Chapitre I


Les Sammies, "causes et victimes" de la hausse des prix.


L’annonce de la poursuite aggravée des restrictions.

Au cours de l’année 1918, une série de décisions gouvernementales réglementent la pénurie aggravée.

Le 1er janvier 1918, le Ministère du Ravitaillement Général, impose une réduction immédiate de 20% de la consommation de pain dans tous les départements.

Les minotiers ne livreront aux boulangers de Loir et Cher que les 4/5e du contingent moyen de farine dont ils ont besoin pour leur production.

Le ministre fait appel au patriotisme des français.

Le Ministère de l’instruction publique organisera, dans les écoles, un concours de dessin d’affiche sur le thème des économies. (Annexe 1).

Il invite les citoyens à substituer la pomme de terre au pain car sa récolte a été supérieure à la moyenne.

C’est une décision forte qui traduit les difficultés de ravitaillement que connait le pays.

Elle annonce la poursuite aggravée de la pénurie.

Malgré la réduction de la consommation imposée, la carte de pain à raison de 300 gr par jour et par tête entre en vigueur à la fin du mois de janvier. Cette décision passe mal parmi la population notamment chez le paysan.

« la carte de pain à trois cent grammes est fort mal accueillie. »… « ce qui constitue le quart de ce qu’il a coutume de manger » écrit le Préfet.

En janvier, le prix du tabac augmente.

Le 1er février 1918, l’utilisation du sucre est interdite dans les hôtels, cafés, restaurants, débits de boissons. Il sera remplacé par la saccharine lorsque les usines productrices pourront en fournir.  

Le 12 du même mois, un arrêté préfectoral fixe le régime des heures de services dans les hôtels et restaurants. Il est interdit de servir ou de consommer des « aliments solides » entre 9 heures et 11 heures et entre 14 h 30 et 18 h 30.

Le 28 mars, le Préfet instaure la carte d’alimentation.

Le 15 avril, il prend un arrêté de taxation du prix du sucre.

Ce sont quelques unes des mesures les plus significatives. Elles prolongent celles déjà adoptées les années précédentes.

Le charbon manque. L’électricité aussi.

Faute d’éclairage public, les rue sont plongées dans l’obscurité.

1918, est une année très difficile en Loir et Cher.

Tout au long des 11 mois de 1918, le contingent américain ne cessera de prendre de l’ampleur dans la Vallée du Cher jusqu’à l’Armistice.

L’épineux problème du ravitaillement alimentaire de ses troupes  vient se greffer sur cette réalité.

Les besoins alimentaires du CEA :

Les troupes américaines importent depuis les Etats-Unis toutes les denrées nécessaires à leur subsistance.

Néanmoins, pour l’ordinaire des mess notamment, ils se ravitaillent sur place en légumes frais et autres produits tels le beurre, le lait, les fruits, les choux, le fromage. Leurs besoins sont importants.

Le 22 janvier 1918, le Sous-Intendant militaire de la 5e Région Militaire, écrit au Préfet à ce sujet. Il lui fait remarquer que « ces besoins viennent s’ajouter aux nôtres que la pénurie de toute sorte rend déjà des plus pressants ».

La présence des troupes en cantonnement dans la Vallée du Cher a un effet mécanique immédiat : la demande augmente alors que l’offre se restreint.

Le risque d’une envolée des prix est manifeste.

Les pouvoir publics se devaient d’intervenir pour tenir l’équilibre précaire entre la réponse aux besoins des troupes américaines et le ravitaillement des populations civiles à des prix abordables pour rendre le contexte acceptable par la population.

Intervention d’autant plus nécessaire que la guerre se poursuivant, « l’état d’esprit de la population » n’est pas aussi solidement « bon » que l’affirme le Préfet.


 Une opinion publique, complexe et fragile :

 Le 31 décembre 1917, le Préfet avait dans un rapport au Ministre de l’Intérieur, dressé un tableau réaliste mais cynique de l’opinion publique.  

« La facteur principal dans cet état d’esprit des populations que je qualifie sans hésitation de bon pour le moment, c’est l’aisance qui règne un peu partout en Loir et Cher. - pour les ouvriers, ils paient plus cher il est vrai les denrées d’alimentation et le vêtement, mais les salaires ont été relevés, les indemnités de vie chère ont été accordées partout, les femmes ont leurs allocations et enfin personne ne paie son loyer. - Pour les ouvriers agricoles, la rareté de la main d’oeuvre a entraîné une augmentation considérable des salaires, en outre, nourris et logés ils ne souffrent pas de la vie chère. - Les fermiers et les métayers vendent à des prix fabuleux tous leurs produits. - Il en est de même des propriétaires fonciers qui tirent de leur coupes de bois des prix qu’ils n’auraient jamais osé envisager, des commerçants qui vendent tout ce qu’ils ont au prix qu’ils veulent, des industriels qui travaillent presque tous pour l’armée et réalisent des fortunes. - toute cette catégorie de personnes et c’est le fond même de la population, envisage la guerre avec un certain optimisme, je n’ose pas dire que certains n’en désirent pas le terme.

Restent les petits rentiers, les employés et les petits fonctionnaires qui souffrent vraiment de la guerre, mais ceux-là sont peu nombreux, gens paisibles, en dehors de tout groupement social organisé. - Leur plainte est à peine murmurée et on l’entend pas. »

« Ceci ne veut pas dire d’ailleurs, que cet état d’esprit soit pleinement rassurant. Il résulte à mon avis d’une situation économique faussée, d’un équilibre purement factice fait de la hausse parallèle des prix de vente et des taux de salaires - que l’un s’élève tout à coup sans l’autre et l’équilibre est rompu, alors que dans une population sans cesse émue par les deuils, remuée par de graves événements extérieurs ou intérieurs, des mouvements violents d’opinion sont toujours en puissance.

 Je reste convaincu cependant qu’en Loir et Cher ces mouvements ne sont guère à prévoir et qu’ils n’y revêtiraient pas un caractère de grande violence. »

Dans ce rapport, il ne nie pas la crise économique et ses conséquences sur les populations, même s’il enjolive quelque peu le tableau lorsqu’il évoque  « l’aisance qui règne ».

En fait le Préfet est inquiet. ll suffit de peu pour rompre cet « équilibre factice ».

Une hausse rapide et importante des prix par exemple.

La guerre pèse sur une population résignée.

Le syndicalisme sort difficilement du carcan de la politique d’Union Sacrée, les grèves de 17 sont encore en mémoire.

« Au point de vue social, le fait marquant est la propagande syndicaliste exceptionnellement active de l’ouvrier Rey, à Romorantin. Je vous ai signalé au fur et à mesure les réunions corporatives provoquées par cet ouvrier. Jusqu’à présent, il n’a rencontré que très peu d’adhésions, mais il ne semble pas homme à se décourager. Non seulement il poursuit avec ténacité la création du syndicat des ouvrières en confection et la réorganisation du syndicat drapier ; il vise encore à l’établissement d’une association intersyndicale qui lui permettrait de grouper autour de lui les ouvriers de tous les métiers. L’ouvrier du pays est de son caractère peu enclin à ces sortes de mouvements : il est à la fois paisible et son goût peu prononcé pour l’association et l’action collective. Rey rencontrera toutefois parmi les réfugiés qui sont venus grossir les rangs de la main d’oeuvre locale un appui susceptible peut-être, avec le temps, d’aider à ses dessins » expliquera le Sous-Préfet de Romorantin.

La situation est mouvante.

Pour maintenir la paix sociale nécessaire dans la poursuite de la guerre, les pouvoirs publics vont tenter de limiter les effets de la présence américaine sur les prix et, on le verra, sur les salaires.

« Chronique de la vie chère » :

C’est le titre d’une chronique permanente du journal le Progrès, dans laquelle il dénonce les nombreuses hausses de prix.

Dès l’arrivée des éléments du Corps Expéditionnaire Américain, les prix grimpent.

Les prix grimpent :

Les soldats américains sont une aubaine pour les spéculateurs. Ils entrevoient de nouvelles possibilités de gagner de l’argent facilement.

L’Amérique est un pays d’abondance, un pays riche, donc l’américain est riche ! Il peut payer ! C’est un à priori que la presse a contribué à installer dans le paysage.

Dès la fin de l’année 1917, les autorités militaires françaises, se saisissent de ce problème. Elles y ont apporté une attention particulière et persévérante qui ne fut pas couronnée des succès espérés.

Elles ont manifesté le souci de donner aux américains, « le souvenir d’un peuple accueillant et de relations commerciales correctes, scrupuleuses, ennemies de toute spéculation. »  

 La Mission Militaire Française diligente une enquête :

 Le Général, Chef de la MMF, charge le Sous-Intendant Péria, Directeur de l’Intendance Militaire, de conduire une enquête sur « l’élévation du prix des denrées dans les localités occupées par les troupes américaines. »

Le 9 décembre 1917, Peria s’adresse au Préfet de Loir et Cher.

Il le somme de répondre pour le 25 décembre à un questionnaire accompagné de tableaux faisant ressortir la hausse des prix de certaines denrées.

Le maire de Blois et le Sous-Préfet de Romorantin sont chargés de remplir questionnaires et tableaux relatifs à leur arrondissement.

Le questionnaire aborde plusieurs sujets :


  • la date d’arrivée des soldats américains,
  • le rapport population civile/effectifs militaires,
  • les mesures prises pour enrayer la hausse des prix et les bénéfices exagérés,
  • les cas précis de prodigalité des troupes, susceptibles de provoquer ou d’encourager les hausses,
  • et, ces hausses sont-elles dues à la part du jeu naturel de l’offre et de la demande, ou bien à celle, du désir des commerçants de réaliser des bénéfices exagérés.

    Le maire de Blois répond. Il annote le tableau de la mention suivante : « Sur les contingents américains devant venir faire garnison à Blois, quelques hommes seulement sont arrivés et leur présence n’a jusqu’à ce jour provoqué aucune variation sur les prix des objets de consommation ni donné lieu à aucune remarque de prodigalités de leur part. »




 Les réponses du Sous-Préfet de Romorantin différent peu de celles du maire de Blois.

Selon le Sous-Préfet, les soldats américains ne sont pas très nombreux : 1100 soldats à Gièvres, 300 dans la commune de Mur en Sologne, soit 1400 hommes au total, alors que Romorantin compte 8102 habitants et l’arrondissement 64 367.

Néanmoins, il constate que ces soldats consomment. « Ils dépensent très largement, hôtels, auberges, cafés et chez les épiciers ». Ils achètent des bonbons, du chocolat, de la confiserie.

Il n’a pas observé de « prodigalité générale », mais à plusieurs reprises un gaspillage d’argent lorsqu’ils sont en état d’ébriété.

Les augmentations ne peuvent être imputées au comportement des soldats, elles concernent tout l’arrondissement alors qu'ils consomment sur les lieux de leur cantonnement des catégories de produits bien identifiées. Selon le Sous-Préfet, quelques hôteliers de Romorantin et deux ou trois épiciers se livrent à des abus, notamment sur des produits de luxe .

L’enquête porte sur une variété de produits de première nécessité bien plus large que ceux qui constituent l’ordinaire de la consommation des soldats américains, lesquels disposent de leur cantine.

Les prix portés sur les tableaux sont ceux des mercuriales. Ils différent souvent des prix réellement pratiqués.  

Quant à la période de référence, décembre 1916 à décembre 1917, elle n’est pas significative pour la Vallée du Cher. La présence américaine était encore bien trop faible alors pour peser sur les prix.


L’Intendance propose de cultiver des légumes pour les américains :

Le 22 janvier 1918, le Sous-Intendant militaire de la 5e Région Militaire, écrit au Préfet. Il souligne les besoins de l’armée américaine,

Les troupes sont approvisionnées depuis les Etat-Unis.

Mais une rupture dans la chaine de ravitaillement est toujours possible.

De plus, il est difficile de faire venir depuis l’Amérique tous les légumes frais.

Le Sous-Intendant invite donc le Préfet à agir auprès des maires, pour « que ces légumes soient développés dans des proportions considérables », notamment les fruits, les pommes de terre, les petits-pois, carottes, navets, haricots, ainsi que les fruits etc.

Toutes les jachères devraient être utilisées pour la culture de ces légumes.

« C’est une activité très rémunératrice » écrit-il !

Il demande au Préfet de mettre à disposition des troupes américaines, dans le voisinage de leur cantonnement, des terres abandonnées, pour qu’ils se livrent à la culture et l’ensemencement de ces terres par leurs propres moyens.

Ce que proposera le Préfet au Général Alexander.


Le Cabinet Militaire de Clemenceau intervient :

Les résultats de l’enquête de décembre 1917 justifient l’intervention du Ministre de la Guerre. Le 13 février 1918, il s’adresse au Généraux commandant les régions militaires où cantonnent les troupes américaines.

La hausse des prix, rapide, exagérée, n’est pas circonscrite à la Vallée du Cher.

Le ton de sa lettre-circulaire est comminatoire : « Il résulte d’une enquête, effectuée dans les zones occupées par les éléments de l’armée américaine, que les denrées alimentaires ont subi une hausse notable depuis l’arrivée de ces troupes. L’augmentation du prix de la vie a pu être attribuée à la spéculation de certains vendeurs, qui réservent les denrées aux américains, dans l’espoir d’obtenir un prix plus élevé. »

Il ordonne la mise en oeuvre de deux mesures :

  • Une surveillance plus stricte des tarifs exigés par les commerçants et le cas échéant l’application de l’article 10 de la loi du 20 avril 1916 qui prévoit des sanctions pénales à l’encontre des contrevenants.
  • L’affichage dans les deux langues, sur les marchés et dans les magasins, des « prix limites » des denrées.

Des abus à St-Aignan-Noyers :

Le 14 février, le Capitaine Klotz, officier de liaison à la 41e DIUS cantonnée à Noyers-St-Aignan, attire l’attention du Préfet sur les hausses des prix pratiquées sur les denrées fournies aux troupes américaines sur la zone de cantonnement de la Division.

Les hôteliers et les charcutiers sont montrés du doigt.

Le capitaine affirme avec raison qu’il « est certain que les américains seront rendus responsables alors qu’eux mêmes sont les premières victimes de cette hausse. »,.

L’armée française est soucieuse des conséquences de ces hausses sur le comportement des citoyens qui en supportent aussi les effets. Elle redoute la crise économique.

Au détour d’un post-scriptum, il annonce au Préfet, que le 14 février au soir, le Général Alexander, remplace le Général Coulter, nommé au commandement de la base de Bordeaux.

Le 16 février 1918, le Préfet s’adresse aux maires du département pour dénoncer les « abus intolérables » des commerçants, des restaurateurs, des hôteliers qui majorent leur prix dans des proportions inquiétantes.

Le Ministre de l’intérieur tance les Préfets :

 Le 28 février, c’est au tour du Ministre de l’Intérieur de s’adresser aux Préfets concernés.

Faisant référence à l’enquête de décembre 1917, il exprime clairement les causes de ces hausses

« Il résulte de cette enquête que la hausse signalée peut être, en partie, attribuée à l’excédent de la demande sur l’offre, du fait que les soldats américains reçoivent une solde liquide assez élevée, mais il a été également constaté qu’une spéculation serait exercée par les vendeurs qui réserveraient leurs denrées aux américains dans l’espoir de les vendre plus cher. »

Il engage les Préfets à remettre aux autorités américaines une mercuriale des prix pratiqués dans la ville où ils cantonnent, mais aussi d’afficher les prix en anglais et en français sur les marchés et chez les commerçants.

L’affichage bilingue répond à une demande de l’armée américaine.

Les hôteliers et restaurateurs sont invités à pratiquer des prix raisonnables.

Les prix limites de vente seront ceux des mercuriales des prix précédant l’arrivée des troupes.

L’invitation est accompagnée de la menace. Les auteurs des hausses injustifiées des services ou des denrées seront sanctionnés.


La solde en dollars des soldats américains :


La solde mensuelle du soldat américain est de 30 dollars pour le soldat ; celle du grade le plus élevé dans le corps du Génie est de 105 dollars. Il sont payés en dollar or ou argent. Périodiquement, le Préfet communique par voie de presse sur le cours du dollar.

Le cours du dollar, Papier et Or est de 5,60 fr, celui du dollar Argent est de 5 fr.

« En conséquence, les négociants devront tenir compte du cours de cette monnaie dans les transactions qu’ils auront à faire avec les autorités ou les soldats américains cantonnés dans la région ».

Comparé aux salaires pratiqués dans la région, le soldat américain, nourri et logé, semble disposer d’un pouvoir d’achat illimité.

L’inquiétude du Préfet :

Le 1er Mars 1918, le Préfet écrit au Ministre de l’Intérieur.

Sa missive peut se caractériser par la formule : « Tout va bien mais je suis inquiet. »

Il insiste : « Je ne puis cependant vous dissimuler l’inquiétude que me cause l’alimentation américaine et ses répercussions sur le vie économique de mon département. Si bien ravitaillée que soit l’armée américaine, elle n’en vit pas moins largement sur le pays et consomme abondamment dans les hôtels, cafés, restaurants de la contrée. Le pain, le lait, les oeufs, les pommes de terre et en général tous les légumes disparaissent à vue d’oeil et je n’ai pas dissimulé à Mr. le Ministre du Ravitaillement dont j’ai sollicité les instructions, mes préoccupations à cet égard.

Pour atténuer dans une aussi large mesure que possible cette situation, j’ai obtenu du général américain Alexander, qui commande en Loir et Cher, la promesse que toutes ses troupes allaient créer des jardins potagers et élever des porcs avec les résidus de leur ordinaire ».


Le Sous-Secrétaire d’Etat au Ravitaillement interpelle, lui aussi les Préfets :

Le 6 août 1918, c’est le Sous-Secrétaire d’Etat au Ravitaillement qui interpelle, lui aussi, les Préfets sur les suites données aux résultats de l’enquête de décembre 1917.

Y-a-t-il eu des plaintes des autorités américaines ? Des arrêtés spéciaux ont -ils été pris ? Des contraventions dressées ? L’affichage dans les deux langues est-il réalisé et enfin, est-ce que des initiatives privées ou syndicales ont été décidées pour remédier aux différentes hausses ?

Toutes ces questions agacent le Préfet. Il lui répond le 8 août :

  • aucune plainte des autorités militaires américaines contre la hausse excessive des prix n’est à constater.
  • la hausse exagérée des prix est intervenue depuis l’arrivée des réfugiés parisiens « qui ont pour être sûrs de ne manquer de rien, offert des prix très supérieurs à ceux pratiqués couramment jusqu’alors. » Les réfugiés sont certes nombreux à avoir été hébergés dans la Vallée du Cher, environ 5 000, tous ne viennent pas de Paris, tous ne disposent pas d’un pouvoir d’achat illimité.
  • il rappelle sa circulaire aux maires, leur demandant de fixer un « prix limite » dans tous les hôtels et restaurants ; de procéder à l’affichage, d’une part des prix dans tous les commerces de tous les produits mis en vente et d’autre part, dans chaque commune de la mercuriale des prix pratiqués sur les marchés avant l’arrivée des Américains,
  • il rappelle les sanctions envisagées en cas de violation des ses prescriptions : la consigne du commerce aux troupes américaines et française assurée par la présence de sentinelles devant la porte et sa volonté de prendre des sanctions plus graves s’il le faut, notamment l’application de la loi du 20 avril 1916.

Le Préfet « précise que des précautions minutieuses ont été prises avec les autorités militaires pour que leurs troupes ne soient pas exploitées par les commerçants. »

Il conclu sèchement : « l’américain ne peut être exploité que s’il le veut bien. »


L’Etat-Major américain réagit :

Le 20 juin 1918, le Quartier Général de la Division de Dépôt du 1er Corps (41DIUS), rend publique une note sous la signature du Lieutenant-Colonel d’Infanterie, Adjudant de division, Thomas L. Brewer.

Il y affirme que « les autorités françaises ont fixé les prix maximum des produits et articles vendus habituellement sur les marchés locaux. »

« Tout paiement fait sur une base plus élevée étant de nature à avoir sa répercussion sur la population civile, constituera, de la part d’un soldat américain, un délit et sera puni en conséquence.

Les officiers et soldats de cette division sont informés que les marchés sont avant tout établis pour les besoins de la population civile.

Les achats pour les mess devront donc être limités aux articles qui ne sont pas fournis par notre commission.»

Cette note confirme que les américains s’approvisionnent, notamment pour les mess, sur les marchés locaux en légumes verts frais, beurre, etc.

A-t-elle eu un effet dissuasif ? Rien ne le démontre.

Le Commissaire de police constate que « sur le marché, les américains ont acheté des oeufs en assez grande quantité, des légumes (choux, navets). »


Ouvrir des coopératives militaires ?


Le 6 août, le Capitaine Klotz, officier de liaison de la 41 D.I.U.S fait le constat de l’échec de la lutte contre la hausse des prix.

Pour « lutter efficacement contre la hausse continuelle des denrées et parer à une crise économique inévitable, » il présente à l’officier de l’Intendance, la proposition de créer des coopératives militaires françaises dans le secteur de la Division.

Cette coopérative et ses 4 succursales seraient gérées par l’Intendance française.

La coopérative centrale étant située à St-Aignan, et les 4 succursales, à Montrichard, Selles-sur-Cher, Pontlevoy, Contres.

Les américains disposent des « Sales Commissaries » où ils vendent du sucre, des pâtes, des conserves, du tabac, à des prix très modérés.

Pour éviter la concurrence, la coopérative avec ses succursales, pourrait vendre, du beurre, des œufs, de la charcuteries, des vins ordinaires et fins, des sardines, du poisson frais et si possible, de la papeterie.

Cette liste étant évolutive dans le temps.

Le Capitaine indique que cette proposition a été approuvée par Mr le Préfet et le Général commandant la 41e Div.

Je n’ai pas trouvé de précisions sur la suite donnée à cette proposition.  


L’impuissance est officiellement constatée :

Le 13 Août 18, le Ministre de l’Agriculture et du Ravitaillement constate dans une lettre adressée aux Préfets, l’impuissance des pouvoirs publics.

« Malgré les efforts faits et les mesures prises de divers côtés, la situation ne s’est pas depuis suffisamment améliorée. »


 Rien n’y a fait, pas plus l’appel au patriotisme des commerçants « honnêtes et consciencieux » que les menaces de sanctions pénales.

Les interventions successives et à cadence rapprochée des différents ministres traduisent la volonté des pouvoirs publics de limiter autant que faire ce peut le phénomène.

Leurs directives se bornaient à exiger l’affichage des mercuriales, la fixation d’un prix limite en anglais et en français dans les hôtels, les restaurants, accompagnées de la menace de la consigne de l’établissement aux troupes américaines, mais en laissant le jeu de l’offre et de la demande s’exprimer librement.

Le Capitaine Klotz demandera au Général Alexander de consigner tous les marchés aux troupes américaines. Le Général refusera.

La volonté des pouvoirs publics se heurta à la réalité du terrain social et économique façonné par la guerre.

Le peu de résultats obtenus exprime l'impuissance des autorités pour imposer et traduire ces directives dans les faits.


Les pratiques abusives se sont poursuivies :

Le contenu des nombreux procès verbaux dressés par les gendarmes à l’occasion des contrôles des prix opérés sur les marchés explique le mécanisme local des hausses, mais aussi les motifs du mécontentement de la population et des autorités militaires américaines.

Il y a, d’un côté, les prix de la mercuriale et de l’autre, ceux pratiqués.

 Il est courant que le prix de vente soit 5 fois plus élevé que le prix de la mercuriale.

Les gendarmes portent sur le procès verbal les raisons fournies par les verbalisés pour justifier les majorations vertigineuses des prix pratiqués.

La maraîchère s'explique : « J’achète cher et il faut à mon âge (77 ans) que je vende très cher, quand j’achète des sabots, on me les fait payer 15 francs, et bien, celui qui veut manger des pommes de terre nouvelles me les paye 12,80 fr le décalitre, j’en ai déjà vendu 1/2 décalitre. »

Le gendarme commente : « Il est de notoriété publique que bon nombre de vendeurs et revendeurs profitent de la présence des américains sur les marchés pour vendre à un prix extrêmement élevé. Les américains achètent le tout au prix demandé. Les maraîchers déclarent ensuite « mon voisin, ma voisine, madame x ou y a vendu telle marchandise tel prix, je veux vendre tant, d’où les hausses toujours croissantes dans la région. »  

Ce commentaire se retrouve invariablement sur tous les procès verbaux.

A la réflexion des gendarmes « Si vous continuez de travailler ainsi, les civils, seront bientôt tous morts de faim », la réponse est invariablement la même, « je fais comme tout le monde, et lorsque je vais acheter quelque chose dans un magasin le prix est double. »

L’inflation est générale et elle est répercutée de commerçant en commerçant.

Le « marché noir » est aussi une réalité.

Les oeufs objet de convoitises :

Les soldats américains sont particulièrement friands d’oeufs.

Sur son blog, Rupert Clyde Lindsay, (1) soldat américain, qui passa par le centre d’entraînement de Selles-sur-Cher, explique que s’ils ne voulaient pas manger des oeufs en poudre au petit déjeuner « notre cuisiner disait qu’il pouvait essayer d’acheter des oeufs frais au marché noir. Il fallait acheter les oeufs aux fermiers et les payer ; rassembler 250 douzaines d’oeufs n’était pas une mince affaire. »

Avec son « copain » ils ont parcouru 6 « miles » à travers champs en transportant une caisse de 6 douzaines d’oeufs.(2)

L’oeuf est aussi un produit de spéculation.

Un trafic d’oeufs avec les revendeurs opérant sur la place de Paris était organisé.

Les expéditions des marchandises par chemin de fer faisaient l’objet d’une surveillance de la police.

Le vendredi 30 août, l’inspecteur de police Fouquet, procède à une saisie de 3 000 oeufs en gare de Thorée. Sur les 6000 oeufs vendus sur le marché de Vendôme : 1/6 seulement était destiné à la population, le reste, 5/6 à des revendeurs.

Le 9 septembre, en effet , en gare de Frèteval, il saisit deux colis de 1 000 oeufs chacun.

Ces oeufs provenaient du marché d’Ouzouer qui se tenait le vendredi et du marché de Oucques qui se tenait le samedi.

Les oeufs saisis étaient revendus par la Commission de la vie chère de Vendôme sur les marchés.


Vins et alcools, un commerce parallèle :

Les autorités militaires américaines ont tiré les enseignements des conséquences négatives du niveau élevé d’alcoolisme chez les militaires pendant les événements du Mexique.

Diverses mesures, notamment des activités récréatives avaient été planifiées et organisées dans les cantonnements militaires, à partir des travaux de Fosdick (3), pour tenter de limiter la consommation de l’alcool.

Le secrétaire d’Etat à la Guerre, Baker, dans sa lettre adressée au Général Pershing en date du 10 septembre 1917, indique que: « La question de la boisson est très surveillée », dans leurs camps d’entrainement aux Etats-Unis. (4).

Pourra t’il en être autant en France ?  

L’armée américaine a, de façon récurrente, fait publier dans la presse locale des avis rappelant que seule était autorisée la vente de vins, de bières et de boissons hygiéniques.

La démarche de l’armée française est similaire.

Français et américains agissent ensemble.

Le Général Pershing fait paraître un ordre général pour inviter les commandements américains à coopérer pleinement avec les autorités militaires et civiles françaises dans leur lutte contre l’alcoolisme,

Il les invite à dénoncer les « débits clandestins » et les établissements qui ne respectent pas la réglementation sur les horaires ou qui vendent des alcools interdits.

La pratique fut toute autre y compris parmi les officiers américains.


Le vin en vente libre

L’alcool est donc prohibé dans l’armée américaine stationnée en France.

Les autorités militaires locales communiqueront sur cette interdiction par voie de presse à plusieurs reprises, avec l’accord des autorités civiles et militaires françaises.

De plus, les horaires d’ouvertures des débits de boissons sont réglementés.

Il s’agit d’une mesure générale prise par l’armée française, indépendamment de la présence américaine.

Un arrêté du Général commandant la 5e Région militaire autorise l’accès des débits de boisson aux soldats :

  • en semaine : de 10 h 30 à 13 h et de 18 h à 21 h,
  • les dimanches et jours de fêtes : de 10 h 30 à 21 H.

Ce règlement concerne les officiers, les hommes de troupes ainsi que les permissionnaires de passage.

La « Military Police » était très stricte avec les soldats trouvés en état d’ivresse.

L’interdiction américaine porte sur les alcool forts, les « spiritueux », c’est à dire le cognac, whiskies, eau de vie, rhum, etc.

Le vin n’est pas concerné.

la Vallée du Cher avec ses coteaux est un pays de vin.

Le vin était tiré, il fallait le boire, il fut bu !

Selon un état dressé par le Commissaire spécial Bauer, à la date du 29 novembre 1918, pas moins de 183 demandes de licence d’ouverture de débits de boisson furent déposées et autant de débits ouverts pour la seule Vallée du Cher !


La prolifération des débits de boissons.

Les demandes de licences coïncident avec l’installation d’un cantonnement dans le village.


Villes Nombre de débits période des demandes
Saint- Aignan 11 7 /3 au 10/10/1918
Meusnes 1 2/4/1918
Châtillon sur Cher 7 6/4 au 25/6/1918
Saint romain 4 15/4 au 25/8/1918
Mehers 13 15/6 au 14/10/1918
Noyers 20 22/1 au 18/10/1918
Thésée 8 31/1 au 25/9/1918
Contres 3 1/7 au 31/7/1918
Chémery 1 24/6/1918
Couddes 2 7/7 au 10/7/1919
Soing en Sologne 2 15/2 au 11/5/1918
Choussy 1 24/8/1918
Selles sur Cher 19 1/2 au 9/10/1918
Pruniers 13 21/3 au 12/10/1918
Seigy 2 17/07 au 21/10/1918
Chissay 1 30/6/1918
Faverolles 3
St Jullien de Chedon 3 10/8 au 15/8/1918
Bourré 3 19/7 au 8/8/1918
Monthou sur Cher 3 26/8 au 22/9/1918
Montrichard 5 6/8 au 29/7/1918
Pontlevoy 3 24/7 au 13/8/1918
St Georges 4 27/5 au 20/7/1918
Thenay 3 6/6 au 14/8/1918
Giévres 48 2/12/1917 au   19/10/1918

Ces nouveaux débits s’ajoutaient à ceux déjà existants.

Certains bourgs, Gièvres, Noyers, Pruniers, Selles, ont battu des records. Les soldats américains y étaient en très grand nombre dans ces lieux.


Les établissements consignés :

Les établissements qui servaient des boissons alcoolisées, y compris du vin, après les horaires de fermetures, étaient sanctionnés.

Ils étaient consignés aux soldats français par l’armée française et aux soldats américains par l’armée américaine, pour des durées variables. En cas de récidives, ils pouvaient être fermés sur décision administrative.

Les sanctions furent appliquées.

Les autorités militaires américaines signalaient à leurs homologues français les établissements coupables de ne pas respecter les consignes. Elles prenaient la décision de consigner le « débit » à leurs troupes.

Le 27 avril 1918, le Chef de Bataillon commandant la place de Blois, à la suite des plaintes « qui lui ont été adressées par l’autorité américaine et au vu des contraventions dressées par la gendarmerie » consigne 10 établissements de Blois pour trente jours : motifs, ils ont vendu de l’alcool aux soldats américains.

En Juin 1918, le Chef de Bataillon demande qu’un établissement, situé rue de la Gendarmerie, soit consigné puis fermé, pour une année à compter du 4 juillet 1918.

C’est un établissement récidiviste.

Demande de fermeture également pour un débit Place Louis XII.

Fermeture pour récidive d’un débit, Avenue des Allées, à Blois.

Le 27 octobre, 2 hôtels de Blois sont consignés.

Le 8 novembre c’est le tour de l’hôtel du Croissant.

La fermeture était prononcée par le Préfet, car il s’agissait d’une fermeture administrative. Consigné également un hôtel à St Aignan. Dans ce cas, le gérant est un récidiviste.

A Montrichard, c’est un magasin de débit de boisson qui est consigné pour avoir vendu deux de bouteilles de vin blanc bouchées, 1,60 f la bouteille, à deux soldats après les horaires autorisés.

Le Colonel demande des poursuites civiles.  

A Villefranche-sur-Cher, c’est l’hôtel de Marseille qui est consigné aux troupes pour une durée de six mois, à compter du 3 juillet 1918.

A Selles sur Cher, c’est une charcuterie-débit de boisson qui est consignée pour quatre jours, pour avoir vendu de la bière après les heures légales.

A Contres, c’est une épicerie-débit de boisson tenue par un infirme de guerre, qui est consignée pour trois mois, à la demande des autorités américaines.

Même le restaurant Falguière du cinéma de Gièvres est sous la menace d’une consigne.

Le 21 octobre 1918, le café de hôtel du Lion d’Or à Romorantin est consigné pour un mois.

Le 23 octobre, trois cafés de Romorantin sont frappés par une punition identique.

L’Armistice justifie, aux yeux de l’armée française, la levée des consignes.

Les américains les maintiennent pour leurs troupes.

Les mesures de consignes se poursuivront après l’Armistice.

Mais pour une vente illicite sanctionnée, combien ne le seront pas ? Le plus grand nombre !

Certains établissements ne furent pas consignés, tant par les autorités militaires françaises que par la Military Police.

Les souleries donnaient lieux à des rixes et à des troubles de l’ordre public que révèlent les comptes rendus de police et de gendarmerie.

Aux côtés de ces « débits » patentés, certaines caves de vignerons sont devenues des « débits » officieux et occasionnels.


Le Général Henry R. Westphalinger, souligne que « quelques fermiers vendaient même directement l’alcool au G.I.S. à 50 francs d’alors la bouteille ».

Il y a aussi la consommation chez l’habitant : les soldats faisaient « le plein » le soir chez leur logeur pour occuper leur soirée !

Les P.V de gendarmerie ou de police ne mentionnent pas ces « débits clandestins ».

Par contre, nombreux sont ceux qui relèvent les infractions de vente d’alcool forts, par des commerçants.

Le marché noir des alcools forts :


Un véritable marché noir des alcools forts se pratique.

Il sera d’importance.

Il porte essentiellement sur le cognac et le rhum.

Les nombreux PV de gendarmeries dressés à l’occasion du constat de la vente d’alcool à un militaire américain décrivent un processus très bien rodé.

Quand, les officiers constatent une augmentation des cas d’ivresse parmi les soldats, la police américaine intervient, seule dans un premier temps, mais aussi avec l’aide de la gendarmerie.

Le soldat en état d’ivresse est sommé d’indiquer le lieu où il se procure l’alcool.

Un soldat de la police militaire se rend dans le commerce et tente d’acheter du cognac ou du rhum.

Lorsque l’affaire se conclue, le ou la commerçante voit arriver le responsable de la police militaire américaine accompagné de la gendarmerie.

Dans la quasi totalité des cas, l’attitude du ou de la commerçante est identique.

Il ou elle affirme ignorer qu’il est interdit de vendre de l’alcool. Souvent il ou elle nie en avoir vendu.

Alors la Police Militaire et la gendarmerie lui ramène le soldat acquéreur, le ou la commerçante est confondue.

La gendarmerie mène l’enquête, le procureur est saisi.

Le soldat relève de la prévôté militaire et de sanctions disciplinaires.

Au delà de la bouteille, c’est le prix pratiqué qui est usuraire.

Il n’est pas rare qu’une bouteille de cognac se vende 18 fr, une 1/2 bouteille de rhum 11 fr, et qu’une commerçante déclare en vendre entre 100 et 300 par mois. De plus, l’enquête met en lumière que l’augmentation des prix se répercute sur chacune des étapes de la chaine de distribution, depuis le grossiste jusqu’au détaillant, le prix du transport par fer alourdit aussi la facture du ou de la détaillante.

Les cas d’ivresse se multiplient.


Quelques jugements :


La presse fait état de quelques jugements rendus par les juridictions.

En juillet, une marchande d’œufs est condamnée à 5000 fr d’amende pour avoir dissimulé des oeufs pourris ou tâchés parmi des oeufs frais.

En août, un débitant est condamné par le tribunal de Romorantin à 50 fr d’amende pour spéculation illicite.

Le 24 août, deux commerçants sont condamnés chacun à 50 fr d’amende pour défaut d’affichage des prix.

Mais combien de pratiques abusives sont ignorées ?

Ces pratiques ne concernent pas que les denrées comestibles.

Elles concernent aussi les locations de logement.

Le 14 avril 1918, le Sous-Préfét Bosney rappelle dans un communiqué :

« Il est signalé que certains propriétaires abusant des circonstances, réclament pour la location de leurs immeubles, des prix absolument exagérés.

Ces propriétaires sont avertis que s’ils persistent à agir de la sorte, l’administration délivrera un ordre de réquisition pour loger dans les dits immeubles des réfugiés du prochain convoi. »



Une situation « infiniment pénible » :


Le journal le « Courrier de la Sologne » publie, le 21 juillet, un billet signé par un certain Jean Lecoq.

Dans un village dont il ne cite pas le nom, il a été le spectateur d’un spectacle qu’il juge « infiniment pénible pour notre amour propre. »

Des soldats américains déambulent dans la rue centrale du village suivis par des enfants qui leur réclament une pièce de monnaie.

Une mère encourage son enfant à réclamer une pièce.

Il s’en offusque.  Selon lui, ces pratiques donnent une mauvaise idée de la France.

« On a fait aux Américains, avant leur arrivée, une réputation de nabab ; et, l’on a ainsi déchainé contre eux la rapacité des mercantis et les convoitises des mendiants. »

Et, les autorités publiques doivent mettre bon ordre à tout cela car, « il faut que nos amis américains ne soient ni exploités ni importunés dans nos villes et nos bourgs. Sinon qu’elle idée auraient-ils de nous ? » écrit-il.



ANNEXES :


Les affiches :


En 1918, le Ministère de l’Instruction Publique associé au Comité de prévoyance et d’économies pour la guerre et à l’Union française pour l’expansion morale et matérielle de la France lancent un concours dans les écoles de France pour la réalisation d’une série d’affiches relatives aux rationnements et aux privatisations dus à la guerre.

J’en publie cinq :

  •  Affiche n° 1 : « Économisons le pain en mangeant des pommes de terre,1918. »

La Lauréate du concours d’affiches fut Yvonne Vernet, élève à l’école communale Daumesnil à Paris.

  •  Affiche N° 2 : « Mangez moins de viande pour ménager notre cheptel », 1918. Lauréate Marthe Picard, 16 ans, élève à l’école communale Pereire à Paris.
  • -Affiche N° 3 : « Économisons le pétrole, l’essence, 1918 ». Lauréate, Marie-Louise Jeanningros élève à l’école communale de la rue Camouflée à Paris.
  • Affiche N° 4 : « Fumeurs de l’arrière, économisez le tabac pour que nos soldats n’en manquent pas ». 1918. Lauréat André Menard élève à l’école communale Pereire à Paris.
  • Affiche N° 5 :  « Cultivons notre potager » 1918. Lauréate Louisette Jaeger, 14 ans, élève de l’école communale de filles de la rue Camou à Paris.



Site :

1 - http://rupertclydelindsay.blogspot.com


Notes :

2 - Les cahiers des Amis du Vieux Selles n° 38, 2017

3 - Voir chapitre IV : La présence américaine et la prostitution.

4 - J-J PERSHING, Mes souvenirs de la guerre t1 et t 2, E.S. I Paris 1931