943.

Le maquis est à la fois un groupe et un lieu.

On les connait par leur nom géographique, par un nom propre, par un nom de personnage historique, etc.

C'est l afflux de jeunes qui fuient le STO et se réfugient dans des zones où ils peuvent se cacher qui conduit les chefs de la Résistance à organiser des maquis.

Certains maquis se créeront à l'été 1944, au moment de la Libération nationale.

Il très difficile d' en faire un inventaire précis car souvent ils naissent, disparaissent, réapparaissent, se regroupent, etc.

Ils sont situés dans des zones propices au camouflage.

Les bois, montagnes, zones marécageuses, les campagnes isolées sont les matrices des maquis.

D'où le nom de maquis par référence à ceux de Corse.

les maquisards portent presque tous un béret basque comme les hommes de l'époque, pour se banaliser.

Ils seront de petites communautés solidaires et égalitaires qui garderont des liens forts après la guerre.

Des questions nouvelles pour la Résistance :

Les motivations des maquisards sont diverses. 

Certains viennent surtout se cacher : une majorité de réfractaires au STO se réfugiera dans des fermes et y travailleront.

La plupart viennent pour se battre.

Il faut donc former tous ces jeunes et aussi les discipliner !

La Résistance créera d'ailleurs un Service National des Maquis.

Il sera souvent fait appel aux militaires résistants de l'ORA pour les encadrer.

Il faut aussi les habiller et les nourrir.

L'appui du monde rural fut important, voire décisif pour la vie des maquis, pour les ravitailler, les cacher, les transporter, et les renseigner.

La technique de la guérilla :

Plus encore que dans les phases antérieures de la Résistance, la mobilité des maquis est déterminante.

Ils s'organisent en petits groupes.

Ils évitent le choc frontal avec l'ennemi, privilégient les actions " coups de poing ", se replient vite et changent momentanément de lieu d'abri.

Être invisibles pour ne pas se faire repérer.

On l'a vu par ailleurs, il y a des désaccords au sein de la Résistance sur l'armement des maquis et sur leur rôle. 

La question tourne autour de : n'y a t-il pas un danger, en armant les maquis et en leur faisant assumer un rôle actif pour préparer la libération nationale, qu'en raison du grand nombre de FTPF en leur sein, ils ne poursuivent pas la lutte pour préparer la révolution tout court ?

Après le débarquement les Alliés, les services de la France Libre et la Résistance intérieure se mettront enfin d'accord : on armera les maquis pour en faire une force incontournable pour retarder l'acheminement des troupes allemandes vers le front de l'Atlantique, pour commencer à libérer le territoire national, pour déstabiliser au maximum la retraite des Allemands vers l’Allemagne.

Ce harcèlement permanent va provoquer chez les allemands insécurité et fureur qui pratiquera des représailles collectives comme à ORADOUR ou MAILLE, ou individuelles ( voir ci-contre pour notre zone les incendies et destructions à VINEUIL et aux limites de Monthou, à la SERRERIE ).

La lutte du maquis du VERCORS est entrée dans la légende nationale.

Il y eu bien d'autre maquis martyrs comme celui de SOUESMES, en Sologne.

Leur rendre justice :

Après la Libération, il s'est colporté des appréciations négatives sur les maquis et maquisards, dans notre zone comme ailleurs.

Certes, et surtout dans une période d'une telle complexité, il y a eu des maquisards de la dernière heure.

Certes, certains ont dû parfois utiliser des méthodes qui correspondaient à une situation, hors du commun.

Certes, certains ont pu abuser du pouvoir que donnent les armes et le vent de l'Histoire.

Mais, l'écrasante majorité d'entre eux, ont accompli loyalement leur engagement.

Ils payèrent les marchandises qu'ils se procuraient

Ils rendirent les voitures et camions empruntés aux particuliers.

Ils se battirent avec abnégation.

Ils libérèrent nos communes avant l'arrivée des troupes alliées.

Ils ne se livrèrent pas à une épuration non maîtrisée.

Le Loir et Cher et les départements limitrophes : une terre de maquis.

Notre région, on l'a vu, fut active dans la Résistance.

Les enjeux y étaient de taille avec la présence de la ligne de démarcation, d'usines d'armement depuis le siècle dernier.

Les souvenirs de la guerre de 14-18, et tout autant le souvenir de la grande peur des Prussiens en 1870-71, étaient vivaces.

A cela s'ajoute un sentiment patriotique profond.

Celui des traditions militaires de la vieille noblesse bien implantée encore

Celui du catholicisme social rapidement réfractaire à la collaboration et horreurs nazies

Celui des républicains héritiers du Front Populaire.

Celui de ces instituteurs," les hussards noirs "de la République.

Et celui si spécifique des " vignerons rouges" de la Vallée du Cher.

Il y eu donc de nombreux maquis.

Certains à cheval, voire inclus dans des départements limitrophes du Loiret, du Cher, de l'Indre ou Indre et Loire.

On trouvera ici l’épopée de celui qui nous concerne directement : le maquis de St. Lhomer.

Le maquis des bois de ST. LHOMER.


Le lieu dit de St.Lhomer est rattaché à la commune de Thenay.

Il se situe dans un quadrilatère délimité par Thenay, Sambin, Feings et Oisly.

Il associe plaine et bois, autour d'une ferme, aujourd'hui transformée en gite rural.

D'abord, un lieu de parachutages :

On a indiqué que le réseau "Adolphe " de Pierre CULIOLI, rattaché au SOE britannique, s'appuyait dans notre secteur sur des groupes, animés par d'anciens militants membres ou proches de la SFIO dissoute par Pétain.

Parmi eux, le groupe de Contres de Théo BERTIN, avec des ramifications à Pontlevoy, Bourré, etc.

Il y avait aussi le cercle des sympathisants qui donnaient des coups de main.

Et déjà des coopérations de résistance se nouaient avec les communistes, dans l'esprit du Front Populaire qui eut une forte résonance dans notre zone.

Les responsables du réseau Adolphe se réunissent chez Marcel THENOT à Pontlevoy, à Sassay au café de l'Hermitage, etc.

Les sources diffèrent sur le nombre de parachutages à St Lhomer.

Dans leur remarquable livre sur " la Résistance en Loir et Cher ", Lucien JARDEL et Raymond CASAS, résistants eux-mêmes, donnent les parachutages suivants :


10-4-1943 avec comme message " il a des lunettes à la la suite « .Mai  1943 avec comme message " la bicyclette du châtelain ne vaut rien " .

24-6- 1943 avec comme message  " le roi Pausole est toujours vivant " .

Dans ses archives personnelles données aux AD 41 ( 55 J 1-4 ),  J.MARTIN-DUMEZIL note lui un parachutage le 3-3-1943, auquel il attribue le message de celui du 10-4- 43 des auteurs ci-dessus.

Enfin, dans un article sur ce maquis dans la revue Résistances en Touraine ( hors-série n°2 ), Thierry VIVIER ne fait pas état d'un parachutage ni en mars ni en mai 1943 et attribue à celui du 10 avril le message " les pieds de cochon se mangent farcis " que JARDEL-CASAS donnent à un parachutage en mars à Chaumont-sur-Tharonne.

Un exemple caractéristique des imprécisions d'une période intense !

On est donc sûr pour deux parachutages :

Celui du 10 avril 1943 :

Avec l'arrivée de deux agents anglais du SOE : Benjamin COWBURN et son radio, porteurs de postes émetteurs pour la Résistance et de containers d'armes.

Le comité de réception,  dirigé par Théo BERTIN, avec de Marcel THENOT, du gendarme HUET, de Henri CHARTIER, Auguste CORDELET, Eugène PREVOST.

Ils abriteront les anglais dans la ferme de Théo BERTIN, " la maison rouge ", qui ensuite se rendront à Paris pour d'autres missions.

Celui du 24 juin 1944 :

En un an, l'organisation de la Résistance a changé.

Le réseau Adolphe  n'existe plus.

Mais l'action de groupes, d'individus s'est poursuivie.

Liberation-Nord s'est structurée.

Des résistants ont adhéré à d'autres réseaux. 

Et surtout les FTPF sont montés en puissance. Ils ne seront plus exclus de la distribution des armes.

Le débarquement a eu lieu. 

L'armée de PATTON approche de la Loire et les armées Allemandes ont amorcé leur repli.

Ce parachutage est très important : 7 tonnes d'armes.

Le comité de réception comprend les responsables de Libé-Nord et des PTPF, devenus tous membres des FFI.

Les armes seront " éclatées" c'est à dire réparties dans beaucoup de caches pour les rendre plus difficiles à trouver et pour les distribuer plus aisément aux maquisards.

Ainsi des témoignages que j'ai recueillis, on peut citer des acteurs directs de ce parachutage pour notre commune et sa périphérie qui ont donc reçu des armes comme les petits groupes FTPF des communes environnantes.

L’instituteur DRONNEAU de Vineuil qui ramena dans sa musette un parachute à camoufler et des armes. Léon DINOCHEAU des Trois Croix, qui aida au transport des armes. Bernard BESCHON  de la Verrerie qui en cacha dans un tas de bois. Louis CHALON de la Champlonniere ( et syndic de l'organisation officielle des agriculteurs) qui en cachait dans les bois. Sigismond DEPOND à la Serrerie qui, après l'atterrissage, a passé son tracteur à herse pour effacer les traces.

Puis, un lieu de maquis :

Le maquis de St.LHOMER se constitue dans la foulée de ce deuxième parachutage.

Il est constitué d' une trentaine d'hommes.

Certains résistants viennent du maquis de SOUESMES, dispersé après de rudes combats avec les Allemands comme Daniel CHEREAU, originaire de Pontlevoy.

Il est commandé par le capitaine FREDO, Max PAUMIER un ouvrier de VIERZON.

Il a pour adjoint deux lieutenants : FERRANDOU, venant de Versailles ( mais une famille d'ici) et de MARIDA de Mareuil.

Le maquis de St.LHOMER est une unité combattante des FFI.

Il bénéficie d'une solidarité très importante de la part des habitants qui assurent son ravitaillement.

Le seul vrai problème en ce domaine est le manque de tabac ! 

C'est le docteur DORION de Sambin qui soigne malades et blessés.

Il mène ses actions au plan local de juin à octobre 1944.

Comme pour la plupart de ces unités, le maquis harcèle leS Allemands.

Il attaque des convois comme le 7 juillet, le 12 juillet, le 15 et le 20 août. 

Il intensifie les sabotages sur la ligne de chemin de fer et le long de la RN 76.

Enfin, c'est à deux jeunes FTPF du maquis de ST. Lhomer que sera confiée la mission d'aller chercher en zone Sud un certain " cousin Paul " et de le ramener au maquis.

Ce cousin Paul était le futur préfet de l'Indre et Loire VIVIER qui venait d'être nommé par le gouvernement provisoire.

Enfin , une unité régulière de l'armée de Libération :

Le maquis de St. Lhomer va devenir la 6e compagnie dans le corps franc de VASLIN DE LA VAISSIERE ou CFAVV.

Cette compagnie est constituée de jeunes maquisards volontaires de Sambin, Thenay, Ponlevoy, Chémery, Sassay, etc.

Elle combattra les troupes allemandes dans la Poche de Lorient.

Les autres maquisards seront démobilisé et rejoindront leurs villages.

LE DÉPART

Le départ des Allemands de Monthou

Un départ brutal et rapide mais impossible à dater pour toutes les communes :

Il n'a pas été possible d'avoir une idée précise du nombre d'Allemands stationnant encore à Monthou et dans les communes environnantes dans les dernières semaines.

Il y en avait plus à Bourré en raison du stockage des matériels et munitions dans les caves de VALLAGON, avec la présence de l'organisation TODD ( une structure spécialisée pour les chantiers et usines nécessaires à l'économie de guerre allemande).

Il n'a pas été possible, non plus, de dater avec exactitude le départ des Allemands de Monthou.

Tous les témoignages recueillis concordent : ce fut un départ brutal et rapide.

Ils ont la plupart du temps laissé tout ce qu'ils ne pouvaient pas emporter vite.

Ils partaient sur tout ce qui pouvait rouler.

Plusieurs témoignages décrivent ces soldats "piquant " les bicyclettes des habitants pour fuir dessus ou ces bicyclettes s'accrochant à un de leurs camions.

Les maquisards multiplient les sabotages et les attaques de convois à partir de début août.

Les maquis  ont reçu le 8 août, l'ordre des Autorités de Londres de tenir à tout prix la ligne de la Loire et du Cher.


L'agenda des derniers jours :

Le 11 août, VENDOME est libéré. Mais les troupes américaines annoncées, tardent à arriver.

Vers le 15 août, il est se précise que les Allemands se préparent à partir. Les services de l'Etat- major ont quitté TOURS dès le 10.

Le 11 août, c'est l'attaque des train notamment en gare de Bourré ( voir ci-contre)

Le  11 août, c'est aussi, le bombardement du dépôt d'essence de la forêt de MONTRICHARD ( voir ci-contre).

Le 16, c'est la libération de Blois. Tout le nord du département est libéré.

Le 19, Allemands reçoivent ordre de se replier.

Le 20, ils évacuent ROMORANTIN mais reviennent pour des représailles le 22.

Le 20, ils font sauter une partie des caves de VALLAGON. 

Le 20, le major LESTZUS et ses troupes quittent MONTRICHARD mais il reste des Allemands.

Le 20, exécution du résistant Olivier DOUSSAINT, dans la forêt de Montichard.

Le 22, incendie de la maison de Raymond SAMSON à la Serrerie.

Le 25, les Allemands sont encore à Thésée où des maquisards interpellent des " douaniers ".

Le 26, incendie de la maison des LEDET à Vineuil.

Le 27, une unité de FFI a interpellé 5 Allemands au pont de Thésée.

Le 27, exécution de Pierre CHAUSSARD à Pontlevoy.

Le 31, départ des Allemands de PONTLEVOY.

Le 31, exactions allemandes à MAREUIL.

Le 31, départ des derniers Allemands de Pontlevoy. Ils brûlent des bâtiments de l'Abbaye.

Le 1er septembre, les Allemands quittent Tours.

Le 2 septembre, ils quittent Montrichard sans avoir pu faire sauter le pont. Un jeune FFF tué.

Le 3, est la date retenue pour le départ des derniers allemands du sud du département.

Le 3, le maquis de St. Lhomer a libéré Thenay, Sambin, Sassay, etc.

Le 5, c’est la libération officielle de Montrichard.

On ignore la date exacte pour Monthou mais elle se situe entre le 30 août et le 3 septembre.

Le « nettoyage de la vallée du Cher »  :

Du 1er au 12 septembre, ordre est donné à la Résistance de " nettoyer " la Vallée du Cher des éventuelles poches de résistances ou des soldats allemands cachés ou habillés en civil, ainsi que la neutralisation des miliciens.

Trois bataillons de FFI ( Judes, Verrier, Écharde ) y sont affectés.

Les troupes américaines arrivent à Montrichard le 8 septembre 1944.

La guerre n'est pas pour autant terminée.

Une nouvelle administration se met en place.

11 Août 1944 : le bombardement de la gare de Bourré par les Alliés.

La fin est proche pour les troupes allemandes :

La ligne SNCF Tours-Vierzon est stratégique pour opérer leur repli.

La Résistance multiplie les sabotages sur cette ligne.

Les Allemands avaient deux ou trois trains garés en permanence sous le tunnel entre Montrichard et Bourré.

Les cheminots guettaient les mouvements de trains pour pouvoir en informer les résistants, qui à leur tour pouvaient informer les Alliés. 

Il suffisait d'une petite demi-heure pour que l'aviation alliée puisse intervenir.


C est ainsi que le 11 août 1944, les cheminots de Bourré : DUPUIS, MILLET et GALLIER sont avertis par par l'agent régulateur de Tours qu'un train partira de Montrichard à 11h10. 

Un cheminot de Thésée confirme à DUPUIS qu'un train va bientôt passer.

Mr. DUPUIS avertit Mr.RENARD, du Café du Cher qui passe, sur le champ, l'information à la Résistance.

A 11h 20, le train entre en gare de Bourré : les wagons de marchandises sont remplis de soldats allemands.

A 11h 30, Mr. DUPUIS siffle le départ du train et constate qu'aussitôt les soldats allemands sautent du train.

Il regarde le ciel et voit un avion qui commence à larguer des bombes ! 

Il a juste le temps de se réfugier en face dans une cave. Il entend l'intensité du bombardement.

Il était 11h 34 : l'aiguille de l'horloge de la gare s'est bloquée !


Les dégâts et victimes seront nombreux :

57 morts allemands. 

Certains seront enterrés dans le Cimetière de Bourré puis transférés en Allemagne. 

De très nombreux blessés sont évacués par camions.

11 août 1944 : Le bombardement du dépôt d'essence de la Forêt de Montrichard.

Un pigeon voyageur messager :

Dès le printemps 1943, des membres du réseau Adolphe avaient signalé à Londres que les Allemands commençaient à stocker d'importantes quantités d'essence dans un dépôt situé dans la forêt de Montrichard.

Dans la nuit du 4 au 5 août, un pigeon voyageur, en provenance de Grande-Bretagne, bagué : 

2 907 NORP 42, se pose dans le jardin de la famille GERMAIN, à Montrichard.

Mr. GERMAIN avait fait un plan du dépôt.

Le 5 à 12 h, il renvoie le pigeon porteur du plan.

Le 5 au soir, une bombe est larguée sur le tunnel.

Mais le 11, vingt chasseurs anglais bombardent le dépôt.

Le 12, une vingtaine d' avions, américains cette fois, achèvent la destruction.

Le lien a donc été opéré entre l'affaire du pigeon voyageur et les bombardements.

C'est cette thèse qui a été retenue.

Et si c'était les panzers cachés qui étaient la cible principale ?

Le témoignage de Michel DELALANDE, ancien maire de BOURRÉ, revisite cette thèse.

Son grand-père, Octave DELALANDE, qui avait une vigne à Pontlevoy, s'y rendait en passant par "l'allée ferrée " dans la forêt de Montrichard.

Il a vu, peu avant le bombardement, plus d'une centaine de panzers cachés.

De jeunes FFI qui portaient des maillots bleu, blanc, rouge, venaient juste de passer.

Son grand-père était convaincu que c'étaient les panzers qu'étaient venus bombarder les Alliés et que les bombes avaient aussi atteint le dépôt.

Il y eu de très nombreux allemands tués. 

Il fallut réquisitionner des tombereaux pour les évacuer.

Le reflux des troupes allemandes. 

Les représailles contre la maison de la famille LEDET à Vineuil.

Un exemple de la répression allemande :

Raymond SAMSON FTPF et maquisard de ST.LHOMER.

19 août 1944 : HITLER ordonne le repli à une partie de la Wehrmacht.

C'est le 19 août 1944, qu'HITLER donne l'ordre aux troupes allemandes stationnées dans le Sud-Est et le Centre-Ouest, de se replier pour rejoindre l'Allemagne et y défendre le territoire national, face à l'avancée des troupes Alliées.

C'est l'opération " HERBSTREITLOSE ".

Plusieurs colonnes de troupes vont remonter sur le Cher et la Loire pour se diriger ensuite vers Nevers, Dijon, Belfort, etc.

Parmi ces colonnes, la fameuse colonne ELSTER : les maquis du NORD-INDRE, du CHER, etc. la combattront avec succès et obtiendront sa reddition.

Elles ont aussi pour mission de détruire un maximum de maquis, de débusquer les " terroristes ".

Ce sont ces troupes en repli, harcelées par la Résistance et aux abois, qui vont commettre des crimes atroces, pratiquer des représailles, assassiner les civils pris en otages, détruire bâtiments, maisons et fermes.

On connaît les horreurs perpétrées à TULLE, ORADOUR, MAILLE, etc.

Et la sinistre division DAS REICH.

Dans le 41, il y aura entre autres, le massacre de MONTS près LES CHAMBORD.

26 août 1944 ,incendie de la maison de Mr. LEDET :


PARIS vient d'être libérée le 24.

C'est maintenant la débâcle des armées allemandes qui partent par tous les moyens de transports possibles.

Il est 9h30, ce 26 août.

Un camion de miliciens précède des troupes allemandes en camion, sur la nationale 76, en direction de Thésée. Ils arrivent à la hauteur du village de VINEUIL.

Les miliciens voient un avion anglais volant assez bas ( les avions alliés utilisaient les aéroports dans l'Indre ) et tirent dessus.

Des éclats retombent sur les camions allemands.

Ceux-ci croient à une attaque de " terroristes " et enferment les personnes présentes ( des membres de la famille LEDET-CHIPPAULT ) dans les écuries de leur maison.

Ils sont très menaçants et tirent en direction du coteau.

Le maire de MONTHOU, PARIS, qui habite tout près, arrive en courant, ceint de son écharpe tricolore.

Il parlemente avec les Allemands qui n'exécuteront personne, mais incendient la maison et les bâtiments, alors que les gens sont toujours enfermés. Ils seront sauvés.

Les allemands resteront encore plusieurs heures en positionnant des mitraillettes car ils croient toujours que les maquisards sont en embuscade.

Les habitants de Vineuil seront convaincus ( et le sont toujours ) que, sans l'intervention du maire, les allemands auraient pratiqué des représailles sur toute la population de VINEUIL.

Un adolescent de 12 ans à l'époque, Roland MERCIER livrait le pain en triporteur  et fut témoin des événements. Il parvint à se cacher dans la cave des LEDET. 

Il témoigna par écrit de tout ce qu'il avait vu :  document aimablement communiqué par Mr. de BELDER.


Raymond SAMSON est né à Thenay, le 16 juin 1916.

Il est viticulteur.

Il est marié et père de deux enfants.

Il habite la Serrerie sur Thenay, aux limites de Monthou.


Un résistant très impliqué :

Comme plusieurs membres de sa famille, il est engagé très à gauche.

En janvier 1942, il est contacté par André LEMERLE de St. Georges, qui est un responsable du PC clandestin 

Il participe aux actions de ce groupe, bientôt FTPF, dirigé par le colonel DELAUNAY de Civray.

Il crée, début1942, le groupe de résistants de THENAY.

Il héberge des réfractaires, distribue des tracts clandestins, participe aux sabotages, etc.

Il organise et participe au parachutage de ST. LHOMER du 24 juin et devient un actif membre de ce maquis.

Il est nommé sous-lieutenant FFI, commandant la 3e section du 1er Bataillon, sous les ordres du capitaine PAUMIER.

Il a participé à la plupart des actions du maquis.

Il a contribué à la mise en place du petit maquis du BOIS-MINHY à Sassay, dépendant de celui de St.LHOMER.

Raymond SAMSON, avec sa section, participe à la libération Chitenay, Feings, Thenay, Oisly, Sassay.

Il est démobilisé le 19 septembre, date retenue comme la fin de la présence de l'occupant dans notre région.

Un survivant de la répression :

Dans l'été 1944, l'étau se resserre sur les Allemands.

Les maquis sont de plus en plus actifs et audacieux.

Les Allemands, eux, sont de plus en plus portés aux violences et aux représailles.

Le 22 aout 1944, au matin, d'importantes forces allemandes se déploient le long de la route de Monthou à Thenay, de la hauteur des Landes à la Serrerie, soit plusieurs centaines de mètres.

Elles occupent la ferme de Raymond SANSON.

C est lui qu'elles cherchent.

Il a dû être dénoncé.

Car les allemands veulent lui faire avouer l'existence du maquis et sa localisation.

Raymond SANSON est durement tabassé.

La scène se passe devant sa femme et son jeune fils.

Il se tait. Malgré les coups et la peur que les Allemands ne s'en prennent à sa famille.

Excédés, les Allemands décident de l'exécuter.

Ils le font sortir dans la cour et sont en train de placer deux soldats pour le mettre en joue et le fusiller.

Un réflexe fulgurant. Il met à profit ces quelques secondes pour donner un coup à un des allemands et le faire tomber.

Le temps de sauter dans les "épines" derrière lui, de dételer, de se cacher.

Il est 8h30.

Les Allemands, en rage, mettent le feu à sa ferme.

Tout sera détruit et la maison de son voisin brûlera aussi.

Ces représailles ont marqué les esprits comme les témoignages recueillis en attestent.

Raymond SANSON est titulaire de la Carte de Combattant Volontaire de la Résistance, car il en remplit les conditions de nature des actions et de durée dans la Résistance.

Il a reçu en 1949, la médaille commémorative de la guerre 39-45.

Les exactions allemandes :

la maison des PEGUET à Bourré.

Les Allemands refluent sur la nationale 76, en direction de Thésée. 

Un camion rempli de soldats vient de traverser Bourré.

Arrivés à la hauteur de la maison de la famille PEGUET, ils voient à proximité un camion allemand aux roues crevées et des fils qui pendent du toit de la maison.

Ils doivent imaginer la présence de résistants et d'un poste émetteur.

Ils rassemblent manu militari une vingtaine de personnes présentes dans les maisons environnantes. 

De toute évidence, raconteront les témoins, les Allemands ont l'intention de les fusiller.

La mitrailleuse est mise en batterie, les otages placés en face, de l'autre côté de la route.

Ils en sortent un du lot.

Cette personne a le réflexe de courir vers le Cher tout proche et de se jeter à l'eau. 

Les balles ne l'atteindront pas.

A ce moment là, arrive un autre camion avec des officiers. 

L’un d'eux " engueule " les soldats, les fait remonter dans leur camion et tout le monde repart.

Cet officier estimait peut-être que c'était fini pour le Reich et que ce type d'exactions devenait inutiles ?

Mais les soldats avaient déjà mis le feu à la maison des PEGUET.

Une photo sera prise quelques jours plus tard avec une partie des présents de ce qui faillit être une terrible exaction des Allemands en débâcle.

LA LIBÉRATION.

Le 8 Mai 1945, le jour de la Libération

                              

Les cloches à toute volée…. 

Des gamins dans le clocher :

La population savait que la proclamation de la fin de la guerre était proche. 

Elle s'y préparait.

Femmes et jeunes filles tricotaient des chaussettes bleu-blanc-rouge, cousaient avec les moyens du bord, en raison des restrictions en tissus, des drapeaux tricolores.

Certains montholiens ont appris la reddition allemande à Reims le 7 et le 8 à Berlin, par la radio. Peu de monde en possédait une, comme peu de monde aussi disposait d'un appareil photo.

Puis, tous l'ont appris par les cloches sonnant à toute volée, presque toute la journée.

A Monthou, ce sera Marcellin TEMPLIER, le beau-frère de Madame Flora TEMPLIER, une de nos doyennes, qui sonne les cloches pour la Libération. 

D'habitude, c'était la famille SEGRETAIN qui assumait cette fonction.

Des gamins ( Michel DANGER, Jean-Marie DOUCET, etc.) passeront une partie de la journée dans le clocher.

...la fête mais ......

Un bal va être improvisé dans la salle au-dessus de l'épicerie-tabac des MAITRE qui durera toute la nuit.

Les habitants organisent des repas et se rassemblent en famille, avec les voisins, par affinité de pensée aussi.

On sort les bonnes bouteilles.

Ces manifestations de joie et les festivités, se poursuivront notamment chez les jeunes qui ont été sevrés de divertissements et condamnés aux bals clandestins pendant toute l'occupation. 


... avec de la gravité :

Les témoignages indiquent le soulagement des gens, la joie d'un retour vers une vie normale, mais  aussi une sorte de gravité, voire une retenue.

On va assister à une certaine " loi du silence ". 

La modestie des résistants qui, presque tous, garderont pour eux leurs activités clandestines.

L’envie d'oublier les souffrances et les restrictions.

La peine des familles des prisonniers qui ne sont pas tous rentrés. 

Le souvenir des déportés, des exécutés, des torturés…

…Et on commence à savoir ce que découvrent les armées alliées libérant les camps de concentration.

Une administration provisoire pour assurer la transition institutionnelle.

Un immense travail de reconstruction :

Le gouvernement provisoire de la France durera du 3 septembre 1944, après la fin du régime de Vichy, jusqu'au 27 octobre 1946, jour de la proclamation de la Constitution de 1946 qui met en place les institutions de la 4e République.

Ce GPRF accomplira une œuvre immense en réalisant toutes les grandes réformes de la Libération qu'avait élaborées le Conseil National de la Résistance 

( CNR ).

Dès le 21 avril 1944, une ordonnance avait prévu ce que serait l'organisation des pouvoirs publics à la Libération.

Et le 9 août, une ordonnance abroge toutes les décisions et institutions du régime de Vichy. 

Celui-ci est considéré comme une parenthèse nulle et non avenue.

Deux structures avaient unifié la Résistance :

Une structure militaire, les FFI.

Une structure civile les Comités de Libération, notamment au niveau départemental et local.

Ces comités vont épauler les nouveaux pouvoirs préfectoraux. 

Comme pour la composition des nouvelles municipalités. 

Comme pour la constitution des dossiers de l'épuration. 

Comme pour concourir aux services au plus près des besoins de la population ( ravitaillement, transports, etc)

Le CDL du Loir et Cher est dirigé par l'ancien député Robert MAUGER, actif résistant.

Il y a un CLL à Montrichard.

Les nouvelles municipalités :

La nouvelle législation avait établie que les conseils municipaux élus au 1 septembre 1939 ( donc juste à la veille de la guerre ) seraient rétablis dans leurs fonctions.

Les maires et conseillers municipaux désignés par le régime de Vichy seraient révoqués.

Comme ceux ayant collaboré avec l'occupant ou professant des convictions pétainistes.

Les morts ou démissionnaires seraient remplacés par des citoyens soutenant l'esprit de la Résistance.

A Monthou, c'est un arrêté du 2 octobre qui nomme le nouveau conseil municipal..

Celui-ci est installé le 8 octobre 1944.

Il comprend donc d'anciens membres et des nouveaux.

L'ancien maire n'y figure pas. 

Son soutien au régime de Vichy et son attitude à l'égard de l'occupant, ont traversé ces 70 ans et sont très présents encore dans les témoignages.

L'ancien maire n'y figure pas. 

Son soutien au régime de Vichy et son attitude à l'égard de l'occupant, ont traversé ces 70 ans et sont très présents encore dans les témoignages.

A Monthou : un nouveau maire.

Le nouveau conseil municipal est majoritairement composé de membres se situant très à gauche.

HERBELIN Édouard, nouveau maire.
BEAUVAIS Célestin, 2e adjoint.
LEMOINE Jacques
GOLLIARD Georges
MAURICE René ( il est encore prisonnier )
JOUSSELIN René
CHOTTIN Valentin
ROSSET Louis
DESLOGES Romain
HARRAULT Marcel, 1er adjoint.

Ce conseil municipal demeurera en place jusqu'aux élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945 qui verront les femmes exercer le droit de vote pour la première fois.

A la Libération, un cas d'épuration à Monthou :

Cette famille n'a plus de descendance.

La plupart des Anciens connaissent cette affaire qui fut aussi relatée dans la presse de l'époque.

J'ai donc pris la décision de parler du cas de Jeanne LOUET.

La mise en place de juridictions d'exception :

Elles vont être mises en place pour juger les actes de collaboration avec les occupants allemands.

L'ordonnance du 26 juin 1944 crée les Cours de Justice qui siègent dans les villes où il y a une cour dAppel.

Une est installée à Blois.

L'ordonnance du 26 août 1944 institue des peines complémentaires à celles des Cours de Justice : l'indignité nationale, la dégradation nationale, l'interdiction de séjour qui relèvent des Chambres Civiques 

L'ordonnance du 30 septembre 1944 crée à son tour les Chambres Civiques. Ce sont des sections spécialisées de la cour de Justice.

Enfin en amont,  des Commissions de Criblage, composées de membres fonctionnaires et de membres reconnus pour leurs actions de Résistance, procèdent à l'examen des cas de collaboration portés à leur connaissance, font le tri entre ce qui leur apparaît fondé et ce qui leur semble le fruit de ragots, vengeances personnelles, de règlements de compte partisans.

Ils font faire des enquêtes par la gendarmerie, recueillent des témoignages, etc.

Ils transmettent les dossiers retenus avec leurs proposition ( de sanctions éventuelles ou de classement sans suite ) à un procureur spécial désigné à cet effet.

A son tour, le procureur transmet les dossiers soit à la Cour de Justice pour les cas les plus graves, soit à la Chambre Civique.

Les deux juridictions peuvent demander des compléments d'enquêtes, faire placer en détention préventive les suspects.

Puis, c'est un procès public.

Ces juridictions d'exception seront supprimées en 1949.

Le Loir et Cher ne connaîtra qu'une épuration modérée.

La Commission de Criblage protesta d'ailleurs sur la faiblesse, selon elle, de beaucoup des sanctions des deux juridictions, notamment à l'égard des notables et des anciens responsables du régime de Vichy.

Il ne faut pas oublier que notre département s'était plutôt caractérisé par une implication soutenue dans les actions de Résistance, notamment avec l'existence de la ligne de démarcation. 

L'affaire Jeanne LOUET :

Jeanne Marie Octavie LOUET est née à Monthou, le 30 juin 1905.

Elle est la fille de Léon LOUET, sabotier à Monthou et de NOTTIN Maria Ernestine  Aurelie.

Son père sera tué à la guerre de 1914-18.

En qualité de veuve de guerre, sa mère obtiendra la recette buraliste de Monthou.

Jeanne LOUET était célibataire et vit avec sa mère.

Elle a donc 34 ans à la déclaration de la guerre.

Les témoignages recueillis dressent un portrait peu amène du personnage.

Elle ne cache pas son adhésion à la collaboration avec les Allemands et sa sympathie pour l'idéologie nazie.

Elle a, en reprenant l'expression de plusieurs témoins, " une langue de vipère ".

La plupart des gens, de toutes opinions, la considéraient comme dangereuse et se méfiaient d' elle.

A la Libération, elle sera accusée d'avoir " donné " aux Allemand des noms d'habitants de Monthou comme étant des sympathisants communistes ou/et des résistants.

Sa défense constituera à expliquer qu'il s'agissait de vengeance de la part d'un homme " n'ayant porté le brassard de FFI que pendant 4 jours" qui voulait avoir des rapports sexuels avec elle et qu'elle avait dû vivement repousser ou d'un autre qui l'avait, dit-elle, injustement accusée de vendre aux Allemands une partie des rations de tabac réservées aux français.

Le procureur, suivant les recommandations de la Commission de Criblage, prononcera la mise en détention de Jeanne LOUET, d'abord à la prison de Blois, puis au camp d'internement de Pithiviers.

Elle fera plusieurs demandes de libération en raison de son état de santé. Elle devait être atteinte de tuberculose.

Elle sera autorisée à revenir à Monthou le 8 février 1945 et placée en résidence surveillée en attendant son procès.

Son procès a lieu à Bloîs, le 26 juin 1945 : elle est condamnée à six mois de prison, 5000 francs d'amende, 15 ans de dégradation nationale, et 10 ans d'interdiction de séjour dans le Loir et Cher et les départements limitrophes.

Elle avait déjà quitté Monthou et travaillait comme lingère dans un hôtel de Vichy.

Elle demandera, en Octobre 1945, à séjourner à Monthou pour régler des affaires personnelles. 

Le Préfet le lui refusera car ses sanctions étaient des " décisions judiciaires ».

Plusieurs lois d'amnistie seront décidées : du 16 aout 1947, du 5 janvier 1951, du 6 aout 1953.

J'ignore si Jeanne LOUET est revenue, de passage, à Monthou.

Nul ne semble l'avoir revue.

Elle s'est éteinte à Moulins, dans l'Allier, le 19 mars 1990, à 85 ans.