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Bastia (photo de l'auteur)

Dis-moi d'où je viens ....

Avec Thérèse nous avons commencé les recherches généalogiques sur ma famille - la famille Villa à Bastia - dans les années 90.

Nous les avons conduites au rythme de nos séjours réguliers en Corse pendant nos vacances.

Ces recherches ne sont pas achevées, loin de là.

De nombreux actes, paroissiaux et de l’état civil, sont encore à découvrir. De  nouvelles pistes de recherches se sont ouvertes depuis du seul fait de la croissance des échanges entre les « chercheurs » toujours plus nombreux. Elles mériteraient d’être explorées. Comme par exemple les noms des « témoins » portés sur les actes, leur qualité, leur filiation, afin de mieux cerner la position sociale des membres de la famille dans la communauté bastiaise et notamment du quartier de Saint-Joseph et de Terra - Nova.

Mais, en l’état, l’arbre généalogique que nous avons dressé, rassemble un nombre important d’individus ( 952 ), ancêtres directs ou collatéraux, témoins, toutes et tous identifiés par des actes.

Cet arbre est consultable sur le site : www.geneanet.org .

Il faut savoir aussi acter les recherches.

Aussi, nous avons décidé de les poster sur notre site « TharvA. » 

Nous le faisons pour Léo, notre petit-fils, l’un des derniers nés dans la famille.

En souhaitant que la lectures des pages qui suivent lui permette :

de se situer dans la longue lignée des Villa du point de vue de la filiation, en dépassant le cercle restreint de ses deux parents et grands-parents, de prendre conscience qu’il s’inscrit dans  la longue évolution, dans le temps et l’espace,  de cette communauté familiale qui traverse au moins 3 siècles. que cette communauté familiale s’est imprégnée de repères collectifs successifs dont les effets perdurent encore aujourd’hui,qu’il a pris rang, à la date de sa naissance dans une famille dont la branche de sa mère plonge ses racines dans l’Ile de Corse, l'Italie et l’histoire de l’Arménie, et que la branche de son père puise ses sources en Algérie et dans le département de l’Indre et Loire,que ce métissage, commencé depuis les origines de la famille se poursuit aujourd’hui avec lui et constitue une richesse

Pour répondre à ces objectifs, nous ne nous sommes pas contenté de publier la longue énumération des naissances, mariages et décès des membres de la famille. Nous avons essayé de restituer « des tranches de leur vie » dans le contexte économique, social et politique de leur époque.

Enfin, j’ai souhaité poster cette généalogie, pour des motifs plus personnels.

J’ai voulu, au travers de l’évocation, partielle et imparfaite de quelques « tranches de vie » de la famille, rendre hommage à certains de ses membres.

Il est coutumier de relater l’histoire au travers de la vie et de l’action d’hommes et de femmes dont le hasard de leur naissance leur a permis de jouer un rôle.

Dans la famille, point de personnages importants. Des gens humbles, travailleurs, ordinaires, placés et maintenus dans des conditions d’existence telles qu’elles nécessitaient du courage pour les affronter et les supporter quotidiennement.

Ils font partie intégrante de l’histoire, celle du peuple, de son travail, de ses aspirations, de ses luttes.

Ils ont fait « mon » histoire et aujourd’hui celle de Léo.


Le feu ravage "le versant oriental et sud de l'île"

Les forêts de la Corse et plus généralement méditerranéennes sont assimilées, dans l’opinion publique, aux incendies des étés.

Il est vrai qu’elles en connurent, tout au long du XX° siècle, des plus ou moins spectaculaires.

Mais des années sont plus durement marquées que d’autres par ce fléau. 

En Corse l’année 1927 fut exceptionnelle de ce point de vue.

Le feu du 15 août ravagea de « nombreuses régions notamment sur le versant oriental et sud de l’île ».  (ADCS IM 430 : Notice des Ponts et Chaussées du 26-10-1927).

Il marqua la mémoire collective des insulaires par son ampleur, sa rapidité et ses conséquences dramatiques.

Le 15 Août 1927, le feu, attisé par le Libeccio, est aux portes de Bastia. 

Deux journaux quotidiens paraissent à Bastia, le « Bastia-Journal » et le « Petit Bastiais ».

Ils ont largement couvert l’événement.

Leurs titres traduisent l’ampleur du sinistre : « La Corse en flammes »; « le désastre »; « Durant toute la journée d’hier, le feu a fait rage autour de Bastia »

« Le Petit Bastiais » dans son édition du 17 août, traduit l’atmosphère pesante qui règne dans Bastia :

« un voile de fumée et de cendres recouvre entièrement Bastia et l’on se croirait, à se hasarder dans la rue - car le "libeccio" souffle de toutes ses forces - que des maisons brulent au bout de cette rue.

Un vent chaud vous fouette le visage, les rues sont tristes. Il semblerait que nous sommes à la veille de la fin du monde ».

Le journaliste se rend sur les lieux des sinistres et décrit ce qu’il voit.

Sur le trajet Bastia - Furiani, Il rencontre des femmes et des enfants fuyant, sur des charrettes, laissant les hommes au village pour aider les vieillards, les malades et défendre les habitations.

« De Furiani nous repartons vers Biguglia et en cours de route, rencontrons des réfugiés, se dirigeant sur leur voiture vers Bastia ».

« A Biguglia, à notre droite, - écrit-il - et pendant les kilomètres, nous côtoierons la plaine  entièrement noire et séchée par une ignition d’un jour ».

Au croisement de la route de Borgo avec la route Nationale, 4 maisons ont brulé en une demie-heure.

Dans les fermes, le feu est alimenté par la paille stockée, les tonneaux de vin et d’alcool.

Les pertes sont énormes : l’argent en billets de banque que les exploitants gardaient chez eux, les poulaillers, les ballots de paille, les hangars, les récoltes.

Les oliviers sont en feu, le maquis aussi.

La gare de Biguglia est attaquée par les flammes, elles descendent jusque dans la plaine. Une propriété, proche de la gare d’une vingtaine de mètres, est totalement rasée.

A Furiani, 2 maisons ont été brulées.

La maisonnette du cantonnier entre Borgo et Biguglia est consumée.

Les principaux hameaux de Vallecalle, Murato, Bacchetta sont entourés par les flammes.

Mais aussi Ruttoli, Ortale, et, Miomo, Grigioni, Cardo, Ville de Pietrabugna, Furiani, Borgo, Casamozza et Suerta,

Les environs de ces villages furent ravagés.

La route de Teghime est fermée à la hauteur du lieu dit « Suare ».

Le feu avance sur Casamozza.

Un wagon de marchandises brule dans la gare de Borgo où 1500 hectares seront la proie des flammes.

La gare de Bastia est sous la menace du feu qui progresse.

On sonne le tocsin au clocher de Saint-Jean-Baptiste. Les habitants de la ville se rassemblent pour prêter main forte aux sauveteurs.

La gare sera sauvée.

« Il faut avoir passé parmi les flammes, il faut avoir traversé ces villages en feu ou déjà désolés, il faut avoir vu l’étendue du sinistre pour se rendre compte que nous avons là affaire à un véritable désastre » écrira le journaliste.

Dans  son édition du 18 Août, le journaliste du « Petit Bastiais » met l’accent sur les causes de ces incendies.

« Chaque année, à pareille époque, on signale partout des incendies, des feux de forêts, des feux de maquis.

Jamais ces incendies n’ont pris l’importance qu’ils ont eue cette année; c’est un véritable désastre ; c’est un immense fléau qui s’est abattu sur la Corse, sur les régions avoisinantes de Bastia, en particulier.

La cause ? mains criminelles, intérêts de bergers qui préparent des pâturages pour leurs troupeaux, intérêts de propriétaires sans scrupules  qui tireront profit de ces herbes nouvelles à donner en location, volupté sadique d’oisifs que la lueur sinistre des incendies inonde de joie, désirs de vengeances des misérables qui s’attaquent sournoisement à la propriété de leurs ennemis ». 

Dans le même numéro il revient sur l’atmosphère qui règne à Bastia :

« Bastia, dans toute la journée d’hier - le 17 août - a présenté en petit, l’aspect que devait présenter Naples pendant une éruption du Vésuve. La fumée était tellement dense qu’elle faisait larmoyer les yeux des promeneurs ; les cendres en suspension dans l’air, mouchetaient les vêtements et pénétraient jusque dans les appartements. L’atmosphère était suffocante. La fumée était tellement épaisse que le soleil apparaissait comme un disque rouge et que toutes les surfaces blanches revêtaient une nuance rosée. Une atmosphère de catastrophe semblait planer sur la ville. Hélas ! la catastrophe n’était que trop réelle. Elle se chiffre par d’innombrables ruines ; plaise à Dieu que nous n’ayons pire à déplorer ! »

Le « Bastia Journal » a titré le 17 Août : « La Corse en flammes ».

« La corse n’est plus qu’un immense brasier ». 

« Dans notre région l’holocauste a commencé dans les derniers jours de la semaine dernière par l’incendie de la montagne de Luri : le feu s’allumait ensuite sur les hauteurs qui couronnent  Sisco, le canton de Brando, des Case-Vecchio, de Suera ,de Borgo, de Biguglia et dans la Casinca ».

Suit l’énumération des lieux  en proies aux flammes.

« Le Cap, la Casinca, la région de Solenzara et de Porto-Vecchio, les environs de Bonifacio, les cantons d'Ampugnani,, celui de Vesaco etc.. ».

Ce sont des millions qui s’en vont en fumée et en cendres, et nous verrons que plus tard le nombre de familles sans abri, peut être des vies humaines sacrifiées par les misérables qui ont systématiquement allumé des incendies sur tous les points de notre territoire ».

Le« Bastia Journal » précise: « Poussées par un libeccio violent et continu, les flammes gagnaient rapidement du terrain, descendant des hauteurs vers les vallées, vers la plaine, vers la mer, menaçant les villages et les maisons de campagnes et les bâtiments agricoles. Un certain nombre de ceux-ci on été incendiés…… »

« La panique est extrême - écrit le journaliste - on rencontre sur la route des groupes de femmes et d’enfants qui sanglotent ».

Du coté de Borgo, toujours le « Bastia Journal » : «  Malheureusement le feu ne s’était pas contenté d’arriver jusqu’au village, aidé par un vent très violent il gagna la plaine où il fit des dommages vraiment sérieux. C’est là que l’incendie prend la tournure d’un cataclysme. Toutes les maisonnettes situées à la plaine ont été brulées avec le fourrage qu’elles renfermaient. De nombreuses machines agricoles ont subi le même sort. Le bétail a en grande partie péri ».

Les hommes du 173e RI apportèrent un secours efficace dans la lutte contre les flammes et sauvèrent plusieurs habitations.

Les dégâts furent énormes.

Des propriétés, des fermes,les récoltes, les vignes, les vergers, furent rasés et réduits en cendres.

On dénombra plusieurs morts, dont un berger et ses 150 brebis, retrouvés carbonisés sur la route de Borgo.

Plusieurs informations criminelles furent ouvertes par le Procureur de la République pour incendies volontaires.

Cet incendie fut largement évoqué par la presse.


Les journaux nationaux l’Humanité, Le Figaro, La Croix, Le Temps etc., évoquèrent dans leurs colonnes le sinistre. Ils en soulignèrent la gravité des conséquences.

La presse locale aussi, à l'exemple de "L’Express du Midi", un hebdomadaire Toulousain, du "Journal du Loiret" qui paraîssait à Orléans.

 La "Feuille d’avis de Neuchâtel" -journal Suisse- évoqua la catastophe.


Les pouvoirs publics réagirent.

Une conférence fut organisée le 22 août 1927 par le Ministre de l’Intérieur afin de donner au préfet de nouvelles instructions pour lutter contre les incendies de forêts et rechercher les incendiaires.

A la sortie de la conférence,  le Député Moro-Gaffieri déclara : « Mr Sarraut -Albert Sarraut, ministre de l'intérieur- m’a promis que des secours individuels seraient alloués aux personnes sinistrées, mais les crédits votés a cet effet par le Parlement sont malheureusement assez faibles…. ». (L’express du Midi du 25 Août 1927). 

La fin d’une présence d’au moins 3 siècles sur l’Ile

La famille VILLA, elle, eut à déplorer, la perte totale de son outil de travail, de ses récoltes, des animaux.

Leur exploitation agricole était située à Biguglia, au bord de l'étang entre Casatore et Furiani.

C'étaient des fermiers.  Mon grand-pére François, son frére , leurs femmes, travaillaient sur l'exploitation. Les enfants, mon père notamment, participaientt aux travaux agricoles; ma grand-mère, vendait les productions sur la place du marché de Bastia.

J’ignore si elle fut indemnisée par les pouvoirs publics.

J’ignore aussi le résultat de l’enquête criminelle.

Ce que je peux imager, c’est la masse de difficultés, qui assaillit la famille après cet incendie.

Elle reprit une exploitation à Furiani, là où se trouve, aujourd’hui, le stade de foot.

Mais plus rien ne fut comme « avant à Biguglia ».

Mon père me disait qu’ils « étaient passés d’une grande à une petite exploitation. Qu’ils ne savaient pas faire petit. Il me citait en exemple le fait qu’ils commandaient la même quantité de semences. Ils n’ont pu poursuivre ».

Mon père fut mobilisé pour le service militaire. Le 15 octobre 1935, après avoir rejoint le centre d’affectation à Ajaccio, il s’embarquait pour rejoindre son régiment à Nimes. 

Mon grand-père, ne pouvait plus compter sur son aide.

« Il n’y arrivait pas » me disait mon père en parlant du grand-père François.

L’exode sur le continent, apparut - pour une partie de la famille- comme la solution pour sortir des difficultés.

Le 26 mai 1936, mon grand-pére François, ma grand-mère Pauline, et leurs enfants s’installent au n° 151 route Nationale, (montée de la Viste) dans le 15e arrondissement de Marseille.

Mon père les rejoindra en 1937. Le lendemain de sa démobilisation, il s’inscrivait au centre d’embauche des dockers sur le Port de Marseille.

Neuf années se sont écoulées entre l’incendie de 1927, et leur départ pour Marseille.

Neufs années, pendant lesquelles tous les membres de la famille ont travaillé la terre pour vivre.

Ils ne purent surmonter la précarité dans laquelle l’incendie les avait plongé.

Dans les années trente une crise économique profonde traverse le pays.

Le ministre de Budget, François Pietri, met en oeuvre une politique d’austérité qui vise à réduire les coûts des dépense publiques afin de parvenir à l’équilibre budgétaire et la stabilité monétaire. Dans l’ile qui ne compte presque aucune industrie, ces mesures  frappent durement la population car chaque famille compte un fonctionnaire et/ou un retraité dont les salaires et pensions sont revus à la baisse.

La consommation se réduit.

La crise et l’austérité qui l’accompagne ont certainement aggravé les difficultés des plus vulnérables. 

Elle devinrent insurmontables pour la famille Villa.

Le quotidien de leur vie avait été boulversé. 

Le feu  avait réduit en cendres le peu qu’ils avaient. Bien que pas riche, elle fut ruinée !

Dans le contexte de l’époque, ce "peu" était énorme. Ce n’était pas uniquement quelques biens matériels. 

C’était le rôle économique de la famille et la représentation sociale qui en découlait.

Certes, cet ensemble était fragile. Mais, Il suffisait d'entendre mon père parler de Biguglia, du travail harassant du lever au coucher du soleil, et ce depuis l'âge de 11 ans ; mais aussi les trajets à Bastia la charrette pleine de légumes, de melons ou de pastèques pour le marché; des vignes et de la production de vin, de la convivialité de la vie familiale à la ferme; de la beauté des paysages, des parties de chasse et des battues sur l’étang ; des soirées  l'été dans la rue avec les voisins, à St-Joseph, pour mesurer combien était important l'équilibre travail / représentation sociale, combien cet équilibre rythmait leur vie dure et les aidait à l’accepter.

L'équilibre fut rompu durablement et profondément le 15 août 1927.

La crise, l'absence de formation nécessaire pour affronter les mutations de la société Corse - mon grand-père et ma grand-mère étaient illettrés -, la misère, les ont poussés hors de l'Ile.

Je n'ai compris cela que très tardivement. 

Pendant au moins trois siècles, voire plus, la famille « Villa » vécut à Bastia. Ils était jardiniers, agriculteurs, vignerons. De père en fils, ils travaillaient la terre.

S’en séparer, contraints et forcés par le malheur et la misère, fut un véritable traumatisme. 

Mon père , avant de mourrir, avait émis le souhait de reposer en Corse. « C’est mon pays, c’est là que je suis né » disait-il.

Sa soeur Pierrette avait formulé le même souhait . 

Ils y sont retournés un matin de l’été 2013. Le 28 Juin. 

Ce matin là, très tôt, sur les rochers de la petite crique de Ficajola, au pied des escaliers qui « montent » à St-Joseph, j’ai dispersé les cendres de mon père et mon cousin germain Lucien, celles de sa mère Pierrette.

Ce fut une cérémonie sobre et émouvante.

Lucien, sa femme Mireille, un ami de la famille. 

Thérèse, Valerie et moi.

Ainsi le frère et la soeur sont retournés ensemble dans leur « pays », sur les lieux des baignades de leur enfance, refermant la parenthèse d’une longue absence.

Ils reposent en paix chez eux. 

Ecrit et publié le 19 décembre 2015.

A suivre ...

Une présence ancienne et permanente du patronyme Villa dans la région de Bastia.


« Une profonde obscurité couvre le premier âge de la Corse. Sans remonter aux traditions mythiques sur le roi Cyrnus, fils d’Hercule et de la bergère Corsa, des témoignages nombreux prouvent que l’île fut connue et fréquentée dans des temps reculés par les navigateurs de plusieurs nations de la Méditerranée. »

Prosper Mérimée, Notes d’un voyage en Corse. (1840)

Etymologie.

Le patronyme Villa est issu du mot latin villa, qui désigne une maison de plaisance aux environs des villes romaines. Par extension il désigne le domaine, la ferme, le nom du lieu, du hameau.

Les origines possibles, internes et externes à l’île, sont multiples,

La Corse n’a jamais été une Ile close. 

Située au carrefour des grandes voies maritimes de navigations, d’immigrations et du commerce, elle est, depuis les temps les plus reculés, ouverte aux influences du monde méditerranéen.

Dans son « Histoire de Corse » Michel Vérgè-Franceschi, note que : « …à l’issue du premier millénaire de l’ère chrétienne, l’île de Corse peut se présenter comme le creuset à la fois exceptionnel et unique de trois civilisations méditerranéennes et brillantes - romaine, chrétienne, arabe - qui toutes, une fois dans l’île, n’ont cessé de s’interpénétrer. » (T I, Des origines au XVIIe siècles, page 8. ed. du Felin. 1996).

« Au cours du premier siècle de l’ère chrétienne, l’île était en train de devenir l’une des grandes escales du monde et du trafic méditerranéens ; s’y installaient d’immenses villae véritables latifundia littorales de riches propriétaires. » (ouvrage cité ci-dessus, page 86)


L’évolution de la société féodale générera de nouvelles structurations territoriales, de nouvelles règles juridiques et un vocabulaire correspondant.

La « villa romaine antique » cédera la place à la « villa médiévale » qui recouvre une autre réalité historique.

Daniel Istria, date du début du XIIIe siècle l’apparition du terme villa dans les documents notariaux. Ce terme désigne -selon lui-« dun élément intermédiaire de la division territoriale » d’une superficie assez vaste qui constitue « une entité structurelle de base » sur laquelle « s’applique en premier lieu l’autorité du seigneur et que s’organise le prélèvement fiscal. ».  Sur cette entité territoriale vivent des serfs, des paysans non serfs mais aussi des hommes et des femmes plus aisés. (Daniel Istria, Pouvoirs et Fortifications  dans le Nord de la Corse XIe-XIVe siècle page 383 -385 Ed. Alain Piazzola 2005).

L’emploi du terme « villa » deviendra courant au XIVe et XVe siècle.

Les études historiques récentes, conjuguant, l’examen des documents écrits anciens, les études des toponymes et l’archéologie médiévale, commencent à donner un nouvel éclairage de la Corse médiévale dans l’ensemble méditerranéen. Elles permettront, n’en doutons pas, de mieux comprendre le processus historique de la formation des noms de famille en Corse.

A ce jour, nous pouvons donc envisager plusieurs possibles pour le nom de famille « Villa ». Il est,  soit issu d’une villa romaine, d’une villa médiévale, d’un toponyme de la région de Bastia, ou importé par l’un des peuples migrants qui ont accosté en Corse.

Une présence en Corse notée par les chroniques de l’histoire médiévale.

Dans sa Chronique Médiévale, Giovanni Della Grossa, retrace l’épopée de Sinuccello, appelé Giudice de Sinarca.

Les Pisans lui avaient attribué le titre de Comte de Corse. 

Ils l’avaient déposé sur l’Ile avec deux galères. Il entama en 1245, une longue période de reconquête du pouvoir et de l’Ile, usant pour cela, à la fois des armes et de la justice.

Il se fit appelé Giudice et devint ensuite Giudice de Sinarca.

Dans sa reconquête, il fut, nous dit Giovanni della Grossa, accompagné par un guerrier nommé le « Bâtard de Villa », sans doute l’un des vassaux de Giudice. (Giovanni della Grossa, Chronique Médiévale Corse, Mathée Giacomo-Marcellesi, Antoine Casanova, page 151, La Marge Edition, 1998).


Dans sa Chronique Médiévale, Giovanni Della Grossa, retrace l’épopée de Sinuccello, appelé Giudice de Sinarca.

Les Pisans lui avaient attribué le titre de Comte de Corse. 

Ils l’avaient déposé sur l’Ile avec deux galères. Il entama en 1245, une longue période de reconquête du pouvoir et de l’Ile, usant pour cela, à la fois des armes et de la justice.

Il se fit appelé Giudice et devint ensuite Giudice de Sinarca.

Dans sa reconquête, il fut, nous dit Giovanni della Grossa, accompagné par un guerrier nommé le « Bâtard de Villa », sans doute l’un des vassaux de Giudice. (Giovanni della Grossa, Chronique Médiévale Corse, Mathée Giacomo-Marcellesi, Antoine Casanova, page 151, La Marge Edition, 1998).


Marc’Antonio Ceccaldi - qui prolongea la Chronique de Giovanni della Grossa - nous raconte l’invasion de l’Ile par les troupes du Maréchal de Thermes, accompagné de Sampiéro Corso, pour le compte de Henri II, roi de France. (Histoire de la Corse, Lucien Auguste Letteron, t 2, Edition Lafitte Reprint, 1975).

Le 23 août 1553, une partie de l’armada Franco-Ottomane, débarque l’avant garde de l’armée du Maréchal de Thermes et Sampiero Corso sur la plage de l’Arinella, au pied du fort de Bastia.


L’armée du Maréchal de Thermes, 4000 hommes environ, est à l’image des armées de cette époque, composées de diverses « Compagnies ».

Les compagnies Italiennes en sont l’armature, et rassemblent des Italiens, des Calabrais, des Gascons, des Corses.

Elles sont commandées par des « personnages illustres ou de vieux colonels de grande réputation », nous dit Ceccaldi. Il s’agissait du Duc de Somme, de Francesco Villa mestre de camp, de son fil le capitaine Alfonso Villa, mais bien d’autres aussi.

Des gentilshommes italiens et Corses étaient de l’expédition.

Il reviendra à Alfonso Villa de défendre le poste de Furiani.

Francesco, Alfonso, étaient ils Corses, Italiens voire Espagnols ? 

Francesco, Alfonso, étaient ils Corses, Italiens voire Espagnols ? 

Ceccaldi nous présente Alfonso comme un officier français, parce que, prisonnier des génois, il aurait été libéré, alors que ceux-ci passaient systématiquement les prisonniers Corses par les armes.

Dans les années 1500, la distinction entre mercenaires Corses et soldats Italiens n’était pas facile.

Dans les régiments Italiens servaient des Corses et dans les Régiments Corses, les Italiens étaient nombreux.

Mais peu importent les origines géographiques de ces guerriers.

Ces références, empruntées aux chroniqueurs qui sont l’une des source de l’histoire ancienne de la Corse, ont pour mérite de montrer la présence du patronyme Villa dans l’histoire de l’île.

 Ancienneté et permanence de « VILLA » dans la région de Bastia.

L’ implantation de ce nom, à Bastia, peut avoir, elle aussi, des causes diverses.

Bastia a été, dès l’origine, un lieu d’immigration.

Autour du fortin construit par les Génois, à la fin du XIV° siècle, sur le promontoire dominant la marine de Cardo, se rassemble une population de marchands, de soldats Ligures, de pêcheurs, d’agriculteurs corses venus pour beaucoup des villages proches ravagés par les guerres féodales.

Le patronyme Villa, pourrait alors être un dérivé linguistique, qui à l’origine, était utilisé dans le langage courant, pour désigner la famille nouvellement arrivée par son lieu de provenance ou de travail. Nombre de ces familles portent le nom de leur village, d’une profession ou un surnom.

On notera toutefois q’un acte paroissial, fait état du baptême à Bastia,  d’une enfant nommée Maria de Villa, le 14 Mai 1707.

Nous ne disposons pas d’actes antérieurs à celui-ci.

Enfin, «l’Etat des Ames » rédigé par le clergé en 1678 à Bastia, atteste de la présence d’une famille « Villa » à Bastia.

D’où venait  elle ? De l’intérieur ? de l’extérieur de l’Ile ?

Les échanges entre « généalogistes amateurs » nous informent de la présence du nom de famille villa à Ajaccio vers 1600, (voir la généalogie de Monsieur André Flori - www.généanet.org).

Le champ des hypothèses de l’origine du patronyme Villa reste donc ouvert. 

Les références historiques rappelées ci - dessus, m’autorisent, à affirmer que le nom de « famille Villa », puise ses racines dans les profondeurs de l’histoire de la Corse et est présent à Bastia fin XVIIe début XVIIIe siècle.

En matière de généalogie, seuls peuvent être considérés, les liens de descendances ou d’ascendances attestés par un acte de l’état civil, notarié ou sous seing privé.

C’est ce que je me suis efforcé de rechercher.

Et que je vais poursuivre.

Quel que soit le cas de figure, comme me l’a dit un jour un « vieux Bastiais », 

 « Villa, c’est un nom bien de chez nous ».

Sur internet, les sites de généalogies sont nombreux et ils offrent tout une série de services, d’études, d’estimations sur les origines des noms de famille, leur présence géographique etc.

Selon l’une de ces études réalisée à partir des données contenues dans la base de données du site « généanet.org », le patronyme Villa ne serait porté que par environ 84000 individus de par le monde. C’est peu si l’on en croit la statistique. Sa présence serait dominante en Europe.

Selon le classement des noms par département réalisé par un autre site de généalogie, « « généalogie.com », le département de la Haute Corse serait au 5e rang, derrière Paris, l’Hérault, les Bouches du Rhône et la Haute Garonne, le département de la Corse du Sud, lui arriverait en 49e position. 

Ces données qui n’ont qu’une valeur indicative, permettent néanmoins de situer géographiquement un nom de famille.

Elles tendraient à indiquer une forte migration des « Villa » vers la capitale et les départements du sud de la France.

Le 6 Janvier 2016

(A suivre...)


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