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La Ligne de Démarcation et Monthou-sur-Cher 

Titres de la page

La Ligne de Démarcation et Monthou-sur-Cher 

    • Le compte à rebours 
    • Chronologie simplifiée 
    • Ils arrivent 
    • La Ligne de Démarcation 
    • Une véritable frontière intérieure 
    • Un outil de répression 
    • Les Passeurs 
    • Les réquisitions 
    • Une atmosphère plombée 
    • Les prisonniers de guerre de Monthou 
    • Les personnalités de Monthou 
    • Le STO 
    • Les juifs 

Le compte à rebours

Un héritage de la guerre 14-18 :

Le traité de Versailles a redistribué les cartes en Europe et au delà :

  L'Allemagne : elle est amputée territorialement, elle est désarmée, et elle doit payer d'énormes sommes, au titre des "réparations".

  L'Autriche-Hongrie : elle disparaît et de nombreux petits États peu stables sont créés, générant notamment des mécontentements des multiples nationalités les composant.

  L'Italie : elle est mécontente car ses revendications territoriales n'ont pas été satisfaites.

  La France et le Royaume -Uni : elles n'ont pas les mêmes positions. L'Angleterre a tendance à plus de bienveillance à l’égard des vaincus.

  Les USA sont retournés à leur politique dite de neutralité et d'isolationnisme.

L'échec du " pacifisme " :

La création de la SDN ( ancêtre de l'ONU) avait soulevé les espoirs de paix durable.

Notamment en France où les idées pacifistes étaient très présentes.

Des accords eurent lieu sur les frontières en Europe, sur les armements, etc.

Mais la SDN n'avait pas de pouvoirs réels et d'autorité (adhésion tardive des USA).

Elle sera impuissante face aux agressions territoriales.

La création de l'URSS :

Née de la Révolution de 1917, elle va bouleverser le contexte mondial.

Pour les puissances occidentales, elle représente " le péril rouge ". 

Mais elle soulève bien des espoirs dans une partie des peuples d'Europe et des colonies, malgré le caractère autoritaire du système stalinien.

Les régimes fascistes à commencer par l'Allemagne dénoncent le " judéo-bolchevisme" et se présentent comme des remparts contre l'URSS.

La montée des fascismes :

L'Italie :

1921 : Mussolini crée le Parti fasciste.

1922 : il devient chef du gouvernement. Il mène une politique extérieure agressive et annexionniste ( Libye, Ethiopie, réclame Nice, etc).

Cela le conduit à se rapprocher de l'Allemagne hitlérienne et de l'Espagne franquiste.

Son régime sert de modèle au développement de partis et gouvernements fascisants ( Hongrie, Roumanie, etc.)

L'Allemagne :

Les luttes politiques dans la République de Weimar étaient importantes avec la place qu'y occupaient communistes et sociaux démocrates. 

Un chômage record, les conséquences de la crise de 1929 et les humiliations de la défaite de 1918 en particulier chez les anciens combattants, vont servir de terreau au parti nazi.

Hitler fort de ses résultats électoraux et de l'appui des grands industriels et des banques, est appelé " légalement " au pouvoir. 

Il devient Chancelier en janvier 1933.

- 1933 : il quitte la SDN.

- 1935  : il dénonce le désarmement imposé par le Traité de Versailles. Il crée la Lufwaffe.

- 1936 : c’est le pacte Rome-Berlin et aussi le pacte Antikomintern avec en plus le Japon.

Ce sont les puissances de l' Axe.

Avec l'Italie, elle fait de la guerre d'Espagne, un terrain d'expérimentation de son matériel de guerre. 

Le Japon :

L'armée dirige de fait le pays. 

Le Japon multiplie les revendications territoriales en Asie de l'Est et du Sud Est : Mandchourie, îles. 

La Chine est dans sa ligne de mire.

Les systèmes d'Alliance :

France et Royaume unis sont alliés de la Pologne avec des traités de défense mutuelle.

En mai, l'Allemagne et l’Italie signent un traité d'alliance militaire : le Pacte d'Acier.

Le 23/8/39, après l'échec des pourparlers avec la France et le Royaume Uni, l'URSS signe le Pacte germano-soviétique avec l'Allemagne. 

C'est un pacte de non agression. Un protocole non public définissait les sphères d'influence de chacun. 

Aujourd'hui encore, le pacte germano-soviétique fait toujours l'objet de débats et positions diverses chez les historiens.

Vers la guerre.

L'Anschluss :

C'est l'annexion de l'Autriche en mars 1938.

Les puissances occidentales estiment que c'est une affaire intérieure à l'Allemagne.  

Elles ne réagissent pas.

Les Accords de Munich  :

La Tchécoslovaquie accepte en septembre 1938, sous la pression franco-anglaise, de céder les Sudètes à Hitler. 

Hitler promet de ne plus rien revendiquer.

Français et Britanniques pensent avoir sauvé paix.

L'annexion totale de la Tchécoslovaquie : 

Elle est effective en mars 1939.

Les revendications sur la Pologne :

Au printemps 1939, Hitler revendique le port de Dantzig et un "couloir" en territoire polonais.

Ces "passivités" sur le plan des relations internationales s'accompagnent du même laisser-faire face aux atteintes aux libertés et aux répressions en Allemagne notamment à partir de 1935, contre les opposants au régime ( communistes, sociaux démocrates, catholiques, intellectuels, etc).

Puis les persécutions contre les juifs, les francs-maçons, les homosexuels, les tsiganes.

Puis les exterminations des handicapés lourds et malades mentaux.

A la veille de la guerre, ces actes du régime nazi étaient connus par la classe politique des démocraties occidentales.

Le vendredi 1/9/1939, les Allemands envahissent la Pologne.

Le dimanche 3/9/1339, l'Angleterre à 11 heures et la France à 17 heures, déclarent la guerre à l'Allemagne après son refus de retirer ses troupes de Pologne.

.....La deuxième guerre mondiale a commencé.....

Chronologie simplifiée

29-09-39 : la Pologne capitule ( le 17, les Soviétiques l'avait aussi envahie).

30-11-39 : l’URSS attaque la Finlande ( qui capitule le 13-3-40).

09-04-40 : Hitler attaque le Danemark et la Norvège. 

10-05-40 : l'Allemagne attaque les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg.

10-06-40 : l'Italie déclare la guerre à la France.

14-6-40 : les Allemands défilent dans Paris (Appel de Londres 18/6/40 et du 10/7 du PCF)

22-06-40 : la signature de l'Armistice ( effective le 25 et mise en place de la ligne de démarcation)

10-07-40 : le début de la " bataille d'Angleterre" : bombardements mais résistance des Anglais et Hitler est contraint de "reporter " l’invasion de la Grande- Bretagne. Il devra y renoncer.

27-09-40 : Pacte tripartite Allemagne, Italie et Japon.

Fin 40 : la guerre s'étend aux Balkans, à l' Afrique ( Rommel et l'Afrika Korps)

   1941 : la guerre devient mondiale. 

22-6-41 : l’Allemagne envahit l'URSS. C' est le début de l'opération Barbarossa. 

7-12-41 : le Japon attaque les USA sans déclaration de guerre à Pearl Harbor aux îles Hawaï.

11-12-41 : l'Allemagne et l'Italie déclarent la guerre aux USA.

   1942  : le tournant.

6-6-42 : victoire américaine de Midway.

21-6-42 : Rommel victorieux à Tobrouk. 

1-9-42 : début du siège et de la bataille de Stalingrad.


  1942  : le tournant.

6-6-42 : victoire américaine de Midway.

21-6-42 : Rommel victorieux à Tobrouk. 

1-9-42 : début du siège et de la bataille de Stalingrad.

23-10-42 : Montgommery victorieux à El Alamein et il repousse l' Afrika Korps jusqu'en Tunisie.

8-11-42 : débarquement des Alliés en AFN ( les Allemands occupent la zone "libre" en représailles).

21-11-42 : Joukov débute l'encerclement de l'armée de Von Paulus devant Stalingrad.

   1943 : les avancées des Alliés.

31-1-43 : Von Paulus se rend. Victoire des soviétiques à Stalingrad. 

17-4-43 : les Américains abattent l'avion de l'amiral Yamamoto.

12-5-43 : les chefs de l' Afrika Korps se rendent.

10-7-43 : débarquement allié en Sicile.

3-9-43 :   débarquement anglais en Calabre.

8-9-43 : l’Italie se rend sans conditions ( Mussolini avait été destitué 25-7). Les Allemands envahissent l'Italie.

1-12-43 : Conférence de Téhéran ( Roosevelt, Churchill, Staline) : avec un accord pour une capitulation sans conditions de l’Allemagne

1944 : l'Allemagne et la "guerre totale".

Janvier- février-44 : durs combats en Italie.

27-1-44 : fin du siège de Leningrad.

Avril 44 : les soviétiques entrent en Roumanie et en Tchécoslovaquie.

6-6-44 : débarquement allié en Normandie.

20-7-44 : attentat contre Hitler qui en sort sain et sauf.

25-8 44 : libération de Paris.

10-9-44 : les Alliés entrent en Allemagne

19-10-44 : les soviétiques entrent en Prusse Orientale.

 Dernière tentative d'offensive allemande dans les Ardennes vite repoussée par les alliés.

   1945 : la fin de l'horreur

16-1-45 : Hitler s'installe dans son bunker sous la Chancellerie du Reich.

14-2-45 : Conférence de Yalta ( les Alliés se partagent les zones d’influence en Europe ).

2-4-45 : mort du Président Roosevelt.

29-4-45 : Mussolini et Clara Petacci sont exécutés.

30-4-45 : Hitler et Eva Braun se suicident.

7-5-45 : capitulation de l'Allemagne à Reims.

8-5-45 : capitulation de l'Allemagne à Berlin.

6-8-45 : bombe atomique sur Hiroshima

9-8-45 : bombe atomique sur Nagasaki.

2-9-45 : capitulation du Japon en baie de Tokyo.


L'OCCUPATION :

ILS ARRIVENT…

Les jours qui précèdent l'arrivée des Allemands :

Les troupes allemandes défilent sur les Champs-Elysées le 14 juin 1940.

C est un immense traumatisme national qui démultiplie le désarroi de la population.

Des millions de réfugiés sont sur les routes en direction du Sud et essayent de franchir la Loire.

Le 10 juin 1940, le gouvernement s'était replié sur Tours. 

Des services de l'Etat Major sont même temporairement installés à Montrichard.

Le 12 juin, c'est DALADIER, encore Président du Conseil, qui est au Château de Chissay.

Le 13 juin s'y tient une réunion anglo-française ( de Gaulle y participe avant de s’envoler pour Londres) qui se terminera à Tours.

Les armées allemandes attaquent de toutes parts et se dirigent sur la Loire.

Le 14 juinMontrichard puis Faverolles sont bombardés, faisant des dizaines de victimes, notamment parmi les réfugiés, nombreux à camper sur la place du Champ de Foire.

Le 16 juin, les Allemands sont à Orléans. Le Xe Corps d'Armée allemand franchit la Loire à Briare.

PÉTAIN est nommé chef du gouvernement.

Le 17 juin, un train est bombardé en gare de Bourré et tous les ponts routiers de la Loire entre Tours et Nevers sont endommagés.

PETAIN annonce qu'il va demander l'Armistice.

Le 18 juin, c'est l'appel du général de GAULLE à Londres et l'entrée des Allemands à St Laurent des Eaux, à Vendôme et à Blois où ils s'installent dès le lendemain au Château.

Le 19 juin, les Allemands sont devant Tours. Ils atteignent le Cher près de Vierzon et arrivent à Noyers.

Quelques régiments français composés pour l'essentiel de troupes coloniales ont été repliés sur la rive gauche du Cher entre Saint-Aignan et Faverolles. Ces reliquats de l'armée française détruisent les ponts pour retarder l' avancée allemande. Elles résisteront avec beaucoup de courage : la 4e DCR, le 70e tirailleurs algériens, des bataillons de tirailleurs marocains, etc.

Le 20 juin, les troupes allemandes occupent une à une les communes de la Vallée du Cher et au soir toute résistance militaire française a cessé. 


Le 22 juin, l'Armistice est signée.


Le 25 juin, elle entre en vigueur et la Ligne de Démarcation est effective.

20 juin 1940, à 5 heures du matin : l’arrivée des Allemands à Monthou.

Plusieurs millions de personnes ont fui les zones de combats ; par crainte aussi de l'arrivée imminente des Allemands.

Aux français, s'ajoutent nombre de belges et de luxembourgeois.

Ils se dirigent vers le Sud mais Loire et Cher deviennent infranchissables.

Il y a des réfugiés partout dans Monthou. Dans les fermes, les granges, les écuries, les maisons du bourg. 

Parmi ces réfugiés, des juifs qui confieront des affaires, de l’argent ou des bijoux à des familles accueillantes dans l’attente de passer la ligne.

Les habitants nourrissent tous ces réfugiés, les soignent, voire accouchent les femmes, réparent charrettes et voitures. 

Tous les témoignages dessinent une solidarité exemplaire, jugée " naturelle » dans le commun malheur.

Des liens d'amitié se maintiendront avec des familles de réfugiés.

Depuis plusieurs jours, beaucoup d'habitants se sont réfugiés dans les caves, dans les bois, par crainte de l'arrivée des Allemands. 

Femmes, hommes qui n’ont pas été mobilisés, vieillards, enfants mangent et dorment sur place dans les caves.

Et les enfants contents de ne pas aller à l’école et qui jouent ensemble !

Les mêmes scènes d’angoisse qu'en 1870-71, avec la peur de l'arrivée des Prussiens, se reproduisent.  

.....et au petit matin du 20 juin, les éclaireurs allemands arrivent à Monthou, rapidement suivis par les troupes.

Ils sont arrivés par la route venant de Contres et par celle venant de Noyers par les hauts de Thésée et Choussy.

Puis, ils ont occupé tout Monthou.

A travers les témoignages, on retrouve le même scénario : les Allemands entrent dans les fermes, font boire leurs chevaux, les installent dans les écuries ou sous les hangars, prennent paille et foin.

Ils garent leurs véhicules.

En repères :

  • Le 1er juillet 1940, le gouvernement s'installe à Vichy.
  • Le 10 juillet, PÉTAIN se fait attribuer les pleins pouvoirs.
  • Le 22 juillet, c'est la révision des naturalisations intervenues depuis 1927.
  • Le 3 octobre, promulgation du premier statut des Juifs.
  • Le 24 octobre, c’est la rencontre de PÉTAIN et d'HITLER à Montoire.
  • Le 30 octobre, PÉTAIN annonce la politique de collaboration avec l'Allemagne.

LA LIGNE DE DÉMARCATION

La Ligne de Démarcation : une France « éclatée ».

Avec l'instauration de la Ligne de Démarcation, la France a une " frontière " humaine, administrative, économique et politique inédite dans l'histoire des guerres du XXeme siècle.

L'Armistice est signé à Rethondes le 22 juin, à 17h30.

La campagne de France est officiellement terminée le 25 à 0h25 et la ligne entre en vigueur.

L'Armistice met en place plusieurs zones :

Une zone rattachée à l'administration militaire allemande de la Belgique ( les départements du Nord et du Pas de Calais).

Une zone annexée au Reich et directement administrée dans les structures territoriales allemandes ( les trois départements alsaciens-lorrains ).

Une zone interdite située au nord des départements la Somme et de l'Aisne.

Une zone réservée au sud de ces départements et qui se dirige vers l'Est jusqu'à Belfort.

Les deux zones occupée et " libre" qui suivent un découpage complexe du Lac Léman à la frontière espagnole.

Ces deux zones sont donc séparées par une ligne de démarcation.

Une zone d'occupation italienne est mise en place sur la frontière des Alpes.

Enfin, s'y ajoutera à partir du printemps 1941 et pour les besoins de la construction du mur de l'Atlantique, une nouvelle zone interdite le long des côtes.

Les allemands évacuent toutes les parties qu'ils avaient envahies en-deçà de la ligne.

La ligne, une véritable frontière intérieure.....

Le gouvernement de PÉTAIN s'est installé à Vichy en zone libre.

Officiellement le gouvernement de Vichy administre aussi la zone occupée.

Ce sera rapidement une fiction : les préfets ne pourront rien décider sans l'accord de l'occupant et ils seront ,de facto, les exécutants des décisions des autorités d'occupation.

Treize départements sont donc ainsi divisés ou amputés : l'Ain, le Jura, la Saône et Loire, le Cher, le Loir et Cher, l'Indre et Loire, la Vienne, la Charente, la Dordogne, la Gironde, les Landes et les Basses-Pyrénées ).

Cinquante-trois départements, dont quarante et un dans leur totalité, sont en zone non occupée.

.....pour la présence militaire :

De juillet 1940 à février 1941, des soldats de l'armée allemande sont installés le long de la ligne. Ils appartiennent à des régiments territoriaux.

On ne connaît pas leur nombre exact.

Ils sont épaulés par des membres de la GFP (la police secrète de campagne) et travaillent aussi avec la Feldgendarmerie.


Le 15 février 1941, les soldats de la Wehrmacht sont pour l'essentiel remplacés par les membres de la VGAD (le service renforcé de la surveillance des frontières).

Ce sont ceux qu'on appèlera " les douaniers " avec des chiens, des patrouilles aguerries.

Leur arrivée va aussi correspondre à un renforcement de la surveillance de la ligne.

De l'autre côté de la ligne, se trouvent leurs homologues français. Les douaniers remplaceront aussi les militaires du côté français.


......pour sa délimitation : 

La matérialisation doit être visible.

Dans les forêts, les champs, les chemins, les Allemands plantent des poteaux, recouverts des couleurs du Reich.

Aux carrefours routiers, sur les ponts, aux entrées des communes, les allemands ont installé des guérites toujours aux couleurs du Reich, des barrières mobiles, des herses, des fils barbelés, etc.

Les allemands installeront aussi des mines explosives, invisibles elles, notamment sur la ligne, aux points de passage qu'ils pensent le plus utilisés.

..... pour le franchissement de la ligne :

Il faut obtenir une autorisation délivrée par la Feldkommandatur. 

Pour ce faire, un dossier doit être rempli pour obtenir un Ausweis.

Le passage avec l' Ausweis, et sur présentation d'une carte d'identité, est possible seulement à des points de passage officiels.

Les laissez-passer ne peuvent être obtenus que pour des raisons majeures et d'urgence ( décès, naissance, mariage, etc.).Ils sont eux délivrés par les Kommandaturs locales.

Celles-ci délivrent aussi des Ausweis permanents ou temporaires aux habitants dans une bande de 10 kms de part et d'autre de la ligne pour leurs activités professionnelles, notamment les agriculteurs.

Il y a d'interminables contrôles allemands dans les trains en marche mais encore plus dans des gares réservées près de la ligne.

Pour les petits réseaux locaux ( nombreux à l'époque), les trains terminent leur parcours dans les localités avant la ligne.

Les transports de marchandises et de personnes, en particulier pour le rapatriement des réfugiés, seront l'objet permanent de chantages et menaces allemandes.

.... Pour les habitants de la zone non occupée :

Les principaux sièges bancaires, administratifs et autres étaient centralisés à Paris.

La ligne rend impossibles les transferts d'argent.

Les retraités de la zone Sud ne perçoivent plus leurs pensions, etc.

Mais les conséquences économiques vont être très dures pour cette zone.

......pour le courrier :

Le courrier entre les zones est interdit jusqu'à l'automne 1940.

Puis, des cartes inter-zones seront instituées : mentions impersonnelles, interdiction de ratures et place pour quelques mots neutres 

La vie économique sera très perturbée par ces interdictions.

On comprend que le courrier et les colis aient fait l'objet d'une intense activité clandestine entre les zones.


.... pour les transports :

Il a d'abord fallu remettre en état voies et trains, endommagés par les combats.

Puis la ligne va rendre très compliqué le transport ferroviaire, tout particulièrement Nord-Sud.


La ligne, un déséquilibre profitable à l'occupant :

... la zone non occupée, peu de richesses....

La zone occupée concentre l'essentiel des richesses économiques de la France de 1940.

C'est elle qui fournit 73% de la production de blé, 70% de celle de pommes de terre.

Elle fabrique 95% de l'acier et extrait 76% du charbon.

Rationnement et difficultés d'approvisionnement sont un casse tête quotidien des populations, notamment dans les villes.

Les prix flambent. Marché noir et contrebande explosent.

Les entreprises connaissent des difficultés quasi insurmontables.

L'économie de la zone non occupée, vite fragilisée, s'effondrera littéralement en 1944.

....la zone occupée, ses richesses pillées :

Les Allemands feront main basse sur tout.

Le potentiel économique de la France est entièrement mis à la disposition de l'occupant.

C'est bien sûr le pillage des ressources naturelles, notamment au travers du système des réquisitions.

Mais aussi, la saisie des devises et des avoirs bancaires et le contrôle sur tout le commerce, les échanges, les paiements.

Les usines et entreprises françaises travaillent pour l'économie de guerre allemande.

La plupart seront peu à peu directement intégrées dans les filières allemandes de production.

Sans parler de la saisie de tous les biens des juifs et du pillage de millions d'œuvre d'art.

La main d'œuvre est affectée en fonction des besoins des usines travaillant pour l'Allemagne, puis directement livrée aux usines et camps de travail allemand qui utilisaient déjà les prisonniers de guerre.

Les Allemands exigeaient toujours plus, comme la livraison sur la ligne des marchandises achetées par Vichy, pour les envoyer en Allemagne et Italie !

La zone non occupée connaîtra le même sort après son invasion.

La ligne : un outil de la répression allemande.

A côté des soldats de l'armée en débâcle, de prisonniers de guerre évadés, de réfugiés, de politiques, de particuliers, de résistants, les juifs vont constituer, à partir du second statut des juifs ( juin 1941 ), puis du port obligatoire de l'étoile jaune ( 29 mai 1942 ), puis des rafles de l'été 1942, le plus grand nombre de passages clandestins de la ligne.

Il n'y a pas de statistiques fiables. 

Mais les recoupement partiels des données connues révèlent, dès le début 1942,  une répression sensible et de ceux qui veulent passer la ligne et de ceux qui la font passer.

Les allemands aggravent peu à peu leur législation répressive sur le franchissement de la ligne : des peines de plus en plus lourdes sont prévues dont la peine de mort et la détention à perpétuité.


La fin officielle de la ligne de Démarcation :

Le 8 novembre 1942, les troupes alliées débarquent en Afrique du Nord.

HITLER a enfin trouvé le prétexte tant attendu pour occuper l'ensemble du territoire français.

Le matin du 11 novembre, la Wehrmacht franchissent la ligne de démarcation.

C'est l'opération "TORCH ".

Dans ce contexte, la ligne ne revêt plus le même intérêt pour les Allemands.

Elles est théoriquement supprimée sur le terrain.

Mais comme cette zone nouvellement occupée est censée demeurer sous administration directe du gouvernement de Vichy, sa suppression ne sera pas totale.

Il y aura désormais deux zones : une Nord et une Sud, de part et d'autre de l'ex-ligne.


Mais les  contrôles et pressions des Allemands se maintiennent :

Sur le tracé de l'ancienne ligne, des contrôles d'identité seront maintenus, même si les postes ont été supprimés et que du côté français, les douaniers ont à nouveau des missions économiques ( marché noir, transports illégaux, etc).

Les laissez-passer sont supprimés mais les Allemands redoublent les difficultés d'obtention de sauf-conduits pour traverser le pays.

La ligne de démarcation va donc continuer à être franchie clandestinement notamment par les résistants, par ceux et celles qui doivent gagner l'Espagne pour rejoindre Londres ou l'Afrique du Nord, et les troupes de la France Libre, ou encore par ceux et celles qui vont s'enrôler dans les tous jeunes maquis de la Zone Sud. 


LES PASSEURS

Émile MANDAR



Eclusier et passeur.

Émile MANDAR est né le 9 avril 1902 à Chisseaux (37) de Silvain et Clémentine JOULAIN.

Le 14 avril 1925, il épouse à Bourré, Yvonne Madeleine AUBRY, native de cette commune.

Atteinte de maladie nerveuse, elle décède durant la guerre, le laissant veuf avec 5 filles.

 L’éclusier-barragiste de Vineuil …

Aide éclusier-barragiste et agent auxiliaire des Ponts et Chaussées, il avait été affecté à l'écluse de Vineuil, le 1er avril 1937.

Appartenant à la classe 22, il avait été remobilisé pour quelques mois au début de la guerre.

Dès sa reprise de service, il va utiliser sa fonction d'écluser pour devenir un des principaux "passeurs" de la ligne de démarcation dans cette zone de la vallée du Cher.

Il travaille notamment avec Pierre PINON d'Angé, et Jean SENTOUT de Montrichard.


 …un des principaux « passeurs »  du Cher…

On estime qu'il a fait passer la ligne à environ 1000 personnes : prisonniers évadés, soldats alliés parachutés, militaires français, réfractaires du STO, juifs, militants politiques, résistants, mais aussi à des particuliers voulant rejoindre leur famille en zone libre.

MANDAR travaille avec tout le monde et tous ceux qui œuvrent pour faire passer la ligne travaillent avec MANDAR.

…. qui travaillait avec tout le monde …

Il n'appartient à aucune organisation, même s' il a des convictions républicaines et antifascistes.

Tant le SOE, les réseaux belges avec Louisette CARLIER-LAMBERT ainsi que nombre de citoyens, d'habitants de Monthou, souvent autour de l'abbé GODIN ou des FTPF, auront recours à ses services, pour faire passer la ligne.

Émile MANDAR et Pierre PINON qui habitait alors le moulin d'Angé, situé juste en face de l'écluse, coopéraient donc ensemble. 

Mais quand ils se croisaient le lundi au marché de Montrichard, ils se saluaient tout juste !!

Lorsqu'il y avait des gens à faire passer, MANDAR accrochait un chiffon blanc à la porte du grenier de l'écluse pour informer PINON. Ils se mettaient d'accord aussi en se parlant de rive à rive du Cher, un peu en aval de l'écluse où les rives sont très proches.

Les gens à passer étaient cachés, nourris, dans les dépendances de l'écluse.

Le passage se faisait de nuit  entre les rondes allemandes. 

MANDAR les faisaient passer sur le tablier de l'écluse et PINON les récupéraient et les guidaient pour ce qu'il restait à franchir. 


Comme c'était très glissant,  PINON portait souvent femme ou enfant apeurés sur ses épaules. Il les hébergeaient jusqu'à leur départ. Il portait toujours des bottes pour précisément éviter l'accident.

Les éclusiers avaient l'habitude de communiquer entre eux pour régler les ouvrages.

Ils ont utilisé, de connivence, cette pratique professionnelle pour abaisser le niveau du Cher aux principaux lieux de passage, lorsque c'était nécessaire. 

Les habitants de Bourré et Vineuil donnaient des informations à MANDAR.

MANDAR, comme bien des éclusiers passeurs, a aussi bénéficié des informations sur les mouvements des troupes allemandes le long de la ligne, transmises lors de leurs tournées par des gendarmes patriotes, souvent membres des réseaux de la Résistance.

Malgré leurs soupçons, plusieurs fouilles musclées à l'écluse, des menaces d'arrestation, les Allemands ne pourront jamais le prendre en flagrant délit. 

MANDAR était d'une grande prudence et ne laissait rien au hasard. Il reportait un passage s'il pensait qu'il y avait un risque;

….avec désintéressement et prudence…

Tous les rapports et travaux sur cette période, notamment ceux établis à la Libération, soulignent le courage, le sérieux, l'abnégation et le désintéressement de MANDAR.

A la Libération, il recevra la reconnaissance officielle du titre de " passeur ".

Il sera cité à l'ordre de son régiment et se verra attribuer la Croix de Guerre ainsi que des diplômes officiels belges.

Par contre, il lui faudra attendre 1960, pour bénéficier de la carte de Combattant Volontaire de la  Résistance ( CVR ), malgré ses demandes. 

En effet, de multiples interventions et  protestions des intéressés seront nécessaires pour que le gouvernement reconnaisse enfin ces actions des passeurs au même titre que les actions armées des maquis et de la Résistance.

… et une modestie silencieuse…

Émile MANDAR sera aussi conseiller municipal de Monthou, aux côtés d'André BEAUVAIS.

Il ne parlait quasiment jamais de ses activités durant la guerre.

Il s'éteindra à BLOIS chez Paulette, une de ses filles, le 4 mars 1974.

Son père, m'a dit une autre de ses filles, Marcelle, " ne voulait pas voir les Allemands occuper la France ". Il voulait être utile aux autres.

Une motivation suffisamment forte pour faire de lui un héros " ordinaire " qui risqua sa vie quotidiennement pendant des années.

Hommage à Émile MANDAR, aux éclusiers et « passeurs «  du Cher.


Collection privée de Belder

Louisette CARLIER-LAMBERT.

 

Belge, résistante et montrichardaise d’adoption.

Louisette CARLIER-LAMBERT.

Belge, résistante et montrichardaise d’adoption.

Louisette CARLIER est un personnage fascinant, d'un courage et d'une énergie hors du commun.

Elle fait partie de cette fameuse " armée des ombres " dont elle est une membre oubliée, pire inconnue.

Elle mérite, oh combien, qu'on lui consacre cette modeste biographie qui ne reflètera qu'imparfaitement le nombre et l'intensité de ses actions de Résistance.

La Belgique : une  Résistance précoce et très active. 

La guerre va durer 18 jours après l'attaque allemande du 10 mai 1940.

La Belgique est occupée. Le gouvernement légal se réfugie à Londres.

Le roi Léopold a refusé de partir mais il ne peut plus constitutionnellement régner.

Son attitude réelle durant la guerre sera controversée.

Des millions de belges fuient vers la France et grossissent les rangs des réfugiés français.

La Belgique sera occupée jusqu'en 1945.

Les conditions de l'occupation allemande y seront très dures d'autant que la Résistance y est précoce et très active, aidée par les réseaux britanniques.

Louisette, en résistance, dès septembre 1940 : 

Louisette CARLIER, est née à Herchies, le 31 octobre 1906.

Ses parents étaient de petits fermiers dans cette commune.

C'est une jeune femme divorcée, avec deux enfants : Émilienne, née en 1926 et Julien, né en 1928.

Elle a donc 34 ans en 1940.

Elle a été contactée dans un café à Mons.

Elle va faire partie de plusieurs organisations de la Résistance belge.

SABOT : un réseau d'évasion vers la France et la Zone Libre.

TEGAL et ZÉRO : des réseaux de collecte de renseignements, à faire passer au gouvernement belge en exil et aux britanniques.

Enfin, l'ARMEE SECRÈTES belge, à partir de mars 1941.

Une convoyeuse d'hommes et de renseignements :

 va en effet rapidement cumuler ces deux activités : transporter des renseignements recueillis par les réseaux belges et accompagner des gens pour leur faire passer les " lignes ".

La convention d'Armistice prévoyait en effet une zone interdite qui englobait une bonne partie du Nord-Pas de Calais et se prolongeait à l'Est. Cette partie était rattachée administrativement à l'administration allemande de la Belgique.

Louisette fait franchir la ligne entre la zone interdite et la zone occupée à Amiens ou à Tergnier, grâce à des aides notamment de cheminots.

Dans une première période, elle ira à Vierzon pour le passage de la ligne entre la zone occupée et la zone libre.

Elle a trouvé des concours parmi des membres de la Résistance.

Mais en janvier 1942, un convoyage failli tourner au drame à Vierzon. 

Une partie des 22 hommes convoyés fut arrêtée, l'autre partie fut renvoyée en Allemagne.

 Louisette fut arrêtée et emprisonnée 15 jours.

En raison du risque d'être reconnue par les Allemands, il lui fallait changer de lieu de passage de la ligne.

Elle eut alors des contacts sur Montrichard, lieu connu pour le passage en zone libre, avec des passeurs reconnus pour leur sérieux et probité.

C'est avec Jean SENTOUT qu'elle effectuera son premier passage de la ligne de démarcation à Montrichard.

Elle va donc travailler avec lui et le duo Émile MANDAR et Pierre PINON.

Lorsque le passage s'effectuait à Montrichard avec SENTOUT, ceux qui allaient passer, étaient  souvent cachés dans l'Eglise de Nanteuil, par le curé résistant TARDIVEAU ou dans la maison forestière d'Aigremont.

Lorsqu'il s'effectuait à VINEUIL avec MANDAR, celui-ci cachait les gens dans la cave de l'Écluse ou l'été dans ses rangs de haricots palissés, plantés exprès en rangs très serrés, en attendant l'heure du passage.

Louisette CARLIER a fait pass 987 personnes et effectué une cinquantaine de voyages entre Belgique et France.

La plupart des convoyés était de jeunes belges soucieux de rejoindre la Grande-Bretagne pour continuer le combat ; mais aussi des résistants, des militaires évadés, des juifs, des politiques.

Les plaques tournantes de Châteauroux et de Lyon :

Une fois passés en zone libre, les convoyés allaient à St.Aignan pour de premières formalités.

Puis à Châteauroux, où Louisette remettait les renseignements des réseaux de renseignement à des agents du Deuxieme Bureau français dont beaucoup étaient membres de réseaux de Résistance en France et travaillaient avec les Britanniques et les services de la France Libre.

Puis à Lyon, où agissaient notamment au consulat des Etats-Unis des agents belges au service du gouvernement belge en exil, à qui elle livrait des renseignements notamment militaires.

Déportée en Allemagne :

Louisette est arrêtée, sur trahison, à la gare de Mons avec un convoi de jeunes, le 4 septembre 1942.

Elle est torturée. Sa mère et sa fille seront brutalisées sous ses yeux. 

Elle ne parlera jamais.

Elle sera condamnée à mort par deux fois, puis déportée dans la forteresse d'Ainach en Allemagne le 14 août 1943.

Louisette était croyante et elle avait installée une sorte de petit autel dans sa cellule.

Elle sera libérée par les troupes alliées le 29 avril 1945 et sera de retour en Belgique le 8 mai 1945.

Sa famille, sans aucune nouvelle, était convaincue qu'elle avait été exécutée.

A son retour, elle pesait 35 kilos.

Elle reprendra une activité professionnelle. Mais elle dût l'abandonner en raison de son état de santé.

Montrichardaise d'adoption :

En 1948, Louisette se remarie avec Nicolas LAMBERT, lui aussi un ancien résistant et déporté. 

Ils s'installent à Montrichard au 13, rue des Monts Garnis. 

Leur maison est toujours appelée " la maison des Belges ".

Louisette avait gardé des liens d'amitié avec SENTOUT, MANDAR et PINON.

Ils se voyaient et s’invitaient. 

Ceux qui l'ont connu, la décrivent comme une petite femme sympathique et gaie. 

Elle assistait assidûment aux cérémonies d'Anciens Combattants.

C'est lors d'un séjour dans sa famille en Belgique, que Louisette CARLIER-LAMBERT décèdera  d'une crise cardiaque dans la nuit du 31 janvier 1972.

Le maire de Montrichard, Roger GOMAERE, lui-même ancien résistant, lui consacra un vibrant hommage.



A Montrichard :

Jean SENTOUT, 

le " passeur " aux sabots.


Jean SENTOUT, a des origines alsaciennes, mais est né à Audenge en Gironde, le 6 mai 1901.

Habitant Suresnes avec sa mère, il avait eu l'occasion de faire des livraisons chez Mr. LELU, marchand de bestiaux à Montrichard, installé à Nanteuil.

Il vient travailler pour lui et s'installe à Montrichard.

Un sauveur de vies :

Jean SENTOUT veut sauver les gens. 

Sa femme disait : " il aurait donné sa chemise " !

Trois éléments vont l'aider dans ce passage de la ligne qui va être pour lui une vraie mission.

Il connaissait le dialecte alsacien, donc comprenait ce que disaient entre eux les Allemands.

Son travail l'amène à aller d'une rive à l'autre du Cher pour s'occuper des bêtes et il a un Auschweiss permanent.

Enfin, il a des partenaires, notamment des collègues, sur la rive de la zone libre. 

Comme MANDAR, SENTOUT va travailler avec tout le monde.

Sa réputation de passeur sérieux et désintéressé est telle qu'il devient très vite, le passeur des filières organisées du SOE pour les parachutés, du groupe FERME notamment pour les passages du réseau KLEBER du MANS, de la filière des réseaux belges avec Louisette, des juifs, des soldats évadés, etc

Des pratiques sécurisées :

Ce qui peut être considérée comme sa " spécialité ", c' est le passage de groupes.

Une fois, 60 d'un coup.

Une autre fois ...84 ! Ce sera son record.

Ses lieux de passage se situaient aux Grands Prés et à l'Etourneau.

Les gens étaient cachés un peu partout autour : dans l'Eglise, dans la maison forestière, dans les caves, dans les étables et écuries de son employeur, couchés derrière des talus, etc.

Il les rassemblait au dernier moment.

SENTOUT passait les gens de jour ou de nuit ( par contre par prudence, toujours de nuit pour les soldats noirs)

Il changeait ses heures par sécurité, surveillait les patrouilles allemandes.

Il annulait et renvoyait à plus tard si un doute se faisait jour.

Sa femme avait toujours des habits disponibles dont des bleus de travail pour ceux qui avaient des habits trop repérables.

Il faisait passer à gué.

Lorsque les gens à passer étaient nombreux ou le Cher remuant, il tendait une corde ( cachée et immergée de manière permanente ) et un partenaire faisait pareil sur l'autre rive.

La rapidité du passage était déterminante pour sa réussite.

SENTOUT était toujours en bleu et en sabots.

Évadé et Résistant :

Il se savait surveillé. 

Il donnait de la viande à certains douaniers dont un certain OTTO, qui n'était pas hostile aux français, pour les rendre "aveugles".

Il redoublait de prudence.

La surveillance allemande s'était renforcée sur la ligne avec la montée en puissance de la Résistance, la répression anti-juive, la menace imminente d'un débarquement allié en Afrique du Nord.

 Le 2 novembre 1942, il est arrêté et conduit à la prison de la Tour Carrée, au-dessus de l'église de Sainte-Croix. 

Pour un passeur de son niveau, c'était la mort assurée, ou la déportation immédiate.

On lui vide ses poches..mais OTTO lui rend en douce son couteau.

Il gratte autour de la serrure, la fait sauter et s'enfuit les sabots à la main !

SENTOUT passe la ligne et rejoint la Résistance en zone Sud.

Il devient l'agent de Liaison et de Renseignement de la Résistance de Montrésor.

Quinze jours après son évasion, il avait fait passer la ligne à sa famille.

Ils s'installent à la Guicherie, à Céré La Ronde, comme cultivateurs.

La famille SENTOUT reviendra à Montrichard après la guerre, au Haut Charnier.

De nombreux témoignages :

Jean SENTOUT est titulaire de la carte de Combattant Volontaire de la Résistance ( CVR).

Il a été cité à l'ordre de son régiment et il est titulaire de la Croix de Guerre avec étoile de bronze

Il a reçu de très nombreux témoignages de ses actes de bravoure qui attestent, si besoin était, de l'ampleur et de la diversité des hommes et des femmes qu'il a contribué à sauver.


Les Réquisitions

La réquisition des maisons :

L’essentiel de ces premières troupes ne fera que transiter et restera très peu de temps. Car elles vont poursuivre vers le sud pour occuper le maximum du territoire national avant la signature de l’Armistice. 

Puis viendront derrière, les troupes d’occupation, constituées par des régiments territoriaux. 

L'occupation des maisons réquisitionnées sera très variable : de quelques jours à quelques semaines ou mois.

Celles qui vont être occupées par les Allemands durant toute leur présence sont des propriétés bourgeoises aux affectations dédiées : pour le logement des officiers et celui de la Kommandatur locale ( actuelle Villa Ariane), le siège des "douaniers " -les militaires chargés de la surveillance de la Ligne de Démarcation et de la voie ferrée-( maison après la station service appelée alors château Beaujard) ou la maison de villégiature pour la Feldkommandantur de Blois ( actuelle maison dite "Beauregard" à Vineuil).  

Des baraquements sont construits près de la Villa Ariane (cantine, mess, divertissements, etc.).

Les allemands réquisitionnent, et pour des durées plus longues, des ateliers pour leurs besoins logistiques : ceux du forgeron, du charpentier, du charron, etc.

ils s‘exercent au tir sur le plateau vers les Landes.

Les propriétaires de maisons réquisitionnées devaient remplir un dossier pour pouvoir obtenir un dédommagement.

les propriétaires des grandes maisons bourgeoises réquisitionnées se plaignent auprès du Préfet. Malgré pour certaines, leur proximité avec des membres du Gouvernement, le Préfet sera impuissant à faire évacuer leur maison !  

Il est impossible de donner un chiffre sur le nombre d'Allemands présents à Monthou où dans les communes voisines.

Les témoignages indiquent qu'il s'agissait de soldats qui changeaient souvent, pas très jeunes et beaucoup originaires d'Alsace-Lorraine ou Polonais. 

La réquisition des hommes :

Elle s'opère de plusieurs manières.

Il y a l'obligation du travail pour les occupants avec des réquisitions périodiques : travaux d'entretien, transports de matériel et marchandises, travaux divers.

Il y a la " la défense passive " : des équipes de deux hommes doivent patrouiller et surveiller la ligne de chemin de fer. 

Elle sera renforcée à partir de 1943, avec la crainte des actions de sabotage montées par la Résistance. 

Les patrouille de la défense passive seront mises à profit par certaines d’entre elles, pour faciliter le passage de la ligne, en coordination avec des passeurs.

Notre ligne de chemin de fer était stratégique car elle acheminait hommes, matériels  et munitions vers le " Mur de l'Atlantique ". 

 Et nous étions proche de Bourré, avec l'énorme dépôt de munitions dans les caves de Vallagon.

La réquisition des ressources :

Les occupants vont littéralement piller les ressources de la France.

A son niveau, notre commune a subi le sort commun.

Ce sont essentiellement des produits agricoles qui sont exigés, compte tenu de l'économie de Monthou.

Chaque semaine, la Kommandatur, relayant les objectifs arrêtés par la Feldkommandur de Blois, fixait au Syndic de la commune la nature des produits et les quantités exigées.

Le régime de Vichy avait mis en place des structures corporatives pour la production agricole.

L'affiliation y était de fait obligatoire. Elles étaient dirigées par un syndic, étroitement encadré par les niveaux supérieurs.

Le syndic répartissait les objectifs entre les membres et centralisaient les produits exigés.

Les livraisons se faisaient sur la place du Champ de Foire à Montrichard.

Des formes de véritable « résistance passive » furent pratiquées.

On essayait bien évidemment de minorer les productions effectives, pour diminuer les réquisitions;

Il y avait la " débrouille " comme remplacer des pommes de terre par des navets dans le fond du tombereau ( les Allemands avaient horreur des navets).

Il y avait des ententes pour qu'un membre en difficulté sur un produit donne moins pendant une période et plus sur autre chose, ou plus tard.

La solidarité fut réelle pour éviter le pire.

Le règne des " ersatz " :

Les vrais produits vont être peu à peu remplacés par des ersatz.

Seuls des mélanges seront autorisés pour remplacer le café : orge, glands, maîs, pois chiches, le tout grillé.

Pépins de raisin, noix, graines de citrouille vont donner de nouvelles huiles.

La saccharine remplace le sucre.

Le fameux gazogène prend la relève de l'essence.

Le bois remplace le cuir pour les semelles.

Les bonbons vitaminés distribués aux enfants suppléent fruits et légumes.

Et ainsi de suite.....

Pépins de raisin, noix, graines de citrouille vont donner de nouvelles huiles.

La saccharine remplace le sucre.

Le fameux gazogène prend la relève de l'essence.

Le bois remplace le cuir pour les semelles.

Les bonbons vitaminés distribués aux enfants suppléent fruits et légumes.

Et ainsi de suite.....

Au quotidien : un rationnement généralisé.

Les témoignages soulignent que la plupart des familles dans nos campagnes n'ont pas connu la faim comme dans les villes.

Mais certains de ces témoignages soulignent aussi que pour les familles les plus pauvres, celles n'ayant qu'un petit potager ou pas du tout, et les familles nombreuses, la situation alimentaire était difficile. 

Il fallait prendre son vélo et parcourir les fermes du plateau de Pontlevoy pour espérer trouver des denrées.

Cartes et tickets pour tout :

Vichy crée un ministère du Ravitaillement dès la fin 1939.

Entre 1940 et 42, tous les produits alimentaires et autres ( notamment vêtements, chaussures, tabac, charbon, carburants ) font faire l'objet d'une stricte réglementation.

Cartes, tickets, coupons sont institués pour quasiment tout.

Les français, suivant leur âge et leur activité, sont repartis en 8 catégories, au rationnement différencié.

Ainsi, les adultes de plus de 21 ans et pratiquant des travaux agricoles sont en catégorie C, les jeunes de 14 à 21 ans en J3, etc.

Le pain sera le premier et dernier produit alimentaire rationné : en 1940, la ration normale sera de 350g/jour, réduite à 275 en 41.

Le pain frais est interdit à la vente : seulement celui de la veille pour en manger moins ! 

Il deviendra de plus en plus " noir " et mauvais.

La ration de viande est de 350g/mois, réduite en 1942, à 260.

Viandes et volailles ont des jours de vente obligatoires, en alternance.

Le rationnement alimentaire devait assurer les 2/3 des besoins caloriques/jour. Ce fut loin d'être le cas ! 

Quand aux Allemands, ils estimaient que les Français, peuple " dégénéré ", pouvaient se contenter d'environ 1200 calories/jour !


Une atmosphère plombée : 

La quasi totalité de la population ignore les occupants, limitant les contacts au strict nécessaire.

Chacun se replie chez soi et son environnement proche.

Les témoignages soulignent une atmosphère lourde, une tristesse généralisée, une vie publique réduite à néant : avec le couvre-feu, avec l'interdiction de la chasse, celle des fêtes et des bals, celle d'écouter la radio, etc.

Les Allemands patrouillent un peu partout dans la commune, notamment dans le bourg.

Pour pouvoir écouter la radio de Londres, des parents envoient les enfants jouer dehors pour qu’ils avertissent si une patrouille approche.

On parle peu, on est prudent.

On se déplace uniquement par nécessité. 

Il faut un Auschweiss pour passer la Ligne. Ils son attribués pour des raisons professionnelles ou à titre occasionnel, à titre personnel sur justification.

Les témoignages font état d’Allemands « corrects » mais prompts au geste autoritaire et dont le comportement à l’égard des femmes a posé des problèmes.

Ainsi, ils transfèrent des meubles d'une maison à une autre, se font donner de la nourriture ou se font préparer à manger, utilisent les services de leurs logeurs, etc.

Mais ils offrent bonbons et chocolats aux enfants !

Plusieurs témoignages disent l'anxiété de soldats allemands de devoir partir sur le Front de l'Est ou leur tentative de prouver aux gens qu'ils sont comme eux avec épouse, enfants, métier et qu'ils ne sont pas responsables de la guerre.

La situation au quotidien s' alourdira progressivement à partir de 1942 : développement de la Résistance, défaites à l'Est, évolution de l'opinion publique française au regard du régime de Vichy ( rationnements, STO, répression ).

Les  Bals « clandestins » .

L'Occupant avait interdit les fêtes et les bals.

Les jeunes vont contourner ces interdits.

Chaque fin de semaine, des bals " clandestins " vont être organisés.

Des particuliers en feront une véritable activité, au nez et à la barbe des Allemands, en installant des parquets pour rendre la danse plus aisée. 

Ainsi, on danse chez Hubert LUCAS à Monthou, chez MUNOZ à Thésée. 

Les bals changent aussi de lieu très souvent, par sécurité.

Les jeunes repèrent des maisons vides, dans des lieux discrets.

Un accordéon fait office d'orchestre. On casse la croûte et on boit du vin.

Les ados sont de la partie.

A la fin du bal, on rentre à pied à travers vignes, champs, bois. 

Par où il y a de fortes chances de ne pas tomber sur une patrouille.

Et souvent, au fil des saisons, on dort à la belle étoile, en attendant la levée du couvre-feu.

Les yeux des " Anciens " ayant participé à ces bals en pétillaient encore de malice en évoquant ces moments : la période était tragique mais c'était aussi leur jeunesse et ses plaisirs.

....et la Propagande de Vichy

Tous les facsimilés figurant sur cette page sont issus du coffret accompagnant l'ouvrage : "La Résistance" Ed Sociales.


Les Prisonniers de Guerre de Monthou :

BEAUVAIS  André

BOUCHER  Fernand

CATINEAU  Maurice

CHABOT  Eugène 

CHABOT  Robert

CHARRAULT  Arthur

CHARLU  René

CHARTIER  Pierre

CHRÉTIEN  Maurice

Capitaine  DAMOURETTE  Charles

DAVAUX  Robert

DAVID  Romain

DINOCHEAU  Raymond

FISCHER  Roger

GAUDIN  Eugène 

GUIGNARD  Armand

GUILLARD  Émile

JOUSSET  René

LASNIER  René

LESSOURD  Roland

LUCAS Gérard

MARCADET  Armand

Lieutenant de MAROLLES Jean

MAURICE René

MOINEAU Octave

MOREAU  Maurice

MOREAU  René

PASNON  Pierre

PATUREAU Julien

POITOU  Georges

POINTU  Robert

PRUD'HOMME  Gabriel

RIOLET  Romain

ROUSSEAU  Albert

SAUVETE  Laurent

Le TAILLANTER  Raymond

TASSIN  Georges

TILLIET  Roland

T'KINT  Charles

TRESSAUGUE  Charles

TROTTIGNON  Henri

VAILLANT  Gilbert.

Unité autour des prisonniers

Le Comité d'Entr'aide des Prisonniers de Guerre de Monthou.

Le 22 Juin, le gouvernement français signe l'Armistice.

Le 25, la Ligne de Démarcation est mise en place

Deux millions de soldats ont été pris au piège de la débâcle en un mois.

Plus de 1 500 000 sont prisonniers :

Des régiments entiers errent sur les routes, croisant le flux des 8 à 10 millions de réfugiés qui fuient les zones de combat : français mais aussi belges, hollandais, luxembourgeois.

Les Allemands rassemblent d'abord les prisonniers dans les " frontstalags", sorte de camps de tri et de transit, avant leur transfert en Allemagne ( ces frontstalags serviront aussi de camps pour les prisonniers coloniaux français).

Puis, les prisonniers de guerre étaient répartis dans des camps en Allemagne.

Dans les " stalags", camps de base pour la troupe.

Dans les " oflags ", camps pour les officiers.

Dans les " Kommandos ", camps de travail.

Peu à peu, les prisonniers pourront recevoir du courrier réglementé et des colis.

Les libérations ( Relève, raisons médicales, etc.) se feront au compte goutte.

Le plus grand nombre des prisonniers ne rentrera qu'en 1945.

Une structure pour la solidarité :

A côté des services gouvernementaux, des œuvres la plupart sous l'autorité du régime de Vichy ( qui dirige tout) vont s'occuper de la solidarité avec les prisonniers et leurs familles.

A Monthou à été créé, comme dans beaucoup de communes, un Comité d'Entr'aide qui relève de la Famille du Prisonnier, elle-même rattachée au Secours National, présidé par PÉTAIN.

La cheville ouvrière en est Simone de CASSIN, la sœur d'Odet et de Charles de CASSIN.

Son mari Jean de MAROLLES, officier de carrière, est aussi prisonnier.

Nombre de responsables de ces œuvres seront d'actifs résistants, notamment dans les réseaux du SOE britannique, comme le comte et la comtesse de BERNARD ( ils seront déportés ) ou Marcel BULHER ( déporté aussi ) qui deviendra maire de Blois.

En juillet 1941, Mme de MAROLLES devient aussi déléguée de la Famille du Prisonnier, pour le canton de Montrichard.

 Des activités diversifiées : 

Ces comités locaux ont de nombreuses activités.

Ils s’occupent de la confection et l'envoi des colis aux prisonniers, des démarches les concernant, des soins médicaux aux familles et en premier lieu aux enfants, des secours financiers, des demandes de dégrèvements fiscaux, etc. 

Ils ont aussi des activités récréatives pour les enfants, et chaque année, ils organisent l'Arbre de Noël.

La décision de Vichy de ne faire qu'une seule cérémonie pour le Noël 1942, celle du " Noël du Maréchal ", ne fut pas très appréciée mais la décision était exécutoire !

Ces comités reçoivent des crédits délégués par les structures départementales de l’œuvre, elle-même alimentée par le niveau national qui se procure aussi, en plus des subventions de l'Etat, des ressources avec des tombolas, collectes, etc.

Le consensus communal autour des prisonniers :

Le bureau qui anime le Comité d'Entr'aide de Monthou rassemble toutes les " sensibilités " politiques et religieuses et la « notabilité locale ».

Il y eut d'évidence le souci de rechercher le consensus communal sur le douloureux problème des prisonniers et du sort des familles.

L'activité du Comité cessera à la fin de la guerre.

Tous ces documents sont dans la série 123 J 1.7 des archives de Madame de Marolles. ADLC


PERSONNALITÉS DE MONTHOU

Anatole LABBE, 

Anatole LABBE est maire de Monthou depuis 1929.

Il est étiqueté " radical socialiste " par la Préfecture.

Le gouvernement de Vichy procède à une réforme autoritaire des municipalités, à l'automne 1940.

Certains conseils sont dissous, des maires sont démissionnés ou carrément révoqués.

Le gouvernement de Vichy se débarrasse ainsi d'un gros tiers des maires du département.

A Monthou, A. LABBE est "démissionné " mais n'est pas exclu du conseil.

A la demande du Préfet, Il est remplacé par René PARIS, le 24 Février 1941, qui était le 2e adjoint.

Deux membres du conseil sont prisonniers de guerre, René MAURICE et René JOUSSET.

L'activité du conseil est des plus réduites durant la période de guerre, essentiellement consacrée au vote du budget.

Les compétences des Conseils municipaux sont en effet très limitées et sous la surveillance étroite des services préfectoraux.

Le seul dossier notable concerne le devis, les plans et les autorisations d'expropriation pour le nouveau cimetière. 

On commence à envisager un projet de terrain de sport à Ferrand.

On relève aussi la mise en place du Comité d'Entr'aide aux Prisonniers par le CM du 4 mars 1941 et le vote de quelques subventions pour les œuvres caritatives officielles.

Le 8 octobre 1944, un nouveau Conseil provisoire est installé, sans René PARIS.

Anatole LABBE était né à Monthou le 27 juillet 1866 et il habitait aux Bois-Berniers.

C'était le fils de Silvain LABBE et Geneviève Joséphine BESSERON.

Il appartenait à une famille de vignerons-cultivateurs.

Veuf de Adèle Eugénie Alexandrine BESSERON, il décède à Monthou, le 1er novembre 1943.

Le seul dossier notable concerne le devis, les plans et les autorisations d'expropriation pour le nouveau cimetière. 

On commence à envisager un projet de terrain de sport à Ferrand.

On relève aussi la mise en place du Comité d'Entr'aide aux Prisonniers par le CM du 4 mars 1941 et le vote de quelques subventions pour les œuvres caritatives officielles.

Le 8 octobre 1944, un nouveau Conseil provisoire est installé, sans René PARIS.


Anatole Labbe le maire « démissionné »                                                          

Anatole LABBE était né à Monthou le 27 juillet 1866 et il habitait aux Bois-Berniers.

C'était le fils de Silvain LABBE et Geneviève Joséphine BESSERON.

Il appartenait à une famille de vignerons-cultivateurs.

Veuf de Adèle Eugénie Alexandrine BESSERON, il décède à Monthou, le 1er novembre 1943.

René PARIS, le maire « politiquement correct » 


René PARIS était né le 3 juillet 1893 à Monthou et il habitait Vineuil.

C'était le fils de Paul Etienne PARIS et de Euphrasie Pauline VERRIER.

Il appartenait à une famille de champignonnistes.

Il était marié à Suzanne Marie Angélique BADILLET.

Il décède à Monthou, le 12 mars 1964.

  Lucie BENELLI

                                                             

L’institutrice

Lucie GESLIN nait le 19 octobre 1893 à Selles sur Cher.

Elle veut être institutrice et le sera : brevet élémentaire, brevet supérieur, concours de l’École Normale à Blois.

 Toute sa carrière à Monthou :

Le 1er octobre 1913, elle est affectée en tant qu'institutrice stagiaire à Monthou et titularisée l'année suivante comme institutrice adjointe.

Elle y épouse Gabriel LUCAS, le 6 avril 1914.

Mais le 17 août 1918, son mari, mobilisé, décède des suites de l'amputation de sa jambe gauche. 

Elle est donc veuve de guerre, avec une petite fille.

Le 15 octobre 1922, elle est nommée institutrice en remplacement de Mme BARBOUX qui souhaite être affectée à l'école de Vineuil. 

Elle s'était remariée le 6 avril 1920 avec Eugène BENELLI, tonnelier à Monthou. 

Ils auront quatre enfants.

Mme BENELLI prend sa retraite en 1949, après avoir été directrice de l'école de filles. 

Elle demeurera à Monthou où elle décède en novembre 1982.


La passion de l’école laïque :

Tous les témoignages recueillis sont unanimes.

Ils dessinent le portrait type de ceux que l'on nommait alors " les hussardsnoirs de la République ".

Ces instituteurs / institutrices, transmetteurs des valeurs de 1789, qui croyaient au rôle de l'école pour l'égalité et l'émancipation, en particulier pour les enfants des campagnes et des milieux populaires, et notamment pour les filles.

Lucie BENELLI avait la passion de l'école laïque.

L'objectif de ces enseignants était de faire obtenir le certificat d'études au maximum d'enfants et de convaincre les parents des plus doués de leur faire poursuivre une scolarité.

A l’époque, quasiment tous les enfants allaient au catéchisme et faisaient leur communion, y compris dans les familles non-croyantes, par crainte d’exclusion sociale.

Lucie BENELLI les encourageait à y exceller comme preuve de l’apport de l’école publique à l’instruction des filles.

Un souvenir toujours présent :

Certes, Mme BENELLI était exigeante. 

L'effort allait à l'effort. Elle investissait beaucoup sur les meilleures élèves. 

Elle développait des initiatives périscolaires pour les élèves, pour l'école, pour la solidarité.

Dans l'hommage qu'il lui rendit pour ses obsèques, le maire André BEAUVAIS, avait tenu à souligner le respect et l'admiration des montholiens, quelles que soient leurs opinions, pour une institutrice d'exception dont le souvenir est encore présent.


Charles de CASSIN 

Baron et FFI

Charles de CASSIN est le fils cadet de Pierre et de Simone REILLE, descendante de maréchaux de Napoléon 1er. 

Il est né au Château du Gué-Péan, le 3 novembre 1919.

Son frère aîné Odet se fera tuer le 10 mai 1940, premier jour de l'offensive allemande.

Il devient donc héritier du titre de baron.

Un « Cavalier » …

Il veut être militaire dans la cavalerie, dans la tradition familiale. 

Aussi, il prépare le concours de St Cyr. 

Il obtient d'ailleurs un sursis pour poursuivre ses études, avec avis favorable du Conseil Municipal de Monthou, en février 1939.

Mais bientôt, c'est la déclaration de guerre. 

… dans l’Armée d’Armistice ….

Il s'engage le 1er octobre 1939. 

Il sera successivement affecté à l'école de cavalerie de Saumur et dans des régiments d'élite de la cavalerie : le 9e Dragons, le 3e Hussards et le 8e Cuirassiers.

Fin 1940, démobilisé, il se retire à Montauban, dans la région d'influence de sa famille maternelle les REILLE. 

Puis, il sera intégré à nouveau dans l'armée. 

Il est en garnison à Châteauroux lorsque ce qu'on appelle " l'armée d'Armistice " est dissoute sur ordre des Allemands, après leur occupation de toute la France, en novembre 1942, à la suite du débarquement allié en Afrique du Nord.

Il sera démobilisé définitivement, pour compter du 28 février 1943 et sera placé dans les "positions" prévues par des lois spéciales pour ces militaires de carrière de facto licenciés.

…. dans la Résistance…

Plusieurs membres de sa famille, les REILLE, les BONAPARTE, sont déjà dans la Résistance, comme le seront des membres du côté de la famille de sa femme.

Charles de CASSIN devient membre de l'ORA ( nous ignorons depuis quand et dans quelles circonstances). C'est l'organisation de la Résistance de l'Armée regroupant des anciens militaires de l'armée d'Armistice.

Il est officiellement membre des FFI, au titre de l'ORA, le 1er juillet 1944.

Il est un des adjoints de VALIN de la VAISSIERE, lui aussi de l'ORA, responsable des FFI pour la zone Nord du Loir et Cher.

Il est chargé des contacts avec les troupes américaines qui se dirigent vers la Loire.  

Le 13 août, sa voiture est prise dans une embuscade des Allemands, en forêt de Blois. 

Il est gravement blessé à l'épaule. Un jeune FFI de 17 ans meurt dans ses bras.

Il est transporté à Herbault chez madame MIET, dont plusieurs membres de la famille travaillent au château du Gué-Péan, avant son transfert à l’hôpital.

…à nouveau dans l’armée ..

Après la Libération, Charles de CASSIN reprend sa carrière militaire. 

Il sera nommé capitaine.

Atteint de poliomyélite, il sera radié des cadres, le 9 septembre 1959.

Les de CASSIN seront contraints, peu après, de vendre le Gué-Péan qui était dans leur famille depuis 1832.

Charles de Cassin a eu, avec son épouse Claude MILLON de la VERTEVILLE, épousée en 1944, quatre enfants.

Odet de CASSIN est l'actuel baron en titre.

Charles de  CASSIN s' est éteint àTours, le 12 octobre 1983.


       Guy GODIN


Curé et passeur. 

Guy GODIN nait à Souvigny en Sologne, le 5 Mai 1914.

Un orphelin de la guerre 14-18 :

Son père mobilisé meurt à la guerre quelques mois après sa naissance.

La disparition de son père le marquera à jamais.

Il est élevé par un oncle qui l'influencera dans son choix de devenir prêtre.

Il entre donc au séminaire et il est ordonné prêtre, les 29 et 30 juin 1937.

Il célèbre sa première messe à Souvigny, le 4 juillet 1937.

Il  est nommé, la même année, vicaire à Romorantin.

Un " passeur " assidu :

L'abbé  GODIN avait-il mené des actions durant sa présence à Romorantin ? 

Nous ne le savons pas.

Mais dès son arrivée à Monthou, début 1942, il va faire passer la ligne de manière régulière.

Nous ignorons aussi s'il entretenait des liens avec des filières de passages, qui lui envoyait les candidats au passage de la ligne, mais les témoignages recueillis laissent à penser qu'il s'appuyait sur un " noyau dur " de paroissiens.

On retrouve des cas semblables dans plusieurs communes dans lesquelles les curés furent des passeurs et des résistants.

Il hébergeait et cachait les gens dans le presbytère où il vivait avec sa mère et sa grand-mère.

Il mettait à profit les patrouilles lors de ses tours de "défense passive", pour faire passer la ligne.

Ses lieux de passage se situaient entre Monthou et Thésée.

Il eut, un jour, tout juste le temps de se cacher derrière des sacs de farine chez le boulanger ROULET à Thésée, avec le fils de ce dernier : ils étaient poursuivis par les Allemands.

Comme pour tant d'autres, les souvenirs de la guerre 14-18 et la mort de son père furent chez l'abbé GODIN, une puissante motivation de patriotisme.

Un " battant " au service des jeunes :

Tous les témoignages dessinent le portrait d'un meneur d'hommes, d'une forte personnalité, d'un bon vivant qui avait l'amour de sa Sologne natale donc de la chasse et de la pêche, d'un homme déterminé dans ses convictions.

L'abbé GODIN développa une activité soutenue au service des jeunes et des activités culturelles et sportives de la paroisse.

Il favorisera la transformation des associations qui avaient été mises en place par les barons de CASSIN, en de nouvelles structures, une Chorale et le Foyer Jeanne d'Arc.

Ainsi, il recevra en 1983, délivrée par le Préfet, la médaille d'argent de la Jeunesse et des Sports.

Ses actions de passeur, lui vaudront de recevoir la Médaille de la Reconnaissance Française en 1986.

Il quittera Monthou en 1963 et sera affecté à Contres, puis nommé curé de cette paroisse en 1990 et chanoine en 1994.

Il décèdera à Contres, le 10 mars 2010.


Le Service du Travail Obligatoire

Dés l'automne 1940, les pressions de l'occupant allemand se manifestent pour que des volontaires aillent travailler en Allemagne.

il faut remplacer les soldats allemands.

Le travail des prisonniers de guerre n’est pas suffisant pour satisfaire les besoins de l’économie de guerre allemande.

Le travail volontaire Allemagne : un échec.

Ces volontaires se recruteront essentiellement chez des travailleurs étrangers vivant en France.

Mais le nombre de ces volontaires demeure limité à quelques dizaines de mille.

Il y a peu de travailleurs français disposés à partir en Allemagne.

Aussi les exigences allemandes montent en puissance : le gauleiter SAUCKEL exige par l'ordonnance du 4-6-1942 un nouveau contingent de 250 000 travailleurs. 

Le Président du Conseil LAVAL tente de manœuvrer en demandant aux Allemands de libérer 1 prisonnier pour 3 ouvriers volontaires. 

La « Relève » : un échec.

C'est ce qu'on appelle " la Relève", annoncée à la radio par LAVAL lui même, le 22-6-42.

La " Relève " sera un cuisant échec pour le régime de Vichy : 17 000 volontaires seulement.

La riposte allemande est rapide : le 22-8-42, SAUCKEL exige un recrutement forcé.

Celui-ci se traduira dans la loi du 4-9-1942 qui va instaurer une véritable conscription obligatoire du travail avec le recensement de tous les hommes de 18 à 50 ans et des femmes célibataires de 21 à 35 ans et leur affectation en fonction des besoins de l'économie.

C'est à dire sur le territoire national, les besoins des entreprises travaillant pour les allemands et les chantiers gérés par l'organisation allemande TODT.

A la fin de l'année 42, SAUCKEL exige un contingent supplémentaire de 250 000 travailleurs.

Le Service du Travail Obligatoire : un échec.

Le gouvernement de Vichy monte alors d'un cran dans la répression : il crée le Service du Travail Obligatoire par la loi du 16-2-1943. 

Dorénavant, c'est par classes d'âge entières que les jeunes seront requis pour le STO en France mais surtout en Allemagne.

Ce sont les classes 20, 21, 22 qui sont principalement concernées.

Le total des départs prévus pour le Loir et Cher, pour ces classes, est de 1650.

La Classe 22 doit être totalement envoyée en Allemagne.

Ces jeunes sont recensés. 

Ils doivent passer une visite médicale, voire une seconde.

Ils sont mis à la disposition des bureaux de placements allemands.

Les départs sont organisés par trains entiers.

Ceux qui ne se présentent pas le jour du départ sont considérés comme des "défaillants ".

Ils bénéficient d'une "mesure d'indulgence ", c'est à dire un court délai avant une nouvelle convocation.

S'ils ne se présentent toujours pas, ils deviennent des " réfractaires " recherchés par la gendarmerie et encourent des peines d’emprisonnement.


Un bulletin de recensement de la classe 22.

Une statistique sur les réfractaires

Le STO a nourri l’impopularité de Vichy :

Le STO joua un rôle important dans le développement de l'impopularité du régime de Vichy.

Il y eut en France plus de 200 000 réfractaires. 

La plupart des permissionnaires de fin 1943 ne repartirent pas en Allemagne.

Au moins un quart des réfractaires rejoignit les maquis et souvent les constituèrent. 

Beaucoup se cachèrent en travaillant dans des fermes.

Nous avons de nombreux témoignages sur les réfractaires cachés dans les fermes de Monthou.

Les réfractaires vont constituer une partie importante des passages clandestins de la ligne jusqu’au départ des Allemands.

Plus de 650 000 travailleurs durent subir le STO.

Dans le Loir et Cher, le nombre de réfractaires fut très élevé.

Les classes d'âges

24-12-42... Le Préfet n'est pas content !

La Feldkommandantur de Blois lui réclame 300 ouvriers supplémentaires pour les Chantiers TODT à St Nazaire.

Le préfet proteste : " ce nouveau prélèvement entraînera un déséquilibre certain dans l'économie agricole et des répercussions particulièrement regrettables sur la production déjà déficitaire pour de multiples raisons dont la principale est certainement la pénurie de main d'œuvre".

Il insiste en rappelant que le Loir et Cher est un département " des moins peuplés de France", notamment la Sologne et que de nombreuses entreprises travaillent déjà pour troupes d Occupation.

Et dit-il " sans parler du découragement que ces prélèvements vont faire peser sur le milieu rural ".

Il réclame " la possibilité d'alléger dans la plus large mesure possible la nouvelle imposition en main d'œuvre ".... Il est peu probable qu'il aie obtenu satisfaction ! 


La persécution des juifs dans le Loir et Cher.

D’abord les discriminations :

Le gouvernement de Vichy va promulguer deux statuts des juifs : celui du 3 octobre 1940 et celui du 2 juin 1941. 

Il adoptera une centaine de textes juridiques à leur encontre ; sans parler des ordonnances et textes des autorités allemandes.

….. Exclus et spoliés  :

Les juifs sont exclus de toutes les professions publiques, du journalisme, des arts, etc.

Leurs entreprises et avoirs sont saisis, vendus et " aryanisés ".

Vichy commence par le recensement des juifs étrangers : au 4 décembre1940, il en est recensé 93 dans le département et 103 fin 1941.

Des juifs s'étaient réfugiés hors de Paris et habitaient nos communes, souvent près de la ligne, espérant la passer quand ce serait possible.

Les juifs ont d'ailleurs constitué une partie importante des candidats au passage de la ligne.

Certains passeurs, heureusement peu nombreux, leur faisaient payer des tarifs exorbitants.

…. Fichés et signe stigmatisant :

Pour les juifs français, c’est à dire nés en France ou naturalisés, Vichy devra édicter des mesures puisque la laïcité interdit de mentionner la religion des français. 

La religion est dans la sphère de la vie privée. 

Le concept de race ne fait pas partie du droit public français même sous l'Ancien Régime !

Les juifs français vont donc devoir se déclarer en mairie ou préfecture en tant que " de race juive ".

Les préfets feront des enquêtes sur toutes les personnes portant un nom réputé pouvant être juif qui devront fournir les preuves qu'elles ne le sont pas ( actes de baptêmes, témoignages, état-civil des ascendants, des conjoints, etc.)

Le bureau des affaires juives de la préfecture à Blois avait épluché l'annuaire téléphonique, les listes électorales, etc !

Des recensements sont établis.

Puis, ils devront porter un signe distinctif : l'étoile jaune. Celle-ci leur était remise en trois exemplaires par les mairies. Les juifs signaient un récépissé et devaient donner en paiement des bons-tissus attribués aux famille dans le cadre des mesures de rationnement.

Le non port de l'étoile jaune était passible de sanctions. 

On faisait rechercher par les gendarmes ceux qui n'avaient pas retiré les étoiles des mairies.

Le tampon " juif "était aussi apposé sur leurs cartes d’alimentation.

….. Les enfants aussi :

Le 5 avril 1943, le ministère de l’éducation lancera une enquête nationale " sur la population scolaire juive "

Cette enquête fut mal perçue par l’opinion publique car elle touchait les enfants.

Les instituteurs feront bien souvent leur possible pour protéger les élèves concernés.

Ainsi, comme Contres, ils répondaient qu’il n’ y avait pas d’enfant juif dans leur classe. L’académie les relançait sur la base d’informations complémentaires. Ils maintenaient leur position autant que faire ce peut. 

C’était du temps de gagné pour tenter de cacher ces enfants.

Puis la répression :

La répression ouverte va s'abattre sur les juifs à partir de 1942.

Ce seront d'abord les juifs étrangers : deux rafles eurent lieu dans le département : le 13 juillet 1942 et le 10 octobre 1942.

Ces juifs étrangers seront internés au camp de Lamothe-Beuvron, avec d'autres juifs arrêtés en zone Sud. 

Puis transférés au camp de Pithiviers. La Gestapo avait exigé que tous ces juifs soient déportés au plus tard le 28 Août 1942 ....et les enfants raflés du Vél'Hiv comblaient les convois. Comme le petit Simon FELNER.

La plus grande partie des juifs du Loir et Cher, étrangers et français, a été victime de la répression.

Une enquête au 19 avril 1944 ( donc toujours sous le gouvernement de Vichy) indique qu'il doit en rester 14 !

..... Et aussi la solidarité :

Elle va notamment porter sur les enfants.

Il existait, à l’initiative d’organisations caritatives juives (dont l’OSE ) des filières de placement des enfants notamment dans des familles à la campagne, dans les petites villes, voire dans des structures pour enfants gérés par les œuvres caritatives officielles !

Ce sera le cas du domaine de l'Audronnière à Faverolles, confisqué à l'Union des Syndicats CGT de la Région Parisienne, dissoute.

Le département de Loir et Cher est un des 4 départements de la zone occupée qui a accueilli et sauvé le plus grand nombre d'enfants juifs.

ÉLEVÉ À MONTHOU

Simon FELNER :

La monstruosité   nazie.

Notre région, pas trop éloignée de Paris et accessible par les moyens de transports de l'époque, avait une sorte de spécialité : les femmes élevaient des enfants confiés par l'Assistance Publique ou par des particuliers. 

Cette activité constituait un complément appréciable de revenus. 

Ainsi, une Melle Eulalie RICOIS avec sa mère, éleva environ 90 enfants.

Parmi ces femmes, il y avait Mme Marthe DEFONS, rue de la Croix.

Un petit garçon Simon FELNER, lui avait été confié par sa mère Ruschia FELNER, coiffeuse à Paris.

C'était une famille juive : la mère née en Pologne et Simon à Paris le 12 juillet 1934.

Ils habitaient au 13, de la Rue d'Eupatoria, dans le quartier de Belleville, terre d'accueil de ces juifs d'Europe Centrale, victimes de l'antisémitisme et de la misère.

Ceux qui les ont connus, soulignent leur gentillesse et leur gaité.

Pour une raison inconnue, Ruschia FELNER ramène Simon à Paris, vers la fin du printemps 1942.

Nous sommes en pleine montée de la répression anti-juive.

Sentiment prémonitoire ? Mme DEFONS avait conseillé à la mère de le laisser à Monthou.

Simon et sa mère sont arrêtés lors la rafle du Vel d'Hiv, les 16 et 17 juillet 1942.

Ils vont être parqués dans le sinistre camp d'internement de Pithiviers.

Puis séparés... Les témoins ont relaté ces scènes déchirantes des enfants arrachés des bras de leurs mères.

Ruschia FELNER a fait partie du convoi n° 16 du 7 août 1942, parti de Pithiviers à destination d'Auschwitz, avec 871 femmes, 198 hommes et 300 enfants.

Elle sera immédiatement gazée en arrivant à Auschwitz.

Simon FELNER, avec d'autres enfants juifs, est d'abord transféré à Drancy où venaient d'être rassemblés des centaines de juifs raflés en zone non occupée, livrés par la police de Vichy à la Gestapo.

Entre le 17 et le 28 août, 3000 enfants vont être déportés.

Ainsi, Simon et 537 enfants juifs vont compléter le convoi n° 22 du 21 août 1942, au départ de Drancy. 

Le convoi arrive à Auschwitz le 26 août et Simon, comme sa mère, est immédiatement gazé.

Il n'y aura aucun enfant survivant de ce convoi.

Mme DEFONS, qui évidemment était sans nouvelles, avait la certitude " qu'il lui était arrivé malheur " et disait-elle en pleurant : " mon petit Simon, ils me l'ont envoyé là-bas ". 

Ce "là-bas", c'était l'horreur indicible pour elle.

Par arrêté ministériel du 30 mai 2014, la mention officielle de " mort en déportation " à été attribuée à Simon FELNER, français, car né sur le sol de France.

Simon FELNER avait 8 ans.