Le Moulin de Brault



« Berlu », « Bérault », « Bezault », trois appellations différentes, au fil des décennies pour désigner le moulin de Brault.

Ces appellations parcourent quelques unes des chartes qui actent la vie de ce moulin.

Il tire son nom de son implantation à la chute de l’étang du même nom : l’Etang de Brault.

Le moulin de Brault est porté sur la Carte de Cassini.  

Cela témoignage de son ancienneté et de son droit de fondé en titre. La chute de l’étang alimentée par le ruisseau Bavet, fit tourner la roue et les meules de ce moulin à « bled » pendant près de cinq cents ans.

Situé à la frontière des paroisses de Choussy et de Monthou-sur-Cher, à quelques encablures du Château du Gué-Péan, il était assez éloigné du centre bourg.

La datation la plus ancienne que nous connaissons est l’année 1164.

1164 :

Par un acte solennel signé « en la cour du Comte Hervé, dans le Château de St. Aignan en présence du Bally….., les héritiers du Sieur Dadon de St. Romain renoncent à tous leurs droits sur le moulin « Berlu » que le sieur Dadon avait donné aux religieux de l’Abbaye de Pontlevoy ».

La date de donation est inconnue. Il est vraisemblable que ce Dadon était un vassal du comte Hervé.

Une seule certitude : l’existence du moulin « Berlu » est antérieure à l’acte de renonciation des héritiers Dadon.

A partir de cette date, et jusqu’à la création de l’archevêché de Blois en 1697, les moines de l’Abbaye de Pontlevoy disposeront du moulin de Brault.

Lors de cette création, il sera versé dans la mense épiscopale.  

En 1315 :

L’Abbé Grégoire de Pontlevoy constituera une rente sur le moulin au profit du prieur du prieuré de Clusay (paroisse et église de Choussy).

En 1469 :

Les religieux de Pontlevoy, donnent à ferme à Pierre Forest, le moulin par un bail emphytéotique d’une durée de 59 ans et 30 setiers de grains payables aux religieux, à la « commandite et utilité » du Prieur de Clusay, dépendant de la dite Abbaye. Ce bail sera confirmé le 15 février 1492.

Cet acte atteste des liens étroits qui existaient entre l’Abbaye de Pontlevoy et l’Abbaye de Cornilly qui patronnait l’église de Choussy, composante du prieuré de Clusay.

1506 :

Bail à rente des « moulins de bezault » au profit du prieur de Cluzay.

1558-1564 :

Reconnaissance au profit du sacristain de Pontlevoy de la rente pour laquelle a été baillé le moulin Bezault.

1578 :

Le 15 octobre, les moines des deux abbayes, Pontlevoy et Cornilly, repartiront d’un commun accord leurs patrimoines territoriaux pour mettre fin à des conflits de compétences juridiques entre les deux abbayes.

Dans cet accord, le moulin de Brault est cité à plusieurs reprises.

1580 :

Le 11 octobre, le meunier du moulin de Brault, Jehan Cyret, est condamné à payer 20 écus soleil. Sur les 32 setiers de mouture qu’il devait acquitter au titre de la rente, il n’en avait versé que 8 ! (1)

1693 :

Le 11 octobre, un bail passé entre le seigneur du Gué-Péan et les meuniers des moulins du Gué et de Brault, nous précise les noms des meuniers des deux moulins, Julien Rochefort pour le moulin du Gué, Michel Pouillye pour le moulin de Brault.

Michel Pouillye cède son bail en présence de Julien Rochefort à André Roy, preneur du moulin de Brault.

L’illisibilité de l’écriture ne nous permet pas d’en connaître les conditions.

De 1721 à 1736 : 

Ce sont les évêques de Blois qui donnèrent à bail le moulin.

En effet, comme indiqué ci-dessus, lors de la constitution de l’évêché de Blois en 1697, le moulin et d’autres possessions furent versés dans la mense épiscopale.

1744 :

Le meunier est une meunière, Mme Vve Caillaux.

1747 :

Le 8 octobre, bail à ferme des près et du moulin à Forget Charles. (2)

1765 -1776 :

Les évêques de Blois donnèrent à ferme les bâtiments et dépendances de Brault « où autrefois était un moulin ».

Le moulin n’existait donc plus.

1782 : 

Un bail à ferme est passé par François Habert, secrétaire de Mrg de Thémines, évêque Blois, au profit de celui-ci.

1788 :

Le 14 mai, Jean Bonsigne est le preneur d’un bail à ferme, de la métairie de Brault et de la terre du Parc. (3)

1791:

11 juin, « l’ancien moulin de Brault » et ses dépendances, jardins, quatre boisselées de pâtureaux, trois arpents de près à deux herbes est vendu comme bien national. sa mise à prix est estimée à 2000 livres.

A près onze enchères, l’ancien moulin de Brault est adjugé à Jean Bardon, homme de loi, pour la somme de 4600 livres.

 

Droit de chasse


Malgré la sentence du bailliage de St-Aignan qui déclare que le moulin de Berault demeure « affranchi d’une rente et du droit de chasse prétendus par la dame du Gué-Péan Louise Gabrielle de Maslot du Bousquet, épouse de messire Jean-Hyppolyte d’Etampes, marquis de Valençay", le moulin de Brault est porté sur le cahier des rentes seigneuriales du Gué-Péan, pour un droit de chasse de 34 setiers.



Notes

1 - Émis à partir de 1562, cet Écu d’or est dit « au Soleil » en raison de l’astre qui apparaît sur l’avers, au dessus de la couronne : il indiquait la valeur de la monnaie. Société Française de la Monnaie

2 - Sources : ADLC 41, série 3 E68/256

3 - Sources : ADLC 41, série 3E5/47