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L’épuration à Monthou-sur-Cher

Avant-propos :


La période de la Libération et « l’épuration » ont longtemps étaient jugées tabou, reflet d’années tragiques avec tellement de zones grises ou noires que la mémoire collective voulait les oublier.

Comme la mémoire des résistants ou des déportés avaient enfoui en eux toutes ces années.

Les premiers, parce qu’ils considéraient n’avoir fait que leur devoir ; les seconds, parce que leurs souvenirs étaient trop atroces, générant parfois l’incrédulité de ceux qui n’avaient pas subi l’enfer des camps.

Pourtant, cette période appartient à notre histoire nationale.

Il faut la regarder en face.

Depuis ces dernières années, le gouvernement a raccourci les délais d’ouverture des archives de l’épuration à la consultation publique.

Elles sont donc la base de cette étude. Les témoignages des Anciens que j’ai recueillis au fil des ans et recoupé entre eux pour assoir leur fiabilité, les ont enrichi.

J’ai volontairement censuré le nom des personnes mises en cause, susceptibles d’avoir une descendance directe ou collatérale ( ce qui n’est pas le cas de Jeanne Louet ), sauf s’il s’agit d’un personnage ayant exercé des fonctions publiques.´


Le processus de l’épuration


Le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF) met en place un système d’épuration pour sanctionner les faits de collaboration.

L’épuration officielle fut précédée durant la phase de la libération du territoire national ( de juin à début septembre 1944) par ce qu’on a nommé « l’épuration sauvage » : celle d’exécutions sommaires de collaborateurs et de dénonciateurs, par des organisations de la Résistance.

L’épuration légale comprend elle deux phases, corrélées entre elles :

  - Une procédure d’épuration administrative sous l’autorité du Préfet.

Il peut faire procéder à des enquêtes sur les cas signalés, ordonner des arrestations, assigner les prévenus à la résidence surveillée, les interner dans un camp spécialisé à cet effet, les traduire en justice, les libérer.

Une Commission de Criblage examine en amont les cas dont elle est saisie.

Elle émet un avis sur la suite à donner.

  - Un mécanisme d’épuration judiciaire.

L’ordonnance du 26 juin 1944 crée les Cours de Justices qui connaîtront des actes les plus graves.

Celle du 26 août 1944 crée les Chambres Civiques au sein des Cours de Justice et l’incrimination spécifique de l’indignité nationale qu’elles sont chargées de prononcer.

La Cour de ces deux tribunaux était constituée par un Président assisté de quatre jurés, tirés au sort dans une liste de membres dont on s’était assuré du comportement durant l’Occupation et généralement proposés par des organisations de la Résistance.

Un Commissaire du Gouvernement assurait les fonctions de l’accusation.

On ne pouvait faire appel de leurs jugements, sinon pour se pourvoir en Cassation.

Dans le Loir et Cher, selon les travaux de Bernard Lefresne : 2921 personnes ont été concernées par l’épuration à des titres divers (1978 hommes et 943 femmes) dont 772 ont été traduites devant la Chambre Civique ou la Cour de Justice.

Car l’épuration concernera toutes les professions et les divers secteurs de la vie économique.

Les organisations de résistants, les Comités de Libération, la presse résistante dénonceront régulièrement les lenteurs de la mise en œuvre de l’épuration et surtout la clémence excessive à l’égard de nombre de collaborateurs.


Le Comité de Libération de Monthou-sur-Cher


Comme les communes limitrophes, Monthou a dû être libérée entre le 31 août et le 3 septembre 1944.

Les Allemands ont quitté nos communes précipitamment et en laissant tout sur place.

Un Comité de Libération de Monthou s’installe immédiatement.

C’est lui qui va assurer la transition entre les institutions locales héritées du gouvernement de Vichy et les nouvelles qui seront peu à peu mises en place à partir d’octobre 1944.


Ce comité était composé de 8 membres, quasiment tous issus des FFI locaux, dans leur majorité pour notre secteur liés aux FTPF et à la mouvance du Front National de sensibilisé communiste mais qui rassemblait des gens de toutes opinions car il était ressenti comme une organisation très sérieuse et active de la Résistance.

Pour la plupart, ils avaient participé au parachutage du 24 juin 1944 à St. Lhomer, entre Thenay et Sambin, ainsi qu’à la répartition, l’éparpillement et la cache des sept tonnes d’armes.

Il est présidé par Louis Chalon, gaulliste, agriculteur à la Champlonnière. Il était le responsable de la structure professionnelle paysanne de Vichy qui lui avait servi de couverture pour organiser la solidarité entre ses collègues et avec la population ainsi que pour saboter les livraisons hebdomadaires de produits agricoles aux Allemands.

Il faut aussi y noter la présence de Robert Droneau, instituteur syndicaliste et communiste à Vineuil, qui tirera en 1943, dans la cave de l’école, le premier numéro de « L’Ecole et la Libération », organe clandestin du Syndicat des Instituteurs, reconstitué autour de Marcel Bisault et Paul Berthereau. (1)

Dans ce Comité, deux noms que nous allons retrouver : Gabriel Maître et Louis Giraudon.

Le Comité de Libération, à Monthou, comme ailleurs, a été un maillon de la politique d’épuration.


Le contexte passionnel de l’époque

Il faut avoir à l’esprit ce contexte particulier de la période.

Certes, Monthou n’a pas connu de drame majeur lié à l’Occupation : ni arrestations durables, ni déportations, ni détentions d’otages.

Mais la population sort de près de cinq ans de privations, humiliations, peurs.

Elle a pratiqué une résistance diffuse, presque souterraine mais bien présente : un nombre important de « passeurs » bénévoles de la Ligne de la Ligne de Démarcation, la cache de plusieurs soldats et aviateurs anglais, le refus de presque tous ses jeunes de partir au STO, les participations individuelles à des réseaux de Résistance.

La majorité des habitants qui a gardé vivace le souvenir effrayé des Prussiens arrivés jusqu’à Chambord en 1870 et les horreurs des tranchées de la Grande Guerre, qui est majoritairement républicaine et laïque, a été dès le début de la guerre, « anti-boches ».

Les 42 prisonniers de guerre de la commune ne sont toujours pas rentrés.

L’heure des comptes est donc arrivée vis à vis de ceux et celles accusés ou soupçonnés d’avoir eu des sympathies pro-allemandes et/ou d’avoir collaboré avec eux.

Ils et elles vont faire l’objet de plaintes et dénonciations.

On y notera la sensibilité de l’opinion publique sur le thème des rapports femmes/Allemands, vécu comme une trahison intime de la nation dans la souffrance et de maris souvent prisonniers de guerre, traduisant aussi des stéréotypes encore très ancrés sur l’’attitude des femmes en temps de guerre déjà observés lors de la précédente guerre.

 


Quatre dossiers classés sans suite….

L’enjeu de cette épuration locale sera de pouvoir prouver ces accusations. Ce qui se révélera dans plusieurs cas impossible, laissant donc place au doute sur la véracité des faits et leurs vrais mobiles et renvoyant tout un chacun à son « intime conviction ».


Soupçon d’appartenance à un parti collaborationniste

A la mi-septembre 1944, le Préfet demande à la gendarmerie de Montrichard d’enquêter sur « les agissements anti-français » de René Paris et notamment s’il a appartenu au RNP. (2)

Dans le cadre de la réforme des municipalités menée à l’automne 1940, le maire estampillé « radical-socialiste », le vigneron Anatole Labbé, avait été « démissionné » et remplacé le 24 février 1941 par René Paris qui était le 2e adjoint. C’était un champignonniste de Vineuil aux idées favorables à Vichy et aux Allemands.

Le 27 septembre 1944, les gendarmes interrogent l’intéressé et les témoins.

René Paris nie catégoriquement avoir appartenu au RNP.

Pourtant « j’ai à plusieurs reprises été sollicité de donner mon adhésion à ce parti ». Il se justifie en expliquant qu’en « qualité de maire de Monthou, j’ai eu souvent à entrer en relation avec les autorités allemandes d’Occupation ; surtout que le Feldkommandant de Blois avait sa résidence à Vineuil, territoire de ma commune et distante de chez moi de 80 mètres ». La villa Beauregard servait effectivement de lieu de repos et loisirs aux dignitaires allemands de Blois : on y festoyait allègrement, se remémorent les Anciens !

Un témoin jugera qu’il « a comme maire été placé entre l’enclume et le marteau ».

Un autre soulignera « qu’il avait peut-être un peu peur du bolchevisme en France. En tout cas, c’est un partisan de l’ordre…».

Les gendarmes rapportent que tous les autres témoins interrogés ont déclaré « que Mr. Paris avait fait tout son possible pour éviter à la population de sa commune bien des réquisitions imposées par l’autorité occupante » et ils constateront qu’il « n’a pas été possible de savoir s’il faisait partie du RNP ».

Un arrêté préfectoral du 2 octobre 1944 nomme un nouveau conseil municipal : René Paris n’en fait plus partie.

Le 8 octobre 1944, le conseil municipal est installé et élit comme maire, Edouard Herbelin, un vigneron socialiste.

Ce conseil demeurera en place jusqu’aux élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945 qui verront les femmes voter pour la première fois.

Mais, pour l’heure, le dossier « épuration » de René Paris est classé sans suite par le Préfet.


Plainte pour dénonciations par des voisins

Le 15 mars 1945, Auguste Cyr saisit le Comité de Libération.

Il porte plainte contre un couple de voisins. Il les accusent de les avoir dénoncés à la gendarmerie de Montrichard, lui et sa femme, pour avoir caché pendant quatre jours deux aviateurs anglais à qui ils ont ensuite fait passer la Ligne de Démarcation. Le fils Cyr a fait aussi passer la Ligne à trois prisonniers de guerre évadés.

Les gendarmes Pinault et Pierre de Montrichard ( qui étaient du côté de la Résistance ) étaient venus les avertir de surtout « cacher ce que les Anglais nous avait fait de confidences ».

Il se dit fier de sa famille qui « a sauvé des camarades français et anglais ».

Le 17 mars, c’est au tour de Olivier Carré de saisir le Comité pour une autre plainte contre le même couple accusé d’avoir dénoncé aux Allemands qu’il possédait deux fusils. (3)

Deux gendarmes allemand, accompagnés du garde champêtre, étaient venus perquisitionner chez lui vers le 10-20 février 1944. Ils l’auraient menacé de tuer son chien qui en avait mordu un : « le gendarme boche dit je tue le chien et vous, en me disant, vous fusillé de suiteheureux pour moi qu’ils n’ont rien trouvé ». Il estime que ce couple « continue ses exploits de dénonciation à son égard » depuis 1940. À son tour, il accuse le mari d’être un père indigne « qui a vendu au Boche une fillette qui n’avait pas atteint ses quinze ans ». Ses quatre fils ont fait la guerre et un est toujours prisonnier.

Le 5 juin 1945, le Comite de Libération relaye ces deux plaintes et demande qu’une enquête soit diligentée.

Le 19 juin, le Préfet ordonne l’enquête.

Les gendarmes de Montrichard la mène le 2 juillet.

Les deux accusateurs exposent à nouveau les faits incriminés. Un précise : « Je dois vous dire que les menaces faites par…contre moi, avaient pour cause la mauvaise intelligence dans laquelle nous vivons depuis que nous sommes voisins ».

Le couple nie les dénonciations reprochées mais sur l’affaire de la prostitution, ils reconnaissent que le Tribunal Correctionnel de Blois avait été saisi début 1941 et avait prononcé « un non lieu ». Un autre document indique que ce père avait été, en fait, condamné à un mois de prison avec sursis.

Ces deux plaintes seront classées sans suite.


L’affaire de « la liste des six patriotes » :

Début 1945, depuis plusieurs semaines, une rumeur parcourt à nouveau la commune : « une liste comportant le nom de 6 patriotes » aurait été envoyée « à Blois ». Une copie aurait été remise à l’ancien maire.

Cette rumeur tire sa source dans un document (non daté) d’un gradé FFI maintenant en fonction dans la police à Orléans, qui aurait recueilli des témoignages attestant qu’un Mr. X de Monthou avait dénoncé aux Allemands six jeunes réfractaires au STO, cachés dans les fermes et bois environnants, le 17 août 1943.

Des perquisitions menées par la police française avaient eu lieu ainsi que des recherches dans les bois, mais sans succès. (4)

L’affaire soulève un émoi certain dans la commune d’autant que Mr. X y a pignon sur rue. Il est réputé manifester des sympathies pro-allemandes, fréquenter les occupants et ses deux fils sont partis au STO. Sa maison, avec quelques autres, avait été badigeonnée de croix gammées après le départ des allemands.

Le 6 Février 1945, le Préfet demande une enquête aux gendarmes de Montrichard et transmet le dossier à la Commission de Criblage.

Elle a lieu le 10 février « à l’effet de rechercher des renseignements sur le comportement de….pendant le séjour des troupes d’Occupation, accusé d’avoir dénoncé six patriotes aux Allemands ».

La dite liste est bien le chef d’accusation principal.

Sur les quatre témoignages écrits recueillis, trois indiquent que Mr. X avait des « idées collaborationnistes », « qu’il était partisan d’un rapprochement franco-allemand », « qu’il avait des relations avec les Allemands stationnés à Montrichard », « qu’il était sympathisant du régime hitlérien et ne s’en cachait pas dans ses conversations ». Mais aucun des trois n’apporte d’informations plus précises, sinon celles propagées par la rumeur, sur la fameuse liste.

Un témoin estime que malgré ses idées, il ne ne croit pas Mr. X « capable d’une chose semblable ». Deux témoins (dont le seul qui pense que Mr. X n’avait pas de positions collaborationnistes et « qu’il s’est bien comporté durant l’Occupation ») émettent l’hypothèse d’une vengeance personnelle.

Après avoir pris connaissance de ce rapport d’enquête, la Commission de Criblage prescrit un complément d’enquête dans sa séance du 5 mars 1945 auprès d’officiels, cette fois-ci.

La brigade de gendarmerie de Montrichard s’en acquitte le 21 mars.

René Paris, l’ancien maire : « Je ne puis fournir le moindre renseignement sur les faits qui sont reprochés à ….je n’ai jamais eu connaissance d’une liste de réfractaires….je vivais en mauvais terme avec….mais s’il avait agi à l’encontre de quelques citoyens de la commune, j’en aurais été avisé ».

Edouard Herbelin, le nouveau maire : « Je me souviens qu’au début de 1944 avoir entendu dire par la rumeur publique que le nommé…avait envoyé une liste de réfractaires à la Préfecture…tout ceci, je ne puis l’affirmer…Mr. X a toujours eu des idées vers la collaboration mais ne les a pas poussées ouvertement ».

Louis Chalon, Président du Comité de Libération : « Mon fils Maurice, 22 ans, avait été désigné pour le STO. Il n’a pas répondu et il a dû se cacher…par la suite, j’ai appris qu’une dénonciation avait été envoyée à la Préfecture, par la rumeur publique à Monthou….mes doutes se sont portés sur Mr. X qui a plusieurs reprises s’est inquiété sur le refuge de mon fils…Mr. X passe dans le pays pour un collaborateur notoire…il avait fait partir ses deux fils travailler en Allemagne comme volontaires ». (5)

Le 3 avril 1945, les gendarmes recueillent une déclaration de la mère de Céleste Serreau. La famille Serreau habite Monthou mais Céleste s’était installé comme bourrelier à Thésée. Elle n’a plus de nouvelles de lui depuis son arrestation le 2 mai 1941. Elle raconte que quelques mois après, elle avait rencontré Mr. X au bourg, qui lui avait dit : « Avez-vous des nouvelles de Céleste ? …Sur sa réponse négative, il avait ajouté : « Ça va les dresser ces petits communistes et il y en aura bien d’autres qui partiront comme lui ; cela va les dresser. C’est tout ce qu’il m’a dit ».

Céleste Serreau était mort à Auschwitz depuis le 17 octobre 1942.

Les gendarmes transmettront au Préfet la déclaration Mme. Serreau, le 7 avril.

Le 6 avril, la préfecture avait décidé de « laisser en liberté » Mr. X et de ne pas donner de suite.

L’affaire est elle aussi classée.


Accusation de collaboration « horizontale »

Cette expression s’était vite généralisée dans le vocabulaire de l’épuration.

Début avril 1945, deux membres du Comité de Libération, Gabriel Maître et Louis Giraudon, saisissent le Président, sur « l’attitude adoptée par Mme.Y pendant l’Occupation allemande ».

La charge contre elle est particulièrement violente.

Elle est accusée d’avoir travaillé volontairement pour les Allemands à Monthou et à Montrichard, puis à la Kommandantur de Blois.

Elle aurait entretenu avec eux des relations intimes. Ainsi, elle recevait la visite quotidienne d’un allemand qui était censé « donner des leçons d’allemand à sa fille ». Une preuve supplémentaire de sa collaboration « horizontale » résiderait dans sa fréquentation assidue d’une amie à Monthou, réputée se livrer à la prostitution avec les Occupants chez ses parents consentants qui par ailleurs vendaient régulièrement des denrées aux Allemands alors « qu’il n’y avait pas de ravitaillement pour les Français ».

Mais plus grave encore : Mm.Y aurait été « une indicatrice probable de la Gestapo ».

Elle serait à l’origine des investigations menées par les Allemands en 1942 sur des personnes de la commune pour constituer une liste d’otages dont Maître et Giraudon.

Louis Giraudon précisera qu’il avait été averti le 12 juin 1942, par une habitante lors de sa tournée, des propos hostiles à son égard tenus par Mme.Y qui se plaisait à dire qu’elle « ferait tout pour lui attirer les plus gros ennuis auprès des « Allemands ». Giraudon commente : « Ex-membre du Comité anti-fasciste de Monthou, cette femme était donc bien placée pour ce genre de travail ».(6)

Comme elle aurait avec son amie et deux autres femmes (dont l’épouse Mr. X) dénoncé quatre autres jeunes de la commune réfractaires au STO.

Le mari de Mme. Y fait partie des prisonniers de guerre de la commune.

Le 21 avril, le Comité de Libération saisit le Préfet.

Il a en effet auditionné l’ancien maire : « Il est reconnu que la Gestapo est venue enquêter sur six personnes dénoncées comme communistes dont Messieurs Giraudon et Maître ». Il demande « qu’une enquête sérieuse soit faite et que justice soit rendue.

Il sera impossible d’interroger Mme. Y. Elle a disparu de Monthou depuis le départ des troupes allemandes, « abandonnant ses deux enfants ».

Interrogées le 2 juillet, les personnes mises en cause nieront toutes fermement les faits incriminés. Aucun élément nouveau étayant leur implication dans ces dénonciations ne sera apporté.

Le 18 juillet, sa fille qui est hébergée à Blois, communique aux gendarmes l’adresse de sa mère en Cote d’Or.

Le 7 août, par arrêté préfectoral, Mme.Y est astreinte à résider à son domicile à Monthou et à pointer chaque semaine à la gendarmerie. L’arrêté lui est remis le 17.

Le 14 septembre, la Commission de Criblage s’était prononcée « pour le maintien à résidence en attendant décision judiciaire ». La Commission souhaitait donc sa comparution devant la Chambre civique ou la Cour de Justice.

Mais sur son dossier est écrit : « lever l’assignation à résidence ( témoignages paraissent tendancieux ) ».

Ce sera chose faite par arrêté préfectoral du 10 octobre 1945 et l’affaire est à son tour classée

…et un procès en Cour de Justice : Jeanne Louet


Dénonciatrice de « communistes »

Jeanne Louet est née à Monthou le 30 juin 1905.

Elle est célibataire. Elle est lingère-couturière, travaillant chez elle ou chez des particuliers. Elle vit avec sa mère, veuve, qui y tenait la recette buraliste obtenue par le décès de son père des suites d’une maladie pulmonaire contractée à la guerre 14-18. (7)

À la mort de sa mère, elle prend sa suite à la recette. Elle vivait de son travail et de « petits fermages ».

Je n’ai pas trouvé trace du « déclencheur » du processus qui va la conduire devant la Cour de Justice : des plaintes aussi devant le Comité de Libération qui saisit le Préfet ? On peut le penser car dès le 25 septembre 1944, le Commissaire Spécial de Blois demande aux gendarmes de Montrichard de rassembler des renseignements sur « les agissements anti-français » de Jeanne Louet.

Le 14 octobre, ceux-ci conduisent leur enquête.

Gabriel Maître, 31 ans et chauffeur (8) témoigne que fin août 1941, des gendarmes de Romorantin avaient perquisitionné chez lui, alors qu’il était absent ; qu’il avait été convoqué à la Feldgendarmerie à Romorantin où il avait été questionné : « sur mes soi-disant opinions communistes ». Les Allemands lui avaient affirmé qu’il avait été dénoncé par Jeanne Louet. Gabriel Maître ajoute alors, qu’effectivement il vit « en mésintelligence avec Mlle Louet depuis le début de l’année 1941 », dont la cause est un différend qui se terminera en procès pour l’usage d’un jardin.

Ceux-ci viendront à nouveau l’interroger et relever le nom des gens se trouvant chez lui, en janvier puis en mai 1942.

Louis Giraudon, 48 ans, facteur receveur à Monthou, a reçu lui la visite de la Gestapo, le 28 mai 1942. Il lui a été reproché « de remettre les lettres avec mépris et dédain » à ses clients ; « d’être communiste » et « de fréquenter assidûment le café Maître ».

Les Allemands lui précisent qu’ils « avaient été envoyés par Mlle. Louet qui se plaignait de mon service et que je passais pour un individu suspect à leur yeux ». Louis Giraudon dépose plainte contre elle.

Eugène Benelli, 47 ans, tonnelier, était absent de Monthou lors des interrogatoires de Maître et Giraudon (9).

Il n’a donc pas été interrogé. Mais les Allemands leur avait demandé « des renseignements sur lui, sur ses fréquentations et sur son attitude au point de vue politique ».

Il informe que se trouvant un jour à la recette, un facteur remplaçant avait remis à Mlle. Louet, une lettre portant « un cachet allemand ».

Mme Damourette, 36 ans, secrétaire de mairie (et dont le mari est prisonnier de guerre) déclare que Jeanne Louet « est une personne paraissant maladive…je la connais depuis 10 ans, elle est méchante et malicieuse…elle avait des relations suivies et intimes avec les soldats..elle avait des discussions fréquentes avec ses voisins et certains d’entre eux ont été probablement vendus par elle ».

D’autres personnes « entendues verbalement, ont déclaré que Mlle. Louet avait des relations constantes avec les soldats allemands et menaçait de faire arrêter les gens à la moindre réflexion à son encontre ».

Internée au Camp de Pithiviers

Sur arrêté préfectoral, Jeanne Louet est arrêtée à son domicile, le 20 novembre 1944, amenée à la prison de Blois puis internée administrativement le 25 au Camp de Pithiviers. (10)

Le 29 décembre, elle est auditionnée par l’inspecteur de police en résidence au camp.

Elle explique que début 1941, sa mère et elle avaient refusé du tabac à des soldats allemands. Gabriel Maître ayant dit à un officier allemand qu’elles en détenaient, celui-ci avait perquisitionné chez elles sans résultats.

Peu après, le chef des douaniers allemands leur avait remis un papier leur permettant de tenir un kilo de tabac à disposition des allemands. Sur le conseil du Receveur des Contributions, elle aurait informé le chef des douaniers qu’elles ne vendrait plus de tabac aux Allemands. Car cela « provoquait des commentaires défavorables » de leur voisin, Mr. Maître qui sous-entendait qu’elle préférait vendre le tabac aux Allemands plutôt qu’aux français. Il « leur faisait perdre des clients ».

Elle répond, qu’effectivement, elle connaît très bien Giraudon : « J’étais en mauvais termes avec lui depuis le jour où il m’a manqué de respect en me faisant des propositions malhonnêtes ».

Elle reconnaît avoir reçu une lettre d’une amie de Bourré « qui travaillait en Allemagne ».

Elle réfute toute appartenance politique, toute relation avec les Allemands.

Elle estime « avoir toujours été une bonne française et n’avoir commis aucun acte anti-national ».

Et surtout, elle nie avoir « dénoncé qui que ce soit aux autorités allemandes ».

La procédure judiciaire se met en route.

C’est le juge d’instruction Brugère qui est désigné.

Sur une demande du Commissaire du Gouvernement près la Cour de Justice, les gendarmes interrogent Jules Huysser, Receveur des Contributions Indirectes à Montrichard. Celui-ci indique qu’il lui avait précisé qu’elle ne pouvait refuser de vendre du tabac aux allemands s’ils possédaient les tickets nécessaires, tout en ajoutant qu’il existait peu de tickets pour les Allemands en 1941 : « Elle ne leur a certainement pas refusé cette vente car elle était en trop bonne relation avec eux…je considérais Mlle. Louet pour une simple d’espritla rumeur publique l’accusait formellement de relations intimes avec les boches…elle fréquentait les filles Z.

de Bourré de mœurs légères avec les boches.. ».

Les gendarmes poursuivent avec Mlle. Z de Bourré : « Je suis partie en Allemagne comme aide infirmière en Allemagne en décembre 1941 et j’en suis définitivement revenue en février 1942…je me souviens avoir envoyé une lettre à Mlle. Louet ». ( 11)

Le 17 Février 1945, sur commission rogatoire délivrée le 15 par le juge d’instruction auprès de la Cour de Justice, section de Blois, les gendarmes auditionnent sous serment Mme. Damourette, MM. Benelli, Giraudon et Maître qui réitèrent le contenu de leur déposition du 14 octobre 1944.

Le 20 février, le maire retourne au juge une notice individuelle concernant la prévenue. Il y répond que si rien n’est à signaler sur sa « probité », par contre elle est de « moralité douteuse » et qu’elle n’est « guère estimée ».

Un premier interrogatoire de Jeanne Louet a lieu le 3 avril 1945 : elle est accusée d’avoir « sur le territoire français et depuis temps non prescrit par ses actes non approuvés par le gouvernement français exposé des français à subir des représailles ».

Elle réclame un avocat d’office et : « Je ne consens à vous répondre qu’en sa présence ».

Le 6 avril, a lieu son deuxième interrogatoire en présence de l’avocat Paillet.

Elle s’en tient à confirmer ses déclarations du 29 décembre au camp de Pithiviers. Pas un mot de plus.

Enfin, le 10 avril, c’est au tour du Receveur Principal des Contributions Indirectes, entreposeur des tabacs et poudres à Blois d’être entendu dans le cabinet du juge.

Il rappelle que « les débits de tabac ne délivraient du tabac aux troupes d’Occupation que sur présentation de tickets spéciaux valant 20 grammes chacun…que les débits n’avaient pas à recevoir de papier des Allemands pour permettre l’approvisionnement des troupes d’Occupation…il n’était pas possible à mon entrepôt de fournir à une débitante un stock supplémentaire ». Il souligne « qu’il a eu toutes sortes de difficultés avec elle…ses papiers n’étaient jamais en règle…je la considérais comme faible d’esprit….portée à exagérer toute chose…elle semblait tout le temps apeurée et elle est certainement d’une nature craintive »

Point d’orgue de la procédure judiciaire, elle est examinée le 25 avril par le Dr. Vezin, psychiatre assermenté. Le praticien conclura : « L’examen psychiatrique et biologique ne révèle pas chez elle

l’existence d’une affection ou d’une tare cérébrale de nature à atténuer sa responsabilité pénale ».


Assignée à résidence

Le 3 Février 1945, le directeur du Camp de Pithiviers envoie un certificat médical du médecin du camp au Préfet et lui demande de libérer Jeanne Louet et de l’assigner à résidence.

Son état est grave et elle peut contaminer d’autres internées. Il a d’ailleurs sollicité son admission à l’hôpital d’Orléans en attendant mais « son état de santé n’en sera pas amélioré » et « elle tiendra une place dans un établissement hospitalier déjà encombré » !

Le 12 Février, le Préfet met fin à sa mesure d’internement ; elle est astreinte à résidence à Monthou et devra pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le 23 Février, elle informe d’une part, le juge que pour raison de santé, elle ne peut se rendre à sa convocation et d’autre part, le Préfet qu’elle ne peut aller pointer chaque semaine.

Le 27 Février le juge s’en inquiète et demande au Préfet si c’est bien pour raison de santé qu’elle a été libérée ?

Le 2 mars, le Préfet consent à lever l’obligation de pointage : elle le remercie chaleureusement le 7 mars.

Jeanne Louet va récidiver, le 21 mars : à nouveau convoquée par le juge pour le 27 mars, elle informe le Préfet qu’elle ne peut se rendre à Blois toujours en raison de sa santé.

Elle en profite pour exposer au Préfet ses griefs : l’affaire du tabac aux Allemands ; elle n’a dénoncé personne ; sa mère déjà malade en est morte en 1942 ; un jeune FFI a voulu la tuer chez elle le 14 septembre 1944 ; depuis son retour de Pithiviers, elle est poursuivie par Giraudon ; Mme. Maître la menace ; elle va dormir chez une cousine, pour sa sécurité ; elle a peur de Giraudon « car il a contre moi une vengeance personnelle n’ayant pas voulu lui appartenir », etc.

Le Préfet lui fait savoir « qu’il est absolument indispensable qu’elle se rende le 27 chez le juge ».

On l’a vu, ce sera finalement chose faite, le 3 avril.


Sanctionnée par la Cour de Justice

Le Commissaire du Gouvernement dépose son réquisitoire définitif le 1er juin 1945.

Il expose que Jeanne Louert a dénoncé aux Allemands comme communistes Gabriel Maître et Louis Giraudon.

Il retient comme établi que « la demoiselle Louet fréquentait assidûment les Allemands et même avait des relations intimes avec eux. Qu’elle vivait en mauvais termes avec MM. Maître et Giraudon et qu’elle n’a trouvé rien de mieux pour essayer de s’en débarrasser que de les dénoncer comme communistes aux Allemands ».

Il relève que « les renseignements sur le compte de l’accusée sont nettement défavorables » et « qu’elle est saine d’esprit et entièrement responsable de ses actes ».

Son crime - avoir exposé des français aux représailles des Occupants - est puni au titre des articles 79 et 83 du Code Pénal.

La Cour se réunit le 26 juin 1945.

Elle entend les faits rédigés par le Commissaire du Gouvernement, les témoins et les réquisitions ainsi que la plaidoirie de l’avocat de Jeanne Louet.

La Cour constituée, rappelons-le, du Président et de quatre jurés, répondra comme suit aux quatre questions posées :

Deux dites principales concernent l’article 79/2 du Code Pénal qui sanctionne les crimes les plus graves en temps de guerre. La Cour y répond négativement.

Deux dites subsidiaires concernent les crimes nuisibles à la Défense Nationale, au titre de l’article 83/4. La Cour y répond positivement à la majorité et toujours à la majorité, elle estime qu’il y a des circonstances atténuantes pour l’accusée.

Elle est donc jugée coupable du motif d’inculpation retenu contre elle par le Commissaire du Gouvernement.

A la majorité des voix, Jeanne Louet est condamnée à six mois d’emprisonnement, cinq mille francs d’amende, la dégradation nationale pour une période de quinze ans, l’interdiction de séjour pendant dix ans dans les départements de Loir et Cher et limitrophes, le paiement des frais envers l’Etat.

Elle avait été hospitalisée depuis mai puis, après sa condamnation, incarcérée à la Maison de Correction de Blois, où elle achève début août sa peine de six mois, déduction faite de sa détention à Pithiviers.

Le 9 août, elle demande au Préfet de « supprimer son interdiction de séjour » car elle ne sait où aller, ne peut travailler compte tenu de sa santé. Elle confie qu’elle est « maintenant comme une femme qui a commis un crime… qui n’est plus digne d’être française…qui a sa conscience de n’avoir jamais trahi son pays ».

En date du 16 août, une lettre anonyme envoyée au Préfet - « Une vieille habitante de Monthou, indignée de tant d’injustices » apporte son soutien à Jeanne Louet et fustige « un FFI qui a voulu la tuer » et supplie le Préfet de « l’amnistier pour l’exil ».

Le 13 août, le Préfet répond à Jeanne Louet que son interdiction de séjour ne peut être rapportée car c’est une décision judiciaire sans appel.

Mais la mairie informe le Préfet le 16 août que Jeanne Louet n’est plus à Monthou et que son adresse est inconnue.

Elle va une dernière se manifester auprès du Préfet le 6 octobre 1945 : elle se trouve à Vichy où elle exerce l’emploi de première lingère à l’hôtel de Séville (12). Elle demande au Préfet de pouvoir venir dans le Loir et Cher pour régler ses affaires en suspens.

Et le Préfet lui répond, à nouveau, que c’est juridiquement impossible !



Gabriel Maître et Louis Giraudon l’ont échappé belle !

Et sûrement d’autres !

Car Jeanne Louet avait bien dénoncé Gabriel Maître auprès des Allemands, le 5 septembre 1941, « comme suspect d’activité communiste ».

Le 13 octobre, la Sicherheitspolizei d’Orléans avait demandé une enquête à la police française : le Commissaire de Police Judiciaire transmet son rapport à la 5e Brigade Régionale de Police Judiciaire à Orléans, en ces termes, le 11 novembre 1941 :

« Maître, bien que vraisemblablement d’opinions communistes, ne s’est jamais signalé par une activité quelconque ou qui du moins puisse être actuellement établie. Il n’est pas à la connaissance des autorités compétentes qu’une activité communiste ou même une cellule communiste ait existé à Monthou-sur-Cher…la demoiselle Louet ne peut apporter aucune précision quant aux réunions qui se seraient tenues au café de l’Union de même que sur la qualité de Trésorier d’une organisation communiste du sieur Maître ».

L’inspecteur précise que Maitre sera soumis à « une surveillance continue ».

Heureusement pour eux, Gabriel Maitre et ensuite Giraudon dont on peut penser qu’elle l’a aussi signalé aux Allemands, n’avaient pas fait préalablement l’objet d’une surveillance et d’un fichage par la police française, compétente pour lutter contre les communistes et qui, en cette année 1941, est particulièrement active dans la répression anti-communiste.

Car c’est dans les fichiers français des individus réputés communistes que puiseront les Allemands pour choisir des otages ou des patriotes à déporter. Comme ce sera le cas pour Céleste Serreau et Camille Impérial de Thésée, après l’attentat contre des soldats allemands à Romorantin le 1er mai 1942. Les parents du premier étaient surveillés et le second avait été interné administratif durant quelques semaines au printemps 1941.

Et ils ont dû faire preuve d’une grande prudence jusqu’à l’été 1944, en attendant les interventions au grand jour des FFI.

Les renseignements recueillis auprès des Anciens témoignent que le Café de l’Union était bien à Monthou le bistrot de la « gauche » dans ses différentes nuances d’alors.

Maitre, Giraudon et d’autres comme Benelli, étaient considérés « très à gauche » et parfois cités comme des sympathisants communistes.


J’ignore si, une fois terminée son interdiction de séjour, Jeanne Louet est réapparue à Monthou.

Elle décédera à Moulins le 19 mars 1990, à l’âge de 85 ans.



Thérèse GALLO-VILLA





                                                                             

Notes :

(1) Marcel Bisault est alors instituteur à St. Georges. Il sera exécuté sommairement par les Allemands le 13 août 1944. Son cadavre sera retrouvé en 1950 dans les caves de Valagon à Bourré. Paul Berthereau, instituteur à Blois, est arrêté le 8 mars 1944, déporté à Buchenwald puis à Ellrich, il meurt en Allemagne le 14 avril 1945

Voir les rubriques les concernant sur : www. maitron.fr

(2) Le Rassemblement National Populaire (RNP) avait été créé en 1941 par Marcel Déat. Il était dirigé dans le Loir et Cher par André Roginski qui sera jugé par la Cour de Justice, condamné à mort et fusillé.

(3) Une des premières mesures prise après l’Armistice avait été l’obligation d’amener en mairie les armes détenues qu’elles soient privées ou récupérées lors de la débâcle. Les Anciens témoignent q’une grande partie de ces armes avaient été conservées et cachées par leurs détenteurs.

(4) Outre les jeunes de Monthou et des communes environnantes, beaucoup de réfractaires au STO d’autres régions et notamment de la Région Parisienne se sont réfugiés dans notre zone, riche en forets et avec un habitat dispersé. Ils constitueront pour partie les maquis de la vallée du Cher et de Sologne en 1944.

(5) Les fils de Mr. X, venus en permission en 1943, ne repartiront pas en Allemagne et iront travailler dans une ferme dans l’Indre.

(6) C’est la première fois que j’ai trouvé mention de ce Comité antifasciste de Monthou. Je n’ai pu recueillir d’autres précisions. Mais, le Loir et Cher a connu sous l’impulsion du Comité Amsterdam-Pleyel de lutte contre la guerre et le fascisme, dirigé notamment par M. Bisault et un groupe d’instituteurs, une très importante activité et la constitution de nombreux Comités locaux. Les Anciens m’ont rapporté l’écho populaire des fêtes de celui de Thenay rassemblant des centaines de participants.

(7) Les anciens combattants et leurs ayant droits pouvaient accéder à des « emplois réservés » dont les recettes buralistes.

(8) Le Café de l’Union, prolongé par une petite épicerie, était tenu par la femme de Gabriel Maitre et ses beaux-parents, le couple Ratton, anciens boulangers à Talcy. Leur autre fils, Marius, mort en Allemagne en 1944, sera porté sur le Monument aux morts de Monthou.

(9) C’était le mari de Mme. Benelli, l’emblématique institutrice de l’école des filles, qui a laissé un   souvenir durable dans la commune pour sa défense de l’école laïque et son combat auprès des parents pour que les filles poursuivent des études au-delà du certificat d’études.

(10) Pithiviers, un des camps créés en 1938 par le gouvernement de Daladier pour y enfermer les « étrangers indésirables » et les personnes jugées dangereuses pour la Défense Nationale, puis spécialisé en « camp de juifs », succursale de Drancy, fut utilisé à la Libération pour y détenir les collaborateurs.

(11) Mlle Z a été tondue à la Libération.

(12) Durant la guerre, l’Hôtel de Séville à Vichy était le siège de la Légion Française des Combattants mis en place en 1940 par le gouvernement de Pétain, sur proposition de Xavier Vallat, le futur responsable du Commissariat Général aux Questions Juives, et résultant de la fusion des Associations d’Anciens Combattants. L’hôtel qui avait dû retrouver rapidement sa vocation première dans cette ville curiste, a été transformé depuis en immeuble d’habitation.

Il n’empêche que l’emploi à Vichy de Jeanne Louet intrigue quant aux conditions de son obtention.


Sources et bibliographie :

Aux ADLC :

1375 W 94 ( propagande communiste ).

1375 W 153 ( dossier épuration, Jeanne Louet ), 161 et 165 ( affaires classées ).

1652 W 27 ( dossier des RG )

602 W15 : Cour de Justice, Jeanne Louet.


Les interviews des Anciens de Monthou, Bourré, Montrichard, etc. recueillies par l’auteure.

Les articles de l’auteure sur le site www.tharva.fr relatifs à la seconde guerre mondiale, notamment sur la Ligne de Démarcation, Monthou sous l’Occupation et les Martyrs de Thésée.

Le site de Bernard Lefresne, www.histoire-41.fr « 1944-1945 : l’épuration dans le Loir et Cher ».