Sommaire de la page :
L’entrée en guerre des Etats-Unis
- l'évolution de la Guerre
- L’évolution économique des Etats-Unis
- L’évolution de l’opinion publique
L’armée américaine
- La conscription aux Etats-Unis
- Une armée ségrégationniste
Arrivée et installation du Corps Expéditionnaire Américain
- Une arrivée progressive
- La Base arrière
- Le choix de la Vallée du Cher
- Le choix des lieux de Cantonnement
- Les cantonnements.
La localisation des cantonnements
- Chez l’habitant et sous le tapée
- Indemnisation de l'hébergement
Les Américains dans le village
- Combien et où étaient-ils ?
- Que faisaient-ils ?
- Une activité trépidante
Que reste-t-il de la présence Américaine ?
Témoignage.
La "machine à froid" et l’aviation.
Aidez-nous à retrouver leur traces aux Etats-Unis.
L'entrée en guerre des Etats-Unis
LE 6 AVRIL 1917
Le 2 Avril 1917, le Président des États - Unis, Woodrow WILSON propose au Congrès de passer de l'état de neutralité à l'égard des belligérants à l'état de guerre avec l'Allemagne.
Trois raisons essentielles expliquent cette décision, l'évolution de la guerre, l'évolution économique des États Unis, l'évolution de l'opinion publique américaine.
L'évolution de la guerre.
Du côté Alliés, depuis la fin de la guerre de mouvement, les français et les britanniques sont solidement retranchés dans des tranchées, solidement organisées.
Toutes les offensives n'ont pas été les succès envisagés, les pertes sont énormes, le moral des troupes est au plus bas, l'opinion publique française en a assez de cette guerre et des privations qui s'en suivent.
Les effectifs mobilisables se réduisent.
Le Tsar de Russie a abdiqué et les troupes russes ont quitté le front.
Du côté Allemand, l'Etat Major, a récupéré les divisons du front de l'Est, mais après les échecs de Verdun et les pertes énormes sur la Somme, il décide de rester sur la défensive, de reconstituer les effectifs militaires, mais de porter à outrance la guerre sous-marine.
L'Etat Major Allemand décide d'instituer un blocus étanche contre la France, la Grande Bretagne et l'Italie.
L'objectif est de couler 600 000 tonnes par mois pour mettre les alliés à genoux.
A compter du 2 Février 1917, les côtes françaises, britanniques et italiennes sont en état de blocus.
L'évolution économique des États-Unis.
La France et la Grande Bretagne sont au bout de leur ressources financières pour régler les fournisseurs américains. Pour obtenir de nouveaux crédits auprès des banques américaines, la caution du Gouvernement américain était nécessaire. Le principe de neutralité était, dans ce cas, rompu. La Banque Morgan, mais aussi d'autres banques, poussaient dans ce sens.
La guerre sous marine produit ses effets. Le tonnage coulé tous les mois ne cesse d'augmenter.
Les navires américains restent à quais. Les exportations sont arrêtées. Les matières premières, les matériels divers, les denrées, les céréales, encombrent les ports.
Le blocus entrave le commerce que développe les États Unis avec la France notamment et porte un coup à l'économie Américaine.
Le mécontentement des États producteurs de céréales se fait entendre.
L'évolution de l'opinion publique.
L'affaire du télégramme Zimermann, intercepté par les services secrets britanniques, par lequel l'Allemagne propose au Mexique une alliance pour envahir le sud des État-Unis, va permettre au Président des États Unis de rallier massivement, l'opinion publique américaine à la Guerre pour la défense de la liberté et de la démocratie.
Dans son message au Congrès, le 2 Avril 1917, le Président déclare :
" ...la guerre sous marine de l'Allemagne contre le commerce est une guerre contre l'humanité, c'est une guerre contre toutes les nations." …………
………« nous combattons pour les choses qui ont été toujours les plus chères à notre coeur, pour la démocratie…………..pour les droits et les libertés des petites nations.»
Après 4 jours de débats, le 6 Avril 1917, le Sénat par 82 voix pour et 6 contre, la Chambre des Représentants par 373 voix pour et 50 contre adoptent la déclaration de Willson.
La République des États-Unis déclare la guerre à l' Allemagne.
Mais elle n'y était pas préparée militairement.
L'ARMÉE AMÉRICAINE
Lorsque le Président des États Unis, fait voter l'état de guerre avec l'Allemagne, l'armée américaine est une " armée très faible en effectifs et en artillerie" dira l'attaché militaire Français aux États Unis.
Au regard du conflit en cours, c'est une quantité négligeable.
En effet, la conscription avait été abolie à la fin de la guerre de Sécession, et l'armée d'active ne rassemble que 107 641 hommes, la garde nationale 132 000 hommes
Elle n'a pas d'équipement lourd, de matériel moderne en fabrication ou en projet.
Elle est peu instruite, pas de troupes et de cadres de réserves.
6000 jeunes seulement ont reçu une instruction militaire à l'initiative de groupes privés.
Elle ne dispose que de 37 officiers d'Etat Major et 20 seulement sont disponibles.
Les seules forces conséquentes sont le "Corps des Marines », 15 500 hommes répartis sur les possessions Outre-Mer des États Unis, et une marine de guerre moderne et puissante.
La conscription va donner une véritable armée aux État Unis.
L’ACCORD FRANCO - AMERICAIN
Le 14 mai 1917, Baker, Secrétaire d' État à La Guerre Américain, signe un texte qui fixe le programme de l'intervention américaine. Ce programme répond aux orientations définies par la délégation Française conduite par Joffre et Viviani.
Ce programme prévoit :
L'envoi d'un corps expéditionnaire, dès le 1er Juin 1917, constitué d'une division : la 1ere Division Infanterie US
L'organisation d'une armée sur la base des grandes unités militaires classiques, Corps d'Armée, Division, etc.
L'instruction des soldats composant ces unités devait se faire en deux temps, un premier temps dans des camps en Amérique, et ensuite achevée dans les camps de l'armée française,
La France devait aider à la formation des officiers et sous officiers.
Les États Unis devaient participer aux services généraux de l'arrière, entretien des forces US, conducteurs, chemins de fer, parcs d'artillerie, télégraphistes etc.
Concernant l'armement, les américains adoptèrent le fusil anglais fabriqué aux US et les canons français de 75 et de 105, les mitrailleuses françaises.
LA CONSCRIPTION AUX USA :
À la suite de l'adoption par le Congrès de l'état de guerre contre l'Allemagne, la Chambre des représentants, par 397 voix pour et 27 voix contre, le Sénat par 81 voix pour et 8 voix contre, adoptent le principe de la conscription.
A la fin de la première quinzaine du mois de mai, la loi sur le service militaire était promulguée.
Cette loi stipulait :
- L’inscription de tous les citoyens entre 21 et 30 ans sous les drapeaux
- L'appel sous les drapeaux de 2 contingents de 500 000 hommes chacun
L'élévation de la solde à l'équivalent de 150 fr par moisLa prohibition de l'alcool et des liqueurs dans les camps d'entraînement et à proximité de ces camps.L'inscription au registre de guerre débuta le 6 juin.
Dans la seule ville de New-York, il y eut 520 000 inscrits et plus de 10 millions dans tout le pays.
L'un des axes majeurs de la campagne pour l'inscription reposait sur l’affirmation que la démocratie c'est la conscription, tout le monde doit défendre la démocratie.
C'est avec enthousiasme que les jeunes américains se sont inscrits et notamment les jeunes noirs.
Ils y voyaient l'affirmation de leurs droits et de leur citoyenneté américaine à égalité de droits et de devoirs avec les blancs.
Les "inscrits" passaient devant un Conseil de Révision. Puis un tirage au sort était organisé pour la constitution des deux contingents.
UNE ARMEE SEGREGATIONNISTE :
Lors de la constitution de l'armée américaine, la ségrégation raciale est à son apogée aux USA.
Très peu d’officiers blancs acceptent que des soldats noirs combattent.
Ils considèrent que le « nègre » n’est pas courageux.
Ils ne veulent pas le voir armé.
Les Noirs sont donc, regroupés dans des unités spéciales pour cause de ségrégation.
L'immense majorité des soldats noirs servit dans des unités de logistique.
Seuls 20% dans des unités de combat, dont la 92e division d'infanterie US.
Le « Corps Expéditionnaire Américain » compte environ 200 000 Afro-Américains, mais aussi des Amérindiens (communément appelés Indiens, tels les Sioux, les Cherokees etc.). Environ 14 000 Amérindiens, sont envoyés en France.
ARRIVEE ET INSTALLATION DU CORPS EXPEDITIONNAIRE AMERICAIN (CEA)
UNE ARRIVEE PROGRESSIVE
Le 13 juin 1917, à 10 heures du matin, le Major Général Pershing, Commandant en Chef du Corps Expéditionnaire Américain, accoste au port de Boulogne sur Mer dans la plus grande discrétion.
Il débarque avec son état major, 177 officiers, sous officiers et quelques hommes de troupes.
Le 18 juin 1917, 14 000 combattants US, dont un bataillon de 1000 hommes du 5e régiment de Marines débarque à Saint-Nazaire.
L’incorporation du Corps Expéditionnaire Américain aux théâtres des opérations militaires de la guerre, a posé toutes une série de problèmes complexes, tant en ce qui concerne son acheminement, son positionnement sur le front, l’organisation de sa base arrière, que de ses services logistiques et sanitaires.
L’armée US, sur proposition de l’Etat Major Allié et en accord avec Pershing, renforça, le secteur du front entre les Vosges et l’Alsace.
En septembre 1917, Pershing, organise son Quartier Général à Chaumont sur Marne.
Il s’agit d’un noeud ferroviaire stratégique qui assure la communication avec la Méditerranée et l’Atlantique, ce qui permet à l’armée US de ne pas dépendre de la logistique française et britannique.
Les troupes US arriveront de manière échelonnée :
- 30 juin 1917 : 16 220 hommes (soit 0,8% du total envisagé)
- 30 novembre 1917 : 129 623 hommes (6,3%)
- 30 janvier 1918 : 224 655 hommes (11%)
- 31 mars 1918 : 329 005 hommes (16%)
- 30 mai 1918 : 667 119 hommes (32%)
- 31 juillet 1918 : 897 293 hommes (44%)
- 31 juillet 1918 : 1 210 703 hommes (59%)
- 30 septembre 1918 : 1 783 935 hommes (87%)
La signature de Pershing. sources, ADLC
LA BASE ARRIERE
Le Coprs Expéditionnaire Américain (« CEA ») disposait de plusieurs ports sur la façade Atlantique :
"St Nazaire et ses immenses installations de la Loire, ses centaine de kilomètres de voies, ses hectares d'entrepôts; Brest dont la rade fermée pouvait accueillir des dizaines de milliers de « Doughboys » par jour ; Bordeaux, enfin, et les docks de la Garonne où abordaient les lents convois de matériels »
"Il y avait d'autres ports, comme Marseille et ses entrepôts charbonniers, d'où rayonnaient les lignes stratégiques évitant Paris et menant au point névralgique de Chaumont.
En outre les anglais utilisaient les ports du Havre, de Boulogne, de Calais et les ports de la Manche où leurs transports débarquaient 52% de l'ensemble des effectifs américains ».
(Laurence STALLINGS, Les Sammies. L'histoire du Corps expéditionnaire américain en France pendant la première guerre-mondiale (1917-1918), 1964,Edition Stock)
A partir de ces ports, les lignes de communication reliaient les bases arrières du CEA, le Quartier Général et le front.
Un Général de Brigade, Willam Atterbury, ancien Directeur Général de Pensylvania Railword, a en charge l’organisation, la gestion des lignes de chemins de fer et des cheminots soldats US.
Hommes, matériels, animaux circulent de manière ininterrompue.
Mr Christian Cutry dans son livre indique : « en octobre 1918, chaque minute, il y transite 2 chevaux, 7 hommes et 7 tonnes de matériels. »
Ainsi la gare régulatrice d’Is-sur -Tiile a vu passer, entre octobre 17 et le printemps 1920, 2 millions de soldats US et environ 4 millions de tonnes de matériels.
LE CHOIX DE LA VALLEE DU CHER
Le 27 Novembre 1918, dans une lettre adressée au Général commandant la 5e Région Militaire, le Président du Conseil, Ministre de la guerre, fait connaître ses décisions :
- Il choisit la zone au sud de Blois, « limitée à l’est de Selles sur Cher en raison des installations déjà en cours d’extension dans la région de Gièvres.,»
- Un officier de l’Etat Major de la 5eme Région accompagnera les Américains dans leur reconnaissance du terrain. Il a pour mission d’éviter toutes tentatives des officiers US d’étendre les limites territoriales fixées ou de prospecter d’autres zones.
- Il demande de poursuivre les études pour fournir aux américains tous les renseignements utiles sur les casernements, cantonnements, l’eau, terrains d’instruction et champs de tirs.
- Il exige que les terrains d’instruction et les champs de tirs soient déterminés par l’Etat Major de la 5eme Région, « pour ménager dans toute la mesure du possible les intérêts agricoles. »
- Il recommande de prêter une attention particulière au traitement des eaux usées,
- Enfin les travaux d’aménagements des cantonnements seront réalisés par les américains et à leur charge.
LE CHOIX DES LIEUX DE CANTONNEMENT
L’Etat Major de la 5e Région Militaire a dressé un état descriptif des caractéristiques de la zone géographique concernée.
La note précise les caractéristiques générales de la région au sud de Blois, ses données géographiques, humaines, agricoles, les réseaux de communications fluviales, ferrées,
Pour chacune des communes susceptibles d’accueillir un cantonnement, sont indiqués :
la qualité des eaux et des puits, les questions d'hygiène, (tinettes, feuillées, etc), les lieux d'implantation des baraquements, les lieux d'implantation des champs de tirs, des terrains de manœuvres, des travaux de campagne et lancement de grenades (Polygone de lancement de grenades), les lieux d'implantation des parcs, (artillerie légère). Cet état descriptif a été remis aux Américains.
Une vingtaine de communes sont décrites.
Pour Monthou sur Cher :Eau : douteuse dans l'agglomération, profondeur des puits 4 à 5 m. Sources dans les environs aux abords du village.
Sol calcaire puis rochersHygiène : feuillées à établir. Parc : entrées du villageBaraquements : près du Château de la Croix (actuellement Villa Ariane). Champs de tirs : forêt de Choussy, les Orfeuilles.Champs de manœuvres : plaine du Viroir.
LES CANTONNEMENTS
AVANT LE CHOIX : DES VISITES ORGANISEES
A la fin de l’année 1917, les services de l’Etat Major de la 5eme Région militaire finalisent les études destinées à l’installation des cantonnements.
Une lettre du Général commandant la 5e Région Militaire, adressée au Préfet, nous apprend que les officiers américains venus reconnaître les localités pouvant servir de cantonnement, ont visité les différents maires des localités concernées. Ils étaient accompagnés du Lieutenant de Waldner de l’Etat Major de la 5e Région.
Ils sont bien accueillis dans la plupart des communes, notamment, celles de Monthou sur Cher, de Montrichard, Pontlevoy, Saint-Romain.
Il n’en fut pas ainsi dans toutes les communes.
A Contres, le maire, les adjoints et le secrétaire de mairie, sont tous partis à…… la chasse ! Seul le garde champêtre, vieux et gâteux, est là pour les accueillir, se plaint la délégation.
A Chatillon, l’adjoint chargé de les recevoir se cache..!
LA LOCALISATION DES CANTONNEMENTS
Au final, les Cantonnements de la 41° D.I.A sont les suivants :
Le QG du Général Robert ALEXANDER est installé chez le Marquis de la Roche Aymon, au Château de Saint-Aignan.
St Aignan :
- Etat Major de la Division
26 Officiers132 hommes140 Chevaux
- Un bataillon de Mitrailleurs de la Division à 4 Compagnies
25 Officiers, 928 hommes, 229 Chevaux.
INFANTERIE
- 1° bataillon du 2° Régiment d’Infanterie
26 Officiers1000 Hommes100 Chevaux
Noyers :
2° Bataillon du 2° Régiment d’infanterie
26 Officiers, 1000 Hommes100 Chevaux
Chemery :
3° Bataillon du 2°Régiment d’Infanterie
26 Officiers, 1000 Hommes, 100 Chevaux.
Selles sur Cher :
EM 1ere Brigade d’infanterie
1er Régiment d’infanterie
EM : 10 Officiers1er et 2eme Bataillons `52 Officiers,2000 Hommes,200 Chevaux.
Billy :
3° Bataillon 26 Officiers1000 Hommes100 Chevaux
Contres :
2° Brigade d’Infanterie
Etat Major 3 Officiers23 Hommes19 ChevauxBataillon de mitrailleurs de la brigade20 Officiers550 Hommes175 Chevaux3eme Régiment d’infanterie1er Bataillon26 Officiers1000 Hommes100 Chevaux
Fresnes :
1 Cie d’un Bataillon 3e Régiment13 Officiers500 Hommes50 Chevaux
Sassay :
1 Cie d’un Bataillon du 3e Régiment13 Officiers500 Hommes50 Chevaux
Soings
1 Bataillon du 3e Régiment d’Infanterie26 Officiers1000 Hommes100 Chevaux
Pontlevoy :
4eme RI : EM et 2 Bataillons56 Officiers2000 Hommes200 Chevaux
Thenay :
1 Bataillon du 4eme RI
26 Officiers1000 Hommes 100 Chevaux
(Régiment d’Infanterie 3 Bataillons)
ARTILLERIE LEGERE
Thésée :
1er Régiment d’artillerie légère
EM de la brigade15 Officiers45 Hommes53 ChevauxEM du Régiment 10 Officiers1 groupe d’artillerie25 Officiers700 Hommes650 Chevaux12 Canons
Installations américaines : 9 Baraques en bois (Note Officielle, Inventaire des installations américaines sur l’ensemble des départements où cantonnent des troupes US, S/Préfecture de Romorantin, 06/03/1919. - photocopie -Sources, ADLC)
St Romain :
Le reste du 1er Régiment d’artillerie légère
Monthou sur Cher : 2eme Régiment d’artillerie légère
EM du Régiment 10 Officiers1 groupe d’artillerie25 officiers700 Hommes650 Chevaux12 Canons
Installations américaines : 2 Réfectoires. (Note Officielle, Inventaire des installations américaines sur l’ensemble des départements où cantonnent des troupes US, S/Préfecture de Romorantin 06/03/1919. ADLC)
Bourré :
A l’origine il était prévu un régiment d’artillerie légère, comme pour Monthou.
Il fut remplacé par de l’infanterie. Car la commune de Bourré ne pouvait accueillir, faute de place, le parc d’artillerie.
ARTILLERIE LOURDE
Mareuil
Pouillé
Angé
SERVICES
Train Sanitaire
St Georges
4 Compagnies d’hôpitaux49 Officiers4 Compagnies d’ambulances49 Officiers
HÔPITAUX MILITAIRES
Base Hôpital
Base Hôpital43 - Blois du 27/06/18 jusqu’au 20/01/1994 - Pruniers de 7/11/18 jusqu'au 10/02/19Camp Hôpital25 - Blois du 01/18 jusqu'au 13/05/191926 - Noyer du 26/04/18 jusqu'au 10/02/1937 - Romorantin du 15/03/18 jusqu'au 28/02/19 43 - Gièvres du 4/18 jusqu'au 8/1987 - Cour - Cheverny du 1/10/18 jusqu'au 17/02/19
TRAIN D'APPROVISIONNEMENT D'AUTOMOBILED
Faverolles
St Julien
8 Officiers464 Hommes190 Camions
Train de munitions
Montrichard
28 Officiers, 934 Hommes, 500 Chevaux, 100 Automobiles
Tous les cantonnements proposés par le Général Commandant la 5e région ont été acceptés sauf celui de Chissay. Les officiers américains lui préfèrent Faverolles.
Pour répondre aux « légitimes revendications des propriétaires », les champs de tir, sont presque tous dans les bois, les terrains en jachères ou en friches seront utilisés pour les champs de manoeuvres. Les vignobles et les terrains cultivés ont été évités.
On peut estimer la présence des troupes US sur un périmètre englobant, Pontlevoy, Thésée, Thenay, Bourré, Monthou sur Cher, Montrichard, à environ :
220 Officiers, 5334 Hommes, 2653 Chevaux, 100 Automobiles, 36 Canons
CHEZ L’HABITANT ET SOUS LE TEPEE
En novembre 1917, la Mission près l’Armée Américaine, rappelle, dans une note adressée aux maires, les conditions législatives et réglementaires applicables pour le logement et le cantonnement des troupes.
La réquisition ne doit être prise que lorsqu’un logement est inoccupé ou en cas d’impossibilité de location à l’amiable.
Les soldats seront logés ou cantonnés dans les locaux administratifs à l’exception absolue des écoles de filles, et en cas d’insuffisance, chez l’habitant.
En seront dispensés, « les détenteurs de caisses publiques déposées dans leur domicile, les veuves et les filles vivant seules, à charge pour eux de fournir le logement à leur frais chez d’autres habitants ».
Les femmes de mobilisés seront tenues de loger, les réfugiés aussi.
La note fixe le taux des indemnités versées aux propriétaires.
1°) Occupation courte durée.
a) Logement
1 fr/nuit et lit d’officier
0,20 fr/nuit et lit de s/officier et soldat
0,05 fr plus le fumier par cheval ou mulet
b) Cantonnement
0,05 fr par homme et par nuit plus
le fumier des chevaux et mulets
2°) Occupation de longue durée
Tarifs Officiers
0,20 fr. par jour et par chambre à feu
0,01 fr par mètre superficiel.
3°) Mess
Tarifs officiers
1 fr par pièce
0,50 fr par cuisine ou office.
Indemnisation de l’hébergement
LE CONSEIL MUNICIPAL CONFIRME
Dans sa séance du 14 Avril 1920, le Conseil Municipal de Monthou déclare :
Cette décision du Conseil Municipal, confirme que l’hébergement des troupes américaines fut indemnisé.
Mr Claude BOUSSEREAU, dans son livre « Monthou sur Cher, une histoire de village », évoque, page 197, cet avis du Conseil Municipal.
LES AMERICAINS DANS LE VILLAGE
Monthou était un des lieux de cantonnement de la 41e DIV de Dépôt installée dans l’immense camp militaire de Noyers - Saint-Aignan.
La 41e Div de Dépôt était sous le commandement de Robert ALEXANDER, un Américano-Ecossais, compagnon d’arme de Pershing.
La mission de la 41e Div, était de fournir des troupes de remplacement pour le front.
Mais, Alexander avait créé des régiments provisoires, afin que la formation des recrues, commencée aux Etats-Unis, soit achevée et dispensée en France par des formateurs US, et cela au plus près du front.
Le choix de la « zone géographique » de la 41e Div et de ses cantonnements, fut rapidement mais soigneusement préparé par les officiers français de la 5e Région Militaire et arrêté par le Président du Conseil, Ministre de la Guerre.
COMBIEN, ET OÙ ETAIENT-ILS ?
Le contingent était composé de 25 officiers de l’Etat Major du 2e Régiment d’Artillerie Légère.
De 10 officiers du 1er groupe d’artillerie, de 700 hommes , de 650 chevaux, 12 canons, et tout le matériel.
L’Etat Major du régiment était logé au château de la Croix, l’actuelle Villa Ariane.
Les hommes de troupes cantonnaient, pour certains sous les tentes « Tepee ».
Elles étaient montées à la Mardelle. D’autres étaient logés dans des granges ou les communs.
Les officiers étaient logés chez l’habitant.
Le parc d’artillerie était installé à l’entrée du village et les 650 chevaux très certainement parqués aux Grand Près (Plan d’Eau actuel).
Il y avait des soldats dans les communs du Presbytère, du Château de la Croix, dans les communs du Château du Gué Péan, à la Piffaudière, au Peu, dans le Bourg.
La Police Militaire US avait élu domicile dans un bar du centre bourg.
Les « feuillées » ont été établies entre le Rouère Bournigal et le Marchais Mozay. Ils sont parvenus jusqu’a nous, sous le nom de « Trous à Merde. »
Si la mémoire collective n' a quasiment rien transmis de la présence américaine, elle a perpétué toutefois cette appellation jusqu'à aujourd’hui.
Au début des années 1990, madame DAVID racontait encore l' anecdote suivante : " mes parents m'interdisaient d'aller à l'école par la route d'Assenay au bourg. Ils me faisaient passer par la route des polissoirs au bourg. Ils ne voulaient pas que nous croisions des soldats américains allant déverser les tinettes. Un grand nombre était noirs ! Pour eux, c'étaient des diables ».
Madame DAVID, née MARTEAU, demeurant aux Landes, habitait enfant à Assenay.
Ces officiers, soldats ont sejouné dans le Châteu de la Croix, l'actuelle Villa Ariane. Un hopital ou maison de convalescence y avait été installé. Sources : Mr Paul Dervaux
QUE FAISAIENT-ILS ?
L’armée américaine exploitait une carrière à Monthou.
Cela consistait a extraire des roches et à les transformer en gravillons.
Une concasseuse avait été installée à la Crémaillère, à coté des « Polissoirs ».
Un certain nombre de ces polissoirs, où nos ancêtres du Néolithique allaient aiguiser leurs outils de pierre, ont été transformés en gravillons pour l’armée américaine.
Le Maire de Monthou, Mr Berthelin, réunit le Conseil Municipal le 15 août 1918 à 10 heures pour une série de délibérations dont une qui concerne l’armée américaine :
« Le conseil considérant que les troupes américaines qui exploitent une carrière de pierres à Monthou sur Cher, ont un va et vient continuel de camions lourdement chargés sur plusieurs chemins vicinaux trop faibles pour supporter de pareilles charges vont être dégradés en fort peu de temps, certaines parties sont déjà impraticables.
Demande que l’autorité américaine veuille bien entretenir ces chemins afin de les laisser, en fin d’exploitation, dans l’état où ils se trouvaient avant le commencement des travaux. »
De nombreuse communes de la Vallée du Cher feront la même demande.
Au centre un pillier qui supportait la concasseuse. Elle transformait la roche en gravier pour les chemins. (Monthou-sur-Cher). (Photo de l'auteur)
UNE ACTIVITE TREPIDANTE
Des prisonniers allemands sont utilisés par les troupes pour certaines tâches.
Il serait bien étonnant que tous ces gens là ne soient pas passés au moins une fois dans Monthou, ne serait-ce que juchés sur un camion militaire pour se rendre sur les lieux du travail.
Guy Lemoine l’écrit, « Des prisonniers allemands surveillés par eux (les soldats US) étaient employés à extraire des pierres. »
Leur formation militaire achevée, ils partaient au front depuis deux gares, Montrichard et « Thézée. »
« des cuisines étaient installées et les jeunes bleus qui se préparaient à partir se battre………..se voyaient servir un plantureux repas, on leur remplissait leurs bidons de café chaud et on garnissait leurs musettes de sandwiches au jambon. »
(L. Stallings, ouvrage cité).
Et d’autres « bleus » arrivaient à Monthou.
Le calme de Monthou dut être sacrément perturbé !
Un nom, une adresse. Source Mr Paul Dervaux
QUE RESTE-IL DE LA PRESENCE AMERICAINE ?
Quelques vestiges, quelques graffitis, quelques lettres et photos.
La transmission orale de la mémoire collective est quasiment inexistante.
La présence américaine à Monthou est une histoire enfouie, oubliée.
Pourquoi ?
Nous n’avons pas la prétention d’y répondre,
Mais il convient de restituer cette présence dans le contexte de l’époque.
Les hommes valides sont au front, dans les tranchées.
Restent pour les travaux des champs, les femmes, les enfants, les anciens.
Les populations en ont assez de cette guerre.
Les permissionnaires en disent, par bribes, toute l’horreur.
Le nombre de tombés aux champs d’honneur est élevé.
Les difficultés de la vie ne cessent de grandir avec la vie chère, la rareté des produits.
Tout est centré sur le quotidien, sur la guerre.
Les Américains parlent une autre langue, appartiennent à d’autres cultures, sont différents physiquement.
Il se dit qu’il y'a beaucoup de repris de justice à qui on a offert la promesse de la liberté s’ils s’engageaient.
Puis l’Armistice, la joie, l’espoir, la recherche de l’oubli.
Alors, les Américains ?…Une parenthèse vite refermée.
Monthou n’avait rien demandé. Mais à l’échelle modeste de son territoire, et avec ses habitants, elle a contribué avec les autres communes, à la naissance de l’armée américaine et à la formation de ses soldats.
N’en doutons pas, ils ont apprécié le cantonnement à Monthou. Ils l’ont préféré à celui de Noyers-St-Aignan surnommé, Saint-Agony, tant les conditions de vie y étaient difficiles.
Nous formulons un souhait, que cette modeste exposition, donne envie de rechercher dans les greniers et les caves, les souvenirs enfouis, de cette période américaine.
Elle ne peut rester méconnue.
Souvenons-nous d’Eux !
TEMOIGNAGE
Monsieur Guy LEMOINE, dans un receuil de souvenirs intitulé "GLANE ... DE SOUVENIRS", écrit en 1988, témoigne de son enfance vécue à Monthou-sur-Cher. Il évoque dans ce receuil, la vie du village pendant la Grande-Guerre et "LES AMERICAINS". Vous trouverez ci-dessous le
fac-similé de ce témoignage, publié avec l'aimable autorisation de son fils Jacques LEMOINE.
LA "MACHINE A FROID" ET L'AVIATION
LE PLUS GRAND CENTRE LOGISTIQUE DU MONDE
Les "entrepôts de Gièvres".
Entre les ports de l'Atlantique et le front, les américains installent le plus grand centre de logistique du monde pour l'époque..
" Pershing avait pour habitude d'exiger à n'importe quel moment des trains de corned-beef, des hectares de tomates en conserves, des montagne de pommes de terre, des chevaux par dizaines de milliers, des obus par millions, le tout prélevé sur les stocks immenses entreposés à Gièvres ". (L. Stallings, ouvrage cité).
Les américains ont construit notamment :
Une usine frigorifique d'une capacité de congélation de 8 000 tonnes de bœuf.
Un dépôt ferroviaire de plusieurs centaines de locomotives et wagons etc.
Il y avait aussi un dépôt de remonte, un hôpital vétérinaire, etc.
Les capacités des entrepôts étaient énormes pour l'époque.
" le 8 Août, au coucher du soleil, en exécution d'une commande, reçue à 8 heures du matin par Harbord (le général qui commande les entrepôts), un long convoi de chemin de fer quitta les immenses entrepôts de Gièvres, où 20 000 hommes travaillaient bien souvent vingt - quatre heures sur vingt - quatre : il avait à son bord la valeur de trois jours de ravitaillement pour 35 000 hommes." (L. Stallings, ouvrage cité).
L'AVIATION A PRUNIERS
Le centre de production de Romorantin - Giévres (à Pruniers) était à la fois un centre de montage des avions, un centre de réparation et un dépôt de fournitures.
A Issoudun, était installée la plus grande école de pilotage de l'armée de l'air Américaine.
On peut affirmer que l'aviation de guerre américaine est née en Région Centre.
Le musée de Sologne à Romorantin avait organisé une exposition
sur la présence américaine en Sologne et dans la Vallée du Cher (1917 1919).